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Le C.I.L. ou quand le "peuple de Dieu" est censé ouvrir son coeur...

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Christian Laporte, dans la Libre d'aujourd'hui, nous expose les conclusions de l'auto-proclamé "Conseil interdiocésain des laïcs." C'est une illustration de plus des fruits pourris que porte l'arbre d'une certaine mentalité post-conciliaire.

Tout d'abord, je ne sais qui ce Conseil prétend représenter. Père de quatre enfants (dont un religieux), responsable d'un Conseil de Fabrique d'église, co-responsable d'un centre de distribution alimentaire vincentien (600 personnes aidées chaque semaine), je n'ai jamais été en contact avec ce soviet suprême censé représenter le laïcat.

Alors, quand on  écrit que "le “peuple de Dieu” a ouvert son coeur au Conseil interdiocésain des laïcs", cette pseudo "instance de réflexion, de concertation et de prise de parole de laïcs engagés dans l’Eglise et dans la société", cette curieuse prétention à prendre la parole en notre nom me laisse perplexe.

Que ces représentants (de qui, de quoi?) se retranchent derrière de prétendues justifications puisées dans Vatican II me fait hausser les épaules et je peux difficilement prendre au sérieux la prétendue "désillusion des cathos face à l’institution".

"Ce n’est pas une instance officielle" (alors, c'est quoi?!), précise le journaleux de service, "mais elle veille à dialoguer avec les évêques et les organisations catholiques" (lesquelles?).

Et d'exiger que la hiérarchie lise "L’Eglise quand même. A l’écoute du Peuple de Dieu", une étude qui est le fruit de ses démarches menées auprès des fidèles (?!), de manière individuelle et au sein de groupes et de communautés interpellés sur leur vision d’Eglise."  Une fois de plus, on voudrait savoir en quoi ont consisté ces démarches et auprès de quels soviets locaux ils se sont adressés.

Mais ces gens revendiquent "une prise de responsabilités qui peut aussi se traduire alors dans les prises de paroles : "élargir certaines homélies à un partage de l’Ecriture car Dieu et la vérité n’appartiennent à personne" (Dieu nous en préserve!). Le CIL prône aussi tout simplement de "pratiquer la démocratie" : "tous les baptisés (lesquels?, les apparatchiks du CIL?) doivent être associés à la réflexion (et donc à l’information) et au maximum de décisions" . Et cela vaut pour les femmes comme pour les hommes. Au passage, le document rappelle qu’il faut aussi pleinement faire appel à elles "pour animer la liturgie" . Autre point essentiel qui fera sans doute grincer quelques dents (les nôtres, cher Christian Laporte!): "Il n’y a pas deux classes de chrétiens, les clercs (sacralisés) et les autres (c'est du Ringlet?, sinon c'est bien imité). Tous sont prêtres, prophètes et rois". Enfin, le CIL demande "des règles de vie adaptées au temps présent en s’inspirant de l’exemple du Christ plutôt que d’adopter une doctrine toute faite, considérée comme immuable". (Toujours le même refrain, sempiternellement repris en choeur par les réformateurs de tout poil...)
 
Et cela est publié chez Fidélité? Avec l'imprimatur du Père Delhez? Avec le concours d'Olivier le Gendre (ce qui ne nous étonne pas, pourquoi pas Frédéric Lenoir, tant qu'on y est?) mais aussi de Paul Tihon, jésuite, et donc bien placé pour parler au nom des laïcs!
Et nos évêques, où sont-ils? Que disent-ils? Comment réagissent-ils? Et comment rendront-ils compte de leur mission lorsque leur heure viendra?

Commentaires

  • cher Yves,
    permettez moi de dire que ce post relève plus du Billet d'humeur que de l'information ou réinformation...

    Je me méfie autant de ceux qui attribuent à Vatican II le pouvoir pour les laïcs de s'y croire pour représenter et diriger l'Eglise de Dieu que de ceux qui font l'amalgame en le Concile et la sécularisation de la société...
    On ne refait pas l'histoire, je suis incapable d'imaginer une Eglise avant Vatican II je suis née près de 10 ans après !
    Alors le refrain c'est la source de tous nos problèmes... me parait un peu facile .
    Il me semble que c'est facile de "tirer sur le pianiste",je crois que nous sommes tous des humains qui cherchons la vérité dans la charité et la charité dans la vérité, que l'on soit de sensiblité "CIPL-Vaticaniste" ou Fraternité St Pierre "
    et dans le fond, nous savons bien que celui qui est le Maitre de l'Histoire,l'Esprit Saint conduit le monde si complexe et désordonné qu'il soit vers le Mystère du Salut. Et cela avec et malgré nous, notre orgueil ou nos tiédeurs n'auront pas le dernier mot "Dieu Merci".
    Il est plus puissant que nos querelles d'opinions et lui ne passera pas.
    Amicalement
    Stéphanie

  • Excellent "questionnement", plein d'humour et de lucidité.

    Permettez, juste deux bêtes questions, complémentaires.

    - Ces frères chrétiens. Ceux qui nous parlent tant de démocratie (etc.) tout en pratiquant une "des-mots-cratie" à la soviétique, disposeraient-ils d'une ligne téléphonique directe avec le Saint-Esprit ?

    - Où pourrait-on leur demander la procédure usuelle, pour les nouveaux raccordements ?
    Dans le Sacrement de confirmation, peut-être.

  • Il est assez étonnant que ce C.I.L. (relayé ou représenté par Christian Laporte) nous parle de démocratie pour une association religieuse de fidèles, telle que l'Église.

    Ne savent-ils pas que la démocratie est une notion purement politique, issue du monde politique, pour la gestion d'un État ? C'est-à-dire qu'elle vise, sur le territoire d'un État donné, à permettre que toutes les opinions et idées, les plus diverses et les plus opposées, puissent y être représentées. Or, une association, telle que l'Église, ne répond pas à cette définition territoriale d'un système politique, où l'on classe les gens en partis, selon des idées et conceptions antagonistes sur à peu près tout.

    Tous les gens qui sont dans l'Église, y sont de leur plein gré, car ils peuvent la quitter ou y entrer comme ils veulent. Elle est aussi ouverte à tous sans distinction, mais tous sans distinction peuvent aussi la quitter. Ils sont d'accord entre eux sur l'objet social principal de l'association Église, à savoir les évangiles et l'enseignement du Christ, son message d'amour de Dieu et du prochain.

    D'autre part, l'Église porte bien un message religieux, et non politique justement. Et selon ce message religieux, ceux qui sont ordonnés sont appelés, non par les hommes, mais par Dieu. Nos prêtres et nos évêques sont appelés par Dieu, et non élus par des hommes. Il s'agit d'une vocation, d'un appel divin, et non d'une élection purement humaine. Introduire une notion politique, telle que la démocratie, dans l'Église, serait donc congédier Dieu, lui dire qu'on n'a plus besoin de lui pour que son Église fonctionne. Est-ce cela que demande ce C.I.L., occuper la place de Dieu dans l'Église, tout en lui donnant son C4 ?

    Que ce C.I.L. aille donc porter ses merveilleuses idées dans l'arène politique. Ils seront les bienvenus en Belgique, où la démocratie fonctionne d'une façon plus que problématique. Pourquoi voudraient-ils transporter dans l'Église ce spectacle affligeant de politiciens partisans, qui se tirent dans le dos, se balancent des joyeusetés et se font des croche-pieds comme dans une cour de récréation ? Tiens, dans le fond, n'est-ce pas déjà ce spectacle que nous offrent le C.I.L. et son porte-parole Christian Laporte ?

    La politique, c'est l'affaire des César, M. Laporte, ce sont les César qui ont inventé la démocratie, ou d'autres systèmes politiques, pour régner sur des royaumes terrestres. S'il vous plaît, ne venez pas confondre cela avec le royaume de Dieu. L'Église, depuis 2000 ans, a vu passer à peu près tous les régimes ou systèmes politiques possibles et imaginables. Ils ont tous fait leur temps, ils sont nés puis sont morts. L'Église fonctionne sur une base bien plus solide, et ne change pas son objet social au gré des systèmes politiques avec lesquels elle cohabite.

  • L'article est désopilant. Ainsi: "Lorsqu’on parcourt les dix propositions, il en ressort qu’on ne veut plus revenir en arrière ... Les communautés, petites ou grandes, doivent se prendre en mains sans attendre ou suivre aveuglément des consignes venues d’en haut." Dans la même logique, "la coresponsabilité entre le curé et les laïcs est essentielle en paroisse".

    Ce que Monsieur Laporte ne digèrera jamais, c'est un principe fondamental de la religion catholique: la hiérarchie. Ce qu'il souhaite, dans ses rèves, c'est une dilution du coeur, c'est le renversement de la hiérarchie au profit d'un faux égalitarisme qui dénature le sacerdoce. Pratiquement, quelles forme prendrait cette coresponsabilité tant attendue entre le curé et les laïcs ? Il suffit de faire son "shopping dominical" pour se rendre compte de l'étendue des dégâts, aussi bien dans une célébration parfois désordonnée de l'eucharistie que dans l'exposé de la doctrine (oh terme honni).

    Ce que Monsieur Laporte ne relève pas, mais qui est pris à bras le corps par Rome, c'est la formation des prêtres. Dans la foulée de l'après-Concile, Saint Thomas d'Aquin et bien d'autres références en matière de philosophie et de théologie catholiques ont laissé la place à des maîtres en communication sociale. C'est toute l'orientation du sacerdoce qui a été dénaturée, détournée de sa vocation originelle, au point de rendre insupportable, à partir du moment où elle était vidée de son sens, l'orientation vers la prière, vers un célibat sainement assumé, vers la célébration des sacrements en vue de donner un sens, de le partager avec les fidèles. Rome a pris conscience de cet énorme problème. La réforme est en cours.

    Avant de parler de "coresponsabilité entre le curé et les laïcs", il faut encore voir de quoi on parle, d'autant plus qu'un peu plus loin, il est question de "faire appel (aux femmes) pour animer la liturgie". Ah bon ? Mais a-t-on idée de la façon dont les choses se passent, dans les paroisses ? Nous n'avons pas la prétention d'ériger des normes statistiques, en brandissant des incantations magiques du genre: "nombre de cathos ne cachent plus leur désillusion face à l’institution". Mais nous connaissons des situations où certains conseils paroissiaux ont tellement de "pouvoir" que le prêtre est réduit à se taire: rien à dire dans les choix musicaux, rien à dire dans la décoration, rien à dire dans l'orientation du cathéchisme etc. Et animer la liturgie, ce n'est pas privilégier la forme, se perdre dans des considérations de participation ou de respect du pouvoir de chacun (puisqu'on nous parle aussi de prise de décision): c'est s'interroger sur le rôle du prêtre. Et le rôle du prêtre en tant que ministre du culte est d'être configuré au Seigneur. Par son ordination sacerdotale, le prêtre a une responsabilité qui ne fait pas de lui un petit potentat, un petit dictateur local, mais un homme qui fait aimer et vivre le Christ parmi la partie du peuple de Dieu qui lui a été confiée.

    "Il n’y a pas deux classes de chrétiens, les clercs (sacralisés) et les autres. Tous sont prêtres, prophètes et rois"... Vraiment ? Les termes sont mal choisis. Parler de classes nous ramène à une idéologie endormie dans le formol du British Museum.

    Parce qu'avant de parler de désillusion avec l'institution, avant de se réfléchir ou de se concerter, il faudrait d'abord voir ce qui fait l'identité et la mission du prêtre dans l'Eglise catholique, et donc ce qu'il n'est pas par rapport aux célébrants provenant des différents courants protestants où toutes les recettes miracles vaguement énoncées dans cet article, ou plutôt racrapotées semblent trouver leur source, ou du moins leurs préférences dans les faits. Sans surprise aucune.

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