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L'"Ave Maria" : le commentaire éclairé d'un ami

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Nous avions publié une note à propos des "variations" dont fait l'objet la traduction de l'Ave Maria. Un de nos visiteurs nous propose un commentaire assez fouillé que nous vous partageons, même si, pour notre part, nous restons attachés à la "version française classique"  avec le vouvoiement :

La  traduction en français de l'Ave Maria.

Á  la traduction française classique  de l'Ave Maria, beaucoup préfèrent aujourd'hui des traductions différentes, plus "modernes".  Laquelle choisir ?

Version latine :

Ave, Maria, gracia plena,
Dominus  tecum :
benedicta tu in muliéribus,
et benedictus fructus ventris tui, Jesus.

Sancta Maria, Mater Dei,
ora pro nobis peccatoribus, nunc et in hora mortis.

Amen.

Version française classique :

Je vous salue, Marie,
pleine de grâce ;
le Seigneur est avec vous ;
vous êtes bénie entre toutes les femmes
et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni.

Sainte Marie, Mère de Dieu,
priez pour nous, pauvres pécheurs,
maintenant et à l'heure de notre mort.

Amen.

Origine de l' Ave Maria.

La première partie ("Je vous salue Marie, pleine de grâce. Le Seigneur est avec vous ") correspond ± exactement aux mots utilisés par l'ange Gabriel lors de l'Annonciation comme le rapporte l'évangéliste  Luc (Lc 1,28) :

Texte grec [NOVUM TESTAMENTUM. graece et latine. APPARATU CRITICO INSTRUCTUM EDIDIT.  augustinus merk s.j.  edito nona.  Romae. sumptibus pontificii instituti biblici  1964.]Texte latin [idem] :
Et ingressus angelus ad eam dixit : "Ave gratia plena, dominus tecum"

"kai eiselqwn proV authn eipen "caire, kecaritwmenh, o KurioV meta sou"

Traductions françaises :

Traduction de La Bible de Jérusalem, 1998. :

                 Réjouis-toi, comblée de grâce,
                 le Seigneur est avec toi.             
(Lc 1, 28)

Traduction de Maredsous, 1984. :

                 Je te salue, pleine de grâce,

                 le Seigneur est avec toi.

Traduction de Chouraqui est :

                 Shalôm, toi qui as reçu la paix !
                 IHVH-Adonaï est avec toi !

La deuxième partie ("Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni") est empruntée à la salutation d'Élisabeth lors de la Visitation (Luc 1, 42).

Texte grec :  Euloghmenh su en gunaixin,

                 kai euloghmenoV o karpoV ths koilias sou.

Texte latin :  Benedicta tu inter mulieres,

                 et benedictus fructus ventris tui.

Bible de Jérusalem :

                 Bénie es-tu entre les femmes,
                 et béni le fruit de ton sein !

Maredous :   Tu es bénie entre toutes les femmes,

                 et le fruit de tes entrailles est béni.

Chouraqui  : Tu es bénie entre les femmes,
                 et béni le fruit de ton ventre !

Tutoiement ou vouvoiement  ?

Personnellement,  il me semble que l'on devrait tutoyer Marie dans l'Ave, comme on tutoie actuellement Dieu le Père dans le Notre Père.  Pourquoi ne pas traiter Marie comme le Père ?

Le vouvoiement est une particularité du français, il n'existe pas en latin.

En tutoyant le Père, on reconnaît en lui un Papa.  En tutoyant Marie, on reconnaît en elle une maman.

Ce n'est pas manquer de respect que de tutoyer Dieu ou Marie.

Les enfants, en français, disent tu à leurs parents.  Dire vous  à ses parents nous paraît choquant, snob.  Le vouvoiement sonne mal entre enfants et parents.

Faut-il dire Je te salue  ou réjouis-toi ? ou encore une autre formule ?

La  première partie de l'Ave  est tirée de l'évangile de Luc, du récit de l'Annonciation et de celui de la Visitation.

L'évangile de Luc a été écrit en grec.  C'est donc du grec que nous devons déduire la version française plutôt que de la version latine qui n'est elle-même qu'une version secondaire, traduite du grec.
La version grecque commence par  caire  (kaïré).

Comment traduire en français ce mot ?

Le dictionnaire Grec/Français de Ch. GEORGIN (Hatier) donne les traductions suivantes :

cairw : … se réjouir, être heureux de…

Loc. – 1° caire  (cairetw, cairete), porte-toi bien ; bonjour ; salut ; adieu ou va-t-en au diable !  ║

 2° cairein  legein  tini, souhaiter le bonheur à qq'un ; Kuros Kuaxarh cairein
(s. ent. legein), Cyrus salue Cyaxare. ║

 3° cairein legein keleuein, ean tina, envoyer promener qqu'un. ║

 4° cairwn, avec plaisir ; volontiers ; impunément : cairontes hltos, ils vinrent volontiers ; ei cairwn apallaxei, s'il se retire impuni.

Si on considère le sens du verbe cairw, il faudrait traduire par "réjouis-toi" mais il faut plutôt considérer que caire est employé comme une formule de salutation.

D'après le dictionnaire, la locution caire ne se traduit jamais par son sens littéral "réjouis-toi"  mais c'est un terme de salutation : son sens premier est "bonjour".  Et la version latine semble donc avoir raison quand elle traduit le caire de la version originale grecque par la formule latine de salutation, c'est-à-dire par "ave".

Si on veut retourner vraiment à la source, il faudrait aller, au delà du grec employé par Luc, jusqu'à la langue de Marie, c'est-à-dire l'araméen.  Seulement, nous ne connaîtrons jamais le terme araméen utilisé par l'ange. Nous ne pouvons qu'essayer de l'imaginer :
L'ange avait toutes les raisons de dire à Marie qu'elle pouvait se réjouir car il lui annonçait une bonne nouvelle, la Bonne Nouvelle, pour elle et pour toute l'humanité.  Lors de l'Annonciation, on imagine très bien l'ange dire "Réjouis-toi". Mais ce n'est qu'une supposition et on peut très bien supposer que l'ange a seulement employé la formule de salutation des gens parlant l'araméen. C'est ce que fait la version latine, et aussi Chouraqui qui emploie la formule juive "Shalom", "Paix"

En français, l'expression "réjouis-toi" n'a pas cette valeur grecque de formule de salutation.

Que ce soit en grec, en latin, en hébreux, en araméen, le premier mot de l'Ave semble être avant tout une salutation, un "bonjour".

Quand nous commençons l'Ave Maria, il est donc normal de "prendre contact" avec Marie, de la saluer,  et de le faire dans le modèle français.  Dans cette logique, on pourrait employer la formule habituelle en français "bonjour" ou une formule équivalente : "salut" comme disent deux copains qui se rencontrent, "allô"  si nous étions au téléphone ; mais finalement, c'est encore la formule "je te salue" qui me semble la plus appropriée et la plus élégante : elle remplit bien la fonction de prise de contact tout en marquant le respect que l'on porte à la personne à laquelle on s'adresse.

On peut estimer que la formule "Réjouis-toi" introduit un plus par rapport à un simple terme de salutation tel que "Je te salue" car il nous met dans l'état d'esprit que l'ange avait sans doute, lui qui venait annoncer à Marie une si grande nouvelle. Mais nous ne sommes pas des anges et nous ne sommes pas dans la même situation que l'ange Gabriel : nous ne sommes pas des envoyés de Dieu pour annoncer à Marie le Bonne Nouvelle de l'Incarnation et lui demander son fiat. Nous sommes seulement des hommes qui empruntons, autant que faire se peut, les paroles de l'ange pour adresser une prière à Marie notre mère.

En conclusion, je crois pour ma part que la meilleure version française reste "Je te salue, Marie…"  mais je comprends très bien ceux qui utilisent "Réjouis-toi, Marie…"

"Le fruit de tes entrailles" ?
L'expression "le fruit de tes entrailles" semble créer des difficultés à certains.  De fait, cette expression peut sembler, à première vue, bassement anatomique. "Entrailles" est compris comme "intestins, boyaux" ; c'est le premier sens donné par le Petit Larousse, mais, au moins dans ses éditions les plus récentes, il donne aussi d'autres acceptions :

  1. Viscères et boyaux. ║
  2. Litt. Sein (où l'enfant est en gestation). ║
  3. Profondeur. Les entrailles de la terre.
  4. Sensibilité, cœur. Pris aux entrailles.

Certains préfèrent dire "Le fruit de ton sein".  "Sein" sonne peut-être mieux que "entrailles" mais a le même sens littéraire : "Siège de la conception, entrailles" (sens 2 du Petit Larousse").  Comme "entrailles", "sein" a d'autres sens, plus courants dans son cas. [9331]

D'autres encore préfèrent traduire simplement par "ton enfant".  Ce n'est pas faux, évidemment, mais ça ne met pas l'accent sur le fait que Marie est la mère de Jésus selon la chair (ce n'est pas une mère porteuse !).  C'est en elle, qu'il a pris chair, qu'il s'est incarné. Marie, vierge, est vraiment la mère biologique de Jésus (et est ainsi devenue la Théotokos, "qeotokoV : mère de Dieu")

Il est bon de se rappeler que Jésus a été conçu dans le sein de la Vierge Marie par "l'opération du Saint Esprit" ; il a pris chair d'un ovule de Marie, ovule que l'Esprit a rendu miraculeusement fécond sans qu'il ait été fécondé (chose que les biologistes considèrent comme absolument impossible mais Dieu n'est-il pas Tout-Puissant ?)[1] ; le corps de Jésus s'est développé à partir de cet ovule dans le ventre de Marie : Jésus est vraiment le "fruit des entrailles" de Marie.

Que dit le grec ? o karpoV ths koilias sou.

  • o karpos : "le fruit".

h koilia-aV : "le creux du ventre".  Ce qui signifierait  "l'intérieur du ventre" et, en fin de compte,  "les entrailles".

Que dit le latin ?   Dans l'Ave Maria, il est dit : "et benedictus fructus ventris tui, Jesus."
Littéralement, "venter-tris"  c'est "le ventre".  La traduction latine simplifie : elle ne dit pas "le creux du ventre" mais simplement "le ventre".

On pourrait donc traduire par "le fruit de ton ventre".  Mais "ventre" n'a pas comme "entrailles" le sens 4. du Petit Larousse : "sensibilité, cœur".

En fin de compte, je préfère la traduction classique "le fruit de tes entrailles", la plus proche du grec.  "Entrailles" doit être pris dans les sens "ovaires", "utérus" ou "matrice".  Mais ces mots seraient peut-être vraiment trop anatomiques dans notre culture.  En parlant d' "entrailles", on met bien en relief que Marie est la mère de Jésus selon la chair, c'est-à-dire 1° que Jésus est vraiment un homme : il a pris chair dans la matrice de la Vierge Marie, et 2° que Marie est vraiment "la Mère de Dieu".
En disant "le fruit de tes entrailles", on montre qu'on prend au sérieux le mystère de l'Incarnation : Jésus n'est pas seulement l' "enfant" de Marie, comme  quelqu'un  est dit, à juste titre,  "l'enfant" de sa mère adoptive. A notre époque où l'on distingue plusieurs sortes de maternité ("mère biologique", "mère adoptive", "mère porteuse", "don de sperme", "don d'ovule" etc.), il est bon de préciser que Jésus est le fruit des entrailles de Marie, Marie est sa mère dans le sens fort du mot.
En disant "entrailles", on prend ce mot  dans les deux sens qu'il a. D'abord le premier sens, le sens anatomique (comme le mot "cœur" a le sens anatomique d'un viscère qui sert à pomper le sang), mais aussi dans le deuxième sens, le sens symbolique d' "amour maternel" (comme "cœur" a le sens symbolique d'amour). Le mot "entrailles" nous rappelle que Dieu lui-même, selon la Bible[2], a des entrailles de mère, qu'il est miséricordieux. La miséricorde, dans la Bible, est un sentiment proprement maternel,  matriciel. "Avoir des entrailles"  est le propre du sexe féminin, de ce qui est féminin dans tout humain, qu'il soit homme ou femme.

En conclusion, je crois pour ma part que la meilleure version   reste "le fruit de tes entrailles"  mais je comprends très bien ceux qui utilisent "ton enfant".

N.B. Lorsque l'on chante l'Ave, certaines mélodies s'accommodent mieux de "ton enfant" que de "le fruit des tes entrailles" !


La suite de l'Ave.

La seconde partie, ne pose pas de vrai problème de traduction.

Remarquons cependant que le mot latin "peccatoribus" qui veut dire "pécheurs" est traduit en français par "pauvres pécheurs".

P.S. Récemment (Août 2003), j'ai entendu, lors d'une journée consacrée à sainte Thérèse de Lisieux, la version : «Réjouis-toi, Marie, comblée d'Amour, les Trois sont avec toi…» !  Si Marie est comblée de la grâce de Dieu, elle est comblée d'amour, c'est vrai, mais "grâce" introduit quand même une nuance qu'il vaut mieux garder. Quant à remplacer "le Seigneur" par "les Trois" ne me semble pas du tout heureux même si on a le souci de mettre en relief que notre Dieu est Trinité.

Conclusion générale.

Á trop vouloir "réécrire" l'Ave, on risque de se désorienter soi-même et, surtout, si on emploie des formulations trop "exotiques" quand on récite le chapelet en groupe, on risque de désorienter les autres.  Si on tient à sa propre interprétation de l'Ave, il vaut mieux la garder pour sa prière personnelle et garder la version classique quand on récite le chapelet en communauté.

Mais il faut être tolérant et ne pas faire de remarque désobligeante : dans notre groupe de prière, chacun est libre de réciter les Ave comme il l'entend.

Á mon sens, la meilleure version française de l'Ave est la version classique mais où le vouvoiement est remplacé par le tutoiement :

Je te salue, Marie,

pleine de grâce ;
le Seigneur est avec toi ;
tu es bénie entre toutes les femmes
et Jésus, le fruit de tes entrailles, est béni.

Sainte Marie, Mère de Dieu,
prie pour nous, pauvres pécheurs,
maintenant et à l'heure de notre mort.

Amen.

Ce qu'ils en pensent.

Extrait d'un sermon de l'abbé Vénuste LINGUYENZA, curé de Saint-François à Waterloo, lors de l'Assomption 2003 :

Le corps de Marie a été glorifié à un autre titre.  Elle a donné de sa chair pour former en elle le corps du Fils.  «Ses entrailles» !  Nous avons eu des gens, au cours de notre pèlerinage à Lourdes et à l'occasion de la récitation du chapelet, des gens qui se disaient choqués par cette formule «le fruit de tes entrailles est béni» ; ils disaient qu'il fallait changer tout cela et trouver une formule plus moderne.  Je crois qu'il ne faut pas s'offusquer de ces termes très bibliques d'abord (la formule est d'Élisabeth) et très concrets.  Finalement si nous croyons en l'Incarnation, c'est ce qui s'est fait : le Fils de Dieu a eu un vrai cordon ombilical et a été la chair de sa Mère Marie, il a été formé dans ses entrailles.  Il faut accepter ce réalisme et ne pas chercher à faire du romantisme.  Dans nos cultures africaines, très proches de l'homme de la Bible, la maman est fière de le fécondité de ses entrailles ; nous comprenons très bien que Jésus est vraiment «le fruit des entrailles» de Marie.  C'est à ce titre que le corps de Marie est dit le tabernacle de Dieu : ce fut un privilège qu'aucun autre être humain ne pourra connaître.  C'est à ce titre que ce corps ne pouvait connaître la dégradation du tombeau;  Mais ne nous arrêtons pas à ce privilège uniquement, comprenons que là réside l'espérance de toute l'humanité : puis que Marie est au Ciel, il y a de l'espoir pour l'Église, il y a de l'espoir pour tous.



[1]  Dans son livre "Dieu ?", Albert Jacquard se demande d'où vient le chromosome Y de Jésus !

[2] Références, dans la Bible, de l'emploi de "entrailles" :

-     2 Maccabées  7, 22-23
La mère des 7 frères : «Je suis incapable de dire comment vous vous êtes formés dans mes entrailles. Ce n'est pas moi qui vous ai donné l'esprit et la vie, qui ai organisé les éléments dont chacun de vous est composé.  C'est le Créateur du monde qui façonne l'enfant à l'origine, qui préside à l'origine de toute chose. …»

-  Isaïe 49, 15 : « Une femme oubliera-t-elle l’enfant qu’elle nourrit ? N’aura-t-elle plus d’entrailles pour un fils ?   Même si l’une d’elles oubliait,        moi je ne t’oublierais pas. »

-  Proverbes 12,10 : «Le juste connaît les besoins de son bétail ; le méchant, par contre, n’a pas d’entrailles. »

Commentaires

  • Certes, le Seigneur est notre père, et sa mère notre mère, mais le Seigneur (ou Dominus, Maître) est aussi au dessus du notre père charnel puisqu'il est Dieu, et sa mère de même puisqu'elle a donné naissance à Jésus, Dieu, fils de Dieu et Saint Esprit. Or le français a beaucoup de nuance et le vouvoiement marque tout a fait ce respect filial exceptionnel et marque aussi notre double filiation avec nos parents et Dieu. Par ailleurs ce vouvoiement en français traduit bien la nuance qui existait déjà sous l'antiquité, car bien évidemment la façon dont un subalterne s'adressait à son maître n'était pas la même que le maître s'adressant à son subordonné, nonobstant entre le bon maître et le bon serviteur le respect mutuel et le tutoiement unique. Et le mot Dominus pour notre Seigneur n'est pas utilisé sans raison avec le tu.
    Il ne s'agit en aucun cas de snobisme et l'on pourrait dire que c'est aussi snobisme à l'envers que de vouloir à toute force tutoyer en arguant qu'en latin le vouvoiement n'existe pas, pour mettre tout le monde au même niveau. Je ne suis pas au niveau du Seigneur. Il est Lui, je suis moi. Le Saint Père utilise d'ailleurs très souvent ces mots, Notre Divin Maître, je ne pense pas ces mots en pensant à mon père charnel même en enlevant l'adjectif divin!
    Certes la prière fait référence à des faits précis où aujourd'hui, même en français entre Saint Gabriel et Marie et entre Élisabeth et Marie, il y aurait peut-être un tutoiement. Mais quand je redis la prière je ne suis ni Saint Gabriel ni Élisabeth, je suis moi, face à Notre Mère. Et je puise ma force dans ce que je suis par rapport à ce qu'Elle est. Nous nous changeons en ce que nous ne nous sommes pas en ayant un tutoiement qui ne correspond pas à notre culture linguistique qui différencie le tu du vous.
    Mais c'est vrai qu'au bureau pour certains c'est devenu la mode de s'appeler par le prénom et de se tutoyer...Cela plait à certains, à d'autres non. Ce sont des mots, qu'y a t-il vraiment derrière? N'est pas camarade, nous sommes tous frères! Plus de ci-devant que des citoyens:
    Si nous disions, toutes, nos prières en latin, il n'y aurait pas ces discussions...Chacun aurait à côté la traduction avec le tu ou le vous qui correspond à sa vision des choses.
    Personnellement je ne peux dire tu au Seigneur et à la Très Sainte Vierge, en français. Le latin est la langue de l'Église, une langue du sacré.

  • Pas en latin: en grec , au moins on serait sûr de ne pas se tromper à défaut d'archives sonores. Parfois j'envie les films de science-fiction où l'on découvre des pierres qui parlent ou des amphores...Dommage que les jarres de Qumrân ne parlent pas. Mon parrain avait raison: la religion catholique devrait être réservée aux intellectuels.

  • Sans entrer dans les considérations savantes : elles ne sont pas de ma compétence.

    Dans le langage de mes pères, un Wallon carolo-namurois, le tutoyement est tenu pour plus grossier que familier.
    C'est du passé ? Si on veut.
    Il me semble que ces usages-là sont plus que des coquetteries.

    Quant aux dissertations des ultra conciliaires ? Grand leur fasse.
    On voit ce qu'ils ont fait de l'Eglise catholique en Europe de l'ouest.
    On voit aussi qu'ils n'en sont pas gênés.

    PS
    Les travaux de l'abbé Carmignac sur le "Notre Père" ne mériteraient-ils pas d'être relus avec bienveillance ?

  • @gisbald
    J'aurais du préciser la langue du sacré dans l'Église catholique romaine, mais c'était sous-entendu bien évidemment. Je ne parlais pas des églises de rite byzantin.
    En fait il ne s'agit pas de se tromper sur la traduction, il s'agit d'avoir un texte commun dans la langue sacré de l'Église catholique romaine, un texte héritier de longs siècles de pratique, et pour nous catholiques romains cette longue pratique est romaine et non pas byzantine, donc latine et non pas grecque. De toute façon Marie a du entendre Saint Gabriel lui parler en araméen, et Élisabeth a du s'adresser dans la même langue à sa parente.
    Et pour l'anecdote par exemple les anglophones disaient dans la première partie du XXième siècle dans le Pater Noster [...] pour le que ton règne vienne, "Thy kingdom come", le Thy était bien sûr la marque de respect et on ne l'employait pas dans le langage courant. Par la suite a été introduit le your qui ne marque plus la même nuance de différence, déférence et respect ...[...] "Your kingdom come".
    Pour conclure, nous avons désormais grâce au motu propio sommurum pontificum, de plus en plus la possibilité de bénéficier de la liturgie dans la forme extraordinaire, donc si nous voulons ne pas entendre le tutoiement francophone qui nous paraît non respectueux, nous avons le latin.

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