Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

"Entraide et Fraternité", carême de partage et "genre"

IMPRIMER

Nous avions signalé l'intrusion du concept du "genre" (gender) dans la campagne de carême. Nous avons reçu d'un de nos évêques (que nous avions alerté) ces précisions :

Chaque femme et chaque homme est revêtu de la même dignité, car femme et homme ont été créés à l’image de Dieu (Gen. 1, 27). Entraide et Fraternité  s’inspire de ce principe d’égalité inscrit dans le récit de la Création pour agir en faveur de la justice entre femmes et hommes.

Des personnes et organisations se sont inquiétées en voyant apparaître le mot « genre » dans la documentation de notre campagne, craignant que Entraide et Fraternité soutienne une théorie du genre qui serait contraire à l’enseignement de l’Eglise catholique-romaine.

Nous tenons à préciser :

§  Le thème de la campagne de carême est le soutien à l’agriculture paysanne et le droit des paysans à l’alimentation. Les femmes souffrent davantage que les hommes de la faim (70% des personnes qui souffrent de la faim sont des femmes). Si les femmes avaient accès aux mêmes droits que les hommes, la faim pourrait être diminuée de 15 à 17%.

§  Entraide et Fraternité soutient des projets et des partenaires qui visent à renforcer la justice dans l’accès à la terre, à la formation pour les femmes. L’utilisation de l’approche « genre » par Entraide et Fraternité touche à la question sociale. De cette manière il est possible de distinguer les situations spécifiques que vivent les femmes. Entraide et Fraternité n’entre dans aucune théorie ou idéologie qui irait au-delà.

§  Entraide et Fraternité demande que l’on évite d’utiliser ses propos ainsi que ceux de la campagne œcuménique pour leur faire dire ce qu’ils ne disent pas ou lui faire endosser une idéologie qui n’est pas la sienne.

§  Entraide et Fraternité met en œuvre les enseignements en matière sociale de l’Eglise catholique et s’engage pour la justice entre hommes et femmes, convaincue que la dignité humaine est la même pour toutes et pour tous et qu’il ne saurait y avoir de discrimination d’aucune sorte.

 Voici un texte de Mgr Markus Buchel, évêque référendaire de Fastenopfer en Suisse.

Pendant le carême, époque de jeûne, les œuvres d'entraide ecclésiales Action de Carême, Pain pour le prochain et Etre partenaires nous rappellent que le droit à l'alimentation n'est pas encore une réalité pour tout  le monde et  que le scandale de l faim fait toujours de nombreuses victimes.

Question complexe, le problème de la faim doit être abordé sous les angles les plus divers, et notamment dans l'optique de l'égalité entre hommes et femmes, décisive dans le combat pour éliminer cette plaie.
Action de Carême entend par égalité des droits l'égalité des chances pour jeunes et vieux, pour hommes et femmes, bref, la reconnaissance de la personne humaine dans sa diversité, au-delà de son sexe, de son origine, de ses croyances et de son âge. « Dieu annonce une « vie en abondance » pour tous. Voilà ce qui inspire Action de Carême. En effet, la vision biblique du Royaume de Dieu annonce à tous les êtres humains – indépendamment de leur statut social ou religieux – « la vie en abondance » (Jn 10,10) », peut-on lire dans nos lignes directrices. En promouvant l’accès aux ressources naturelles – eau, terre ou air – mais aussi aux ressources immatérielles – santé, éducation et droit – on favorise une existence solidaire qui fait écho à « la vie en abondance » promise.

En règle générale, l'extrême pauvreté frappe davantage les femmes et les filles. Bien que celles-ci soient plus nombreuses que les hommes, elles possèdent moins d'un centième de la fortune mondiale et perçoivent à peine 10 % du revenu de la planète. En outre, elles accomplissent 70 % du travail non rémunéré, en particulier les tâches d'éducation et de soins des enfants, des personnes âgées et des malades.

Eu égard à ces faits, la discrimination dont souffre la femme en raison de son sexe est incontestable.

À la campagne, les femmes n'ont pas suffisamment accès aux ressources vitales. Ainsi, elles possèdent moins de 10 % des terres cultivées, alors même qu'elles produisent plus de 70 % des aliments destinés à subvenir aux besoins des familles. Pour l'essentiel, ce sont encore des hommes qui décident ce qui est cultivé, quels produits sont vendus et quel usage est fait du produit de la vente.
Il faut associer les deux sexes à la redistribution des revenus si l'on veut que les femmes aient davantage accès aux ressources. À cet égard, il est important de motiver ensemble les hommes et les femmes, afin qu'ils s'aperçoivent des avantages et qu'ils s'approprient les idées.

Pendant le carême, notre organisation lance un appel au partage. Il y a un lien entre le partage du pain et le partage du pouvoir de décision.

Le pain incarne d'une part l'approvisionnement en nourriture, indispensable à notre survie. D'autre part, il symbolise les nourritures spirituelles de la vie : la sollicitude et l'amour de Dieu, la gratitude, la reconnaissance mutuelle, l'amour et les relations, c'est-à-dire des dons que l'on savoure seulement si on les partage. En fin de compte, c'est une question de partage du pouvoir, puisqu'une « vie en abondance » pour tous ne sera possible que lorsque tous – hommes et femmes – pourront s'asseoir de plein droit tant à la table où on partage le pain qu'à la table de négociation où les décisions sont prises.
Action de Carême se considère le porte-parole des pauvres et des démunis. En collaboration avec des organisations amies, elle prend parti pour eux devant l'opinion publique et face aux décideurs.
Cette année, la campagne œcuménique des œuvres d'entraide rappelle que plus d'égalité équivaut aussi à moins de faim. En partageant le pain, mais aussi en nous engageant pour partager le pouvoir, nous permettons à davantage de personnes de mener une vie digne et de se libérer de la faim. Nous sommes ainsi fidèles à notre essence, nous qui avons été créés – hommes et femmes – à l'image de Dieu.
Au nom des œuvres d'entraide, je remercie toutes les femmes et tous les hommes qui s'engagent pour la campagne œcuménique cette année et promeuvent la solidarité avec nos semblables au Sud.

Mgr Markus Büchel, évêque de St-Gall, préside le Conseil de fondation d'Action de Carême
(St.Galler Tagblatt, lundi 27 février 2012, Giornale del Popolo, samedi 25 février 2012)

Commentaires

  • « En outre, elles accomplissent 70 % du travail non rémunéré, en particulier les tâches d'éducation et de soins des enfants, des personnes âgées et des malades. »

    Raison de plus alors pour se battre contre la discrimination inadmissible faite dans nos propres sociétés envers la mère au foyer. La mère au foyer est aujourd'hui considérée comme le paria de la société, une inutile, une fainéante, une sorte de parasite. Et ce sont les féministes les premières qui propagent cette vision méprisante de la mère au foyer.

    Pour elles, toute femme devrait travailler à l'extérieur, le travail au foyer ne doit absolument pas être reconnu ni rémunéré par la société. Pas question pour elles d'accorder le moindre statut reconnaissant la valeur pour la société de ce travail. Ni le moindre droit à une pension et une protection sociale. Elles sont prêtes à se battre pour qu'une chômeuse, une gardienne d'enfants, ou même une 'travailleuse du sexe', reçoive un statut et une reconnaissance sociale pleine et entière, mais surtout pas la mère au foyer.

    En outre, tant que les mères au foyer ne seront pas reconnues à leur juste valeur par notre société, les femmes ne seront pas libres de faire un choix raisonnable entre travailler au foyer, ou travailler à l'extérieur. Beaucoup sont quasiment forcées d'aller travailler à l'extérieur pour s'en sortir financièrement.

    Tant que notre société considérera qu'éduquer et soigner les enfants, que gérer un ménage, que s'occuper des personnes âgés et des malades, que maintenir le tissu familial et social, n'est pas un travail digne d'être reconnu à sa juste valeur, notre société marchera sur la tête et ira à vau l'eau. En laissant beaucoup de femmes victimes sur le carreau. Et aussi beaucoup d'hommes et d'enfants par contrecoup.

Les commentaires sont fermés.