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"LE" concile, encore et encore...

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S'adressant aux évêques de France réunis à Lourdes, le pape leur communique un message où l'on trouve notamment ceci :

"Le Concile Vatican II a été et demeure un authentique signe de Dieu pour notre temps. Si nous savons le lire et le recevoir à l’intérieur de la Tradition de l'Église et sous la direction sûre du Magistère, il deviendra toujours plus une grande force pour l'avenir de l'Église. Aussi, je souhaite vivement que cet anniversaire (le cinquantième) soit, pour vous et pour toute l'Église qui est en France, l'occasion d'un renouveau spirituel et pastoral. En effet, il nous est ainsi donné de pouvoir mieux connaître les textes que les Pères Conciliaires nous ont laissés en héritage et qui n'ont rien perdu de leur valeur, afin de les assimiler et d'en faire produire des fruits pour aujourd'hui.

Ce renouveau, qui se situe dans la continuité, prend de multiples formes ; et l'année de la foi, que j'ai voulu proposer à toute l'Église en cette occasion, doit permettre de rendre notre foi plus consciente et de raviver notre adhésion à l'Évangile. Cela demande une ouverture toujours plus grande à la personne du Christ, en retrouvant notamment le goût de la Parole de Dieu, pour réaliser une conversion profonde de notre cœur et aller par les routes du monde proclamer l'Évangile de l'espérance aux hommes et aux femmes de notre temps, dans un dialogue respectueux avec tous. Que ce temps de grâce permette aussi de consolider la communion à l'intérieur de la grande famille qu'est l'Église catholique et contribue à restaurer l'unité entre tous les chrétiens, ce qui fut l'un des objectifs principaux du Concile."

Cela nous déconcerte. Le cardinal Suenens n'arrêtait pas de nous vanter ce printemps de l'Eglise inauguré par Vatican II. Subissant aujourd'hui les rigueurs d'un impitoyable hiver spirituel, inédit dans l'histoire de l'Eglise, nous avons du mal à concevoir qu'il faille continuer à célébrer les mérites d'une assemblée qui, selon nous, est à l'origine de toutes les dérives que nous connaissons. Nous savons qu'on nous répondra que "l'herméneutique de la continuité" devrait assurer la juste lecture des textes conciliaires qui s'intégreraient ainsi harmonieusement dans la grande tradition de l'Eglise, mais cela ne nous rassure pas vraiment. C'est bel et bien au nom de ce concile, devenu LE concile (comme s'il n'y en avait pas eu des dizaines d'autres), que l'on a justifié - et que l'on justifie encore - tous les abandons qui font la misère de l'Eglise d'aujourd'hui. Il faudra bien qu'un jour ou l'autre cet héritage discuté soit passé au crible en recourant au magistère infaillible de l'Eglise.

Commentaires

  • Le Concile n'est pas responsable de la crise actuelle : là où il a été reçu dès le départ dans un esprit authentiquement catholique, il a produit d'excellents fruits. Le problème vient de ce que dans plusieurs pays (on en sait quelque chose en France !) il a été reçu par un épiscopat qui dès le départ a strictement interdit qu'il soit compris et appliqué de façon catholique. Les fidèles laïcs et les prêtres qui voulaient mettre en oeuvre Vatican II comme l'Eglise demandait qu'il soit appliqué ont tous eu de sérieux problèmes avec leurs évêques respectifs. J'ai personnellement connu des prêtres auxquels l'évêque interdisait de célébrer la messe ailleurs que dans leur salon, pour la seule raison qu'ils respectaient le Missel romain. Et ne parlons pas des séminaristes auxquels on a refusé l'ordination au seul motif que "leur vision du Concile n'était pas compatible avec la pastorale locale".
    J'ai évoqué ces problèmes avec le Cardinal Ratzinger quand il a été à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi ; il était parfaitement courant de la situation tant les plaintes des fidèles s'accumulaient sur son bureau. Il m'a écrit pour me dire que la crise serait grave et durable...
    Il serait éclairant d'étudier la période de l'immédiat après-concile pour dégager la part de responsabilité qu'ont eu les évêques dans la mise en route et la continuation de la crise qui secoue l'Eglise aujourd'hui encore.

    Denis CROUAN
    Dr en théologie catholique
    Pdt de l'Association PRO LITURGIA

  • Nous sommes reconnaissants à Denis Crouan d'être intervenu sur notre blogue pour y exprimer sa conviction. Cependant, affirmer que "le Concile" ne serait pas responsable de la crise actuelle nous paraît relever du postulat ou de la pétition de principe. Nous pensons qu'il faut juger un arbre à ses fruits et que, malheureusement, les fruits de la Réforme conciliaire sont assez pourris. Ce n'est sans doute pas sur un blogue comme le nôtre qu'on pourra débattre de cette question comme il faudrait. Pourtant, il faudra bien que la crise ouverte par Vatican II soit refermée, un jour ou l'autre, par un authentique concile de restauration catholique.

  • Faut-il souhaiter un Vatican III comme il y eût Trente au XVIe siècle, cinquante ans après l'inefficace Latran V? Les esprits sont-ils mûrs pour cela ? Moins risquée (par les temps qui courrent) serait une relecture interprétative des textes à la lumière de la grande tradition de l'Eglise, sous forme d'un acte magistériel solennel du Souverain Pontife. Confions cette question à la sagesse de Benoît XVI en cette année de la foi qui s'ouvre en octobre prochain.

  • Permettez-moi de vous répondre en deux points:
    1. En tant que fidèle catholique et théologien au service de l'Eglise, je ne fais que reprendre ce qu'ont dit les papes, lesquels n'ont jamais critiqué le Concile mais la façon dont certains l'ont appliqué;
    2. La crise que nous connaissons date d'avant Vatican II ; le Concile n'en a été que le révélateur. Petit rappel : ce sont les prêtres les plus obéissants AVANT Vatican II qui se sont révélés être les plus rebelles APRES le Concile. Preuve que leur obéissance n'était qu'une discipline de façade qui, tôt ou tard, avec ou sans Concile, se serait fissurée. Le Concile a peut-être même évité une implosion nettement plus dévastatrice du monde clérical...

  • "malheureusement, les fruits de la Réforme conciliaire sont assez pourris" ?
    Je suis assez suffoquée de vous entendre dire cela et rejoins totalement mr Crouan : dans les années 70/80 je me souviens parfitement que mes parents hébergeaient des jeunes séminaristes interdits d'études du jour au lendemain car ils ne répondaient pas aux exigences farfelues de leur supérieur. Après de terribles souffrances, ils ont trouvé leur voie dans la Cté St Jean : cette communauté n'est-elle pas un exemple de fruit de la Réforme Conciliare? Et il en existe bien d'autres. Les errances actuelles sont par contre vraiment le résultat de mauvaises interprétations voire même de négation de ce même Concile. Je travaille en paroisse, et je ne peux que le constater quotidiennement...

  • Le plus "bel" exemple que nous ayons en France de cette crise qui a suivi le Concile est celui de la Communauté Saint-Martin. S'il a y a bien une communauté qui était "conciliaire" au vrai sens du terme, c'est celle-là ; s'il y a bien eu un prêtre qui voulait appliquer le Concile comme il devait être appliqué, c'est bien l'Abbé Guérin, fondateur de cette Communauté.
    Or après le Concile, les évêques ont mis à la porte de leurs diocèses et l'Abbé Guérin et sa Communauté... au nom du Concile, bien sûr! Dans le même temps, ces mêmes évêques interdisaient aux prêtres et aux séminaristes d'aller dans des monastères "intégrisants" comme Solesmes alors que cette abbaye était l'une de première à avoir accueilli le Concile et la réforme liturgique !
    Pour revenir à l'Abbé Guérin et à la Communauté Saint Martin, elle a trouvé refuge et protection auprès du cardinal Siri, alors Archevêque de Gênes, lequel a présenté cette Communauté et son fondateur au Bx Jean-Paul II qui l'a bien entendu chaleureusement encouragée au grand déplaisir des évêques de France. Et lorsque Mgr Madec demanda à des prêtres de la Communauté de venir dans son diocèse de Fréjus-Toulon, il fut très vivement critiqué par ses "frères dans l'épiscopat"... Voilà la réalité. Et il faudrait encore ajouter les centaines de choristes, de maîtres de choeurs et d'organistes qui ont été limogés du jour au lendemain parce qu'ils voulaient maintenir le grégorien dans les célébration, en application de la Constitution sur la liturgie.

  • Un Concile est censé 'concilier' ou 'réconcilier' des points de vue divergents entre catholiques, avec l'aide de l'Esprit Saint. Force est de constater que ce Concile a plutôt eu comme résultat le contraire, c'est-à-dire, la zizanie, la discorde et donc le désarroi.

    Ceci dit, si ce Concile n'a pas été suffisamment inspiré par l'Esprit de Dieu, et a donc semé des querelles plutôt que des apaisements, je crois qu'il faut faire confiance à notre pape Benoît XVI pour remettre Dieu au premier plan, au milieu de nous. Car Dieu seul peut aider à guérir ces blessures que nous nous sommes faites à nous-mêmes, en voulant sans doute trop nous passer de Lui, c'est-à-dire, en écoutant parfois trop l'esprit du monde.

    Il faut donc peut-être que chacun de nous réapprenne à se tourner humblement et avec confiance vers Dieu, et à le prier de nous venir en aide, pour que nous puissions nous pardonner mutuellement et ainsi cesser les affrontements stériles qui ne réjouissent que l'Adversaire.

  • "passer le Concile Vatican II au crible" ? plutôt à la trappe !

  • Passer le Concile à la trappe ?
    Non : ce qu'il faut, c'est appliquer le Concile comme il doit être appliqué, c'est-à-dire dans une optique résolument catholique, et réduire au silence ceux qui le transforment, le trahissent ou le rejettent de quelque façon que ce soit.

  • "Réduire au silence"! Comme vous y allez! Va-t-on ouvrir des tribunaux et faire taire les "contestataires" par des moyens répressifs? Soyons sérieux! Et, décidément, à lire certains commentaires, on a l'impression qu'il n'y aurait eu qu'un seul concile et que cet évènement conditionnerait la vie de l'Eglise de façon irréversible, avec un "ancien testament" (l'Eglise d'avant "le" concile) et un "nouveau testament" (l'Eglise postconciliaire).

  • Où voyez-vous qu'il faille mettre des tribunaux ? Je dis simplement qu'il ne faut pas donner la parole à des gens qui n'ont jamais lu les textes conciliaires et qui, au sein des équipes d'animation pastorale, parlent avec une autorité inversement proportionnelle à leurs compétences.
    Où voyez-vous que je parle d'une Eglise d'avant le Concile et d'une Eglise d'après le Concile ? Il y a une seule Eglise qui progresse sur le chemin que depuis S. Pierre, tous les papes qui se sont succédés sont par mandat divin chargés de nous montrer, l'un n'ayant pas davantage d'autorité qu'un autre même s'il arrive que l'un puisse avoir plus de charismes qu'un autre dans telle ou telle situation. Ce que je dis là relève de la théologie la plus élémentaire qui a toujours eu cours dans l'Eglise une, sainte, catholique et apostolique.

  • Il me semble indispensable de lire avec attention le discours de Benoît XVI aux cardinaux à la Noël 2005. On y trouve les réponses aux questions que vous agitez. Comme vous, le pape parle de fruits bons et mauvais, mais il n'attribue pas les mauvais fruits au Concile. Il les attribue à l'herméneutique de la rupture.

    Il est capital d'affirmer la sainteté du Concile, pour la simple raison que c'est un Concile oecuménique, de même que sont saints tous les conciles oecuméniques de l'histoire. Non pas que tous ceux qui y ont pris part n'aient été animés que de saintes intentions; non pas qu'ils aient tous compris le Concile selon l'herméneutique de la réforme (dans la continuité), seule légitime en cette affaire; non pas non plus que les conciles soient infaillibles quand ils ne parlent pas avec autorité - et surtout dans les matières mixtes. Mais, nous devons croire que ses actes officiels correctement interprétés - c'est-à-dire dans la communion avec le successeur de Pierre - pour le moins, ne conduisent pas au naufrage dans la foi. C'est leur mauvaise interprétation qui peut y conduire.

    Le pape Benoît fait aussi allusion aux décennies qui ont suivi le premier concile oecuménique, celui de Nicée. Lequel d'entre vous déclarerait que ce concile ne fut pas saint, lui qui a défini la divinité du Christ en préservant cette affirmation des négations de l'hérésie arienne? Or, rappelle le pape, les décennies qui ont suivi le concile n'ont pas été des temps de paix pour l'Eglise, bien au contraire: ses vrais ennuis n'ont fait que commencer. Il est simpliste de croire qu'un vrai et bon concile se reconnaisse à des fruits de communion générale sans autre précision.

    Il est donc essentiel de distinguer les acteurs du concile et les actes officiels du concile. Le vrai sujet du concile, nous dit le pape, ce ne sont pas les hommes qui l'ont fait, mais c'est l'unique Eglise, confrontée à un monde changeant, mais qui est toujours l'épouse du Christ, dont les paroles doivent s'interpréter en harmonie avec ce qu'elle a toujours dit, et dont les interprètes authentiques sont toujours les mêmes, le pape et les évêques en communion avec lui.

    Vous ne réglez rien en condamnant le concile, vous aggravez la situation. Suivez plutôt le saint Père dans son effort pour donner aux textes conciliaires leur juste interprétation. Et dans ce texte lumineux il fait encore d'autres remarques que je ne puis formuler ici, notamment sur le contexte général dans lequel le concile fut réuni.

    Ne parlez plus du concile Vatican II tant que vous n'avez pas étudié et scruté attentivement ce texte.

  • Nous remercions les amis et visiteurs qui s'expriment dans cet échange. Nous respectons les positions exprimées et nous ne prétendons pas détenir une quelconque vérité sur ce sujet. Nous prenons cependant acte que des personnalités ecclésiastiques - et non des moindres - se sont interrogées et s'interrogent encore sur les apports de Vatican II.

    Comme historien, je suis pour ma part interpellé par l'ampleur de la crise qui a atteint la vie de l'Eglise, à tous les niveaux, depuis les assises conciliaires. Il m'est difficile de dissocier les causes et les effets, un peu comme il me paraîtrait hasardeux de dissocier ce qui s'est passé en 1789, lors de la réunion des Etats-Généraux, de tous les désordres qui ont suivi.

    Certains conciles ont formulé de grands textes (le Symbole de Nicée Constantinople, le Catéchisme du Concile de Trente, etc) ou ont été l'occasion de définir des dogmes, mais je ne vois pas quelque chose de comparable dans l'héritage du dernier concile. Si je me trompe, je serais heureux que l'on m'indique des éléments produits par ce concile qui constituent des apports décisifs à la doctrine et à la foi de l'Eglise.

    Les Pères conciliaires les plus influents, dont notre cardinal Suenens, ont souscrit d'emblée à une dynamique de rupture, et le mot d'aggiornamento proposé par Jean XXIII a été le prétexte à toutes sortes d'adaptations pour mettre l'Eglise au diapason de la sensibilité du "monde moderne", avec les conséquences que l'on sait.

    Pourquoi faut-il se crisper et refuser qu'un débat soit engagé au sujet de l'héritage de Vatican II? Y a-t-il une quelconque raison pour que les objections formulées par des théologiens estimés soient considérées comme nulles et non avenues? L'Eglise n'a rien à gagner à cette "tabouisation" de Vatican II et le "pas touche" qui nous est intimé nous laisse assez perplexes.

    Que tout cela ne nous empêche pas de poursuivre sereinement notre chemin vers Pâques en évitant de nous excommunier réciproquement.

  • J'étais à Lourdes ce week-end et je pense pouvoir affirmer que je ne vois dans ce Concile "aucun motif de condamnation"! Ce qu'il faut réformer, et de manière urgente, c'est chacun de nos coeurs, si prompt à la critique de l'Eglise et du monde! Mais nous "sommes le Corps du Christ", donné, comme Lui, au monde pour l'y incorporer! N'ayons pas peur et, dans un élan d'amour sans cesse renouvelé par les sacrements, par la Parole et, je le pense aussi par une lecture croyante des textes conciliaires, allons convier le monde au banquet de l'Epoux, qui vit en ceux qui l'aiment par la force de son Esprit, dont les dons sont variés mais non pas en querelle! Encore un mot : tournons-nous vers Marie, Sainte Mère de notre Eglise et Sainte Mère de Dieu pour qu'Elle nous montre, entre autres chemins, ceux de l'abandon, de la confiance, de la fidélité, de la persévérance, et celui sans doute moins couru de l'obéissance joyeuse!

  • Les mots sont toujours insuffisants par eux-mêmes,a fortiori les phrases parfois fort balancées qu'on trouve dans les textes de Vatican II dont l'expression ne brille pas toujours par la clarté et la rigueur juridiques (relisez à ce sujet le pamphlet du philosophe Maurice Clavel en 1976 déjà: "Dieu est Dieu nom de Dieu"). Alors, entre rupture, tradition et changement dans la continuité, quelle "herméneutique" pour les actes conciliaires? Il ne suffit pas de lancer des formules pour en dégager le sens exact. Après un demi-siècle de troubles et de controverses -au sein de l'Eglise occidentale en tout cas- il nous manque un acte magistériel interprétatif précis et un peu systèmatique, qui fasse autorité en la matière Un nouveau Syllabus? Il y a en tout cas un moment où se contenter de la sentence de Gamaliel ne suffit plus...

  • Cette remarque est très pertinente. Selon moi, c'est bien de ce fait que le pape, dans son discours de décembre 2005, insiste sur l'herméneutique de la réforme, par opposition à l'herméneutique de la discontinuité. En d'autres termes, partout où l'expression est littéralement ambiguë, c'est-à-dire permet une interprétation traditionnelle et plus moderne, c'est le sens antérieur à Vatican II qu'il faut préférer. Si les Pères avaient voulu se distancer, dans cette expression, par rapport au passé, ils auraient pris soin de l'indiquer. Jusqu'à preuve du contraire, donc - c'est la clef herméneutique que je propose - un tel passage confirme la tradition antérieure.

    Je considère impossible que les textes de Vatican II aient été votés à une telle écrasante majorité, presque sans équivalent dans l'histoire, si, dans l'esprit de beaucoup de ceux qui ont voté, il n'était pas clair que cela ne contredisait rien d'essentiel dans la Tradition.

    Message pour Alceste: si c'est mon message qui donne l'impression de vouloir fermer le débat, je vous prie de m'excuser, car telle n'était pas mon intention; au contraire ce débat est essentiel; j'ai juste voulu dire combien il est crucial à mes yeux de prendre en compte l'effort exceptionnel que le pape a fourni dans ce texte pour donner la clef (ou les clefs) de la solution aux théologiens. Ma formulation est malheureuse et trahit ma pensée. Je suis convaincu, en fait, qu'on débattra sans fin tant qu'on n'admettra pas en substance, ce que le pape a écrit là, mais qui est complexe et subtil.

    Jamais peut-être l'Eglise n'a été confrontée à un débat interne aussi complexe que celui-là, tellement il comporte de données relatives. Vatican II n'a pas engagé l'infaillibilité de l'Eglise. Où se trouve alors son apport propre, a demandé quelqu'un à juste titre aussi? Selon moi, sans rien changer à son enseignement traditionnel (en tant seulement que garanti par l'infaillibilité), le Concile a pris la mesure de sa nouvelle inscription dans le monde et permis aux chrétiens d'user d'un langage plus compréhensible de nos contemporains sans renoncer pour autant à son ancien langage. Il était sans doute plus utile à l'Eglise d'aujourd'hui d'avoir, non pas une ou deux nouvelles définitions, qu'un véritable corps articulé de doctrine, une vision d'ensemble à proposer au monde, et aux fidèles qui vivent dans ce monde.

    Le tort de la position dite "progressiste" n'est-elle pas de mettre en avant cette vision au détriment et comme en contradiction de la vision antérieure. Nulle part les textes de Vatican II n'autorisent une telle lecture. Je demande si une seule personne convaincue que je me trompe peut produire un texte de Vatican II déclarant qu'un point de foi ou de moeurs consacré antérieurement par l'Eglise ait été refusé par Vatican II. Prouver ce point seulement et sans ambiguïté prouverait que Benoît XVI est dans l'illusion.

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