Au regard de l'historien, le changement politique survenu en France aujourd'hui constituera-t-il un fait mémorable? Il faudra évidemment attendre les effets produits par cet évènement pour en mesurer l'importance. On sait ce qu'il est advenu du Front populaire moins de deux ans après sa victoire en 1936, ce qui ne veut pas dire que ce ne fut qu'une péripétie insignifiante. La victoire de la gauche unie qui porta Mitterand à la présidence en 1981 a débouché sur une politique fort ambiguë, assez éloignée de la dictature marxiste que certains appréhendaient. Aujourd'hui, la victoire de François Hollande marque-t-elle un tournant significatif? En tout cas, elle renforce l'emprise de la gauche sur un pays déjà largement dominé par elle (Sénat, Conseils régionaux, Paris et de nombreuses municipalités...) avec tout ce que cela peut signifier, notamment au niveau des valeurs sociétales et familiales.
Ce qui a fait la victoire de François Hollande, c'est notamment l'union de tous les électeurs depuis le centre gauche jusqu'à l'extrême-gauche alors que le président sortant n'a pas bénéficié du report des voix du centre ni de l'extrême-droite. Au contraire, François Bayrou s'est déclaré en faveur du candidat socialiste tandis que le Front national a spéculé sur la défaite de Sarkozy, dans l'espoir de tirer profit de la débâcle de l'ex-majorité présidentielle tout en comptant profiter des échecs attendus de la politique menée par le nouveau président. C'est donc paradoxalement grâce à Marine Le Pen et à François Bayrou que François Hollande a pu trouver une majorité pour l'élire...
Il faut noter aussi que le perdant est sans doute loin d'être étranger à sa propre défaite. Il faut gouverner avec dignité sans scandaliser inutilement l'opinion par des mots malheureux ou des attitudes qui ne conviennent pas de la part du plus haut représentant d'un Etat.
Que fallait-il souhaiter ? Si l'on se place à un point de vue chrétien, deux sensibilités s'affrontent. D'une part, celle qui considère que libéralisme rime avec égoïsme, que la doctrine sociale de l'Eglise avec ses aspirations à la justice sociale et au refus du cynisme coïncide assez fort avec le projet socialiste; d'autre part, celle qui met à l'avant-plan les points non négociables (vie, famille, éducation) et appréhende que le "progressisme" de la gauche adopte rapidement des mesures qui les transgressent alors que la "droite libérale" était censée aller moins vite en besogne. Du point de vue de cette deuxième sensibilité, le climat culturel et médiatique dominé par les tenants d'une idéologie socialiste ne peut guère être favorable au maintien de libertés d'expression et d'action pour ceux qui défendent des positions à rebours de l'évolution de notre société vers plus d'individualisme, de relativisme, de matérialisme. Ce à quoi les tenants de la première sensibilité rétorqueront que la "droite libérale" est loin d'être déterminée à maintenir les valeurs familiales et sociétales qui tiennent à coeur aux chrétiens. Les deux sensibilités ont sans doute d'excellents arguments mais c'est l'observation des faits à venir qui nous dira qui avait raison.
Tout cela n'est toutefois qu'une nouvelle péripétie de l'histoire où rien n'est jamais irréversible...
YW
Commentaires
Rien n'est irréversible, sinon, nous l'espérons, notre foi et notre désir qu'un jour, Son Règne vienne! Nos papes successifs le répètent: n'ayons pas peur! Posons des actes, anticipons, préparons les esprits et les coeurs!
"Mes enfants, nous devons aimer non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité"
"C'est vous qui êtes la race choisie, le sacerdoce royal, la nation sainte, le peuple qui appartient à Dieu; vous êtes donc CHARGES D'ANNONCER les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière" (1Pierre 2,9)
Oh non, décidément, Elle ne passera pas la Parole de Dieu, inusable et indémodable!
Demandons à l'Esprit de force et de vérité de nous envoyer, chacun selon nos charismes et nos dons, poser les jalons du Royaume! Pour que Son Règne vienne!
Le ralliement de Mr Bayrou à Mr Hollande est certainement significatif : Le MoDem est plus centre gauche que centre droit. Rappelons ici que le MoDem est le parti "frère" du CdH.
" appréhende que le "progressisme" de la gauche adopte rapidement des mesures qui les transgressent alors que la "droite libérale" était censée aller moins vite en besogne" Tout est écrit dans ces quelques mots: aller moins vite avec la droite mais y aller quand même.