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Les miracles de Lourdes

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Source : Dom Antoine Marie, osb, Abbaye Saint-Joseph de Clairval, lettre du 25 juillet 2012

« Je sais bien que dans certains milieux, la pensée même du miracle paraît démodée et impensable, écrivait le docteur Oliviéri, président du Bureau médical de Lourdes de 1959 à 1971… Aussi, lorsqu’on parle devant ces personnes de guérisons miraculeuses, elles ont toujours une réponse toute prête : ces faits, disent-elles, ou bien n’ont pas été étudiés, ou bien s’expliquent par toutes sortes de causes naturelles… ou bien seront explicables plus tard… Finalement, ce qui est commun à toutes ces explications, c’est cette raison fondamentale a priori que ‘le miracle, cela n’existe pas’. A cela, je puis répondre : ‘Le miracle, cela existe’ ».

Les médecins, croyants ou non-croyants qui se trouvent au Bureau médical de Lourdes, vérifient la réalité de chaque guérison alléguée par les malades, puis étudient de près ces guérisons pour voir si elles présentent un caractère extraordinaire que la science médicale ne puisse expliquer. A l’issue des examens pratiqués par la Bureau médical, si au moins les deux tiers des médecins estiment qu’une guérison survenue est certaine, durable et médicalement inexplicable, le dossier est transmis à l’instance médicale supérieure, le Comité médical international de Lourdes, créé en 1947.

Totalement indépendant du Bureau médical, ce comité siège à Paris et se réunit une fois par an. Il comprend une trentaine de membres choisis par cooptation et nommés par l’évêque de Tarbes et Lourdes. La majeure partie des disciplines médicales y sont représentées et la plupart des membres sont des professeurs agrégés ou des chefs de service des hôpitaux universitaires, de différentes nationalités. Pour chaque cas, un membre du comité, spécialiste de la maladie concernée, établit un rapport qui sera discuté par tous les membres. A la fin de cette procédure qui dure plusieurs années, ceux-ci répondent à la question suivante : la guérison constatée constitue-t-elle un phénomène contraire aux observations et aux prévisions de l’expérience médicale, et scientifiquement inexplicable ? Si les deux tiers des membres du comité répondent positivement à cette question, le dossier est transmis à l’évêque du diocèse d’où est originaire la personne guérie. Il revient ensuite à ce dernier de déclarer, s’il le juge opportun, que la guérison a été miraculeuse. Il commence par constituer une commission qui enquêtera à nouveau sur la guérison, et spécialement sur ces circonstances au plan spirituel. Enfin, il prend la décision de reconnaître ou non, officiellement, la guérison comme un miracle.

Depuis les apparitions de Lourdes, soixante-sept guérisons ont ainsi été reconnues miraculeuses (deux autres guérisons ont été reconnues inexplicables par le Comité international de Lourdes à l’automne 2011). Toutefois, le nombre réel de guérisons authentiques et complètes est bien plus grand. « Parmi les nombreux malades guéris à Lourdes chaque année, remarque l’abbé Laurentin, un certain nombre ne se déclarent pas et gardent cette faveur dans la discrétion. Je connais plusieurs cas de ce type. Parmi ceux qui se déclarent, beaucoup n’ont pas les éléments suffisants pour former un dossier attestant la maladie et son caractère. Parmi ceux qui peuvent présenter un dossier, beaucoup de cas sont écartés, soit parce que le dossier est incomplet, soit parce que la preuve fait défaut sur un point quelconque… » (Lourdes. Histoire authentique des apparitions, Paris Lethielleux 1961-1964). En 1993, le président du Bureau médical estimait que sur les quelques 6000 déclarations de guérison dénombrées par les instances médicales de Lourdes depuis les apparitions, environ 2000 cas peuvent être considérés comme des guérisons extraordinaires.

Ces faits ont suscité de nombreuses interrogations et ont conduit à chercher les causes naturelles qui pourraient les expliquer. On s’est interrogé sur les propriétés physiques et chimiques de l’eau de la Grotte. De nombreuses analyses en ont été faites. Le 7 août 1858, un professeur de chimie de la Faculté des sciences de Toulouse concluait ainsi son analyse : « L’eau de la Grotte de Lourdes a une composition telle qu’on peut la considérer comme une eau potable analogue à la plupart de celles que l’on rencontre sur les montagnes dont le sol est riche en calcaire. Cette eau ne renferme aucune substance active capable de lui donner des propriétés thérapeutiques marquées » (cf. Henri Lasserre, Notre-Dame de Lourdes, 1880). D’autres analyses, faites par la suite, ont donné des résultats semblables.

On tente parfois d’expliquer les guérisons de Lourdes par des phénomènes psychiques. Mais il convient de remarquer que la très grande diversité des maladies guéries (tuberculoses, scléroses en plaques, maux de Pott, cancers…) exclut la possibilité d’un unique agent thérapeutique naturel, physique ou psychique. Parmi les médecins qui examinent les cas proposés, et notamment ceux du Comité international, il y a d’ailleurs des spécialistes en psychiatrie, parfaitement qualifiés.

Le docteur Alexis Carrel (1873-1944), professeur d’anatomie à la Faculté de Lyon, a été lui aussi confronté aux miracles de Lourdes. Un jour de 1903, en effet, pour rendre service à un confrère, ce médecin incroyant accepte d’accompagner à Lourdes un train de malades. Il lui faut s’occuper d’une jeune personne agonisante, Marie Bailly, atteinte de péritonite tuberculeuse au dernier stade. Lors d’une conversation avec un ami qui lui rapporte le cas d’une religieuse guérie subitement après avoir bu de l’eau, Alexis Carrel murmure : « Cas intéressant d’autosuggestion. D’une foule en prière se dégage une sorte de fluide qui agit avec une force incroyable sur le système nerveux, mais échoue quand il s’agit d’affections organiques ».

Son ami tente de le détromper, mais Alexis reste inébranlable : « Je demeure incrédule. Personne n’a fait un travail scientifique. Il faudrait que le malade ait pu être examiné par un médecin compétent, immédiatement avant sa guérison. Le miracle est absurde, c’est certain. Mais si le miracle est constaté, dans des conditions assez concrètes pour avoir la certitude de ne pas s’être trompé, il faudra bien l’admettre. Aucun argument ne peut tenir contre la réalité d’un fait… Je suis venu ici sans autre dessein que d’être un bon instrument enregistreur… Mais si je voyais seulement une plaie se fermer sous mes yeux, je deviendrais un croyant fanatique ou je deviendrais fou. » Puis il poursuit : « Il y a aussi cette jeune fille, Marie Bailly… Je crains qu’elle ne meure entre mes doigts. Si celle-là guérissait, ce serait vraiment un miracle. Je croirais à tout et je me ferais moine ! ».

Marie Bailly demande à être plongée dans l’eau des piscines. Le docteur Carrel pense que ce bain la tuera, mais il ne peut s’opposer à la volonté de la malade. Arrivée sur place, la malade n’est pas immergée dans l’eau, mais on se contente de lui faire quelques lotions sur le ventre gonflé par la maladie, puis on la transporte devant la Grotte. Carrel l’accompagne. Il murmure : « Ah ! que je voudrais, comme tous ces malheureux, croire que vous n’êtes pas seulement une fontaine exquise, créée par nos cerveaux, ô Vierge Marie. Guérissez donc cette jeune fille ; elle a trop souffert. Permettez-lui de vivre un peu, et faites-moi croire. » Soudain, sous ses yeux, la mourante reprend vie : ses traits se colorent, le pouls devient normal, le ventre extraordinairement ballonné diminue peu à peu de volume. Avec son stylo, Carrel note l’heure exacte sur sa manchette : 14h40. A 15 heures, la guérison totale est un fait accompli. « Je suis guérie ! » dit Marie Bailly. Carrel écrira : « C’était la chose impossible. C’était la chose inattendue. C’était le miracle qui venait de se produire ! ».

Minutieusement, au cours de la soirée et de la nuit, il étudie le cas, note les détails. Deux autres médecins ajoutent leurs constatations aux siennes. A la fois heureux et ennuyé de l’aventure, Carrel, après avoir longuement erré dans la nuit, pénètre dans la basilique, s’assied à côté d’un vieux paysan et, la tête dans ses mains, prononce cette prière : « Vierge douce, secourable aux malheureux qui vous implorent humblement, regardez-moi. Je crois en vous. Vous avez voulu répondre à mon doute par un miracle éclatant. Je ne sais pas le voir et je doute encore. Mais mon plus grand désir et le but supérieur de toutes mes aspirations sont de croire. »

Toutefois, ce n’est pas encore la conversion. Les miracles, même dûment constatés, prouvent bien qu’il est logique de croire, qu’il faut croire. Mais l’acte de foi est le fait d’une grâce surnaturelle, qui demande le concours de la liberté de l’homme. Il faudra à Alexis Carrel bien des années pour arriver à la plénitude de la foi. Rentré à Lyon, il expose dans un article loyal les faits dont il a été témoin, sans formuler aucune conclusion.

En août 1909, Alexis Carrel est de nouveau à Lourdes. Dans la salle d’examens du Bureau des constatations, il se prépare à photographier deux fistules de l’articulation coxo-fémorale d’un malade, lorsque, sous ses yeux, elles se referment en un instant. Mais cette nouvelle guérison dont il est un témoin direct n’est pas encore l’occasion de son retour à la foi. Ses recherches médicales lui valent en 1912 le prix Nobel de Médecine (il est le « père » de plusieurs techniques médicales modernes) et sont l’occasion de nombreuses réflexions sur l’homme ; il en vient à constater que la science expérimentale ne suffit pas à dire qui il est, car elle n’atteint pas son âme spirituelle. En 1935, il publie son chef-d’œuvre : L’homme, cet inconnu. Durant l’été de 1937, il rencontre dom Alexis Presse, fondateur de l’abbaye cistercienne de Boquen, en Bretagne. L’amitié qui s’instaure entre eux va l’aider puissamment dans son retour à la foi. Il considère maintenant que sa carrière scientifique n’a porté que sur « la surface de la vie », et il écrit dans son journal, le 3 novembre 1938 : « Seigneur, ma vie a été un désert, car je ne vous ai pas connu. Faites que, malgré l’automne, le désert fleurisse ! Que chaque minute des jours qui me restent soit consacrée à vous ! » Et, dans un article sur la prière, en 1940, il écrira « Ce Dieu si abordable à qui sait aimer, se cache à celui qui ne sait que comprendre ».

Alexis Carrel meurt le 5 novembre 1944, après avoir reçu les derniers sacrements. Dom Presse écrira : « D’aucuns ont prétendu qu’il n’était pas catholique (à la fin de sa vie). Je l’entends encore me dire avec force : « Je veux croire et je crois tout ce que l’Eglise catholique veut que nous croyions, et à cela je n’épreuve aucune difficulté, car je n’y rencontre aucune opposition réelle avec les données certaines de la science ».

Les miracles que Dieu réalise par l’intercession des saints sont destinés à soutenir la foi, qui est nécessaire pour avoir accès à la vie éternelle. Le motif de la foi n’est pas le fait que les vérités révélées apparaissent comme vraies et intelligibles à la lumière de notre raison naturelle. Nous croyons à cause de l’autorité de Dieu même qui révèle, et qui ne peut ni se tromper ni nous tromper. Néanmoins, pour que l’hommage de notre foi soit conforme à la raison, Dieu a voulu accompagner les grâces intérieures du Saint-Esprit de preuves extérieures de sa Révélation. C’est ainsi que les miracles du Christ et des saints, les prophéties, la propagation et la sainteté de l’Eglise, sa fécondité et sa stabilité sont des signes certains de la Révélation, adaptés à l’intelligence de tous : ils constituent des motifs de crédibilité, et démontrent que l’assentiment de la foi n’est nullement un mouvement aveugle de l’esprit (cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, 156).

Commentaires

  • Bonjour,

    J'invite la rédaction de Belgicatho à lire et publier cet article:

    http://info.catho.be/2012/08/13/une-belge-guerie-miraculeusement-a-medjugorje/

    Cordialement,

    Francis Willems

  • Dans la reconnaissance du caractère miraculeux d’un fait extraordinaire, l’Eglise est très prudente, a fortiori si ce fait devait s’être produit dans un lieu d’apparitions non reconnu..

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