Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Benoît XVI a remis ce dimanche le « Prix Ratzinger 2012 » à Rémi Brague et au P. Dailey

IMPRIMER
Lu sur le site de l’agence Zenit :

51-AgE5dIUL__SL500_AA300_.jpg« ROME, dimanche 21 octobre 2012 (ZENIT.org) – Oeuvrer pour que les hommes contemporains découvrent « l’art de vivre » : c’était le maître-mot de l’encouragement prononcé par Benoît XVI hier, samedi 20 octobre 2012, à l'adresse des lauréats du Prix Ratzinger. Il salue l'importance d'une "raison éclairée par la lumière de Dieu" pour favoriser le "dialogue".

Le pape a présidé la remise du Prix Ratzinger 2012, au Vatican, entouré des Pères synodaux. Les deux lauréats de cette seconde édition du Prix de la « Fondation vaticane Joseph Ratzinger-Benoît XVI » sont le philosophe français Rémi Brague, et le jésuite théologien états-unien Brian E. Daley (cf. Zenit du 28 septembre et Zenit du 3 octobre 2012, pour l'entretien avec Rémi Brague).

Benoît XVI les a félicités « vivement », rendant hommage à leurs « personnalités », c’est-à-dire leur « travail scientifique », leur « précieux service d’enseignement », et leur « contribution qualifiée à la présence de l’Eglise dans le monde d’aujourd’hui ».

Pour le pape en effet, des personnalités comme le P. Daley et le Prof. Brague sont « exemplaires pour la transmission d’un savoir qui unit science et sagesse, rigueur scientifique et passion pour l’homme », afin que ce dernier « puisse découvrir l’«art de vivre» ».

« Travailler dans la vigne du Seigneur pour que les hommes et les femmes de notre temps puissent découvrir et redécouvrir le véritable «art de vivre» » était d’ailleurs une « grande passion du Concile Vatican II », a insisté Benoît XVI.

Pour cette mission, a-t-il poursuivi, il faut des personnes qui « rendent Dieu proche et crédible » à l’homme d’aujourd’hui par « une foi éclairée et vécue », des personnes qui « gardent le regard fixé vers Dieu, puisant dans cette source la vraie humanité », des personnes « dont la raison est éclairée par la lumière de Dieu, pour pouvoir parler aussi à l’esprit et au cœur des autres ».

Evoquant les publications des deux lauréats, le pape a exprimé sa « reconnaissance » pour leur « effort de communiquer les fruits » de leurs recherches, effort « précieux pour l’Eglise et pour ceux qui oeuvrent dans le domaine académique et culturel ».

Le pape a fait remarquer par ailleurs que les deux lauréats de cette année sont « compétents et engagés dans deux aspects décisifs pour l’Eglise de notre temps », à savoir « l’œcuménisme et la confrontation avec les autres religions » : le P. Daley est engagé dans les rapports avec les Eglises orthodoxes, tandis que Rémi Brague est spécialiste de la philosophie des religions, en particulier les religions juive et islamique du Moyen-âge.

Selon Benoît XVI, « une part considérable du dialogue de l’Eglise avec le monde contemporain » se joue dans ces deux domaines. »

S’agissant de la pensée du professeur Rémi Brague, illustrons le propos par un extrait du Sermon pour l’Epiphanie 2011, prononcé en l’église du Saint-Sacrement à Liège par l’abbé Jean-Pierre Herman:

« Le professeur Rémi Brague, voici deux ans, a publié un essai intéressant, dont voici le titre : « Du Dieu des chrétiens et d’un ou deux autres » (Flammarion, 2008). Dans le premier chapitre de ce livre, il développe trois idées reçues couramment dans la société d’aujourd’hui, pour les décortiquer et les infirmer.

 On nous parle en effet aujourd’hui de l’islam, du judaïsme et de la foi chrétienne comme des trois religions d’Abraham, des trois religions du Livre et des trois monothéismes.

 Rémi Brague, dans une excellente réflexion, nous montre que l’association de ce qu’on appelle les trois monothéismes n’est finalement qu’une vue superficielle, que le Dieu des chrétiens, le Dieu des juifs et le Dieu des musulmans sont extrêmement différents l’un de l’autre, que la perception de Dieu est extrêmement différente, que le concept même placé derrière le mot « Dieu » dans les trois religions diffère grandement.

 Il en va de même lorsqu’on parle des trois religions d’Abraham. Si Abraham est le fondateur de la race pour le judaïsme, il est aussi celui qui est à l’origine de la race pour les musulmans, mais dans une moindre fonction puisqu’à leur sens la révélation y vient bien plus tard, tandis que dans la foi chrétienne avec l’incarnation du Fils de Dieu nous inaugurons la plénitude de la révélation, une ère nouvelle : Israël  ne peut plus être limité dans le temps et dans l’espace mais il sera l’humanité toute entière sauvée par le Christ.

 Et puis, il y a cette qualification de religions du Livre. En réalité, le rapport au Livre dans les trois religions est lui aussi extrêmement différent. Le judaïsme, religion du peuple avant la destruction du Temple et sa dispersion, est devenu la religion d’un écrit  permettant à tous les juifs du monde de se retrouver sur un point commun alors que pour les chrétiens, le Livre -la bible et l’évangile, l’ancienne et la nouvelle alliance- est simplement un moyen de connaître la Révélation, un moyen d’y accéder mais une fois que nous l’avons découvert, nous devons aller plus loin, tandis que pour l’islam le Livre est tout, le Livre est presque en adéquation avec Dieu qui lui parle à travers le Livre et c’est pourquoi, dit Rémi Brague, il n’y a qu’une seule religion du Livre : c’est l’islam. Car, le judaïsme est une religion du peuple et la foi chrétienne qu’est-ce qu’elle est ? Eh bien, alors nous venons à l’essentiel de ce que nous célébrons aujourd’hui : elle est la religion de la Personne.

Le Dieu que nous adorons n’est pas un Dieu lointain, un Dieu qui se déconnecte de notre nature humaine. Il n’est pas quelqu’un dont la révélation est toute entière contenue à l’intérieur d’un livre, un livre dont nous ne pourrions plus sortir. Il n’est pas non plus uniquement celui qui a appelé Abraham car sa révélation s’est poursuivie. Notre Dieu est personnel, notre Dieu se préoccupe de chacun d’entre nous et, mieux, notre Dieu est venu parmi nous pour que nous puissions le connaître, pour que nous puissions aller à Lui et pour que le chemin de la Vie Éternelle, bloqué, fermé par le péché de nos premiers parents puisse enfin être rouvert et qu’un jour nous venions vivre avec Lui. Saint Athanase nous dit ceci : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme puisse devenir Dieu ». Et cela, aucune des grandes ou des petites religions de l’humanité n’a été capable de le dire. Le Dieu que nous adorons est un Dieu personnel, le Dieu que nous adorons a envoyé son Fils pour nous sauver »

Voir ici toute l’homélie : Avons nous tous le même Dieu ?

Les commentaires sont fermés.