Un ami réagit au comportement interpellant de l'évêque de Tournai lors de l'émission "Devoir d'enquête" sur la pédophilie ecclésiastique (6 mars)
Trois remarques à propos de l'émission de la RTBF
1) Par son profil archi-bas, notamment face à sa "partenaire", parlementaire fer de lance d'un socialisme anticlérical, Mgr Harpigny a donné le sentiment qu'il se sentait, dans l'épiscopat belge, bien isolé pour mener le combat intra-ecclésial en notre pays. Comme toujours, la RTBF (F comme... F...), tellement proche des bouffeurs de curés du CAL, a pu, grâce à la docilité (suspecte) de l'évêque, souligner cet isolement : "Divide ut imperes"!
2) La RTBF a ressorti un "devoir d'enquête" sur l'affaire "di Falco", comme si la cause de ce dernier évêque était entendue, l'oracle Terras-Golias ayant relayé une plainte plus que suspecte contre un ecclésiastique de haut rang. L'auditeur qui ne s'est pas renseigné sur cette question a dû, au terme de l'émission, être convaincu que la culpabilité du prélat était bien établie. Et là encore, Mgr Harpigny a laissé agonir d'injures un de ses frères dans l'épiscopat, sans même signaler que de graves doutes subsitent quant à la fiabilité du témoignage accusateur.
3) Les médias, qui défendent si ardemment la thèse d'une Eglise tout entière gangrenée par la pédophilie, ne devraient-ils pas mener des enquêtes sur d'autres milieux qui ont aussi pour mission de s'occuper des enfants, l'école laïque, les mouvements de jeunesse, les cours de danse, de natation,de gymnastique, etc.? Pourquoi a-t-on "privilégié" l'Eglise en créant une commission de suivi relative au traitement d’abus sexuels et de faits de pédophilie dans une relation d’autorité, EN PARTICULIER AU SEIN DE L'EGLISE ? Encore une belle occasion ratée pour Mgr Harpigny de remettre les pendules à l'heure. On peut se demander ce que pense notre archevêque de ce consensualisme bienveillant de son confrère à l'égard de dame Lalieux...
Mutien-Omer Houziaux"
Commentaires
Pourquoi donc Mgr Harpigny ne met-il pas sur la table le véritable fléau des abus sexuels sur mineurs dans la société belge ? C'est un problème majeur de société, bien actuel, mais largement occulté par les politiciens et les médias. Voilà qui mériterait un vrai devoir d'enquête.
Il y a un an, Child Focus avait lancé une opération destinée à aider les jeunes Belges, victimes d'abus sexuels, à oser en parler. Ils avaient en effet constaté que presque aucun n'osait en parler, un peu comme ces jeunes victimes de violences ou rackets qui s'enferment dans un mutisme destructeur.
Or, pas un média n'a relayé dans le public cette initiative importante de Child Focus. Et pire, elle fut descendue en flammes par les politiciens, y compris par les responsable de la protection de la jeunesse, qui interdirent à l'association Child Focus de se mêler de cela, que cela ne la regardait pas.
Face à ce scandale d'une telle omerta politique et médiatique sur les abus sexuels sur mineurs en Belgique, Mgr Harpigny ne devrait pas se taire. Il devrait prendre la défense de tous ces mineurs abusés, prendre la défense de Child Focus, et dénoncer le fait que les politiciens et les médias belges gardent une chape de plomb sur ces drames. L'opinion publique a le droit de savoir. Mais quel média osera mener une enquête objective sur l'ampleur des cas d'abus sexuels en Belgique ?
Tout à fait d'accord avec M. Houziaux.
Je n'ai pas de préjugés particuliers à l'égard de Mgr Harpigny mais je suis restée sur la désagréable impression qu'il se posait en "grand chevalier blanc" de la lutte contre les cas de pédophilie dans l'Eglise malgré les réticences de ses confrères, bien compréhensibles d'ailleurs quand on connait le mode de fonctionnement assez aberrant des indemnisations.
Quand la tirelire de l'Eglise sera vide va-t-on nous inonder d'appels au secours financiers avec virements pré-imprimés ? Mais ce n'est pas à nous pauvres paroissiens de payer la facture, nous n'y sommes pour rien.
@ brise ... L'Église est la seule institution au monde qui accepte d'indemniser des cas très anciens, sur base de dénonciations n'ayant fait l'objet d'aucune enquête digne de ce nom, et pour des faits qui auraient été commis par certains de ses membres, en contradiction totale avec ses propres règles de fonctionnement. Et dans des périodes, après mai 68, où la pédophilie n'était même pas considérée par la Justice comme un délit à poursuivre. Comme on le voit avec des célébrités, comme Cohn-Bendit, qui s'est vanté publiquement de ses pratiques pédophiles avec de jeunes enfants, et n'a jamais été poursuivi. Au contraire, il se pavane au Parlement européen et donne des leçons à tout le monde. Avec le silence complice des autres politiciens et des médias.
Malheureusement, cette bonne volonté de l'Église incite certainement des gens à en tirer profit, comme on le voit avec certains avocats américains qui se sont spécialisés dans ces affaires très rentables pour eux et leurs clients. Or, toutes les autres victimes d'abus sexuels, commis dans la société civile, de manière bien plus grave et en beaucoup plus grand nombre, n'ont évidemment pas cette possibilité de se retourner contre une institution pour la faire payer, même très longtemps après prescription judiciaire. Ils n'ont donc absolument aucun intérêt à révéler des fais anciens prescrits.
En fait, on voit bien que ceux qui attaquent l'Église sur ces affaires de pédophilie, n'en ont rien à faire de l'intégrité sexuelle des mineurs dans notre société. C'est le dernier de leur souci. Tout ce qui les intéresse, c'est de porter atteinte à l'image de l'Église, et donc à son autorité morale qui les dérange. Et spécialement dans le domaine du laxisme sexuel qu'ils revendiquent et pratiquent eux-mêmes. C'est comme s'ils voulaient se prouver à eux-mêmes qu'ils peuvent pratiquer ce laxisme sexuel, puisque même dans l'Église il y en a qui y succombent. Ils sont comme des bandits qui justifient leurs actes par la découverte de quelques ripoux parmi la police.
"On ne se blanchit pas en noircissant les autres" ! Comme l'a écrit Timothy Radcliffe op, les reproches insistants sur la pédophilie dans l’Église sont peut-être bien la réponse de la société et des personnes à une Église "donneuse de leçons sur le sexe". Peut-être n'avons-nous pas compris tôt assez que la rectitude morale était un fruit de l'amour de Dieu pour nous et de notre attachement à Jésus-Christ... le chemin inverse est loin d'être automatique !
Dans la crise actuelle et devant l'ampleur des révélations récentes, je ne vois pas quel autre profil nos évêques pourraient prendre, si ce n'est le profil humble de Mgr Harpigny et son attention au cri des victimes (tellement nombreuses qu'on ne peut en faire fi).
Les prophètes ont pourfendu ceux qui écrasaient le pauvre et Jésus s'est mis du côté des petits. Alors, même si cela tend le fouet aux adversaires de l’Église pour la battre, nous ne pouvons pas nous dérober et diluer le nombre des victimes de membres du clergé dans le nombre des victimes (probablement plus nombreuses) du reste de la société. Ne retombons pas surtout dans les travers du passé où l'on a trop souvent privilégié le sauvetage de l'institution en abandonnant les victimes à leur drame ! Et n'oublions pas l’Évangile qui n'est pas tendre avec ceux qui scandalisent les petits !
La conversion, à laquelle nos derniers papes n'ont eu de cesse d'inviter l’Église et les chrétiens, ne consiste pas à renvoyer la faute aux autres, je pense... s'humilier en reconnaissant ses péchés, en demander pardon et s'engager sur un chemin de conversion, ce n'est pas facile, c'est comme un vendredi saint de souffrance, ou un samedi saint de silence pesant, mais c'est un chemin obligé pour parvenir au matin de Pâques. Les "adversaires traditionnels de l’Église" auront beau se frotter les mains pendant son chemin de croix... aurons-nous assez de foi, nous chrétiens attachés à notre Église, pour garder l'espérance et continuer à attendre (activement) que "le grain tombé en terre porte du fruit" ?
@ LPJ ... Je ne comprends pas bien votre raisonnement, qui semble justifier une attitude de silence de l'Église face aux abus sexuels commis en Belgique. Ce n'est quand même pas parce quelques ecclésiastiques ont commis dans le passé des actes répréhensibles, condamnés par l'Église, que cela doive interdire à l'Église de dénoncer ces mêmes actes quand ils sont commis en bien plus grand nombre aujourd'hui dans la société belge. L'Église devrait donc se taire à jamais, ne pourrait plus jamais condamner ouvertement ces abus sexuels ?
Comme la société ne protège pas les centaines de mineurs victimes d'abus sexuels chaque année en Belgique (voir l'initiative torpillée de Child Focus) qui donc les défendra, si l'Église même n'ose plus le faire ou n'aurait plus le droit de le faire, comme vous semblez le suggérer ? On peut alors retourner votre raisonnement. C'est bien la société civile qui, à force de taper sur le dos de l'Église, aurait fait en sorte de museler la seule voix encore capable de protéger les mineurs des dérives et agressions sexuelles résultant des politiques laxistes menées par cette même société civile. Comme vous le dites, la société civile s'est-elle blanchie en cherchant à noircir l'Église ?
Prenons un petit exemple concret. Il y a chaque année en Belgique des centaines de mineures, parfois même des gamines, qui tombent enceintes. Et qui accouchent ou se font avorter. Or, les autorités de ce pays ne recherchent même pas les abuseurs, qui peuvent donc continuer leurs méfaits tranquillement. Avec votre raisonnement, l'Église n'aurait même plus la capacité de dénoncer ces choses, elle devrait se taire devant ces abus sexuels sur mineurs.
Ne plus se sentir défenseur des plus faibles, ou ne plus oser les défendre, par peur de la société civile, je ne pense pas que ce soit une attitude valable pour l'Église. C'est se terrer ou mettre sa lumière sous le boisseau. Que peut donc encore dire l'Église à la société civile, selon vous ? L'Église devrait-elle attendre qu'elle ne soit plus constituée que de saints irréprochables pour oser s'exprimer ? Bref, si l'Église n'ose même plus semer de graine, comment espérer voir un jour du fruit ?
N'oublions quand même pas que l'Eglise, c'est également tous les Catholiques! Devons-nous indéfiniment faire front bas vis-à-vis de nos ennemis par la faute de quelques prêtres ? Si c'est ainsi, alors les Allemands devraient encore se sentir coupables des fautes (beaucoup plus graves) causées par les Nazis. Avec tout le respect que je dois à Mgr Harpigny, j'en ai assez de voir des évêques dans les médias uniquement pour parler d'affaires de pédophilie. En tant que successeurs des apôtres, les évêques doivent nous guider sur le chemin enseigné par le Christ, enseignement qui nous est parvenu par les Evangiles.