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Ne dissocions pas Bible et Tradition

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Le pape s'est adressé à la Commission biblique pontificale,vendredi. Le sujet est passionnant: le rapport entre la Bible et la tradition ! Ceci n'est pas sans nous interpeller par rapport à une conception fausse qu'on entend souvent: le christianisme est une des religions du livre :
 

La "nature profonde" de la Bible; pas d'interprétation sans tradition

Source:  ZENIT.ORG

Le Pape François s’est adressé aux membres de la Commission biblique pontificale, ce 12 avril. Il invite au « respect de la nature profonde » des Saintes Ecritures : l’exégète doit étudier la Bible « à l’intérieur de la foi de l’Eglise » car « l'interprétation des Saintes Ecritures ne peut être seulement un effort scientifique individuel, mais doit être toujours confrontée, intégrée et authentifiée par la tradition vivante de l’Eglise ».

Pour le pape, « le respect de la nature profonde des Ecritures conditionne la validité même et l’efficacité de l'herméneutique biblique » car il faut un « rapport correct et réciproque entre l’exégèse et le Magistère de l’Eglise ».

Discours du pape François

… La vie et la mission de l’Eglise se fondent sur la Parole de Dieu, qui est l’âme de la théologie et l’inspiratrice de toute l’existence chrétienne.

Comme nous le savons, les Saintes Ecritures sont le témoignage sous forme écrite de la Parole divine, le mémorial canonique qui atteste l'évènement de la Révélation. Donc la Parole de Dieu précède et dépasse la Bible. C’est pour cela que le centre de notre foi n’est pas seulement un livre, mais une histoire de salut et surtout une Personne, Jésus-Christ, Parole de Dieu faire chair. Et parce que l’horizon de la Parole divine embrasse et s’étend au-delà de l’Ecriture, il faut, pour la comprendre adéquatement, la constante présence de l’Esprit-Saint qui «conduit vers la vérité tout entière» (Jn 16,13). Il est nécessaire de se placer dans le courant de la grande Tradition qui, sous l’assistance de l’Esprit-Saint et la conduite du Magistère, a reconnu les écrits canoniques comme Parole adressée par Dieu à son peuple et n’a jamais cessé de les méditer et d’en découvrir les inépuisables richesses. Le Concile Vatican II l’a confirmé avec grande clarté dans la Constitution dogmatique Dei Verbum: « tout ce qui concerne la manière d’interpréter l’Écriture est finalement soumis au jugement de l’Église, qui exerce le ministère et le mandat divinement reçus de garder la Parole de Dieu et de l’interpréter ».

Comme nous le rappelle encore la Constitution conciliaire susmentionnée, il existe une unité indissoluble entre Sainte Ecriture et Tradition, puisque toutes deux proviennent d’une même source : « La sainte Tradition et la Sainte Écriture sont donc reliées et communiquent étroitement entre elles. Car toutes deux, jaillissant de la même source divine, ne forment pour ainsi dire qu’un tout et tendent à une même fin. En effet, la Sainte Écriture est la Parole de Dieu en tant que, sous l’inspiration de l’Esprit divin, elle est consignée par écrit ; quant à la sainte Tradition, elle porte la Parole de Dieu, confiée par le Christ Seigneur et par l’Esprit Saint aux Apôtres, et la transmet intégralement à leurs successeurs, pour que, illuminés par l’Esprit de vérité, en la prêchant, ils la gardent, l’exposent et la répandent avec fidélité : il en résulte que l’Église ne tire pas de la seule Écriture Sainte sa certitude sur tous les points de la Révélation. C’est pourquoi l’une et l’autre doivent être reçues et vénérées avec un égal sentiment d’amour et de respect » (ibid., 9).

Il s’en suit par conséquent que l’exégète doit être attentif à percevoir la Parole de Dieu présente dans les textes bibliques en les plaçant à l’intérieur de la foi de l’Eglise. L'interprétation des Saintes Ecritures ne peut être seulement un effort scientifique individuel, mais doit être toujours confrontée, intégrée et authentifiée par la tradition vivante de l’Eglise. Cette norme est décisive pour préciser le rapport correct et réciproque entre l’exégèse et le Magistère de l’Eglise. Les textes inspirés par Dieu ont été confiés à la Communauté des croyants, à l’Eglise du Christ, pour alimenter la foi et guider la vie de charité. Le respect de cette nature profonde des Ecritures conditionne la validité même et l’efficacité de l'herméneutique biblique. Ce qui montre l'insuffisance de toute interprétation subjective ou simplement limitée à une analyse incapable d’accueillir ce sens global, qui au cours des siècles a constitué la Tradition du Peuple de Dieu entier, qui «in credendo falli nequit» (Conc. Ecum. Vat. II, Cost dogm. Lumen gentium, 12). (La collectivité des fidèles, ayant l'onction qui vient du Saint, ne peut se tromper dans la foi).

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Jésus-Christ n'a pas dit aux apôtres: Allez et colportez des Bibles; mais bien: "Allez et enseignez toutes les nations; qui vous écoute, m'écoute".

 

Le christianisme était déjà répandu avant qu'aucun des Evangélistes se mît à écrire la vie de Jésus. On disait le Notre Père avant qu'il fût écrit dans saint Matthieu, car le Christ lui-même l'avait appris à ses disciples, qui l'avaient transmis aux premiers chrétiens... On baptisait au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit avant que la formule du baptême eût été écrite par le même saint Matthieu dans son Evangile, car Jésus l'avait prescrite verbalement à ses apôtres.

 

Ceci n’est pas sans consequences.

 

Une religion du livre est une religion en laquelle il est affirmé et crû que c'est dans un livre que se trouve consignée la parole de Dieu adressée aux hommes. Cette appellation s'applique aux religions qui considèrent que le livre est la forme la plus parfaite, sous laquelle la Parole de Dieu est adressée aux hommes.

 

La parole de Dieu a certes été adressée aux hommes sous la forme de discours, mais cette forme n'est pas considérée comme la seule, ni surtout comme la plus haute et la plus parfaite.

Le coeur même du christianisme consiste justement à croire que la Parole de Dieu, après s'être faite discours, s'est faite homme ; que la matérialité qu'elle s'est donnée pour entrer dans le monde n'est pas seulement celle des mots (parlés ou écrits), mais aussi celle d'un corps d'homme vivant.

 

Dans le récit des tentations au desert, le diable va essayer d'utiliser cette Écriture pour le faire tomber, littéralement : « jette-toi en bas, car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges… ».

 

Jésus répond avec une autre phrase de l'Écriture, qui lui permet de ne pas interpréter au pied de la lettre le passage cité par le tentateur : "il est encore écrit: tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu."

 

Jésus met ainsi en oeuvre un principe d'interprétation (une herméneutique) qui nous vient des juifs et que nous conservons précieusement :

 

« interpréter le texte en tenant compte de l’unité de l’ensemble de l’Écri­ture »  (Benoît XVI, Verbum Domini, 30/09/2010, n° 34).

 

Le démon est très fondamentaliste dans son rapport à l'Écriture : il isole un passage de son contexte, il le lit au premier degré et en fait un absolu.

 

Benoît XVI a dénoncé avec force cette instrumentalisation de l'écrit:

 

« le "littéralisme" mis en avant par la lecture fondamentaliste représente en réalité une trahison aussi bien du sens littéral que du sens spirituel, ouvrant la voie à des instrumentalisations de diverses natures, répandant par exemple des interprétations anti-ecclésiales des Écritures elles-mêmes. L’aspect problématique de la "lecture fondamentaliste est que, en refusant de tenir compte du caractère historique de la Révélation biblique, on se rend incapable d’accepter pleinement la vérité de l’Incarnation elle-même. Le fondamentalisme fuit l’étroite relation du divin et de l’humain dans les rapports avec Dieu (…) Pour cette raison, il tend à traiter le texte biblique comme s’il avait été dicté mot à mot par l’Esprit et n’arrive pas à reconnaître que la Parole de Dieu a été formulée dans un langage et une phraséologie conditionnés par telle ou telle époque" »

 

Dans le christianisme, ce n'est donc pas le livre qui est Parole, c'est Jésus lui-même. Le christianisme n’est pas une religion du livre, mais du Verbe.

Commentaires

  • Il me semble évident que le Dieu-créateur ne pouvait transmettre Son message essentiel aux hommes uniquement avec des mots qui peuvent toujours être interprétés selon la culture et la perception de chacun. Alors pour transmettre ce message d'amour Il a choisi de nous donner en exemple la vie parfaite, en plein accord avec Sa volonté, de Son fils Jésus Christ qui est le sommet de Son œuvre de création. Personne ne peut plus rien changer à cet exemple, les chrétiens peuvent seulement contribuer à le répandre en témoignant par leur propre vie dans un esprit de fidélité à ce message. Elle pourra alors contribuer à enrichir la tradition car le dynamisme de l'esprit du Christ est tellement puissant qu'il ne se laissera pas enfermer par d'autres paroles.

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