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Souffrance et renoncement (23e dimanche du temps ordinaire)

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Evangile de ce dimanche : Lc 14, 25-33

De grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit : « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple.
« Quel est celui d’entre vous qui veut bâtir une tour, et qui ne commence pas par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? Car, s’il pose les fondations et ne peut pas achever, tous ceux qui le verront se moqueront de lui : ‘Voilà un homme qui commence à bâtir et qui ne peut pas achever !’.
« Et quel est le roi qui part en guerre contre un autre roi, et qui ne commence pas par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui vient l’attaquer avec vingt mille ? S’il ne le peut pas, il envoie, pendant que l’autre est encore loin, une délégation pour demander la paix. 
« De même, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »

Homélie de l'abbé Christophe Cossement (archive - source) :

Le réalisme chrétien, pour un bonheur divin (23°dimanche de l’année C)

Aujourd’hui le Seigneur nous propose deux thèmes particulièrement alléchants : la souffrance et le renoncement ! « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple. » (Lc 14,27) « Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. » (v.33)

On se demandera : faut-il souffrir pour être chrétien ? Sûrement pas, et depuis toujours les chrétiens ont excellé à soulager la souffrance. L’histoire de l’Église est riche de leur investissement en faveur de ceux qui souffrent. Depuis 2000 ans nous avons soigné les malades, fondé des hôpitaux, accueilli les orphelins, lutté avec les pauvres ; et l’Église catholique est la plus grande organisation d’aide dans le monde.

Mais il y a des souffrances qui demeurent. Et spécialement les souffrances intérieures. Qu’allons-nous faire, allons-nous les laisser nous détruire ? Car la souffrance détruit, et le mal dans le monde est ce qui milite le plus contre Dieu : beaucoup y voient la preuve que Dieu n’existe pas, ou qu’il n’est pas bon, ou qu’il ne peut rien faire pour nous, ou qu’il est lointain... Voilà la grande victoire de l’Adversaire, qui veut effacer de devant nos yeux les traces d’amour de Dieu.

Devant la souffrance naît en chacun de nous la question “pourquoi ?” C’est la seule question qui restera dans le vide : Dieu n’y répond pas et le christianisme n’a pas de théorie de la souffrance. Dieu ne répond pas avec des mots mais il vient souffrir avec nous. Et c’est la croix, où on peut se dire : Dieu est là, bien présent, et pourtant ce mal arrive. Jésus nous remet sur la bonne piste : « celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple. » Le païen en nous veut une explication, le croyant cherche à persévérer dans l’union... C’est en effet l’union dans l’amour qui est la réponse adéquate au problème de la souffrance.

Faut-il souffrir pour être chrétien ? Non, mais la souffrance qui survient inévitablement me place devant un choix : est-ce que j’en ferai un sujet de discorde avec le Christ, est-ce que je vais le frapper avec la croix ? Ou est-ce que j’en ferai un sujet de complicité avec le Christ, une occasion d’union, est-ce que je vais porter ma croix en le suivant ?

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Le Christ nous propose aussi de le préférer à tout, même à notre propre vie ! C’est bien seulement celui qui a bien conscience d’être le Fils de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu, par qui tout a été fait — comme dit le Credo — qui peut oser parler ainsi.

Ce renoncement à tout, y compris à soi-même, peut être mal compris par les personnes qui nourrissent spontanément une sorte de méfiance naturelle envers la vie, la joie, la richesse, la beauté, etc. Ce n’est pas un beau renoncement que de renoncer à ce qu’on n’a jamais appris à aimer. Regardez saint François, il renonce à tout après l’avoir goûté au maximum : la richesse, la célébrité, la facilité, le luxe.

Je vois deux choses dans le renoncement chrétien : le fruit d’un amour préférentiel, et le choix de se débarrasser de ce qui nous torture intérieurement. Le renoncement chrétien est l’expression d’un grand amour du Seigneur et de la vie. C’est un renoncement préférentiel, un renoncement pour aimer davantage, pour avoir le cœur plus vif et plus brûlant.

Ce renoncement vient aussi d’une conscience du vrai combat à mener pour mener une vie libre ; c’est tout le contraire d’une haine de la vie, d’une suspicion envers la vie. C’est le choix de dégager la vie de tout ce qui la menace en nous. Un certain nombre de nos tristesses nous viennent du fait que nous nous prenons trop au sérieux, que nous mettons notre propre vie et tous nos attachements au centre du monde et de notre champ de conscience. C’est un réflexe naturel, mais il faut trouver une autre attitude si on veut connaître un bonheur profond, celui des enfants de Dieu, celui de ceux à qui Jésus dit : heureux ceux qui ont un cœur de pauvre, le Royaume des cieux est à eux ! Le bonheur des cœurs de pauvres est un bonheur exultant. Il vaut bien de nombreux renoncements.

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