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Les chrétiens de Turquie, des citoyens de deuxième classe ?

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Selon le journal autrichien « Die Presse », « les chrétiens de Turquie se sentent comme des citoyens de deuxième classe » (via Orthodoxie.com)

Sous le titre « En Turquie, les chrétiens se sentent comme des citoyens de deuxième classe », le journal autrichien Die Presse a publié l’article suivant, que nous reproduisons ci-après in-extenso.

Les attentes étaient élevées. Durant des semaines, le gouvernement turc avait fait savoir par les médias que le nouveau paquet de réformes démocratiques apporterait des améliorations notables pour de nombreuses parties de la société, particulièrement dans le domaine de la liberté religieuse. Parmi les chrétiens de Turquie, l’espoir se répandait que la percée tant attendue quant à l’égalité des communautés non-musulmanes était imminente. Or, les espoirs ont été déçus. Une semaine après la présentation du paquet de réformes, la critique est croissante chez les chrétiens turcs. Même si des terres ont été restituées au monastère syriaque de Mar Gabriel dans le sud-est de l’Anatolie. Cette restitution est un pas important pour assurer l’existence du monastère qui remonte au IVème siècle. Or, pour d’autres problèmes de la petite minorité chrétienne de Turquie, qui compte à peine 0.5% de la population de ce pays de 76 millions d’habitant, les réformes du Premier ministre Recep Tayyip Erdoğan restent bien en-deçà des espérances.

Un séminaire destiné à la formation des prêtres est fermé

Tout cela est particulièrement évident en ce qui concerne la question de la formation des prêtres pour l’Église orthodoxe grecque. Le séminaire orthodoxe sur l’île de Halki près d’Istanbul est fermé depuis plus de quarante ans, ce qui résulte dans le vieillissement constant du clergé dans l’ancienne Constantinople, le siège du Patriarcat œcuménique orthodoxe. Selon les indications fournies par le gouvernement sur le paquet de réformes, un pas était attendu dans la direction de la réouverture du séminaire, or il n’est pas venu. Erdoğan a déclaré dans un discours, mardi, pourquoi il en était ainsi. La réouverture du séminaire n’est pas un problème comme tel, a-t-il dit. Mais lorsque l’on donne quelque chose, on doit recevoir quelque chose en retour, a-t-il ajouté. Le Premier ministre a fait référence à la construction d’une mosquée à Athènes et aux problèmes de la minorité turco-musulmane en Grèce du Nord.

« Donnant-donnant »

Par cette réflexion, le Premier ministre se trouve entièrement dans la ligne des nationalistes turcs : il fait dépendre un élargissement des droits des citoyens turcs de confession chrétienne, d’une meilleure situation de la minorité musulmane en Grèce. Les droits religieux des chrétiens, dans cette logique, ne sont pas considérés comme une revendication démocratique naturelle, mais dans le cadre d’un « donnant-donnant » pour le bien-être des Turcs musulmans à l’étranger.
Une fois de plus, les chrétiens se sentent par conséquent comme des citoyens de deuxième classe. « Sommes-nous en quelque sorte des prisonniers ? » s’est demandé le journaliste arménien Hayko Bagdat, mardi, dans le journal Today’s Zaman. Orhan Kemal Cengiz, un avocat spécialisé dans les droits des minorités a, dans une critique publiée dans le même journal, déclaré qu’il était certes très bien de plaider pour davantage de droits pour les musulmans en Grèce, mais on ne saurait pour autant « nier leurs droits à ses propres citoyens ».
Selon les observations de Dimitrios Triantaphyllou, un politologue grec à l’Université Kadir-Has d’Istanbul, la communauté grecque de Turquie attendait un petit quelque chose du paquet de réforme d’Erdoğan. Or celui-ci, dans les années passées, avait déjà fait beaucoup pour les chrétiens, a déclaré Triantaphyllou au journal Die Presse.
La restitution des biens expropriés et la permission de célébrer des offices en des lieux emblématiques comme le monastère de Sumela, près du rivage de la mer Noire en font partie.  

Les voix des nationalistes

Or, ensuite, Erdoğan s’est décidé à utiliser les milieux conservateurs et nationalistes au sujet du paquet de réformes, dit encore le politologue Triantaphyllou. Probablement, cette décision est liée aux prochaines élections qui auront lieu l’an prochain. En 2014, les Turcs éliront de nouveaux parlementaires locaux et un nouveau président. Dans cette perspective, les voix des nationalistes sont manifestement plus importantes pour Erdoğan que celles des chrétiens.
Le Premier ministre est bien plus efficace pour ce qui concerne les problèmes des autres confessions que pour ceux des chrétiens. La libéralisation du voile islamique, annoncée dans le paquet de réformes, est entrée mardi en vigueur.

Source: Die Presse (mise en ligne le 8 octobre), traduit de l'allemand pour Orthodoxie.com

Lire également : http://www.lejournalinternational.fr/Les-Grecs-d-Istanbul-erosion-d-une-communaute_a1326.html

Commentaires

  • Les chrétiens étaient encore plus de deux millions en Turquie, il y a seulement un siècle. Ils sont moins de cinq cent mille aujourd'hui. La Turquie est donc un pays musulman encore plus intégriste et intolérant que l'Égypte. On se demande bien ce que veut dire sa prétendue laïcité.

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