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Le pape François persiste et signe

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Notre compatriote Bosco d’Otreppe et Jean Mercier corroborent  sur le site web de l’hebdomadaire  « La Vie » ce que nous disions hier à propos d’ « Evangelii gaudium » : le pape persiste et signe là, sous une forme plus officielle (mais ce n’est pas une encyclique) des vues qu’il a déjà exprimées à diverses reprises, avec un zèle résolu :

« Dans une exhortation apostolique aux allures de texte programmatique pour son pontificat, François réaffirme et précise sa pensée, tout en esquissant le chemin missionnaire du catholique.

Lire et télécharger l'exhortation apostolique

Si l'exhortation apostolique Evangelii Gaudium exhorte l'Église à faire siennes les propositions issues du synode des évêques d'octobre 2012 consacré à la nouvelle évangélisation et si le texte demeure très fidèle à la pensée de ses prédécesseurs, le pape François part de son expérience pour livrer une réflexion qui systématise ce qu'il a déjà pu dire au cours de ses nombreuses homélies, et qui indique des voies « pour la marche de l'Église dans les prochaines années ».

Le ton est donc personnel, percutant et lucide. Pour retrouver la « fraîcheur originale de l'Évangile », pour affronter cette « priorité absolue » qu'est l'évangélisation, François compte sur tout le monde. L'évangélisation n'est pas réservée à une élite, et chacun est appelé à témoigner de la miséricorde en fonction de sa vocation, de ses talents et de ses moyens.

Les deux mandats

Ce qui n'écarte pas - au contraire - « la réforme des structures »explique le pape, « qui exige la conversion pastorale [afin qu'elles] deviennent toutes plus missionnaires ». Par ces quelques mots, il relie les deux mandats sur lesquels il a été élu : la nécessité de promouvoir une nouvelle évangélisation, et l'exigence d'une réforme des institutions – la seconde étant au service de la première. C'est ainsi qu'il évoque l'étude, l'accroissement possible « des droits légitimes des femmes », ou l'importance donnée aux laïcs dans les processus de décision.

Mais le pape étend ses ambitions et ne s'arrête pas aux organigrammes. « Les portes des sacrements ne devraient pas se fermer » explique-t-il par exemple. Ainsi, l'Eucharistie « n'est pas un prix destiné aux parfaits, mais un généreux remède et un aliment pour les faibles. Ces convictions ont aussi des conséquences pastorales que nous sommes appelés à considérer avec prudence et audace. »

Un profond désir de changer le monde

Les cinq chapitres de son exhortation présentent une réflexion globale sur l'Église tournée vers son souci de l'évangélisation, mission à laquelle le pape veut donner une dimension sociale indispensable. « Une foi authentique (...) implique toujours un profond désir de changer le monde », explique-t-il. « Bien que l’ordre juste de la société et de l’État soit un devoir essentiel du politique, l’Église ne peut ni ne doit rester à l’écart dans la lutte pour la justice », continue-t-il en citant Benoit XVI.

À travers des pages ambitieuses et lucides (sur les risques de la mondanité ou sur les conditions d'une paix sociale notamment), le pape invite l'Église à un chemin de conversion.« L’Évangile nous invite toujours à courir le risque de la rencontre avec le visage de l’autre, avec sa présence physique qui interpelle, avec sa souffrance et ses demandes, avec sa joie contagieuse dans un constant corps à corps. » Le pape argentin confirme donc son désir de la voir cheminer dans les aspérités même des frontières, éclairer de sa mission et de son message les périphéries oubliées.

Pour éviter tout prosélytisme, François explique que le but ultime reste le « bien du prochain », et que si « la véritable ouverture implique de se maintenir ferme sur ses propres convictions les plus profondes, avec une identité claire et joyeuse », il faut absolument – et il reprend les mots de Jean-Paul II, rester « ouvert à celles de l’autre pour les comprendre en sachant bien que le dialogue peut être une source d’enrichissement pour chacun ».

Le chemin de la joie

Ce cheminement n'est pas facile admet le pape. Il présuppose un « don de soi nécessaire », et implique de préférence « une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités »,mais c'est le chemin de la « joie » conclut-il en appelant à mettre le Christ au centre de tout, à se laisser toucher par la grâce, l'Esprit et l'exemple de la Vierge Marie. « La première motivation pour évangéliser est l'amour de Jésus que nous avons reçu », et « quel est cet amour qui ne ressent pas la nécessité de parler de l'être aimé ? » Et d'insister : « Ne nous laissons pas voler la joie de l’évangélisation ».

Ici : "Evangelii Gaudium" : François réaffirme son programme

Cette exhortation, dont certains points seront certainement encore l’objet de discussions ou commentaires (par exemple, sur la valorisation du rôle des conférences épiscopales) comporte notamment un morceau d’anthologie sur l’un des thèmes favoris du pape : la « mondanisation », à lire ici : Non à la mondanité spirituelle [93-97]  JPSC

Commentaires

  • Le texte que vient de nous confier le pape François est merveilleux ! Il mérite bien plus qu'une simple lecture !
    Ce que je viens de faire !

    Par contre, vous indiquez "Condamnation renouvelée de l'avortement" ! Trouvez-moi un passage de cette encyclique (car c'en est une !) où le pape parle de CONDAMNATION ?

  • @ monsieur Delen

    1°) C’est à bon droit, me semble-t-il, qu’on distingue une exhortation apostolique d’une encyclique (sinon pourquoi deux noms pour une même chose ?) Une exhortation apostolique est, si l’on en croit les auteurs, un texte voisin de l'encyclique, par son esprit et ses destinataires mais, à la différence de celle-ci, l'exhortation plaide toujours pour inciter à s'engager dans telle ou telle activité, ou pour prendre une voie particulière. Elle est qualifiée de post-synodale quand elle est publiée à la suite d'un synode réunissant les évêques de tout ou partie du monde. Dans ce cas, l'exhortation apostolique traduit la conclusion du pape sur le thème du synode et la vision commune qui s'en est dégagée. Mais cette conclusion peut largement outrepasser les conclusions votées par cette assemblée, comme le montre justement « Evangelii gaudium » : une exhortation apostolique n’est pas une norme canonique, ni le synode un parlement et le pape demeure toujours souverainement libre à l’égard de celui-ci.

    2°) Si le mot « condamnation » de l’avortement (que « Belgicatho » n’a pas employé non plus), ne se trouve pas dans le texte papal, c’est cependant tout comme : à ce sujet, il faut lire les numéros 2013 et 2014 de l’exhortation apostolique. Naturellement, il faut distinguer entre la nature objective d’un acte et la responsabilité de la personne qui le commet. Le jugement moral des personnes appartient toujours en définitive à Dieu, comme Jésus l’enseigne à propos de la femme adultère.
    JPSC

  • Merci pour vos commentaires.
    Vous dites que "belgicatho" n'a pas utilisé le mot de CONDAMNATION ! Pas dans le texte qui nous a amenés à porter une réponse ... Mais bien dans le texte précédent où il est mis en exergue : " Condamnation renouvelée de l'avortement"

    Dois-je ajouter qu'à titre personnel, je souhaiterais qu'il n'y jamais le besoin, chez une femme, de devoir avorter !
    Qu'on ne se méprenne pas sur mes propos.
    MAIS dans certains cas (sans être pour autant laxiste) je crois que c'est une voie qui justement apprécie et respecte la vie !

    Si vous saviez le nombre d'avortements qu'il y eut dans nos couvents ou monastères ! Mais on n'en parle pas !
    Au Congo, des religieuses avaient été violées par des africains : certaines furent mises enceintes. Permission pour ces sœurs d'avorter ! Que dis-je ? Permission ? Bien davantage !

  • @ monsieur Delen

    Ce n’est pas pour le plaisir d’ « avoir raison » mais dans le texte dont vous parlez Belgicatho relate deux analyses de presse (l’une du « Monde », l’autre du « Figaro », comme déjà ailleurs celle de « La Vie »), en prenant la peine d’ouvrir et de fermer les guillemets : les propos qui s’y trouvent , y compris les intertitres, sont de leur fait, évidemment, comme vous pouvez d'ailleurs le lire en cliquant sur le lien de référence.

    S’agissant des avortements de religieuses violées, en tant qu’ancien du Congo j’en ai évidemment entendu parler à l’époque, en rentrant ici en Belgique, où courait la rumeur de ces avortements. Fantasme ou réalité ? N’accusons pas sans preuve.

  • Non n'accusons pas sans preuves. Mais celles-ci ne manquent pas ! Ne généralisons pas cependant : il s'agit toujours d'une minorité ! Mais quand même ! Pourquoi "les autres" ne réagissent pas davantage ? Pourquoi tenter de nier le phénomène.
    Voici un des nombreux articles que j'ai pu trouver ce jour :

    " Le rapport de Sœur Maura O'Donohue soulève le cœur. Il a été remis au Vatican en 1995, mais vient d'être révélé par un journal américain, le National Catholic Reporter, et par La Repubblica du 20 mars. Il cite le cas d'un prêtre qui a célébré la messe de requiem d'une religieuse qu'il avait contrainte à avorter et qui avait succombé à l'opération.
    D'autres témoignages sont rapportés de relations sexuelles forcées, de harcèlement sur des jeunes filles candidates à l'entrée dans un établissement catholique, de pressions sur des médecins pour permettre à de jeunes femmes, y compris des religieuses, de prendre la pilule et même d'avorter. Des cas sont signalés de communautés religieuses dont des sœurs se sont retrouvées enceintes au même moment.

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