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Evangelii Gaudium : les analyses du « Monde » et du « Figaro »

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De Stéphanie Le Bras dans « Le Monde » (extraits) :

« (…) Ce texte arrive à point nommé. Depuis son élection, le pape a beaucoup parlé et certains catholiques commençaient à se demander ce qui, dans ce foisonnement, relevait de la pensée personnelle de Jorge Mario Bergoglio et ce qui s'inscrivait dans le magistère – la parole officielle – de l'Eglise. D'autres pointaient son « anti-intellectualisme » et son goût exclusif pour les phrases chocs. Les péripéties autour de l'entretien publié dans La Repubblica en octobre – dont la teneur relevait plus d'une « reconstruction » par le journaliste que d'une transcription des propos du pape – avaient fini d'inquiéter les tenants d'une parole papale sans ambiguïté.(…)

Hiérarchisation des priorités

 Le pape semble convaincu de l'adaptation de l'Eglise au contexte local. Il invite chacun à « repenser les structures, le style et les méthodes de ses propres communautés » et préconise « un processus résolu de discernement, de purification et de réforme ». Pas question pour autant d'adapter le message. Ainsi sur l'avortement : le pape reste ferme dans son opposition, mais appelle à un meilleur accueil des femmes ayant avorté. De même, « le sacerdoce réservé aux hommes est une question qui ne se discute pas », même si la place des femmes dans l'Eglise peut être améliorée.

Sur le message de l'Eglise, le pape suggère aussi aux clercs une hiérarchisation des priorités, notamment en ce qui concerne l'enseignement moral de l'Eglise. Ils demandent aux pasteurs de ne pas être « obsédés par la transmission désarticulée d'une multitude de doctrines qu'on essaie d'imposer à force d'insister», de sortir du « catalogue des péchés et des erreurs ». Il leur rappelle que le « confessionnal ne doit pas être une salle de torture » et les invite à des homélies plus « positives » que « purement moralistes ou endoctrinantes ». Sans citer explicitement les fidèles privés de communion, comme les divorcés-remariés, le pape rappelle que « l'Eglise n'est pas une douane et qu'il y a de la place pour chacun avec sa vie difficile ».

Lire l’article ici : Le pape appelle l'Eglise à « sortir du catalogue des péchés »

Dans le « Figaro », Jean-Marie Guénois commente (extraits) :

 " Le Pape était censé établir une synthèse du «synode sur la nouvelle évangélisation» que Benoît XVI avait convoqué en octobre 2012 (200 évêques, trois semaines de débats) mais le nouveau Pape en tient très peu compte. Il laisse, et c'est très nouveau, aux «épiscopats locaux» le soin d'en tirer les conclusions qu'ils jugeront utiles. Il préfère se concentrer sur ce qu'il a à dire à l'Église catholique qui l'a élu pape le 13 mars dernier.

Premier point d'insistance, la «joie de l'Évangile», titre du document. Le Pape demande à chaque chrétien de «renouveler aujourd'hui même sa rencontre avec Jésus-Christ», de montrer «la miséricorde de Dieu», sa «tendresse», de laisser au vestiaire de l'histoire les «airs de carême sans Pâques», car «un évangélisateur ne devrait pas avoir constamment une tête d'enterrement».

Affaiblir le centre

Second point d'insistance, la réforme de l'Église en commençant par sa tête, la «papauté». Non seulement François se dit «ouvert aux suggestions» sur «un exercice de mon ministère qui le rende plus fidèle aux significations que Jésus-Christ entend lui donner». Mais il appelle de ses vœux une des applications du concile Vatican II que le cardinal Ratzinger, sous le pontificat de Jean-Paul II, a toujours combattu en enterrant ce projet: «un statut pour les conférences épiscopales» leur donnant «une certaine autorité doctrinale authentique».

Ce qui revient effectivement à affaiblir le centre, la papauté, le Vatican, pour donner plus de place aux évêques locaux. De fait, c'est aussi nouveau, l'exhortation apostolique, publiée mardi, contient autant de références à des textes d'épiscopats de différentes régions du monde, qu'à des textes du magistère romain.

Cette volonté de réforme de la culture profonde de l'Église - passer d'une vision centralisatrice et dogmatique, à une vision d'une Église «aux portes ouvertes» pour mieux accueillir - implique une série de petites réformes, qui ne sont pas d'aimables suggestions mais que François demande, de façon très nette, d'appliquer (…).

Condamnation renouvelée de l'avortement

Par exemple: mettre la morale à sa place pour ne pas «alourdir» les fidèles, parler de l'essentiel du christianisme, à savoir «l'amour de Dieu» - le Pape relance à ce titre le thème conciliaire également controversé de la «hiérarchie des vérités» - ; recours et retour à la «piété populaire» qui parle aux «gens simples» et le rejet de la «spiritualité du bien-être» ; lutte contre le «cléricalisme» et la «mondanité spirituelle» qui utilise l'Église «autocentrée» pour se faire valoir ; catéchèse qui «annonce» vraiment le Christ et qui introduise aux «mystères de la foi» ; vision, non conflictuelle, des autres religions: l'islam en particulier à qui il demande toutefois «humblement» la réciprocité pour la liberté religieuse des chrétiens vivant en pays musulmans.

Cet esprit de réforme va cependant avec deux avertissements non équivoques. Il n'y a aucune évolution à attendre de sa part pour ouvrir le sacerdoce aux femmes. Et aucune concession sur la condamnation extrêmement ferme - renouvelée dans ce texte - de l'avortement.(…). «

L'homélie doit faire «brûler les cœurs»

Outre cette série d'évolutions et de confirmations, cette «exhortation apostolique» contient deux morceaux de choix.

Le premier est un véritable traité de «l'homélie». Le Pape considère que l'homélie du prêtre, lors de la messe, est un moment capital pour évangéliser. Il fustige les prêtres qui ne les préparent pas: c'est «malhonnête» et «irresponsable», car l'homélie doit faire «brûler les cœurs» des fidèles. François donne donc une large série de conseils concrets dignes d'un cours de séminaire, pour bien préparer les homélies.

L'autre morceau de choix est sa condamnation sans appel, déjà exprimée, d'une «économie qui tue» autour d'un «marché divinisé» qui génère «un système injuste à la racine» qui sera à terme cause de «violences» qu'aucun système de «forces de l'ordre» ne pourra contenir si une régulation n'intervient pas."

Lire l’article ici : Le pape François installe sa révolution dans l'Église

JPSC

Commentaires

  • 214. … Ce n’est pas un progrès de prétendre résoudre les problèmes en éliminant une vie humaine. Mais il est vrai aussi que nous avons peu fait pour accompagner comme il convient les femmes qui se trouvent dans des situations très dures, où l’avortement se présente à elles comme une solution rapide à leur profonde angoisse, en particulier quand la vie qui croît en elles est la conséquence d’une violence, ou dans un contexte d’extrême pauvreté. Qui peut ne pas comprendre ces situations si douloureuses ?

    CONDAMNER ou … signaler que nous avons fait peu de chose pour l’ACCOMPAGNEMENT ?

  • @ monsieur Delen

    Voici la citation complète sur ce sujet du respect de la vie:

    "213. Parmi ces faibles, dont l’Église veut prendre soin avec prédilection, il y a aussi les enfants à naître, qui sont les plus sans défense et innocents de tous, auxquels on veut nier aujourd’hui la dignité humaine afin de pouvoir en faire ce que l’on veut, en leur retirant la vie et en promouvant des législations qui font que personne ne peut l’empêcher. Fréquemment, pour ridiculiser allègrement la défense que l’Église fait des enfants à naître, on fait en sorte de présenter sa position comme quelque chose d’idéologique, d’obscurantiste et de conservateur. Et pourtant cette défense de la vie à naître est intimement liée à la défense de tous les droits humains. Elle suppose la conviction qu’un être humain est toujours sacré et inviolable, dans n’importe quelle situation et en toute phase de son développement. Elle est une fin en soi, et jamais un moyen pour résoudre d’autres difficultés. Si cette conviction disparaît, il ne reste plus de fondements solides et permanents pour la défense des droits humains, qui seraient toujours sujets aux convenances contingentes des puissants du moment. La seule raison est suffisante pour reconnaître la valeur inviolable de toute vie humaine, mais si nous la regardons aussi à partir de la foi, « toute violation de la dignité personnelle de l’être humain crie vengeance en présence de Dieu et devient une offense au Créateur de l’homme ».
    214. Précisément parce qu’il s’agit d’une question qui regarde la cohérence interne de notre message sur la valeur de la personne humaine, on ne doit pas s’attendre à ce que l’Église change de position sur cette question. Je veux être tout à fait honnête à cet égard. Cette question n’est pas sujette à de prétendues réformes ou à des “modernisations”. Ce n’est pas un progrès de prétendre résoudre les problèmes en éliminant une vie humaine. Mais il est vrai aussi que nous avons peu fait pour accompagner comme il convient les femmes qui se trouvent dans des situations très dures, où l’avortement se présente à elles comme une solution rapide à leur profonde angoisse, en particulier quand la vie qui croît en elles est la conséquence d’une violence, ou dans un contexte d’extrême pauvreté. Qui peut ne pas comprendre ces situations si douloureuses ?"

    Classiquement, on distingue toujours deux choses: l'acte et la personne. Ce n'est pas le pape actuel qui a inventé ce distinguo

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