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Les exactions de Boko Haram contre les chrétiens

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Boko Haram s'attaque aux chrétiens

La secte islamique Boko Haram a pris le contrôle de Madagali, enclave chrétienne du Nigeria à la frontière camerounaise. Dans l'extension de son «califat islamique» au nord-est du pays, Boko Haram a perpétré des atrocités sur les chrétiens locaux, affirme l'organisation de défenses des chrétiens «Portes ouvertes». Plus de trente mille déplacés se trouvent dans une situation humanitaire grave à la frontière entre le Nigeria et le Cameroun. Il s'agit en grande partie de ressortissants nigérians ayant fui devant l'avancée de Boko Haram. L'archidiocèse d'Abudja, capitale du Nigeria, compare la situation du pays à celle de l'Irak.

Le groupe terroriste avait déjà assiégé la ville de Madagali il y a une semaine, mais avait dû se relplier sous le feu des forces gouvernementales. Madagali a ainsi été déclaré comme faisant partie du «califat islamique» récemment proclamé par Abubakar Shekau, le dirigeant du groupe djihadiste. Le drapeau des extrémistes flotte déjà sur Damboa et Gwoza, dans l'Etat de Borno au nord-est du pays et sur Buni Yadi dans l'Etat voisin de Yobe, rappelle «Portes ouvertes».

Selon l'ONG, des chrétiens piégés à Madagali ont souffert des atrocités indescriptibles. L'organisation a appris que des hommes chrétiens ont été décapités, que des enfants ont été forcés à se convertir à l’islam et que des femmes ont été données comme «épouses» aux insurgés. Un pasteur en fuite a indiqué par téléphone à «Portes ouvertes» que sa maison avait été bombardée et qu’il ignorait le sort de ses fidèles. Les rebelles ont détruit au moins cinq églises dans la région.

Des centaines d'églises détruites

Des résidents et des chrétiens chassés qui avaient cherché refuge dans la ville ont quitté Madagali en masse. Quant aux chrétiens de Gulak, village situé à environ 25 km au sud-ouest de Madagali, il leur a également été conseillé de fuir, les insurgés se dirigeant probablement vers leur ville. Il y a quelques jours, le groupe terroriste a également attaqué la ville de Bama, d'où 26 000 habitants ont dû fuir pour sauver leur vie.

Un évangéliste a expliqué au téléphone: «La situation devient incontrôlable. L’église est dépassée par le flot incessant de réfugiés qui fuient les régions du nord-est et échouent à Mubi», à la frontière avec le Cameroun. Un collaborateur de «Portes Ouvertes» ajoute: «Rien que dans les environs de Gwoza, Boko Haram a détruit plus de 178 églises. Plus de 40 000 personnes, pour la plupart des chrétiens, sont actuellement en fuite. Dieu seul peut nous venir en aide nous nous trouvons dans une situation désespérée.»

La population en fuite

Selon l'agence catholique Fides, les membres de Boko Haram ont égorgé au moins soixante personnes, en grande partie des chrétiens et des militaires, à Kerawa, dans l'Etat nigérian de Borno. De l'autre côté de la frontière, la ville camerounaise homonyme de Kerawa a aussi été attaquée et ses habitants se sont enfuis, se réfugiant dans la ville de Kolofata. dans cette cité, se cont concentrés les chrétiens ayant fui les localités voisines du Nigeria, suivis par les musulmans ayant quitté le département de Gwoza, toujours dans l'Etat de Borno. Dans cet Etat, arrivent des nouvelles contradictoires concernant l'occupation de la ville de Bama par Boko Haram, considérée comme stratégique de fait que sa prise ouvrirait la voie à la conquête de Maiduguri, la capitale locale.

Les islamistes ont une stratégie de conquête

«Ce qui se passe actuellement dans le nord-est du Nigeria est très semblable à ce qui s'est passé récemment dans le nord de l'Irak», a déclaré le Père Patrick Tor Alumuku, directuer de la communication de l'archidiocèse d'Abudja, au Nigeria. Il se référait à la stratégie de conquête territoriale de la secte islamiste Boko Haram dans le nord-est du pays. 

«Tout comme les guérilleros du prétendu Etat islamique, EI, en Irak, Boko Haram a commencé depuis au moins deux ans à miner le moral de la population et des militaires au travers d’une série d’attentats toujours plus spectaculaires pour lancer ensuite des attaques visant à conquérir le territoire», explique le Père Alumuku.

«Ils ont commencé par attaquer les écoles, sous prétexte qu’ils ne veulent pas de l’éducation occidentale. Puis ils ont frappé les postes de police. Ils ont ensuite élevé leur niveau d'engagement en attaquant les casernes de l’armée et les sièges des autorités». Entre temps, la secte a semé la panique en plaçant des bombes sur les marchés. Pour le représentant de l'archidiocèse, rien n’a été laissé au hasard. Il s’est agi d’une activité préparatoire à long terme, qui a précédé la prise et le contrôle du territoire, comme en Irak, assure le Père Alumuku.

Soutiens de la Péninsule arabique

Les attaques contre les églises et les chrétiens faisaient partie d'une stratégie plus vaste de conquête du territoire, «libéré» de la présence des chrétiens, comme cela a été justement le cas en Irak, analyse l'ecclésiastique.

«On a récemment découvert que des financements à destination de Boko Haram provenaient de la Péninsule arabique par l’intermédiaire d’AQMI, Al-Qaïda au Maghreb islamique. Parfois, les fonds transitent par des bureaux de change. C’est pourquoi la Banque centrale du Nigeria a imposé des contrôles plus sévères sur ces activités», assure le directeur des communications.

Freiner les extrémistes chrétiens

Le prêtre n'est pas d’accord avec ceux qui affirment que Boko Haram n’est pas lié à d’autres groupes partageant la même idéologie. Même si Boko Haram a émergé de la réalité locale nigériane, le groupe a été aidé dans sa croissance par AQMI, qui lui fournit des armes volées dans les arsenaux libyens ainsi que des combattants entraînés. De nombreux jihadistes chassés du Mali par les forces françaises l’an dernier sont venus grossir les rangs de Boko Haram au nord du Nigeria, affirme le Père Alumuku.

Il rappelle que pour des groupes comme Al-Qaïda, le Nigeria constitue un objectif fondamental, du fait qu’il est l’un des pays comptant le plus grand nombre de musulmans au monde, soit près de la moitié des 170 millions d’habitants. Les extrémistes espèrent y trouver une base forte à partir de laquelle lancer des attaques contre d’autres pays d’Afrique.

Pour autant, le prêtre estime qu'il ne faut pas permettre aux extrémistes chrétiens, qui sont bien présents au Nigeria, de combattre Boko Haram. «Parce qu’alors la situation deviendrait explosive et incontrôlable», avertit-il. «Nous, catholiques et autres chrétiens modérés, sommes jusqu’ici parvenus à freiner les extrémistes chrétiens parce qu’il n’est pas possible de combattre la violence par la violence» conclut-il. 

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