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Saint Jean Chrysostome (13 septembre)

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De Patristique.org :

1. Famille et formation intellectuelle

Jean naît en 344 à Antioche de parents chrétiens. Son père, Secundus, est un officier (princeps militum), peu de temps après la naissance de son fils, il meurt. Sa mère, Anthousa, très pieuse, est une grecque de pure race. Elle demeure veuve à 20 ans, elle perd aussi sa fille aînée et elle se dévoue entièrement à l’éducation de son fils unique. 
Après avoir parcouru le cycle de la paideia (programme d’éducation classique des jeunes Grecs), Jean étudie sous la direction du célèbre rhéteur Libanios, païen convaincu. Parmi ses condisciples, il faut mentionner Théodore, le futur évêque de Mopsueste. 
Les empereurs comblaient Libanios d’honneurs ! Jean raconte lui-même qu’un jour son maître fit publiquement l’éloge de sa mère. Apprenant qu’âgée maintenant de 40 ans, elle était veuve depuis 20 ans, il s’était écrié : « Ah ! Quelles femmes il y a chez les chrétiens ! » Devenu vieux, il aurait répondu à quelqu’un qui lui avait demandé qui il désirait avoir pour successeur : « Jean, mais les chrétiens me l’ont enlevé ! »

2. Baptême, formation théologique et monachisme

En 369, Jean reçoit le baptême. Il aimerait vivre en moine avec son ami Basile, le futur évêque de Raphanée en Syrie, dans l’école cléricale et monacale de Diodore de Tarse, mais sa mère s’y oppose ! Tandis que Basile devient moine, Jean demeure élève externe ! Pendant trois ans, il s’initie dans cette célèbre école d’Antioche aux côtés de son ami, Théodore de Mopsueste, à l’exégèse littérale et à la théologie. 
En 370, il est ordonné lecteur par Mélèce, l’évêque d’Antioche. C’est en cette même année qu’à Césarée en Cappadoce, Basile le Grand était élu évêque. 
En 374, Jean épris de perfection fuit au désert malgré sa répugnance instinctive.

  • Je me demandais d’où me viendraient les provisions nécessaires, s’il me serait encore possible de manger du pain frais du jour, si l’on ne m’obligerait pas à me servir de la même huile pour ma lampe et pour ma nourriture, si l’on ne me réduirait pas au pauvre régime des légumes et si l’on ne m’obligerait pas à un travail pénible comme de bêcher, de porter du bois et de l’eau et de faire toutes sortes de travaux de ce genre. Je me souciais beaucoup de tout ce qui est confortable.
    De compunctione ad Demetrium, 1, 6

Pendant quatre ans, Jean mène la vie cénobitique. Ensuite, il passe deux ans solitaire dans une caverne. Son austérité, sans être extravagante, est effrayante et sa santé en demeurera marquée.

  • Pendant deux ans, il passa la plus grande partie du temps sans dormir. Il apprit par cœur le Testament du Christ afin de se débarrasser complètement de l’ignorance. Jamais il ne s’est couché ni de jour ni de nuit.
    Palladius, V

L’expérience du désert révèle à Jean sa vocation : il y saisit le sens profond d’une vie qu’il avait pratiquée sans en comprendre la richesse ; désormais son idéal personnel est d’associer à la vie monastique la vie apostolique au service de l’Église.

3. Diaconat et prêtrise à Antioche

En 380, Jean revient à Antioche où il devient diacre en 381, en l’année du Concile de Constantinople. Mélèce, l’évêque d’Antioche, meurt en cette même année. Jean restera diacre cinq ans, il reçoit ensuite la prêtrise des mains de l’évêque Flavien. Il se voit confier la charge de prédicateur.

  • Mon sacerdoce est de prêcher et d’annoncer l’Évangile.
    Homélie 29, 1 in Rm
  • Ma prédication me guérit, dès que j’ouvre la bouche pour prêcher, toute fatigue est vaincue.
    Homélie après le tremblement de terre
  • C’est le corps même du Christ qui est confié à notre garde.
    De Sac, 4, 2

Dès février 387 éclate une sédition. Mécontents de l’augmentation des impôts, les citoyens renversent et brisent les statues de l’empereur Théodose, de l’impératrice défunte et des deux jeunes princes Arcadius et Honorius. En ce carême de panique et d’effroi, Jean prononce dix-neuf homélies et calme le peuple, tandis que l’évêque Flavien se rend à Constantinople pour implorer et obtenir la grâce de la malheureuse cité. Dès ce moment, Jean est reconnu par tous comme la grande voix de l’Orient. 
L’insignifiant Nectaire, évêque de Constantinople, meurt. Les intrigues se succèdent et Théophile, évêque d’Alexandrie, s’efforce de faire accéder au siège de Constantinople un de ses protégés. Cependant Eutrope, favori et conseiller de la cour, désigne Jean. Jean fut littéralement enlevé et emmené à Constantinople où Théophile d’Alexandrie dut présider au sacre.

4. L’évêque de Constantinople (398-407)

Jean reçut la consécration épiscopale le 26 février 398. Il devint aussitôt le prédicateur de la grande église dédiée au Christ-Sagesse [1]. Sa fidélité héroïque à l’idéal chrétien et sa liberté de langage l’opposeront bientôt à l’empereur et à l’impératrice qui le condamneront à la disgrâce. 
Tout commença bien cependant. Le jeune empereur Arcadius, qui avait vingt ans et se montrait très faible de caractère sinon franchement incapable, l’honorait de son estime. Quant à l’impératrice Eudoxie, autoritaire et passionnée, elle fit tout pour se montrer chrétienne exemplaire. Elle voulut présider elle-même une procession de transfert de reliques et l’évêque l’en remercia dans le style de cour :

  • Vous êtes grande, ô reine, nous vous appelons bienheureuse, hôtesse des saints, patronne des Églises, rivale des Apôtres par votre zèle !
    Homélie 2

En 399, le conseiller de la cour Eutrope est disgracié. Lui qui peu de temps auparavant avait voulu supprimer le droit d’asile des églises, il se réfugie auprès de l’autel. 
L’évêque protège le fugitif, il prononce les deux homélies sur Eutrope. Il lui sauve ainsi momentanément la vie, car elle lui sera enlevée, peu après, par la décapitation. L’impératrice Eudoxie est nommée Augusta en l’an 400, c’est elle qui, désormais, exerce le pouvoir. 
En 401, Jean se rendit en Asie pour y déposer des évêques simoniaques. 
En 402, les « Longs Frères », moines accusés d’origénisme, fuient l’Égypte et viennent solliciter la protection de Jean de Constantinople contre l’évêque Théophile d’Alexandrie.

Le premier exil (403)

Théophile irrité se venge et il réunit en 403 près de Chalcédoine le Synode du Chêne. Jean fut condamné à l’exil. Mais très peu de temps après, il fut rappelé par l’impératrice effrayée d’un incident qu’elle interpréta comme un châtiment divin.

  • Les circonstances ont changé mais la doxologie reste la même. Que le nom du Seigneur soit béni ! Béni soit Dieu qui a permis mon exil, béni soit Dieu qui ordonne mon rappel.
    Homélie, Post reditum

Mais deux mois plus tard, Jean se compromet : on a fêté avec un luxe effréné l’inauguration d’une statue de l’impératrice Eudoxie. Et dans une homélie, Jean fait allusion à l’impératrice :

  • De nouveau, Hérodiade fait rage, de nouveau, elle s’emporte, de nouveau, elle danse, de nouveau, elle demande à recevoir la tête de Jean sur un plateau !
    Spuria

Le deuxième exil (404-407)

Les intrigues contre Jean se succèdent et vers Pâques 404, l’empereur ordonne l’exil. Après la Pentecôte, il part, il dit adieu à son Église, à l’Ange qui en a la garde, puis, au baptistère, à Olympias [2] et aux autres diaconesses. 
Il se livre ensuite aux soldats, on le conduit au port, il embarque et le soir du même jour, un violent incendie ravage Sainte-Sophie (20 juin). 
Jean en appelle à Rome. 
Le premier voyage dure soixante-dix jours et le conduit à Cucuse. Les deux soldats qui l’escortent se montrent pleins d’égards. 
La vaste correspondance de Jean révèle en lui un professeur d’énergie. 
Jean demeura trois ans à Cucuse, les visites se multiplient, Cucuse devient un lieu de pèlerinage ! Aussi une nouvelle déportation est-elle exigée.

La mort (407)

Ici se place le calvaire de Jean, le long voyage de trois mois en direction de Pityonte (sur la Mer Noire). 
Jean, épuisé, meurt en route. Il demande, sentant la mort venir, d’être revêtu de blanc (foi en la résurrection) et prononce ses paroles habituelles : « Gloire à Dieu pour toutes choses ». C’est le 14 septembre 407.

  • Gloire à Dieu pour toutes choses… Ne cesse de répéter ce mot et de l’enseigner aux autres. C’est ce mot qui a fait couronner Job, ce mot qui fait fuir le diable. C’est lui qui enlève tout trouble. Continue donc d’en charmer tout ce qui t’arrive.
    Ad Paenium, Ep. 193

5. La survie

En janvier 438, le successeur de Jean sur le siège de Constantinople fit ramener les reliques du saint qui reposaient au martyrium de Cumana et il les fit déposer à côté de la sépulture de l’impératrice Eudoxie. 
En 451, le Concile de Chalcédoine proclame Jean docteur de l’Église. Au VIe s., Jean fut appelé « Bouche d’or », Chrysostome. Bossuet appelle - Jean Chrysostome « le Démosthène chrétien ». Pie X le proclame patron des prédicateurs.

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[1] Cette église - la Mégalè - est Sainte-Sophie, elle fut endommagée par l’incendie de 404, détruite en 532 lors de la sédition Nika et reconstruite sous Justinien dans sa forme actuelle.

[2] Olympias est une veuve diaconesse. Lors de son deuxième exil, Jean lui écrira 17 lettres sur la souffrance.

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