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Nos défunts (2 novembre)

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Homélie du Père Joseph-Marie Verlinde fsJ (homelies.fr - archive 2008)

Hier nous célébrions nos frères aînés qui ont atteint le bonheur en Dieu. Tout à fait logiquement, l’Eglise nous invite aujourd’hui à nous souvenir de ceux qui ont déjà passé la mort, mais poursuivent encore leur route vers la plénitude de ce bonheur.

Si la fête de la Toussaint est toute rayonnante de joie, celle de ce jour est plus recueillie, car nous sommes invités à prier pour abréger les souffrances de ceux qui sont certes déjà entrés dans la lumière de la vie, mais qui n’ont pas encore entièrement achevé leur purification dans le Feu de la Charité divine. Leur souffrance est en effet celle de l’amour : se découvrant aimée infiniment par Dieu, l’âme découvre conjointement combien elle est incapable de répondre amour pour amour, tant elle est encore liée aux biens éphémères et illusoires de ce monde. Aussi est ce le désir brûlant de Dieu, qui va libérer progressivement l’âme de ce qui l’empêche de se jeter dans les bras de son Seigneur, pour trouver en lui sa béatitude.

Nous n’avons pas de révélation directe du purgatoire dans la Parole de Dieu, c’est bien pourquoi les réformateurs protestants du XVIe siècle ont rejeté cette doctrine, née selon eux de l’imaginaire des hommes. Elle s’enracine pourtant dans la tradition de l’Ancien Testament. Deux siècles avant J.-C, nous trouvons le témoignage en 2 Macc 12, 46 de la croyance en la valeur et en l’efficacité de la prière pour les morts. L’offrande faite par Juda Maccabée en faveur des soldats morts au combat sur lesquels on avait trouvé des objets idolâtriques, prouve qu’il croyait en la possibilité d’une purification de l’âme par-delà la mort. L’Eglise primitive a fait sienne cette doctrine et a développé dès le second siècle la prière pour les morts. Cette pratique va prendre de l’ampleur vers le Xe siècle, lorsque Saint Odilon, cinquième Abbé de Cluny, introduira la fête de la commémoration de tous les fidèles défunts au lendemain de la Toussaint - dans le but précisément d’intensifier notre prière pour les âmes du purgatoire. Les Juifs comme l’Eglise d’Orient prient également pour leurs défunts. En Occident, les conciles œcuméniques de Florence au XVe s. et de Trente au XVIe s. ont défini de manière dogmatique l’existence du purgatoire :

« Instruite par l’Esprit Saint et puisant à la Sainte Ecriture et à l’antique Tradition des Pères, l’Eglise catholique a enseigné dans les Saints Conciles qu’il y a un lieu de purification (purgatorium) et que les âmes qui y sont détenues sont aidées par les suffrages des fidèles mais surtout par le Sacrifice de l’Autel agréable à Dieu » (Concile de Trente).

Cette doctrine fut pleinement confirmée par le Concile Vatican II, dans lequel nous lisons :

« Ainsi donc en attendant que le Seigneur soit venu dans sa majesté, accompagné de tous les anges (Mt 15, 31) et que, la mort détruite, tout lui ait été soumis (I Cor 15, 26-27), les uns parmi ses disciples continuent sur la terre leur pèlerinage, d’autres, ayant achevé leur vie, se purifient encore ; d’autres enfin, sont dans la gloire contemplant dans la pleine lumière, tel qu’il est, Dieu un en trois Personnes ». (Constitution dogmatique sur l’Eglise : Lumen Gentium, 49).

« La pensée de prier pour les morts, afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés, est une pensée sainte et pieuse (2 Macc. 12, 45) » (Ibid., 50).

« Cette foi vénérable de nos pères en la communion de vie qui existe avec nos frères déjà en possession de la gloire céleste, ou en voie de purification après leur mort, le Saint Concile la recueille avec grande piété » (Ibid., 51).

Interprétant ces textes du Concile, Jean-Paul II explique :

« Unie aux mérites des saints, notre prière fraternelle vient au secours de ceux qui sont en attente de la vision béatifique. Selon les commandements divins, l’intercession pour les morts obtient des mérites qui servent au plein accomplissement du salut. C’est une expression de la charité fraternelle de l’unique famille de Dieu, par laquelle nous répondons à la vocation profonde de l’Eglise : “sauver des âmes qui aimeront Dieu éternellement” (Thérèse de Lisieux). Pour les âmes du purgatoire, l’attente du bonheur éternel, de la rencontre avec le Bien-Aimé, est source de souffrances à cause de la peine due au péché qui maintient loin de Dieu. Mais l’âme jouit de la certitude que, le temps de sa purification achevé, elle ira à la rencontre de Celui qu’elle désire (cf. Ps 42 ; 62). J’encourage donc les catholiques à prier avec ferveur pour les défunts, pour ceux de leurs familles et pour tous nos frères et sœurs qui sont morts, afin qu’ils obtiennent la rémission des peines dues à leurs péchés et qu’ils entendent l’appel du Seigneur à entrer dans la plénitude de sa gloire. »

« Seigneur Jésus, tu nous as promis que “tu ne jetterais pas dehors celui qui vient à toi”, mais que tu lui donnerais part à ta propre vie dans l’Esprit. Fort de cette parole, nous le croyons : “si nous mourons, nous mourons pour toi, Seigneur ; car si tu as connu la mort, puis la vie, c’est pour devenir le Seigneur et des morts et des vivants” (2nd lect.). Aussi te prions-nous avec confiance pour nos défunts : puisque “tu accordes à tes élus grâce et miséricorde, et que tu veilles sur tes amis” (1ère lect.), “rappelle-toi, ta tendresse, ton amour qui est de toujours. Oublie leurs révoltes, les péchés de leur jeunesse; dans ton amour enlève tous leurs péchés” (Ps 24) et reçois-les dans la plénitude de ta paix, de ta joie et de ta lumière, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen ! »

Père Joseph-Marie

Commentaires

  • Le purgatoire 

    Finalement, qu'est-ce qui caractérise la foi d'un catholique ? Réponse : la croyance en la véracité du credo, des dogmes et des sacrements. Si vous adhérez à cela, vous êtes catholique. Or, il se fait que le purgatoire est un dogme. Donc, si vous désirez rester dans le navire du successeur de saint Pierre, vous êtes tenu d'y souscrire. Vous me direz : sur quoi peut-on se fonder pour affirmer cette réalité ? Rapidement, voici quelques motifs internes à la foi chrétienne qui nous permettent d'y croire..

    1) La croyance à l'existence du purgatoire est intimement liée à la prière pour les défunts. Pourquoi ? Parce que si quelqu'un est au paradis ou en enfer, il est inutile de prier pour lui. Impossible de l'aider. Donc, s'il y a prière, il existe un « lieu », un état intermédiaire.

    2) La prière pour les morts a toujours été pratiquée dans l'histoire de l'Eglise. En témoignent les inscriptions que l'on retrouve dans les catacombes, les écrits des tous premiers Pères de l'Eglise (Tertulien, Origène, Grégoire de Nysse...) et les Eucharisties célébrées sur les tombes des martyrs bien avant l'époque de Constantin et bien avant la constitution du canon du Nouveau Testament

    3) La Bible. Certes, le mot « purgatoire » n'est pas mentionné dans l'Ecriture, mais la réalité qu'il désigne y est présente. Déjà dans l'Ancien Testament, on lit : « Car s'il n'avait pas cru que les morts dussent ressusciter, il était inutile et sot de prier pour eux...Voilà pourquoi il fit ce sacrifice expiatoire pour les morts, afin qu'ils fussent délivrés de leurs péchés » (2 Machabées 12 ; 44-46). Concernant le Nouveau Testament, voici quelques indications... Dans la deuxième épître à Thimothée, chapitre 1, versets 16 à 18, saint Paul écrit : « Que le Seigneur fasse miséricorde à la famille d'Onésiphore...qu'Il lui donne d'obtenir miséricorde auprès de Lui » A l'époque où l'apôtre Paul écrit ces lignes, Onésiphore était mort. Donc, il prie pour un défunt. Autre verset : « S'il en était autrement, que gagneraient ceux qui se font baptiser pour les morts ? Si les morts ne ressuscitent pas, pourquoi donc se fait-on baptiser pour eux ? » (1 Corinthiens 15, 29). D'accord, il s'agit d'un baptème, mais, de un ; le baptème implique des prières pour le baptisé et de deux ; ce verset de la Bible nous montre qu'il est possible d'aider quelqu'un qui est mort. Continuons...

    Dans la première épître de Pierre, il est dit que le Christ « est allé prêcher aux esprits en prison, qui autrefois avaient été incrédules » (1 Pierre : 3, 19-20). Où étaient-ils, ces « esprits en prison » ? Au paradis ? En enfer ? Non, obligatoirement ailleurs, dans un autre « lieu ». Ouvrons l'évangile de saint Matthieu, chapitre 18, versets 18 à 19. Là, on lit : « ...Et son maître, irrité, le livra aux bourreaux, jusqu'à ce qu'il ait payé tout ce qu'il devait. C'est ainsi que mon Père céleste vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son coeur ». « Vous traitera » où ? Sur cette terre ? Nous voyons bien que non. Et comme cela ne peut être ni au paradis ni en enfer, à nouveau, il s'agit d'un « endroit » intermédiaire. Encore un autre passage. Dans l'Evangile de saint Matthieu, chapitre 12, verset 32, il est dit que « le péché contre le Saint Esprit ne sera pardonné ni en ce monde, ni en l'autre » Donc, on peut en conclure qu'il y a des péchés qui seront pardonnés dans l'au-delà, ce qui suppose un « lieu » de purification avant d'entrer au paradis.

    Je m'arrête là. En voilà assez, me semble t-il, pour nous montrer que le purgatoire est très loin d'être une invention du Moyen Age. Je conclus. A l'heure où certains souscrivent à la réincarnation, n'est-il pas temps que les catholiques affirment haut et clair que c'est dans l'au-delà et non à force de revenir dans d'innombrables carcasses terrestres (dont nous n'avons aucun souvenir!) qu'il nous sera donné de nous purifier ?
    Jean-Pierre Snyers (Adresse blog : jpsnyers.blogspot.com)

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