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Moi, médecin, ce que je pense de l'euthanasie...

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Lu sur "euthanasie stop", par Léo C. Jadot, médecin psychiâtre :

Moi, médecin, ce que je pense de l'euthanasie...

Par quel que bout que l'on prenne le problème, l'euthanasie est et reste un homicide volontaire avec préméditation, commis sur personne en situation de faiblesse.

Ce n'est jamais le rôle d'un médecin de donner la mort, même (et surtout) s'il en a évidemment la capacité technique. Tuer n'est pas bien compliqué et n'importe quel citoyen un peu entraîné le ferait très bien. Soigner n'est pas tuer, tuer n'est pas soigner.

Dans ma longue carrière j'ai accompagné un certain nombre de dépressifs dont certains voulaient se suicider. Deux ont effectivement réussi à mettre fin leurs jours. Je le vis comme un échec, comme une insuffisance de ma part. Tous les autres ont pu retrouver une confiance suffisante en eux-même et dans la vie pour reconstruire leur vie autrement. Il m'apparaît comme une trahison que d'encourager et plus encore d'aider quelqu'un à se suicider. (Suicide assisté)

Au-delà des choix éthiques et philosophiques de chaque médecin, se pose effectivement la question de la collaboration, volontaire ou obligatoire, à une mise à mort.

Si l'on refuse de considérer le désir de mort comme autre chose qu'une pathologie mentale grave, n'est-ce pas enfermer un patient dans sa désespérance que de lui laisser croire que ce serait la solution?

Et référer un dépressif à un « confrère » dont on sait pertinemment bien qu'il passera à l'acte mortel, n'est pas encore être complice du meurtre, envoyer quelqu'un délibérément dans un mortel traquenard ?

La seule solution honnête et déontologiquement correcte n'est-elle pas de dire « je ne le ferai pas, je ne puis vous empêcher de le faire, mais vous feriez la plus grosse bêtise de votre vie. Je puis adoucir vos souffrances et vous soutenir dans ces moments difficiles que vous vivez » ?

Et si un tribunal s'égare à ordonner des choses criminelles quand bien même conformes à un quelconque texte de loi, la seule attitude possible moralement n'est-elle pas de refuser encore l'injonction insensée ?

Et de même, une institution n'a-t-elle pas aussi parfois un devoir de désobéissance ?

Commentaires

  • L'euthanasie « psychiatrique » est particulièrement écœurante et révoltante. Suffit-il donc que quelqu'un n'aie plus envie de vivre, pour le pousser dans le trou ?

  • je ne savais même pas qu'il y avait des euthanasies psychiatriques...

  • @ C.
    Le combat actuel de certaines obédiences est l'euthanasie des déments et des malades mentaux, pour leur offrir, comme au siècle passé, une « mort miséricordieuse ». C'est paraît-il le progrès de la Liberté, comme celle des enfants.
    Mais ce n'est pas cela actuellement les « euthanasies psychiatriques ». Ce sont des euthanasies qui ont été effectivement « accordées » par des psychiatres pour dépression ou souffrance purement psychique, ou pour « manque d'envie de vivre ». (voir la presse quotidienne, friande de ce genre de décision).

  • A C.
    Une « carte blanche » signée par de nombreuses « personnalités », (professeurs d'université, médecin, juristes, psychologues, philosophes, etc..) a été publiée dans divers journaux de la presse belge (francophone et néerlandophone) pour s'opposer à l'extension de l'euthanasie pour raisons psychiatriques.

  • Pour la Carte Blanche voir par exemple :
    Le Soir du 10 septembre 2015 : L’euthanasie pour souffrance psychique: un cadre légal discutable et des dommages sociétaux (article bloqué)
    http://www.lesoir.be/985006/article/debats/2015-09-09/l-euthanasie-pour-souffrance-psychique-un-cadre-legal-discutable-et-des-dommages
    ou
    Euthanasie-Stop : euthanasie pour souffrance psychique avec lien vers l'article du Soir
    http://www.euthanasiestop.be/article/leuthanasie-pour-souffrance-psychique-un-cadre-legal-discutable-et-des-dommages-societaux-411

  • Je ne comprends pas comment certains peuvent mettre le meurtre dans les droits de l'homme. Si le respect de la vie, et particulièrement celle des plus faibles, n'est pas inconditionnel, alors aucun droit ne tien. Le premier des droits n'est-il pas le droit à la vie ? Le nier, c'est saper le fondement de tous les autres droits et ouvrir la porte au subjectivisme et à l'arbitraire.
    On voit bien que Bonnemaison n'a demandé l'avis de personne. Et il est complètement impossible, illusoire et mensonger de prétendre mettre des « limites ».

  • A Levi.
    C'est bien une nouvelle société que l'on veut construire où, au nom de la liberté individuelle hypertrophiée, règne le subjectivisme et le relativisme intégral. C'est une société utilitariste où règne la loi du plus fort et du plus riche. Où l'on peut acheter des enfants ou une partie du corps de l'autre, ou pour survivre vendre son corps pièce par pièce.

  • Extrait du serment d’Hippocrate
    Je ne remettrai à personne une drogue mortelle si on me la demande, ni ne prendrai l'initiative d'une telle suggestion. De même, je ne remettrai pas non plus à une femme un pessaire abortif.
    Ce passage est zappé dans un certain nombre d'ordres locaux. (sans commentaire).

  • Ce sont pourtant bien des « médecins » qui tuent au nom d'une caricature de la compassion.

  • Je ne considère pas que mourir l'esprit embrumé par des barbituriques, des morphiniques ou des neuroleptiques, curarisé comme un singe d’Amazonie, soit mourir dans la dignité. C'est à mes yeux une mort particulièrement indigne.

  • Intéressant d'avoir l'avis d'un médecin.

  • « Et si un tribunal s'égare à ordonner des choses criminelles quand bien même conformes à un quelconque texte de loi, ... »
    Oui, on recours de plus en plus à la justice pour imposer des pratiques niant la dignité humaine.
    Mais ce qui est aussi inacceptable, c'est la pression exercée dans certaines institutions libertariennes, obédience euthanasie, sur les personnes y travaillant, que ce soit les médecins, les infirmières, les aides soignantes ou tout autre collaborateur.
    Dans ces institutions, qui font le choix de service de l'euthanasie, il n'y a de fait (malgré les dénégations la main sur le cœur) aucune place pour l'objection de conscience. Manquer d’enthousiasme, de cœur à l'action, équivaut à perdre son poste à plus ou moins long terme après des brimades et des moqueries.

  • On ne peut pas vraiment parler de liberté du patient. Bonnemaison est un exemple évident que le médecin décide, dans un certain nombre de cas, sans consulter ni le patient, ni sa famille, ni parfois des confrères. Mais les homicides se font en bande organisée, au moins le médecin prescripteur et le pharmacien délivreur du poison, et éventuellement la complicité plus ou moins « volontaire » d'une infirmière.
    Quand bien même le médecin accepte d'en parler préalablement avec le patient, quelle est la liberté réelle de celui-ci face aux suggestions du médecin, et aux pressions de la famille et de la société.
    Non, on ne vit pas dans un monde de bisousnours.

  • Oui, mais parfois la famille est heureuse que le médecin prenne seul et souverainement la décision. Cela lui évite parfois des querelles internes (cf. Vincent Lambert) et cela évite de devoir porter le poids de la culpabilité.

  • Un vieux si je veux, quand je veux. Ma vie m'appartient ; je ne vais pas m'encombrer d'indésirables. Dégage ! Si je ne veux pas d'enfant je le fais éliminer, si je ne veux pas de vieux, je le fais éliminer. C'est mon droit.
    Marie-Ange

  • Marie-Ange, vos parents vous ont donné la vie gratuitement, généreusement, peut-être au prix de grands sacrifices, gardez la leur gratuitement, joyeusement, peut-être au prix de grands sacrifices. Ils ont veillé sur vos jeunes années, veillez sur leurs années de grand âge. Ils vous ont laissé vivre, laissez les vivre.

  • @ Jean-Pierre:
    Nier la liberté ou la dignité des patients, c'est ipso facto nier la liberté ou la dignité du soignant. C'est fonder tous les totalitarismes.

  • La carte de fin de vie de l'Institut Européen de Bioéthique permet d'affirmer son refus d'euthanasie « involontaire », « non demandée » ou même « non souhaitée » tout autant que son refus d'acharnement thérapeutique. Elle permet de préciser son désir d'assistance morale ou spirituelle. Elle ne met pas systématiquement à l'abri de la rapacité des dépeceurs qui convoitent vos organes.

  • On peur obtenir gratuitement la carte de fin de vie de l'IEB sur leur site : http://www.ieb-eib.org/fr/ ou la télécharger : http://www.ieb-eib.org/fr/pdf/20150902-carte-fin-de-vie.pdf

  • Dans un grand quotidien, début septembre un président laïque posait la question « des assassins à l'hôpital ?» jouant la carte de l'indignation. Le procès Bonnemaison laisse affleurer une toute petite pointe de l'iceberg qui reste largement immergé et caché. Soigneusement caché. Et ce petit bout de l'iceberg qui émerge doit être peint en rose pour ne pas effrayer. La justice française s'en est chargée.
    Pourtant un président laïque ne peut pas ne pas savoir ce qui se passe réellement dans des hôpitaux laïques. Est-il mal informé ou est-il de mauvaise foi ?
    Levi

  • On peut relire De Camille de Pommereau sur FigaroVox : l'excellent article : « L'euthanasie en Belgique : le rouleau compresseur de la pensée unique »

  • Pour les catholiques exclusivement, il est possible de se reporter à la déclaration de la congrégation pour la doctrine de la foi « déclaration ''jura et bona'' sur l'euthanasie »
    http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_19800505_eutanasia_fr.html

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