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"Loi de Dieu" et "loi des hommes", une déclaration interpellante de notre Premier Ministre

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On a entendu Charles Michel, ce 1er mai, déclarer: "Dans une démocratie, la loi des hommes prime toujours la loi de Dieu" !!
Même s'il visait les islamistes, la généralité du propos est interpellante...
 
Pour rappel (source) :

« Les chrétiens, de même que tous les hommes de bonne volonté, sont appelés, en vertu d’un grave devoir de conscience, à ne pas apporter leur collaboration formelle aux pratiques qui, bien qu’admises par la législation civile, sont en opposition avec la Loi de Dieu ». (1995 Evangelium Vitae 74)

Un chrétien reconnaît en Dieu le Créateur de toutes choses et il met son bonheur à aimer ce que Dieu veut. Dieu a inscrit dans la nature humaine une loi qui est certaine : c’est la loi morale naturelle, connaissable de tous les hommes, sans besoin de la révélation divine. Les chrétiens retrouvent une expression de ces lois dans le Décalogue transmis par Dieu à Moïse.

Il a laissé l’homme libre de suivre cette loi non écrite par l’homme.

En revanche, c’est l’homme qui organise lui-même la société où il vit. C’est pourquoi la loi qui dit « Tu ne tueras pas l’innocent » est valable pour chacun des hommes de la planète. C’est une loi morale commune, universelle, valable pour tous... au contraire des lois particulières de chaque Etat sur le montant et les modalités de l’impôt, par exemple.

Toutefois, l’homme moral et l’homme politique sont le même homme et ainsi la loi morale et la loi de la cité ne doivent pas être en opposition. Quand cela arrive, et ces deux types d’ordre se contrarient, ce n’est pas la loi morale gravée au cœur de la nature humaine qui est en tort, mais la loi édictée par les hommes. La seule loi qui puisse être injuste est celle qui porte le sceau de l’homme.

La question revient donc à savoir s’il faut toujours obéir aux hommes, et s’il vaut mieux obéir aux hommes qu’à Dieu. La réponse dans les deux cas est non, et la loi civile doit respecter la loi morale, i.e. la loi des hommes doit toujours respecter la loi de Dieu. Quand un chef d’Etat déclare « non à une loi morale qui serait supérieure à la loi civile », il y a lieu de s’inquiéter car c’est alors une profession de foi du pouvoir humain absolu sur la loi naturelle.

Comment discerner quand une loi est injuste et quand une loi injuste impose la désobéissance ?

Ce sont deux questions différentes car, précisons-le, il y a une certaine injustice de la loi qui n’entraîne pas automatiquement la désobéissance.

  • On peut dire qu’une loi est injuste dès lors qu’elle va dans le sens contraire de la justice de la loi morale. Ainsi en est-il par exemple pour une loi qui légifère sur l’avortement, dans la mesure où l’avortement s’oppose à la loi morale « tu ne tueras pas l’innocent ». Une telle loi n’a jamais le pouvoir d’imposer l’obéissance.
  • Une loi peut également être dite injuste lorsqu’elle n’aboutit pas au rôle qui est le sien, à savoir de concourir à ordonner la cité en vue du bien commun, sans toutefois contrecarrer directement les lois morales. Tel serait le cas par exemple d’une loi ou d’une composition de lois organisant une fiscalité excessive qui ne parvient pas à établir une justice entre les citoyens face à l’impôt, voire même qui aboutit au phénomène contraire. Dans ce deuxième cas, il est parfois préférable d’obéir et parfois non, et parfois aussi cela est impossible... Il faut alors apprécier si obéir à une telle loi imparfaite cause plus de torts ou de biens pour la cité que de désobéir, et réciproquement.

En résumé, il faut se référer à la loi morale pour savoir si une loi civile est injuste ou non. Lorsqu’elle est injuste, il faut distinguer si elle l’est parce qu’elle s’oppose directement aux principes moraux, ou bien si elle s’oppose seulement aux modalités pratiques d’atteinte du bien commun, si elle pêche par excès ou par défaut. Dans le premier cas, nul ne peut moralement lui obéir. L’appréciation de la réaction à avoir dans le deuxième cas est plus complexe car elle nécessite de peser ce qui est le mieux pour la cité : il s’agit d’évaluer le moindre mal compte tenu des enjeux. En effet, il peut-être préférable de supporter un mal que d’en commettre aux conséquences pires ; et parfois il faut mieux aller contre la loi, ce qui oppose une atteinte à l’autorité sur un sujet non fondamentalement immoral, que de suivre une loi aux conséquences pires.

Mais de nos jours, on trouve des lois qui sortent de leur rôle d’interdire ou d’obliger mais seulement qui permettent. Alors le problème se complexifie car il y a une permissivité qui peut entraîner une confusion terrible entre le bien et le mal (cf. Evangelium Vitae).

Commentaires

  • Comme quoi ces messieurs (Michel, Di Rupo, et tous les frères 3 points qui traînent en politique chez nous, Ducarme, Magnette, et tutti quanti. ) se veulent au pinacle de toute autorité.

    Ils peuvent donc aller jusqu'à nier l'évidence. Par exemple, refuser de reconnaître les racines chrétiennes de l'Europe ou déclarer qu'un avortement ne détruit pas une vie humaine.

    Et pourquoi ? Pour la seule raison que leur (s) loi (s) déclare (nt) que c'est ainsi.

    "Jupiter rend fous ceux qu'il veut perdre."

  • Notre Premier Ministre a souligné une évidence. Oui, dans un système démocratique, il est normal et juste que la loi des hommes, la loi civile prime sur toute considération religieuse.
    La loi civile doit garantir un maximum de libertés, elle doit garantir la justice, l'égalité de traitement.
    Les considérations religieuses n'ont pas leur place dans nos lois puisque les lois s'appliquent à tout le monde, sans distinction de religion, ou même d'absence de religion.

  • Les lois changent au gré des législateurs, ce "détail" montre suffisamment la stupidité de la position énoncée par notre 1er ministre (du moment).
    Il faut donc être un peu, disons cintré, pour en faire un absolu.

  • Le vote démocratique d’une loi ne la justifie pas ipso facto. S’il en était ainsi, il faudrait légitimer l’accession d’Hitler au pouvoir puisqu’elle s’est faite selon les processus démocratiques.

    Dans son testament spirituel « Mémoire et identité », saint Jean-Paul II écrit (p. 162) : « la loi établie par l’homme a des limites précises que l’on ne peut franchir. Ce sont les limites fixées par la loi naturelle, par laquelle c’est Dieu lui-même qui protège les biens fondamentaux de l’homme ». Et Benoît XVI n’a pas dit autre chose : « Les droits fondamentaux représentent des valeurs antérieures à toute juridiction de l’Etat. Ils n’ont pas été créés par le législateur mais sont inscrits dans la nature même de la personne humaine et peuvent, par conséquent, renvoyer finalement au Créateur » ( Congrès « liberté et laïcité », Nursie, 14-16 octobre 2005).

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