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L'importance de la louange

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Bertille Perrin, sur le site de Famille Chrétienne, interroge un moine bénédictin de l’abbaye de Solesmes (Sarthe) qui témoigne de l’importance de la louange, dans sa vie contemplative comme pour chacun de nous dans le monde.

Un moine bénédictin qui parle de la louange, n’est-ce pas étrange ?

Bien au contraire. D’ailleurs, je suis entré à Solesmes pour la louange. Je ne connaissais personne là-bas, mais j’avais constaté que ces moines vivaient une vie de louange, que toute l’organisation du monastère était tournée vers la louange. L’un des axes de notre Règle, c’est de « ne rien préférer à l’œuvre de Dieu ». Or, pour un moine, l’œuvre de Dieu, c’est la liturgie : la messe et les offices. Même notre formation intellectuelle est en vue de la liturgie, et notre liturgie est louange. Parmi les Psaumes que nous chantons, certains sont plus directement des Psaumes de louange, comme les trois derniers du psautier que nous prions en particulier le matin aux laudes.

Quelle est la spécificité de la louange monastique ?

Le métier de moine est l’inverse du métier de journaliste : le journaliste s’attache aux événements marquants, qui sortent de l’ordinaire ; alors que le moine regarde ce qui est présent chaque jour, et que l’on ne voit finalement plus : le soleil, la lune, les étoiles… Et il loue Dieu pour cela. De manière générale, la louange nous recentre sur l’essentiel : Dieu, cause de tout bien, cause du salut. Dans une société qui ne sait plus se tourner vers son Créateur, la louange rétablit cet équilibre perdu. Se tourner vers Dieu dans la louange, c’est remettre les choses en ordre : le monde ne parle de la terre que lorsqu’elle tremble, tandis que le moine loue le Seigneur chaque jour pour cette terre, sur laquelle peuvent vivre des milliards d’êtres humains ! Les personnes qui passent dans notre monastère ont souvent une appréhension à retourner « dans le monde », parce qu’ils ont goûté ici la paix propre à l’ordre juste des choses. Le monde leur apparaît alors comme une bousculade. Pourtant, Dieu est toujours le même, la Création est toujours la même, il n’y a donc pas de raison de ne pas continuer la louange le lendemain chez soi !

Comment vivre de la louange « dans le monde » ?

Il faut faire en sorte que la louange imprègne vraiment nos vies. C’est pourquoi il est souhaitable qu’il y ait des pôles paroissiaux pour louer le Seigneur de façon régulière. Dans mon enfance, il y avait les vêpres tous les dimanches à la paroisse. Aujourd’hui encore, un certain nombre de paroisses et de communautés proposent de chanter régulièrement les offices pour et avec les fidèles. C’est une très bonne chose. On peut aussi, bien sûr, louer seul, en disant les Psaumes ou de libres louanges, mais l’aspect communautaire est capital dans la vie d’un chrétien.

Quelle est la juste place du chant dans la louange ?

La louange souhaite être belle, pour s’approcher de Celui qui en est le centre. Il y a alors tout un environnement sensible nécessaire : l’église, l’architecture, mais aussi les chants, l’orgue, l’encens, les vêtements. La louange, ce n’est pas seulement les paroles des lèvres, c’est aussi tout ce qui les entoure. L’implication du corps est très importante : il peut nous alourdir parfois, mais puisqu’on ne peut faire sans lui, autant le mettre à profit. La présence du chant pour porter la louange me semble alors fondamentale. « Celui qui aime chante », dit saint Augustin. En Angleterre ou en Allemagne, toutes les paroisses ont des chorales. Nous, les Français, avons plus de mal à chanter, et c’est dommage. À ce titre, le chant grégorien est aussi un trésor à redécouvrir.

Quels sont les fruits de la louange ?

L’expérience de la louange unifie notre vie, car elle est très proche de notre fin dernière. Au Ciel, nous ne ferons que louer et adorer Dieu : lorsque nous chantons à la messe le Sanctus, nous « joignons nos voix à celles des anges » qui sont au Ciel ! Or, plus notre vie est en adéquation avec la fin dernière, plus nous sommes dans la paix, et plus la société se réordonne. Je suis persuadé que la louange porte non seulement des fruits de paix et de joie au niveau personnel, mais aussi au niveau social. 

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