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Belgique : pourquoi pas une circonscription fédérale pour les élections ?

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De Jacques Hermans dans la Libre de ce 3 janvier, p. 6 :

La Belgique rêvée d’Hilde Kieboom: "Je plaide en faveur d’une circonscription fédérale pour les élections"

Présidente de la Communauté Sant’Egidio en Belgique

On ne se rend pas assez compte de la chance qu’on a, juge Hilde Kieboom, la fondatrice et présidente pour la Belgique de la Communauté Sant’Egidio, un mouvement de chrétiens qui s’engagent en faveur des pauvres et de la paix. "Savez-vous que nous vivons dans un pays de cocagne ?" Cette Anversoise qui vit avec le journal dans une main et la Bible dans l’autre, a fondé Sant’Egidio (Saint Gilles en français) à l’âge de vingt ans. L’esprit et le cœur constamment en éveil, Hilde Kieboom est depuis longtemps un témoin très écouté et engagé dans l’action sociale. Au seuil de cette nouvelle décennie, cette passionnée des grandes questions sociales continue de rechercher ce qui unit et dénonce vigoureusement le chacun pour soi.

À Anvers, depuis le scrutin du 26 mai dernier, le repli sur soi fait de plus en plus d’émules. Mais elle insiste : "Vivre ensemble signifie que néerlandophones et francophones s’efforcent de rechercher l’union plutôt que la division. Mais aussi et surtout, cela veut dire être capable de respecter l’autre (les migrants, les réfugiés, les démunis) dans toute sa différence." Dans la foulée, Hilde Kieboom insiste beaucoup sur le dialogue et la rencontre afin de construire un monde viable pour les générations à venir.

Trastevere

C’est après avoir visité le quartier populaire du Trastevere à Rome où des étudiants avaient lancé un programme d’aide en faveur des démunis que la jeune Anversoise décide d’ouvrir un premier centre Sant’Egidio dans la ville de l’Escaut. Aidée par son mari, cette mère de deux enfants en a fait son quotidien depuis plus de deux décennies.

"Bien sûr, souligne Hilde Kieboom, nous vivons aujourd’hui à une époque où nos identités sont davantage à construire qu’il y a cinquante ans. Faire ce chemin de nous mêmes vers l’autre n’est pas qu’une question linguistique, c’est aussi une question d’épanouissement réciproque. L’identité belge est à réinventer continuellement, notre pays est en quelque sorte un chantier permanent où francophones, néerlandophones et germanophones ont l’occasion de construire eux-mêmes leur pays idéal."

Mais les défis ne manquent pas. À Anvers, la ville la plus frondeuse et peut-être la moins belge du pays, la montée du Vlaams Belang ne risque pas d’être désavouée car l’extrême droite récupère les votes des mécontents. "Je pense que la réalité sur le terrain est plus complexe. Nous ne sommes pas appelés à vivre avec un petit horizon. Grâce à son port, la ville d’Anvers est tournée vers le monde entier. Les primo-arrivants qui tentent de refaire leur vie en Europe ont beaucoup à offrir à Anvers et ailleurs aussi."

Vivre-ensemble

Nos villes sont un biotope unique pour expérimenter le vivre-ensemble. Il faut apprendre à vivre avec cette complexité. "Les Belges ont l’expérience de la complexité institutionnelle, c’est un atout, une force à mettre en valeur au niveau européen… Les migrants peuvent nous aider à surmonter nos réticences, car ils nous forcent à regarder la réalité en face. Voilà pourquoi je plaide pour l’ouverture et l’entente amicale", lance Hilde Kieboom.

Mais tout est perfectible, il y a encore beaucoup à améliorer. Un exemple ? "Je crois qu’une circonscription fédérale est gage d’efficacité puisqu’elle invite les partis à prendre en compte et à composer avec les souhaits de l’autre Communauté. Les ministres fédéraux ont aujourd’hui davantage tendance à expliquer et défendre leurs décisions politiques devant les électeurs et les médias de leur propre communauté linguistique. Cela permettra de lier tous les citoyens directement à ce gouvernement."

Cette chrétienne qui veut "apporter l’Évangile dans la ville" n’a pas l’impression de vivre en Belgique dans deux démocraties différentes. Selon elle, les Flamands ont plus en commun avec les Wallons et les Bruxellois qu’avec les Néerlandais. "Le Flamand n’est pas naturellement séparatiste. Je pense que beaucoup de gens sont attachés à ce pays. Je suis en faveur d’un dialogue continu et intensif. Est-ce qu’on parle vraiment avec l’autre ? Mais est-ce qu’on parle vraiment avec l’autre ? Est-ce qu’on l’écoute vraiment ? Je pense qu’on le fait beaucoup trop peu."

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