Du site d'Avvenire.it (Francesco Ognibene) :
Coronavirus. Les prêtres tués par le virus augmentent.
Le pape téléphone à l'évêque de Bergame
mercredi 18 mars 2020
Le nombre de prêtres décédés des suites de l'infection augmente de jour en jour, des dizaines d'autres sont séropositifs, hospitalisés ou en soins intensifs. Les messages des pasteurs de Bergame, Milan et Parme
Toujours la mort parmi les prêtres, un bulletin qui s'étire de jour en jour, avec deux victimes à Milan en 24 heures et les situations les plus lourdes dans les diocèses de Bergame et Parme. Le pape a voulu se rapprocher du diocèse de Bergame en appelant son évêque Francesco Beschi. Les prêtres qui ont servi leur communauté pendant toute une vie sont maintenant enterrés sans funérailles, comme les autres victimes du coronavirus. Le temps des célébrations viendra, mais maintenant c'est celui de la mémoire propre à ceux qui ont passé leur vie à se donner aux frères et sont morts avec eux.
Ils tombent malades et meurent comme les autres, avec les autres, peut-être même plus que les autres, même s'il est désormais très difficile de se lancer dans ce type de comptabilité statistique. Les prêtres italiens ont toujours été au milieu des gens, en mission mais d'abord en raison de la nature populaire de notre clergé. Inévitable de les retrouver aussi dans la liste des victimes récoltées par cette épidémie effrayante. Dans certains diocèses le nombre est impressionnant.
C'est certainement le cas à Bergame où jusqu'à présent les prêtres décédés pour ou avec le virus (mais la distinction entre l'une et l'autre catégorie importe-t-elle vraiment?) Ils sont au nombre de 10 : Don Remo Luiselli (81 ans), Don Gaetano Burini (83 ), Don Umberto Tombini (83), Don Giuseppe Berardelli (72), Don Giancarlo Nava (70), Don Silvano Sirtoli (59 ans), Don Tarcisio Casali (82), Mgr Achille Belotti (82), Don Mariano Carrara (72) ) et Mgr Tarcisio Ferrari (84), la figure la plus connue ayant été secrétaire de l'archevêque Gaddi de 1963 à 1977.
Même le diocèse de Parme rend un lourd hommage à 5 prêtres décédés: don Giorgio Bocchi et don Pietro Montali (tous deux âgés de 89 ans), don Andrea Avanzini (le plus jeune prêtre décédé jusqu'à présent avec ses 55 ans, probablement infecté par sa mère âgée, positive, avec qui il vivait) et Don Franco Minardi, 94 ans, deuxième directeur de la Caritas diocésaine. Dernier décédé pour l'instant, mardi 17, Don Fermo Fanfoni, 82 ans.
Le diocèse de Reggio Emilia-Guastalla a été privé de Don Guido Mortari, 83 ans, qui pendant un demi-siècle a été à la tête de la même paroisse de la ville, Sant'Agostino.
Une figure bien connue de son diocèse pour son engagement aux côtés des plus marginalisés est celle de Don Giorgio Bosini, 79 ans, du diocèse de Piacenza-Bobbio, fondateur du Ceis local (aujourd'hui l'association à but non lucratif La Ricerca), déjà très malade et dont donc il est encore difficile de retracer la mort au virus avec certitude, comme les deux jumeaux Don Mario et Don Giovanni Boselli, 87 ans, incroyablement morts quelques jours plus tard. Certainement tué par la contagion, Don Giovanni Cordani, 83 ans, curé de Rivergaro, professeur de longue date.
Crémone fait deux morts: le journaliste Don Vincenzo Rini (un grand ami d'Avvenire), 75 ans, et Don Mario Cavalleri, 104 ans, depuis trente ans à la tête de la "Casetta", une réalité accueillante pour les pauvres, les toxicomanes et les réfugiés.
A Milan, la disparition de Don Marco Barbetta, 82 ans, aumônier de l'École polytechnique, figure connue dans le mouvement de CL, premier prêtre ambrosien victime du virus, a suscité une grande émotion. Même consternation pour la mort, après des jours de lutte en soins intensifs, de Don Luigi Giussani, 70 ans, vicaire de la populaire paroisse milanaise de San Protaso, homonyme du fondateur de Communion et Libération et parmi les références du mouvement dans la ville (au point d'être affectueusement renommé "Giussanello" parmi les nombreux amis), ainsi que l'assistant spirituel des étudiants de l'Université d'État, théologien et très bon intellectuel, animateur à la paroisse de catéchèse pour les adultes dont circulent des notes reflétant sa pensée rigoureuse et largement ouverte sur l'espoir. Deux prêtres ambroisiens liés à CL, tous deux toujours au milieu des jeunes.
Du diocèse de Lodi, Don Carlo Patti, 66 ans, est également décédé mardi 17 mars.
Une victime également dans le diocèse de Brescia: Don Giovanni Girelli, 72 ans, servant dans l'unité pastorale d'Orzinuovi, une ville tuée par Covid-19.
Deux décès également dans les diocèses du Piémont: à Casale Monferrato don Mario Defechi, 89 ans, et à Tortona don Giacomo Buscaglia, 82.
Des dizaines de prêtres positifs, dont certains dans un état grave, une situation qui pourrait bientôt obliger à mettre à jour cette cuillère de rivière de prêtres italiens.
Des dizaines de prêtres positifs, dont certains dans un état grave, une situation qui pourrait bientôt obliger à mettre à jour cette cuillère de rivière de prêtres italiens.
Un chapitre séparé pour les religieux et les religieuses, un bilan des victimes à reconstruire. Pour l'instant, la nouvelle de deux décès liés au virus est arrivée. À Lecco, le père Remo Rota, un missionnaire de la Sainte-Cène de 77 ans, originaire de la vallée d'Imagna mais Lecco par adoption, est décédé. Pendant 38 ans au Congo, il a simplement aimé dire de lui-même: "J'ai tout fait, j'espère que j'ai aussi bien fait le prêtre, avec mes défauts". Deuil également chez les Xavériens de Parme: le coronavirus a emporté le père Nicola Masi, multilingue et globe-trotter, pendant longtemps à Belém, en Amazonie, où il a partagé la vie des plus pauvres.
L'appel téléphonique du pape à l'évêque de Bergame
Mgr Francesco Beschi, évêque du diocèse de Bergame qui rend un grand hommage aux nombreuses victimes de son clergé, a reçu un mercredi 18 mars un appel téléphonique du pape, qu'il rapporte dans un message au diocèse: "Le Saint Le père était très affectueux, montrant sa proximité paternelle avec moi, avec les prêtres, avec les malades, avec ceux qui s'occupent d'eux et avec toute notre communauté. Il voulait demander des détails sur la situation que connaît Bergame, sur laquelle il a été très informé, très impressionné par les souffrances subies par les nombreuses personnes décédées et par le détachement que les familles sont obligées de vivre d'une manière si douloureuse. Il m'a demandé d'apporter à chacun sa bénédiction réconfortante et porteuse de grâce, de lumière et de force. Il m'a notamment demandé d'apporter sa proximité aux malades et à tous ceux qui prodiguent héroïquement de différentes manières pour le bien des autres: médecins, infirmiers, autorités civiles et sanitaires, forces de l'ordre. Il a exprimé un sentiment de profonde compassion à l'égard de nos prêtres, impressionné par le nombre de morts et d'hospitalisés, mais aussi impressionné positivement par la préoccupation pastorale avec laquelle toutes les formes possibles de proximité avec les familles, les personnes âgées et les enfants ont été inventées, signe de la proximité même de Dieu. Le pape François a promis qu'il nous portait dans son cœur et dans ses prières quotidiennes. (...)
La douleur de Mgr Delpini
Dans une lettre à la paroisse de San Protaso, dont il était vicaire, l'archevêque de Milan Monseigneur Mario Delpini exprime ses condoléances pour la disparition de Don Giussani: "Je participe avec douleur et espoir à la prière du suffrage et à la reconnaissance de ceux qui ont connu, estimé et aimé Don Luigi Giussani, enseignant pendant de nombreuses années à l'école, dans la pastorale des étudiants universitaires, dans le service pastoral de la paroisse de San Protaso. Dans son ministère, il s'est occupé avant tout de relations personnelles, de parcours intellectuels, d'un enracinés dans le cercle des amis, apportant et recevant soutien et témoignage. Dans la communion des saints, des amis transfigurés par la gloire de Dieu l'accueillent, et nous nous souvenons de lui avec affection et gratitude dans nos prières ".
"Douleur dans la douleur". Le message de l'évêque de Parme
Les prêtres décédés ces jours-ci ont été enterrés sans rites funéraires, comme toutes les autres victimes du virus. Comme ses confrères des diocèses concernés, l'évêque de Parme Enrico Solmi a également reporté une messe de suffrage pour les prêtres qui ont payé leur exposition à la contagion de leur vie. Dans l'intervalle, cependant, il voulait envoyer son message au diocèse, jugé par de nombreux pleureurs. Le voici.
"C'est douloureux de voir que les prêtres aussi tombent malades - parfois par zèle pastoral - et franchissent la porte du triage où, naturellement, personne ne peut entrer. Puis, alternant espoirs et rechutes, ils nous quittent. Cinq prêtres du diocèse sont morts depuis le début de cette épidémie. Eux aussi ont partagé cette via crucis et à l'évêque incombe la charge d'annoncer leur mort - comme un coup qui fait plier les genoux - une douleur qui me pénètre et touche l'ensemble des prêtres et les communautés. Le suffrage a lieu dans la prière, dans la célébration eucharistique et des questions pastorales se profilent également pour l'avenir. A moi, l'évêque et à très peu d'autres, incombe d'attendre le corps au cimetière. Une courte prière, comme avant-dernier acte d'un accompagnement fait de signes et d'intercession, en attendant de pouvoir célébrer correctement la Sainte Messe pour leur repos, quand cela sera possible, qui donnera l'occasion aux fidèles et à ceux qui ont partagé avec eux des années de camaraderie et de proximité - don Franco : soixante-dix ans dans la même paroisse! - saluer le pasteur et le confier au Père de la Miséricorde. Ce sont parmi les phases les plus douloureuses de la vie d'un pauvre évêque comme moi, soutenues par la certitude de la résurrection, de la vie éternelle, en invoquant toujours la force du troupeau et du berger, et de la lumière pour conduire là où le Seigneur nous indique, en procédant comme il le souhaite ."