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La Hongrie, un caillou dans la chaussure de l’Union Européenne ?

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De Philippe Oswald sur la Sélection du Jour :

La Hongrie, caillou dans la chaussure de l’Union Européenne

Qu’il s’agisse du coronavirus, de l’immigration ou des lois « sociétales », la Hongrie a le don de s’attirer les foudres des instances européennes. Le 30 mars dernier, le Parlement hongrois a voté, par 138 voix contre 53, une loi permettant au gouvernement de légiférer par ordonnances pour lutter contre l’épidémie de la Covid-19. Le premier ministre Viktor Orbán obtenait ainsi les pleins pouvoirs pour un temps indéfini. Le résultat semble probant : la Hongrie (9,7 millions d’habitants) enregistre, ce 12 mai, 425 morts, vingt fois moins que la Belgique (8700 morts) plus peuplée (11,4 millions d’habitants). Même si ces comptabilités doivent être considérées avec prudence, la Belgique attribuant « généreusement » au coronavirus toutes les morts dites « suspectes », l’écart entre ces deux petits pays européens est abyssal ! La recette hongroise ressemble à celle des pays asiatiques les plus réactifs (Taiwan, Corée du Sud) : dès la déclaration de « l’état de danger » (11 mars), fermeture des frontières, des universités, des écoles, limitation des rassemblements, télétravail, suivies en Hongrie de mesures de confinement encore plus drastiques après l’adoption le 30 mars de la loi permettant la gouvernance du pays par ordonnances tant que durera la situation d’urgence.

Malgré un système de santé fragile, la Hongrie a remarquablement résisté au coronavirus. Mais au lieu d’en être félicitée par l’Union européenne, elle a été tancée par la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, et par nombre de parlementaires européens et de médias (cf. en lien ci-dessous un article typique inspiré par « une ONG américaine influente ») pour avoir octroyé des pouvoirs spéciaux à durée indéterminée au Premier ministre Viktor Orbán. Celui-ci a pourtant précisé au Parlement hongrois : « Je comprends la question autour de la durée. Mais, c’est à vous de décider quand l’état de danger doit prendre fin. Demain vous pouvez me reprendre ce droit si vous le souhaitez. » Toutefois les défenseurs de la liberté d’information et d’expression opposés à la proposition de loi Avia pour censurer internet qui sera vraisemblablement votée demain (13 mai) en France, ne peuvent approuver la nouvelle législation hongroise permettant de sanctionner, par une amende, voire une peine de prison, ceux qui diffusent « intentionnellement » de « fausses nouvelles » à propos de la Covid-19.

Mais c’est surtout son choix de la famille contre d’autres « valeurs » promues par l’UE qui est la principale pomme de discorde entre la Hongrie et l’UE. En novembre 2018, le gouvernement hongrois a lancé une consultation dans laquelle figurait cette question : « Approuvez-vous le fait que le déclin démographique doive être corrigé à travers un soutien appuyé aux familles plutôt que par l’intermédiaire de l’immigration ? » Quelques mois plus tard, en février 2019, lors de son discours annuel à la nation, Orbán déclarait que 93 % des 1.400.000 Hongrois qui avaient renvoyé le questionnaire, avaient fait le choix de la famille. Et qu’en conséquence, toute une politique familiale favorisant la natalité serait appliquée dès le 1er juillet suivant. Autre pomme de discorde avec certaines « valeurs » portées par les instances européennes, l’idéologie du « genre ». Après avoir engagé le gouvernement à ne pas ratifier la convention « pro-gender » d’Istanbul (2011), le parti Fidesz, par l’intermédiaire du vice-Premier ministre, a présenté au Parlement, le 5 mai 2020, un projet de loi liant la définition des sexes féminin et masculin à la biologie.

 En mars 2019, la droite libérale européenne a suspendu de son groupe parlementaire, le Parti Populaire Européen (PPE), le parti du premier ministre hongrois, le Fidesz. Mais elle n’a pas été capable d’organiser un vote sur l’exclusion du Fidesz, lors d’une réunion des chefs de file des partis membres du PPE à Bruxelles en février dernier. Le président du PPE, Donald Tusk, s’est contenté de déclarer : « Si la situation ne change pas, je ne vois pas le Fidesz revenir dans notre famille, du moins tant que j’en serai président ». Il a ajouté qu’il convoquerait un congrès consacré à la « redéfinition des valeurs fondamentales » du parti européen… au premier semestre 2021, ce qui laisse du temps pour la réflexion. Le Fidesz reste donc suspendu mais non exclu du PPE. En réalité, le PPE est profondément divisé sur l’éventuelle exclusion du Fidesz qui pourrait l’inciter à rejoindre les partis « populistes » polonais et italien. Quant à Orban, il tient à ce que son parti reste membre du PPE, premier parti de l’UE. Et il sait que les Vingt-Sept auront besoin de la Hongrie pour voter le -ô combien délicat !- budget européen 2021-2027.

Philippe Oswald

Commentaires

  • Est ce le hasard que les pays de l Europe occidentale soient plus touchés par les décès suite au coronavirus que les pays de centrale ou de l ‘est. Le même hasard fait que les lois éthiques, morales ou ce qui concerne la famille souffrent de la même comparaison

  • Etonnant comme les gens continuent à tomber dans le panneau qui leur est tendu par Victor Orban.
    Celui-ci a tout simplement, et d‘une façon on ne peut plus cynique, joué sur les craintes du Corona dans la population pour s‘arroger les pleins pouvoirs et, ce faisant, se soustraire de tout contrôle parlementaire.
    Son muselage de la presse est digne d‘un régime dictatorial.
    Justifier les pouvoirs illimités d‘Orban par de soi-disants meilleurs chiffres sur le Corona, c‘est jouer son jeu...

  • Félicitations, Monsieur Orban!

  • Merci à Belgicatho de nous fournir cet éclairage qui tranche heureusement avec le discours strictement univoque du complexe politico-médiatique dans nos pays. Il n'y avait pas tant de critiques acerbes quand la Hongrie était sous régime communiste! Non, la presse n'est pas muselée chez nous: elle se muselle elle-même. Et elle passe à côté de l'histoire qui se fait. L'orientation donnée par Orban à son pays - avec autorité, mais oui - mérite toute notre attention en ces temps où nos "sociales démocraties libérales avancées" sont dans l'impasse, après avoir produit à peu près tous les fruits amers qu'il leur était possible.

  • L'U.E. en pleine décadence morale veut imposer ses " valeurs"
    ( ???) à la Hongrie et à d'autres pays de l'Europe de l'Est. comme la Pologne, la Slovaquie etc. Si l'on considère comme "valeurs" toutes les mesures contre la vie et la famille, et en faveur de l'homosexualité, du genre et du trans-genre etc. c'est un beau gâchis.
    La Hongrie et les autres pays qui prônent la mise à l'honneur de la famille et de la vie et qui complètent ce soutien moral par des aides bien concrètes ont parfaitement raison de dire par la voix du peuple que la famille se doit de compenser la dénatalité ambiante. En remettant en valeur la famille et aussi la famille nombreuse. et en lui garantissant les moyens de vivre, le peuple hongrois en tirera de vrais bénéfices.
    Souhaitons leur de ne pas céder à la mentalité matérialiste de l'Europe pour qui la personne humaine nationale n'a pas droit à la préséance sur l'immigration.
    Nous ne souhaitons pas que la civilisation européenne disparaisse au bénéfice d'une culture islamique ou tribale. Nous souhaitons à juste titre que l'on accueille les vrais réfugiés, ceux qui ont fui la guerre et les persécutions anti-chrétiennes ...
    Nous croyons que la politique anti-Orban est injustifiable dans la plupart des cas. Puisse-t-il tenir bon en ce qui concerne la politique familiale souhaitée par son peuple !

  • C'est le Parlement qui a voté à Orban les pleins pouvoirs. Il n'a pas fait un coup d'Etat !
    En tout cas, nous devons admirer le résultat : il sauve son pays sur les plans sanitaire et économique. A comparer avec la situation pitoyable de la France !
    Viktor Orban est un dirigeant remarquable qui sait prévoir l'avenir de son pays au lieu de le subir.

  • Un vote parlementaire pour les pleins-pouvoirs dun gouvernement en place est toujours ( sauf circonstances exceptionnelles et alors limitées dans le temps) une aberration, en fait il revient à une sorte de suicide du régime démocratique.
    Il y a d‘ailleurs eu des exemples fameux de cela au cours du siècle passé: comme l‘Allemagne où le Reichstag accorde les pleins pouvoirs au Führer le 24 Mars 1933, ou encore comme la France qui vote les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain....

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