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L'Eglise catholique aux USA : pro-vie et antiraciste

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De Guilhem Dargnies sur le site de l'hebdomadaire Famille Chrétienne :

L’Église catholique aux États-Unis : pro-vie et antiraciste ?

05/06/2020

Dans le pays de l’Oncle Sam, où le meurtre de George Floyd a largement ému, la lutte des évêques contre le racisme est ancienne et compte des partisans y compris au sein des mouvements pro-vie.

Le vaste mouvement de contestation populaire contre le racisme aux États-Unis après la mort, le 25 mai, sous le genou d’un policier, de George Floyd, Afro-américain de 46 ans, a suscité un émoi unanime parmi les responsables catholiques. À commencer par celle du pape François. « Nous ne pouvons pas tolérer ou fermer les yeux sur le racisme et l’exclusion sous quelque forme que ce soit et cependant prétendre que nous défendons le caractère sacré de chaque vie humaine », a ainsi souligné le Souverain pontife, depuis la bibliothèque du palais apostolique du Vatican, le 3 juin, non sans condamner la violence des nuits précédentes qu’il estime « autodestructrice ».

Le pape a aussi relevé le « ton pastoral » adopté par les évêques américains. Lequel est notamment le fait de Mgr Bernard Anthony Hebda, archevêque de Saint-Paul-Minneapolis, diocèse où eut lieu le meurtre de George Floyd. Le 3 juin, à Minneapolis, ce prélat a participé à une marche silencieuse de prière pour la victime. Ce « ton pastoral » est également le fait du cardinal Blase Cupich, l’archevêque de Chicago qui, quatre jours plus tôt, a appelé à une « réconciliation nationale ».

« Nous devons enfin déraciner l’injustice raciale »

De son côté, l’archevêque de Los Angeles, Mgr José Horacio Gomez, quoiqu’il s’exprimait en qualité de président de la conférence épiscopale de son pays, a employé des mots d’autant plus forts qu’il incarne le courant conservateur de l’Église aux États-Unis. « Le révérend Martin Luther King disait vrai lorsqu’il affirmait que les émeutes sont le langage de ceux que l’on n’entend pas », a ainsi rappelé, dans un communiqué du 31 mai, cet ancien vicaire de l’Opus Dei pour le Texas, originaire du Mexique, qui reçut la consécration épiscopale des mains de Mgr Charles Chaput. « Nous devrions largement mettre en pratique l’écoute, maintenant. Cette fois, nous ne devrions plus échouer à entendre ce que les gens proclament à travers leur douleur. Nous devons enfin déraciner l’injustice raciale qui affecte encore trop de secteurs de la société américaine », a-t-il insisté, avant de condamner lui aussi pillages et émeutes.

La condamnation du racisme par les évêques américains, rassemblés en conférence épiscopale, ne date pas d’hier. Elle remonte en effet au moins à 1943, puis elle est confirmée, quinze ans plus tard, dans un document intitulé Discrimination et conscience chrétienne (1958). Ce texte, qui cite plusieurs fois le pape Pie XII, expose notamment en quoi la ségrégation forcée n’est pas conciliable avec la vision chrétienne du prochain. Depuis, les déclarations officielles de la conférence épiscopale américaine en lien avec le thème de la « justice raciale » ont été diffusées à raison de deux par an en moyenne.

« La lutte contre le racisme a ses porte-parole au sein du mouvement pro-vie »

Les partisans de la lutte antiraciste comptent des alliés également au sein du mouvement pro-vie, tant du côté protestant que catholique. Le magazine conservateur First Things, dirigé par un catholique, a ainsi publié sur son site internet, le 1er juin, une chronique intitulée « Un appel à la conversion : la lutte contre le racisme et les préjudices doit faire partie de la position pro-vie de l’Église ». Contacté par Famille Chrétienne, son auteur, Dale M. Coulter, professeur associé de théologie historique à l’université protestante Regent University (Virginie), indique que ce n’est probablement pas la première fois que First Things publie un article sur ce thème. Lui-même estime notamment avoir porté à la connaissance du lectorat de First Things la pensée de James Baldwin. « On ne peut pas me lyncher ni me parquer dans un ghetto sans devenir soi-même une sorte de monstre », estimait cet écrivain Afro-américain dans un essai intitulé Chronique d’un enfant du pays (1955). « La lutte contre le racisme a ses porte-parole au sein du mouvement pro-vie », conclut enfin Dale M. Coulter, « mais une autre question est de savoir jusqu’où porte l’écho de leur voix ».

De fait, certains prêtres ont pris conscience que leur témoignage peut aller plus loin. C’est notamment le cas du curé de la paroisse Notre Sauveur, à Los Angeles. Sur son site, le Père Richard a écrit une longue et bouleversante lettre, dans laquelle il s’adresse humblement à ses paroissiens « de couleur »« J’ai souvent prêché sur le Bon samaritain, mais rarement sur l’attitude du prêtre et du Lévite qui regardent ailleurs », leur écrit-il notamment. Or, « quand j’ai vu le récent meurtre de George Floyd, aussi horrible soit-il, j’ai pris peur. Une peur irrationnelle. Et je suis devenu ce Lévite dont Jésus parle (…). Nous regardons ailleurs quand cela devient trop difficile ou quand nous ne savons pas comment réagir. Et je commence à comprendre cette dure réalité qui veut que le silence, tel que celui du prêtre et du Lévite, est un abus ». Il leur confesse aussi le désir « d’être meilleur – un meilleur Pasteur, un meilleur père, un meilleur prêtre et simplement un meilleur voisin » et se recommande à leur prière.

Commentaires

  • TOUTE vie compte!

    Toute vie est un don de Dieu et, à ce titre, est infiniment précieuse et ne peut en aucun cas être "volée" par qui que ce soit.

    "Toute vie compte", voilà le message que l'on voudrait voir brandir dans toutes les villes du monde...

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