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"Traditionis custodes" : François s'est-il vengé de Benoît XVI ?

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Du site katholisch.de :

L'auteur Martin Mosebach accuse le pape François de se venger de Benoît XVI

Les nouvelles explications du décret "Traditionis custodes" sur la soi-disant messe ancienne suscitent des critiques de la part de l'auteur Martin Mosebach : le pape François se serait ainsi vengé de son prédécesseur Benoît XVI, selon ses reproches.

25.12.2021

L'écrivain Martin Mosebach reproche au pape François de vouloir se venger personnellement de son prédécesseur Benoît XVI en limitant l'ancienne messe en latin. Le septuagénaire a déclaré au journal "Welt am Sonntag" qu'il avait certes pensé qu'une telle mesure était possible, mais qu'il était parti du principe "qu'on attendrait la mort de Benoît XVI pour le faire, dans l'esprit de la politesse curiale". Ici, un élément de vengeance personnelle est manifestement entré en jeu".

François n'aurait pas pardonné à Benoît, poursuit Mosebach, "le fait que ce dernier ait influencé l'issue du synode amazonien avec son livre sur le sacerdoce début 2020 et lui ait fait perdre l'abrogation du célibat obligatoire qui était en fait souhaitée". Cela aurait mis le pape très en colère : "Il a maintenant rendu la pareille en s'attaquant à l'ancienne messe, c'est-à-dire à la liturgie qui était une préoccupation majeure de Benoît et qu'il avait expressément réhabilitée".

A la question de savoir pourquoi les catholiques conservateurs parlaient volontiers d'obéissance, mais "répétaient maintenant la révolte" parce que le pape repoussait l'ancienne messe, l'auteur a répondu que le pape était strictement lié à la tradition, à ce que l'Eglise avait toujours enseigné et fait. "Si le pape François met la main sur la tradition, il ne peut plus obliger les fidèles à obéir. Surtout, il s'attaque ainsi au fondement sur lequel repose la papauté. Le rite tridentin n'est pas tombé du ciel, il s'est développé historiquement".

Nouvelle lettre sur "Traditionis custodes

Le week-end dernier, le Vatican s'était exprimé dans une nouvelle lettre sur des ambiguïtés dans l'interprétation du décret du pape "Traditionis custodes" (Les gardiens de la tradition) de juillet. Le préfet de la Congrégation pour le culte divin, Arthur Roche, a confirmé que François avait établi par ce décret la "forme ordinaire" de la messe comme "unique mode d'expression" du rite romain de la messe. La forme extraordinaire de 1962, en latin et dos au peuple de l'Eglise, autorisée dans une plus large mesure par Benoît XVI en 2007, ne pourra donc plus être célébrée qu'exceptionnellement et dans des conditions particulières.

Le décret est contesté dans les milieux conservateurs. Selon les mots de François, les directives doivent contrer les tendances à la division au sein de l'Église. Les défenseurs de la liturgie traditionnelle déplorent, outre le contenu du document, son ton sévère.

L'auteur Martin Mosebach s'était déjà exprimé à plusieurs reprises en tant que partisan de l'ancienne messe et critique acerbe du pape François. En 2015, il lui avait par exemple reproché son désintérêt pour la théologie. Depuis plus de 20 ans, il demande en outre à l'Eglise catholique de revenir à la messe en latin. En 2002, il a publié une polémique contre la réforme de la liturgie après le Concile Vatican II (1962-1965). Le titre provocateur du livre : "Hérésie de l'informe. La liturgie romaine et son ennemi". (KNA)

Commentaires

  • La messe tridentine n’a au grand jamais eu l’idée que le prêtre « in persona Christe «  soit dos au peuple, mais il était le premier d’entre les fidèles, tout comme l’officier est à la tête de son peloton. Le terme employé montre Le désir de dérision .

  • Extrait d'un entretien donné au Remnant par Mgr Schneider:

    "... Si le Pape François peut défaire l'héritage du Pape Benoît XVI (c'est-à-dire Summorum Pontificum) et contredire directement l'enseignement de Benoît XVI sur une question aussi importante que la sainte liturgie (et l'enseignement du Pape Saint Pie V dans Quo Primum), cela signifie-t-il que tout enseignement d'un pape peut être facilement défait par son successeur, et si oui, où cela laisse-t-il l'autorité de Pierre ? ...

    Mgr Schneider: ...Un pape ne devrait annuler les décisions de ses prédécesseurs que lorsqu'il s'agit clairement de nouveautés et de ruptures avec la foi et les rites liturgiques. Nous avons plusieurs exemples dans l'histoire. Les lettres du Pape Honorius Ier ( 638), très ambiguës du point de vue doctrinal, ont été annulées par ses successeurs ; par exemple, par saint Léon II, qui a déclaré : "Honorius, au lieu de purifier cette Église apostolique, a permis que la foi immaculée soit souillée par une trahison profane". Pour citer un autre exemple : en 1535, le pape Paul III a publié un bréviaire, compilé par le cardinal Quiñones, qui a connu plus de 100 éditions. Cependant, en raison de son mépris de la tradition, le pape Paul IV l'a interdit en 1558. "

    La messe traditionnelle a survécu à Vatican II. Elle survivra à Bergoglio.

  • C'est bien mal connaître Saint Paul VI que d'affirmer son soi-disant "mépris de la Tradition". Simplement, il a voulu appliquer les orientations données par le Concile, en ayant beaucoup souffert de la trahison de certains...

  • Arnaud, lisez bien.... le "mépris de la tradition" est attribué à Paul IV en 1558et non à Paul VI.

  • Isabelle, j'ai bien lu et tout le contexte indique qu'il s'agit d'une confusion typographique entre les chiffres romains IV et VI.
    D'une part, le pape Paul IV est connu pour son attachement à la Tradition, notamment pour avoir dirigé, dès sa création, l'Inquisition romaine.
    D'autre part, "le bréviaire romain, à l'usage universel de l'Église, a été publié par Pie V en 1568 à la proclamation de la bulle Quod a nobis du 7 juillet 1568". (Source Wilkipedia).
    Auparavant, il n'existait que des bréviaires particuliers utilisés par divers Ordres religieux, notamment mendiants, pour répondre aux besoins nouveaux d'un apostolat itinérant.
    Ensuite, le bréviaire a été réformés par différents papes. Ce qui illustre ce que j'ai écrit récemment sur ce blog. A savoir que chaque pape à le droit de modifier ou d'abroger ce qui a été fait par ses prédécesseurs, en respectant pour ce faire la hiérarchie des normes.

  • Arnaud, la date mentionnée, 1558, est sans doute aussi d'après vous l'effet d'une erreur typographique!

  • La date de 1558 ne correspond à rien dans le pontificat de Paul IV.
    Mais le problème n'est pas là.
    La ligne directrice de l'auteur de l'article Martin Mosebach et celle du commentaire fait par Mgr Schneider est de vouloir démontrer à tout prix que le pape François n'avait pas le droit de modifier les dispositions de Benoît XVI concernant la messe dite "Tridentine".
    Passons sur le fait que par son Motu proprio Benoît XVI avait lui-même modifié les dispositions de ses prédécesseurs S. Paul VI et S. Jean-Paul II.
    La seule chose qui compte pour ces deux auteurs, et avec eux tous les partisans de la soi-disant "Messe de toujours", c'est le caractère absolument irréformable de ce que eux tiennent pour LA tradition. En oubliant que le missel du Concile de Trente était lui-même le fruit d'une réforme, précédée de beaucoup d'autres.
    L'adage "Ecclesia semper reformanda" peut aussi s'appliquer à la liturgie pour autant que la réforme procède d'un développement organique et non d'une rupture. C'est précisément ce que Benoît XVI s'est attaché à démontrer à propos du Concile Vatican II.
    Cela dit, le droit de réformer n'excuse pas la brutalité dans la forme.

  • Il vous reste à démontrer que la réforme liturgique "bugninienne" est bien un développement organique et non pas une rupture. Bon courage.

  • La remarque d'Isabelle à Arnaud était parfaitement justifiée.
    Une petite recherche Internet permet de confirmer sans le moindre doute que le pape Paul IV s'est bien opposé au bréviaire Quinones en 1558.
    Et contrairement à ce qu'a compris Arnaud, le "mépris de la tradition" qu'évoque Mgr Schneider n'était pas le fait du pape, il se trouvait dans la version de bréviaire combattue.

  • Oui, en effet, merci Philippe pour ces précisions et merci à Mgr Schneider, il faudrait beaucoup plus de responsables de ce niveau spirituel dans l'Eglise pour espérer un renouveau dans la vérité. Beaucoup, prêtres y compris, attendent le départ de JMBergoglio mais la suite ne s'annonce pas meilleure...

  • Dès lors que des thèses s’affrontent sur la manière de traduire l’esprit de la liturgie pourquoi ne pas admettre une forme de pluralisme dans le rite romain. Jean-Paul II l’a fait avec l’agréation du rite zaïrois pour les Congolais. Alors pourquoi pas pour les Traditionalistes des groupes « Ecclesia Dei » dont le nombre ne cesse de croître ? L’Eglise n’est pas une caserne dont la liturgie doive être rivée à un seul missel.

  • Pour ma part, j'ai tendance à penser que c'est à partir du moment où le prêtre a tourné le dos à Dieu, préférant être face au peuple (physiquement comme symboliquement) , que la primauté revient désormais à l'Homme et non à Dieu.

  • à Jean-Pierre Sneyers, en effet, cette orientation corporelle qui engage évidemment tout l'être est symboliquement très éloquente et l'on sait que le symbolique est opérant à notre insu. Il y avait un mouvement de tout le peuple de Dieu, prêtre en tête, dans la directions de la transcendance. Aujourd'hui, chacun est orienté vers son immanence qui sans la conscience de la transcendance conduit aux dérives que l'on sait, l'homme du monde se prenant de plus en plus pour Dieu et créateur de soi-même. Cette orientation à des conséquences sur l'âme des chrétiens et si la liturgie et la tradition sont vivantes et doivent le rester, il est dommage de les avoir révolutionné de façon aussi radicale au point qu'aujourd'hui, quelque 60 ans plus tard, la cassure semble inévitable. D'un côté, il n'y a pas eu d'évolution naturelle, de l'autre tout a été déformé.

  • A Claude CHARLES
    Ici aussi, distinguons le fond et la forme.
    La démonstration de la continuité entre la réforme tridentine et celle issue de Vatican II a été amplement faite par Benoît XVI et par le cardinal Sarah, deux auteurs peu suspects de modernisme.
    J'ai fait allusion ci-avant à S. Paul VI qui a beaucoup souffert de la trahison de certains...Bugnini est évidemment du nombre, certains traducteurs aussi. Mais cela avait déjà été corrigé en partie sous S. Jean-Paul II, et davantage encore par la nouvelle traduction du Missel romain. L'avez-vous déjà étudiée?

  • Chaque pape situé après Paul VI dans la succession pontificale est confronté à la même difficulté. Il a le devoir de gérer les conséquences de Vatican II tout en ne donnant pas l'impression de le critiquer. Benoît XVI a donc fait de même, mais en montrant clairement quelle était la voie à suivre pour éviter, autant que faire se peut, que cet événement historique ne continue à perturber la vie de l'Eglise. A propos de Vatican II, il a affirmé que celui-ci devait être interprété selon une herméneutique de la continuité, et, avec Summorum pontificum, il a apporté une solution équilibrée au débat sur la liturgie. Manifestement, cette solution de bon sens n'a pas satisfait les ultras du progressisme. Qu'ils ne s'étonnent pas de la réaction de ceux qui comme moi estiment que le recours à la liturgie dite traditionnelle ne peut être une concession accordée par charité à quelques vieillards rancis incapables d'évoluer vers les lendemains radieux qui., comme ceux du communisme, sont toujours rejetés dans le futur. Pour le reste, je suis entièrement d'accord avec le message de JPSC.

  • A Isabelle: le cardinal Sarah a maintes fois insisté pour que durant certaines parties de la Messe (consécration entre autres) , le prêtre se tourne vers Dieu. Hélas, il n'a jamais été écouté par le pape actuel. Et tout le travail qu'il a fait dans le sens d'une saine liturgie n'a jamais été écouté non plus. Triste de voir un pape se détourner de ce qu'il a le devoir de protéger.

  • Oui vous avez raison, il y aurait sans doute, si la volonté bonne était présente, une voie, certes étroite, de réconciliation... on attend le miracle...

  • Avec Summorum Pontificum, Benoît XVI n'avait pas l'intention de créer une "solution à deux rites" (Comme dans un autre contexte, certains préconisent une "solution à deux Etats"). Il a clairement souligné qu'il n'y a qu'un seul rite romain sous deux formes, en insistant sur la nécessité pour chacune des deux de s'enrichir de l'autre.
    Dans la lettre aux évêques qui accompagnait le Motu proprio, Benoît XVI insistait sur le fait que celui-ci ne pouvait pas être interprété comme une remise en cause du Concile qui avait demandé une réforme de la liturgie.
    C'est précisément ce point qui est devenu la pierre d'achoppement - principalement aux Etats-Unis - mais pas seulement, où des paroisses et communautés se disant catholiques rejettent en bloc tout le Concile, sous prétexte qu'il n'aurait été que pastoral et non dogmatique. Et il s'en est suivi "Traditionis custodes"...
    Pour ceux que la situation aux E-U. intéresse, on trouve des témoignages pertinents sur le site Aleteia.
    Enfin pour ceux qui croient que le Missel dit "de Paul VI", imposerait la célébration "versus populum" et en tirent des conclusions hasardeuses, je leur dis qu'ils se trompent et leur conseille la lecture de la PGMR, texte normatif qu'on trouve en tête de tous les missels d'autel.

  • Pour les besoins de leur cause, les partisans du motu proprio « Traditionis Custodes » majorent, sans preuves exactes, le nombre des pratiquants de la forme extraordinaire du rite romain qui contestent la légitimité de la forme ordinaire.
    Soit dit pour la Belgique en tout cas, contacté par « La Libre » en juillet dernier, Tommy Scholtès, porte-parole des évêques de Belgique, a précisé que les lieux de culte reconnus célébrant la messe en Belgique selon la forme extraordinaire pourraient continuer à le faire, ceux-ci ne posant pas de problèmes tels que ceux évoqués par le pape François dans son « motu proprio ».

  • Toute réforme liturgique est insuffisante pour les uns, excessive pour les autres :voir Pro liturgia de ce 03.01.2022 : https://www.proliturgia.org/actua.html
    Où il est question des prolégomènes de la réforme tridentine... et d'un certain bréviaire approuvé par Paul III et condamné ensuite par la Sorbonne.

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