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Un synode sur la prêtrise qui ne dit pas son nom ?

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De la revue du presse de l'Homme Nouveau :

Au quotidien n°343 : un synode non dit sur la prêtrise ?

Ils veulent changer le sacerdoce, sa signification, sa portée. Après la France, avec le Rapport Sauvé qui met indirectement en cause le rôle traditionnel du prêtre, c’est autours de Rome de se pencher sur ce sujet à travers un symposium organisé par le cardinal Ouellet. La Croix (16 février 2022) en présente l’objectif. Un synode non déclaré sur le sacerdoce ?

Un symposium international sur les « vocations presbytérales, laïques et consacrées », doit s’ouvrir ce jeudi 17 février à Rome. Trois jours de réflexions théologiques devant 500 personnes, dont plusieurs dizaines d’évêques. Pour la France, une douzaine a fait le déplacement.

Depuis plusieurs jours, cette réunion de théologiens fait l’objet d’une attention croissante. D’abord en raison de ses protagonistes : inaugurée par le pape François, chaque demi-journée sera présidée par un préfet de la Curie romaine.

S’y succéderont ainsi le secrétaire d’État Pietro Parolin, mais aussi le préfet de la Congrégation pour le culte divin Arthur Roche, ou encore l’évêque chargé de la Congrégation pour le clergé, Mgr Lazarus You Heung-sik. Une concentration relativement rare de hauts responsables de l’Église au sein d’un même événement.

Ensuite, parce que cette conférence, voulue et organisée par le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation des évêques, se déroule dans un contexte particulier, alors que les responsables de l’Église catholique s’interrogent avec acuité, et dans le monde entier, sur la meilleure manière de porter leur message dans des sociétés de plus en plus sécularisées. Ainsi que sur la place des prêtres.

(…)

Faut-il voir dans ce colloque, qui s’ouvre ce jeudi 17, une manière de défendre une conception classique de la fonction du prêtre, contre la volonté de certains d’en redéfinir les contours ? « Il a d’abord été conçu pour recadrer les choses après le Synode sur l’Amazonie, pour défendre le célibat », témoigne l’un de ceux qui ont suivi de près la construction du programme. Les intervenants du colloque, financé notamment par les Chevaliers de Colomb et la revue française Communio, sont d’ailleurs pour la plupart très proches du thomisme, tenant d’une théologie classique.

(…)

« Notre propos n’est pas de répondre immédiatement aux questions les plus médiatiques, comme l’ordination des hommes mariés », souligne le père Vincent Siret, supérieur du séminaire français, à Rome, et membre du comité scientifique qui a préparé ce colloque. Il poursuit : « Il faut aujourd’hui réfléchir à frais nouveau sur la manière dont s’articulent le sacerdoce des prêtres et celui de tous les baptisés. » Un moyen, donc, de repenser les rapports entre prêtres et laïcs.

« Le pape lui-même est conscient que nous sommes dans une période où il faut mettre les choses à plat en ce qui concerne la place du prêtre dans l’Église et dans la société, ses rapports avec les laïcs, avec le pouvoir », poursuit ce prêtre français, qui souligne que les rapports entre la société et les institutions, quelles qu’elles soient, ont aussi changé.

Mais le pape François est aussi celui qui n’hésite pas, au fil de ses discours, à critiquer la rigidité et le cléricalisme de certains prêtres, voyant dans cette attitude le terrain propice à tous les abus. « Il critique une sorte d’autosuffisance, que je définirais comme une solitude à laquelle certains peuvent conférer une dimension sacrée, développe le père Siret. En fait, il insiste sur l’importance de la dimension de service. Pour lui, c’est là qu’est le sacré. »

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Un symposium sur le sacerdoce dans un contexte de crise (source)

À l’initiative du cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques, le Vatican organise un vaste symposium sur le sacerdoce, du 17 au 19 février. Annoncé près d’un an à l’avance, ce colloque, qui sera introduit par le pape François, veut revenir aux fondamentaux du sacerdoce dans un contexte de crise pour l’identité du prêtre et de remise en cause du célibat sacerdotal. C’est la première fois depuis le début de la pandémie qu’un colloque aussi important est organisé au Vatican. « Le cardinal Ouellet a obtenu que cela ait lieu à l’intérieur du Vatican, dans la grande salle Paul VI. C’est un signe », souffle un prêtre qui estime que Rome voit d’un bon œil la tenue de ce symposium qui devrait rassembler quelque 500 participants – principalement des prêtres et des évêques.

L’idée de cette réflexion théologique sur le sacerdoce a germé après le Synode sur les jeunes et puis celui sur l’Amazonie, en 2019. Ce dernier avait révélé de vives tensions au sein même de l’Église catholique, notamment sur la question de l’ordination d’hommes mariés – votée par les Pères synodaux mais non mentionnée par le pape François dans son exhortation post-synodale. Dans son livre Un temps pour changer, le pape François était revenu sur le « récit médiatique » de ce synode qui avait fini par « miner la capacité de discernement ». Pour le Père Vincent Siret, recteur du séminaire pontifical français de Rome, le symposium a pour objectif de « reprendre les choses de manière fondamentale ».

« Quand on bute sur des questions qui deviennent idéologiques et politiques, il faut aller plus en profondeur, reprendre le travail théologique à la base », explique celui qui a fait partie de la petite équipe ayant travaillé à l’élaboration du programme du symposium. « C’est l’objectif de ces trois jours », poursuit-il, avant de prévenir : « Je vais vous décevoir : il n’y aura sans doute pas beaucoup de réponses concrètes aux questions les plus ‘brûlantes’ qui agitent les médias ». Même état d’esprit du côté du cardinal Ouellet : « Nous n’ignorons pas ce qui se dit à propos du célibat des prêtres. Mais le symposium est une réflexion fondamentale. Il n’a pas été conçu pour répondre à toutes les questions qui retiennent l’attention des médias ou pour répondre à ce qui se passe en Allemagne ».

Car il faut rappeler que le colloque a lieu alors que le synode allemand entre dans sa phase finale. Depuis 2019, l’Église en Allemagne a lancé un processus synodal pour répondre notamment à la crise des abus sexuels au sein du clergé. Les débats ont mis en avant des propositions plaidant pour la fin du célibat des prêtres et pour l’ordination des femmes. Très récemment, l’un des poids lourds de l’épiscopat allemand, le cardinal Reinhard Marx, s’est prononcé en faveur d’une levée de l’obligation de célibat pour les prêtres. 

Des positions qui vont à l’encontre de celles du cardinal Ouellet. « L’Église “en sortie” ne gagnerait pas, à mon sens, à réduire les exigences du sacerdoce au nom d’impératifs culturels et pastoraux régionaux », écrivait-il récemment*. Concernant le synode allemand, le préfet de la Congrégation pour les évêques avait en 2019 adressé une lettre au cardinal Marx, alors président de la Conférence des évêques allemands, dans laquelle il émettait des réserves sur une démarche synodale dont les conclusions n’affecteraient pas seulement l’Église en Allemagne mais l’Église universelle. Mais le cardinal Ouellet assure aujourd’hui qu’il ne s’agit pas de contester ou de commenter durant le symposium des discussions de l’Église dans un pays. Précisant que des évêques allemands seront présents, il confie simplement : « Si ce qu’ils y entendront peut servir à leurs réflexions, j’en serais heureux ».

« Le sacerdoce baptismal n’est certainement pas un sacerdoce au rabais ! »

Au-delà de la question du célibat, les organisateurs du symposium souhaitent surtout l’inscrire dans la démarche synodale lancée par le pape François en octobre 2021 dans toute l’Église catholique. À travers le Synode sur la synodalité, le pape argentin a dit vouloir relancer la participation de tout le “Peuple de Dieu” à la vie de l’Église. L’un des objectifs de cette réflexion de deux ans est d’arriver à faire prendre conscience à tous les baptisés que la mission n’est pas réservée aux seuls ministres ordonnés, et d’en tirer les conséquences sur la manière de vivre en Église.

« Quand on parle de sacerdoce, il faut entendre à la fois le sacerdoce baptismal – commun à tous les catholiques – et puis le ministère sacerdotal des prêtres et des évêques », explique le Père Siret. Il tient à rappeler que « le sacerdoce baptismal n’est certainement pas un sacerdoce au rabais ! Que l’on soit pauvre, riche, prêtre ou laïc, nous sommes tous appelés à suivre le Christ. J’espère que ce symposium qui a lieu soixante ans après Vatican II, contribuera à donner des éléments sur la manière juste d’exercer notre sacerdoce commun dans un esprit missionnaire ».

Dans son discours introductif, le pape François pourrait parler de l’articulation entre les deux sacerdoces et pointer de nouveau du doigt le cléricalisme dont il répète régulièrement qu’il efface la grâce baptismale. « Le cléricalisme oublie que la visibilité et la sacramentalité de l’Église appartiennent à tout le Peuple de Dieu, et pas seulement à quelques élus et personnes éclairées », insistait-il par exemple dans une lettre datée de 2016 et adressée au cardinal Marc Ouellet dans le cadre de sa présidence de la Commission pontificale pour l’Amérique latine.

Dans un contexte de crise de l’identité du prêtre et de profondes réflexions sur la participation effective de tous les baptisés à la « fonction sacerdotale » – comme le rappelle le texte préparatoire du Synode sur la synodalité -, le propos inaugural du chef de l’Église catholique sera donc particulièrement scruté.

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