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Russie-Ukraine: l'échec de "notre maison commune"

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Faut-il ajouter encore une contribution au déluge de paroles et d'écrits que suscite le drame russo-ukrainien ? Je m'en abstiendrais si nos médias, en tout cas les plus dominants, ne faisaient pas l'impasse sur des faits et des considérations majeurs, ou ne les traitaient pas comme quantités négligeables. Je ne prétends pas venir avec un propos d'expert. Seulement celui d'un observateur qui connaît l'histoire et sait deux ou trois choses sur ces pays où sa carrière professionnelle lui a permis de se rendre à l'occasion et de nouer des contacts. Deux pays dont l'Europe sécularisée ne pourrait se couper sans perdre un des pôles demeurés les plus vivants de son héritage chrétien et culturel.

   Si tous les internautes qui se répandent sur les réseaux sociaux en imprécations contre l'agresseur abandonnaient leurs claviers, tablettes ou smartphones pour s'engager comme volontaires dans l'armée ukrainienne… Si les politiciens, les journalistes, les intellectuels, les artistes qui ne voient que le mal d'un côté et le bien de l'autre faisaient de même… C'est trop peu dire que le président Zelenskyï se sentirait moins seul. L'armée russe aurait tôt fait de reculer sous le poids du nombre!

   Evidemment, cela n'arrivera pas. Et quant à nos Etats, ils se contentent d'annoncer des sanctions financières, dont les populations souffriront et qui, politiquement, pourraient bien n'avoir d'autre effet que celui de rapprocher encore un peu plus Moscou de Pékin, malgré leurs nombreuses divergences. Il est aussi question de livrer aux Ukrainiens des armes qui, dans le contexte chaotique actuel, ont toutes les chances de tomber finalement entre les mains des forces russes ou dans celles des groupements paramilitaires sévissant un peu partout pour l'une ou l'autre cause. J'allais oublier: la Russie sera aussi exclue de certaines compétitions sportives internationales ainsi que… du Concours Eurovision de la chanson. Si ces heures n'étaient pas désolantes, il y aurait de quoi rire.

   Le moins grave, dans ce maelström d'aboiements sans mordre, de condamnations par les mots et d'inaction dans les faits, est qu'il avait été annoncé, il y a des semaines déjà, depuis la Maison blanche. Joe Biden, qui a amplement démontré que les habits de président sont trop grands pour lui, fit en effet savoir qu'il n'y aurait pas d'envoi de troupes américaines – et donc de l'Otan – en Ukraine en cas d'invasion. A en croire certains géostratèges, cette déclaration aurait convaincu Vladimir Poutine de passer à l'action, une telle fenêtre d'opportunité risquant de ne pas se présenter deux fois.

   Si, lors de la crise des missiles de Cuba, en 1962, John Kennedy fit reculer les Soviétiques, c'est parce qu'il avait su les persuader qu'il était résolu à répliquer, fût-ce au prix d'une troisième guerre mondiale. On peut certes estimer que dans le conflit actuel et pour en éviter l'élargissement, il vaut mieux que les Occidentaux ne s'impliquent pas directement. Mais encore fallait-il avoir l'intelligence de ne pas le dire. 

LES "NAZIS" D'UN CÔTÉ, LES "DÉMONS" DE L'AUTRE

   Avant d'aller plus loin, et pour qu'on ne se méprenne pas sur l'intention qui sous-tend cet article, une mise au point s'impose. Comme tout le monde, j'ai espéré jusqu'au dernier moment que l'option d'une intervention armée serait écartée, au moins hors des oblasts séparatistes de Donetsk et de Louhansk. De la décision de Poutine, dont il portera la lourde responsabilité devant l'histoire, nous voyons les conséquences humaines, même s'il faut tenir compte du règne des "infox", de part et d'autre, inéluctable en cas de guerre. Je m'en voudrais d'opposer ici la froide raison à l'émotion bien compréhensible.

   L'intervention télévisée du Président de la Fédération de Russie, le 24 février dernier, contient deux ou trois passages qui ont été amplement cités et constituent, de fait, des outrances rhétoriques: "défendre les gens qui depuis huit ans sont soumis à des brimades et à un génocide de la part du régime de Kiev"; "parvenir à la démilitarisation et à la dénazification de l'Ukraine" [1]. Peu ou prou, les dirigeants ukrainiens, depuis l'indépendance, ont cédé de fait à la tentation d'ériger l'Etat sur la base d'une homogénéisation culturelle, un travers constant depuis le XIXè siècle, "siècle des nationalités". Une loi promulguée en 2017 a prévu d'imposer la langue ukrainienne dans tous les collèges et lycées, y compris là où le russe est la langue usuelle des professeurs et des élèves. Les fonctionnaires qui, dans le cadre de leur travail, s'expriment dans une autre langue que l'ukrainien, peuvent être sanctionnés. Plus grave encore est l'action de bandes ultranationalistes, néonazies pour certaines, qui s'en prennent aux russophones. Mais de là à parler d'un "génocide" et d'un pays "nazifié", il y a tout l'écart qui sépare la réalité d'un abus de langage. Ce qui s'entend parfois en face ne vaut certes guère mieux. Quand l'Eglise orthodoxe d'Ukraine autocéphale déclara son indépendance à l'égard du patriarcat de Moscou en 2019, le Président ukrainien Petro Porochenko présenta l'événement comme une grande victoire "sur les démons de Moscou, une victoire du bien sur le mal, de la lumière sur les ténèbres".

   Il est, par ailleurs, beaucoup plus difficile de contester la partie du discours poutinien, beaucoup plus développée et beaucoup moins citée, qui a trait "à l'élargissement de l'Otan vers l'est, au rapprochement de son infrastructure militaire vers les frontières russes". Qui aurait imaginé en 1991, alors que le Pacte de Varsovie était dissous, que l'Alliance atlantique allait englober les anciens membres de celui-ci, les pays baltes et d'autres encore ? Et faire ensuite les yeux doux à l'Ukraine et à la Géorgie ?… Alors que l'ambition d'expansion à l'échelle mondiale que professait l'Union soviétique a disparu avec celle-ci, les dépenses militaires des Etats-Unis et des pays occidentaux sont aujourd'hui seize fois supérieures à celles de la Russie [2].

   En clair, nous n'assistons pas aux coups de boutoir d'un camp impérialiste contre un camp placide, mais à un affrontement qui a pour enjeu les zones d'influence respectives de l'Ouest et de la Russie. L'Otan fut notre bouclier absolument indispensable pendant la guerre froide. Mais à force de traiter la Russie en vaincue – alors qu'elle avait elle-même mis fin au système totalitaire et à la (fausse) fédération soviétique –, à force d'obéir à une sorte d'hubris poussant à avancer sans cesse ses pions un peu plus loin, l'Occident a laissé passer la chance unique de faire de l'Europe "notre maison commune", comme l'avait proposé Gorbatchev. L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) est censée toujours poursuivre cet objectif, mais sans moyens substantiels.

   Nous avons voulu faire de la Géorgie et plus encore de l'Ukraine des chevaux de Troie de notre influence. Une partie considérable de la population ukrainienne, qui vit chichement, a subi naturellement l'attrait de nos sociétés d'abondance, pourtant bien en panne aujourd'hui. Mais après avoir gavé de nos mirages un pays que les vérités inscrites dans l'histoire comme dans la géographie et la géopolitique lient naturellement aux autres Slaves de l'Est, après avoir ainsi largement contribué à ce qu'il soit répondu par les armes à nos tentatives de l'attirer à nous, nous abandonnons ses habitants à leur triste sort.

   Bien sûr, l'Ukraine est un pays souverain et le droit international interdit de porter atteinte à son intégrité. C'est imparable en soi, mais ce le serait bien davantage s'il n'y avait pas eu un précédent. Pour s'en tenir au continent européen, les responsables russes ont beau jeu de dire que nous avons enfreint cette règle, au cours des années '90, en intervenant dans les Balkans et en soutenant militairement la sécession du Kosovo de la Serbie. Voici ce qu'a rappelé Vladimir Poutine, toujours le 24 février, et qui ne peut guère être contesté: "Sans aucune autorisation du conseil de sécurité de l'Onu, une opération militaire sanglante a été menée contre Belgrade. On a utilisé l'aviation, des missiles au centre même de l'Europe. Plusieurs semaines de bombardements incessants sur des villes pacifiques, sur des infrastructures vitales. On est forcé de rappeler ces faits, car certains de nos collègues occidentaux n'aiment pas se souvenir de ces événements, et quand nous en parlons, préfèrent non pas se référer aux normes du droit international, mais à des circonstances qu'ils interprètent comme ils le jugent nécessaire". Le berger a de quoi répondre à la bergère…

COMME SI N'EXISTAIT QU'UNE ALTERNATIVE… 

   Un mot encore sur l'argumentaire historique. Dans un long article publié l'été dernier, Poutine a fait valoir que Russes, Ukrainiens et Biélorusses forment "un même peuple", en remontant à "la Rus' de Kiev" qui les réunit du IXè au XIIIè siècle, avant les retrouvailles au sein de l'empire des tsars. L'actuelle capitale ukrainienne occupait alors une place centrale dans cet espace. Mais l'ancienne Rus s'est affaiblie, s'est disloquée et le centre s'est déplacé vers Moscou. Il n'empêchait: "La noblesse comme les gens du peuple considéraient la Russie comme un espace commun, comme leur patrie" [3]. Dans cette vision, qui était aussi celle de Soljenitsyne [4], les commentateurs étrangers, pour la plupart peu au fait, n'ont voulu voir qu'un "révisionnisme historique" visant à justifier les ambitions expansionnistes du maître du Kremlin, et en premier lieu l'annexion de l'Ukraine. Comme si n'existait qu'une alternative unique dont l'autre pôle serait l'indépendance. Comme si ne pouvaient exister dans cette région du monde les multiples formes d'association dont l'époque contemporaine a été prolixe: fédéralisme, confédéralisme, union, communauté économique…

   Malheureusement pour les peuples concernés, l'offensive russe va laisser des traces qui risquent de placer ces solutions en rade pour longtemps. Des affrontements actuels, le nationalisme ukrainien, de construction récente, nullement unanime, ne peut sortir que renforcé.

   En 1993, au cours d'un voyage en groupe qui nous avait conduits en Russie méridionale, dans la région de Krasnodar, ainsi qu'en Crimée et en Ukraine, où l'on vivait encore dans l'euphorie de la libération du communisme, j'avais donné une conférence sur l'histoire commune russo-ukrainienne. J'avais rappelé qu'en 1654, l'assemblée des représentants (la rada) ukrainiens avait pris la décision d'une réunification. Que Bogdan Khmelnitski, dirigeant de la révolte contre les féodaux polonais, avait écrit au gouvernement russe pour lui demander de venir en aide. Que sa statue équestre à Kiev le représente en cavalier de bronze maîtrisant sa monture, dressé sur un haut socle de granit et faisant un geste en direction du nord-est, c'est-à-dire vers… Moscou. Qu'il n'y a pas plus d'ethnie ukrainienne distincte de l'ethnie russe qu'il n'y a d'ethnie flamande ou wallonne: l'histoire a mélangé tout cela. Que Nikolaï Gogol, un des plus grands auteurs ukrainiens, écrivait en russe. Mon contradicteur alors fut Boris Toumanov, qui était journaliste à l'agence Tass et correspondant pour plusieurs organes de presse européens. Arménien, avec une tendance russophobe, il estimait que le fait national était désormais dominant et l'emporterait sur les liens du passé. Nous sommes habitués, nous autres Belges, aux imbrications communautaires et linguistiques. Il nous est naturel de considérer que les concepts de nation et d'Etat ne doivent pas se superposer à tout prix. Malheureusement, on n'a pas encore appris sous tous les cieux à gérer pacifiquement les particularismes, ce qui implique d'abord que l'homme de la rue les considère avec beaucoup de recul.

   Fin de cet article. Sera-t-il compris ? Ou simplement "audible" ? Il est tellement plus commode de s'en tenir à une vision manichéenne, où tout est blanc d'un côté et noir de l'autre. Mais sauf quand on se trouve en présence du mal total (communiste, national-socialiste, djihadiste…), l'histoire est presque toujours plus complexe, nuancée, grise pour tout dire. Il ne faut jamais l'oublier, même et peut-être surtout quand elle est tragique.

PAUL VAUTE

[1] Les grands sites d'information ne se sont pas bousculés pour publier la traduction française complète du discours. On peut cependant la trouver, validée par l'Agence France-Presse, sur https://www.tribunejuive.info/2022/02/24/traduction-integrale-du-discours-de-vladimir-poutine-ce-24-fevrier/

[2] D'après les bases de données du Stockholm International Peace Research Institute, cfr Bernard ADAM, "La Russie n'a plus la puissance de l'URSS", dans La Libre Belgique, 9 févr. 2022.

[3] "Ob istoricheskom yedinstve russkikh i ukraintsev", 12 juillet 2021, sur le site officiel du Président de la Fédération de Russie, http://kremlin.ru/events/president/news/66181. L'article est paru en russe, en ukrainien et en anglais. Ces derniers jours, la version anglaise était inaccessible (trop de visiteurs ?).

[4] Mon article "Soljenitsyne: "La question ukrainienne est une des plus dangereuses pour notre avenir"", dans Belgicatho, 22 févr. 2022.

Commentaires

  • Rien à redire à cet article, à la recherche de la nuance, à l’exposé de la complexité. Cette contribution d’un journaliste compétent est parfaitement « audible », qu’il se rassure !
    Rien à redire … si ce n’est l’une ou l’autre omission (mais on ne peut pas tout dire en quelques lignes). Il faut parfois introduire de la nuance dans la nuance, développer la complexité.
    L’OTAN postérieure au communisme s’est en effet étendue vers l’est. Mais il n’est pas flagrant qu’elle l’a fait par la volonté de ses membres initiaux. Ce sont les nouveaux venus qui ont insisté, trépigné, pour la rejoindre ; ils ont dû patienter longtemps avant d’être admis dans le cercle. Le premier élargissement n’a lieu qu’en 1999. Les Occidentaux ne voulaient pas brusquer Moscou avec laquelle la lune de miel des premières années d’Eltsine avait pris fin dès 1994.
    Mais pourquoi cette volonté pressante des anciennes « démocraties populaires » ? La réponse est évidente : elles voulaient se mettre à l’abri d’un retour de manivelle en provenance de la puissance qui les avait asservies pendant des décennies. Il est permis d’estimer que la suite ne leur a pas donné tort.
    Plus généralement, pourquoi des nations tendent-elles à porter à leur tête des gouvernements qui se tournent vers l’ouest et se détournent de la Russie ? Parce que celle-ci a la spécialité d’appuyer des dirigeants particulièrement tyranniques et corrompus. Plus les autocrates sont barbares, plus ils semblent plaire au Kremlin. Dès lors, lorsqu’un peuple parvient à se défaire de ses chaînes, il est enclin à renverser ses alliances.
    Le cas de l’Ukraine est exemplaire. A deux reprises en moins de dix ans, la population est descendue dans les rues pour se débarrasser d’un satrape allié de Moscou qui pillait le pays, truquait les élections et empoisonnait ses opposants.
    Ces pays qui choisissent l’occidentalisation ne font pas pour autant preuve de la moindre agressivité envers leur ancien tuteur. Ils seraient contents de vivre en paix dans le respect de leur souveraineté.
    La personnalité de Poutine en particulier nourrit quelques inquiétudes légitimes. Il est compréhensible que des éléments de ses discours antidécadents séduisent certains conservateurs, mais un homme se juge à ses actes. Cet ancien kagébiste a gardé des habitudes désagréables : emprisonnement ou assassinat d’adversaires (jusqu’à l’étranger), massacre de Tchétchènes, bombardement de civils en Syrie, innombrables incidents militaires aériens, cyberattaques tous azimuts, etc., sans compter ce dont il n’est que soupçonné (attentats faussement terroristes à Moscou, écrasement de l’avion du président polonais). Il effraye son entourage, comme l’a montré la scène extravagante avec son chef des services secrets bafouillant tel un Béria se faisant remonter les bretelles par Staline.
    Il ment avec un cynisme sans retenue : invention d’une attaque ukrainienne à la frontière, accusations de génocide des russophones, négation de l’intention d’envahir, prétendus retraits au moment où les effectifs massés s’accroissent encore, pour parler de contre-vérités récentes ; avant cela, il y eut, par exemple, l’explosion du Koursk attribuée à une collision avec un sous-marin américain et l’occultation du déploiement de troupes en Crimée. Ses interprétations historiques laissent pantois, comme lorsqu’il appelle « amadouante » la politique de l’URSS à l’époque où elle déchiquetait l’Europe orientale de concert avec Hitler.
    Et le voilà qui menace à mots à peine couverts de recourir à l’arme atomique ; cette stratégie du « bord du précipice » interroge sur sa stabilité mentale et fait entrevoir un cataclysme.
    Comparer la situation actuelle avec le soi-disant précédent du Kosovo est audacieux. Il ne s’était alors agi que de porter secours à une population albanophone victime depuis des années de terribles exactions.
    Les événements dramatiques en cours remettent aussi en question les mécanismes intellectuels à l’œuvre chez nous. Alors que la concentration de forces aux frontières ukrainiennes s’est étalée sur plusieurs mois et ne laissait guère de doutes sur ses objectifs, des commentateurs se sont obstinés à exclure une invasion. Ce sont les mêmes qui y trouvent maintenant beaucoup de justification ! N’est-il pas temps de prendre garde à une forme d‘aveuglement ?

  • Merci pour ces remarques courtoises et qui donnent à réfléchir. Je ne vais pas les reprendre une à une. Je souscris à certaines. La méfiance des Polonais à l'égard de la Russie est, en effet, compréhensible, compte tenu des pertes d'indépendance dont ils ont eu à souffrir, notamment au profit de leur grand voisin (même si, dans un passé plus lointain, ce fut parfois l'inverse avec les occupations polonaise, suédoise, lituanienne de certaines terres russes). Au Kosovo, il n'y a certainement pas de "camp des saints": les Serbes, les Roms et d'autres non-Albanais ont aussi fait les frais de campagnes de terreur. L'intervention unilatérale de l'Otan (et surtout ses "dégâts collatéraux") a laissé des traces... en Russie. En tout cas, on ne sortira pas de la crise sans un rééquilibrage des zones d'influence en Europe et cela ne se fera pas en suivant simplement les penchants - d'ailleurs réversibles - des opinions publiques dans les pays concernés. Et il y a évidemment matière à amples débats sur le rapport autorité-liberté et sur la séduction ou la répulsion que peut exercer le modèle de société occidental actuel, tant à l'Est qu'à l'Ouest d'ailleurs (de la corruption politique, le moins qu'on puisse dire est que personne n'a le monopole, et la représentativité de nos systèmes parlementaires n'est-elle pas interrogée aujourd'hui ?). Poutine ne cherche pas à exporter son modèle. Au contraire: chaque fois qu'il critique le mode de vie occidental, il s'empresse de préciser que si les Occidentaux sont satisfaits avec cela, c'est leur affaire. Il vaudrait mieux, dans l'intérêt de la paix, que nos dirigeants fassent de même.

  • Quelles qu'aient pu être les erreurs ou même les fautes commises par les dirigeants ukrainiens, elles ne justifient en rien l'invasion d'un Etat souverain par son puissant voisin. Surtout quand Poutine assigne comme objectif à l'opération militaire en cours un changement de régime en Ukraine en qualifiant son gouvernement actuel de "néonazi" et "génocidaire".
    Quant au parallèle avec l'intervention de l'Otan au Kosovo, il n'est pas inutile de rappeler que le dirigeant yougoslave de l'époque, Milosevic, n'a échappé à son jugement pour crimes de guerre et génocide par le TPIY à La Haye que parce qu'il est mort avant la fin de son procès.

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