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L'archevêque de Strasbourg présente sa démission mais défend son mandat

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De Luke Coppen sur The Pillar :

L'archevêque de Strasbourg présente sa démission mais défend son mandat

20 avril 2023

Le chef d'un important archidiocèse français a déclaré jeudi qu'il avait présenté sa démission au pape François, mais a fermement défendu son mandat turbulent de six ans. 

À 65 ans, Mgr Luc Ravel est à une décennie de l'âge habituel de la retraite pour les évêques diocésains.

Dans une déclaration faite le 20 avril, il n'a pas donné la raison pour laquelle il proposait de démissionner, mais il a semblé répondre aux allégations selon lesquelles il aurait gouverné de manière distante et autoritaire.

Il a déclaré : "La paix étant le bien suprême, alors que nous sommes entrés dans cette magnifique période de Pâques, j'ai présenté ma démission au Saint-Père, pour lequel je prie chaque jour.

"J'ai toujours agi au plus près de la loi et de ma conscience, ayant largement consulté pour chaque décision, afin de prendre des mesures difficiles, mais que l'on m'aurait reproché de ne pas avoir prises plus tard, au vu des éléments en ma possession. Les implications pénales d'un certain nombre de cas relèvent de la compétence du pouvoir judiciaire."

"Pour le reste, le secret pontifical, que nous devons respecter, est du ressort du nonce apostolique.

Mgr Ravel a ajouté : "Ce souci de paix se conjugue dans mon cœur avec le souci de vérité et de justice que j'ai toujours recherché à l'égard des prêtres, des fidèles, et en particulier des victimes, que je n'oublierai jamais."

"Je crois avoir agi pour résoudre les problèmes dans un esprit de transparence et de respect de la confidentialité.

Le Vatican n'a pas mentionné la démission de Mgr Ravel dans son bulletin quotidien du 20 avril, mais elle pourrait être officiellement acceptée par le pape François dans les prochains jours.

L'hebdomadaire catholique français Famille chrétienne a déclaré que la démission de Mgr Ravel, "réclamée depuis plusieurs mois par Rome, devrait être ratifiée très rapidement".

Mgr Ravel, qui dirigeait auparavant le diocèse des forces armées françaises, a été nommé archevêque de Strasbourg en 2017. 

L'archevêché, dont les origines remontent au IVe siècle et qui est exempté du Saint-Siège, est situé en Alsace, une région historiquement disputée de l'est de la France, limitrophe de l'Allemagne. 

Il bénéficie d'un statut particulier, grâce au Concordat de 1801, en vertu duquel son archevêque est nommé conjointement par le président français et le Vatican, et les prêtres sont rémunérés par l'État.

Selon le quotidien catholique français La Croix, qui a annoncé la démission imminente de Mgr Ravel le 19 avril, l'archevêché est considéré comme "difficile à gérer, avec ses 500 prêtres et ses 250 employés laïcs". 

En juin 2022, la nonciature apostolique en France a annoncé une visite apostolique de l'archevêché. Elle n'a pas donné de raison, mais des rapports locaux ont suggéré qu'elle avait été déclenchée par des plaintes concernant le style de gouvernement de Ravel.

Les résultats de la visite n'ont pas été publiés, mais la tension s'est considérablement accrue dans l'archevêché au cours des dernières semaines. 

Le journal régional Dernières Nouvelles d'Alsace rapporte que le 23 mars, l'évêque auxiliaire de Strasbourg Christian Kratz a été informé qu'il avait été démis de ses fonctions de vicaire général. Le 30 mars, il aurait été informé qu'il était également exclu du conseil épiscopal.

Mgr Kratz a déclaré à La Croix qu'il avait appris la nouvelle par une lettre glissée sous la porte de son bureau. Il a ajouté que Mgr Ravel avait indiqué que cette mesure faisait suite à la mauvaise gestion par Mgr Kratz d'allégations d'abus qui ont conduit au suicide d'un ancien prêtre.

Mgr Kratz a défendu sa réaction à l'affaire en déclarant : "Je suis stupéfait : "Je suis stupéfait, je ne comprends pas ce dont l'archevêque m'accuse. C'est incroyable".

Les Dernières Nouvelles d'Alsace ont rapporté le 18 avril que Ravel avait révoqué un deuxième membre du conseil épiscopal, le père Hubert Schmitt.

Mgr Ravel n'a pas assisté à l'assemblée plénière des évêques français qui s'est tenue à Lourdes du 28 au 31 mars, apparemment pour des raisons de santé. 

La Conférence des évêques de France (CEF) a publié le 20 avril une brève déclaration dans laquelle elle reconnaît que Mgr Ravel a présenté sa démission.

"En ces temps difficiles pour tous les catholiques d'Alsace, la CEF tient à assurer Mgr Ravel, les prêtres et tous les fidèles de l'archidiocèse de Strasbourg de sa prière et de son soutien fraternel.

Des manifestants se sont rassemblés pour demander la démission de Mgr Ravel avant la messe chrismale du 4 avril à la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg.

Sur le site Internet de l'archidiocèse de Strasbourg, un message placé sous la déclaration de démission de Mgr Ravel indiquait : "Notre diocèse traverse une période difficile : "Notre diocèse traverse une crise grave qui affecte chacun de ses membres". 

"Gardons les yeux fixés sur le Christ, en priant avec insistance pour surmonter les divisions, pour travailler à la paix et à l'unité qu'il a voulues".

Commentaires

  • Depuis plus de 40 ans j'étudie la crise que traverse l'Eglise et qui est liée à déliquescence de la théologie morale, de la liturgie, de la prière. Notre diocèse de Strasbourg (comme d'autres diocèses) reçoit en pleine figure les résultats de la pastorale mise en place après Vatican II et dont on nous disait haut et fort qu'elle ferait connaître un nouveau printemps à l'Eglise. Et à cette époque, ceux qui osaient dire que cette pastorale était construite sur du vent et ne produira rien étaient considérés comme d'affreux "traditionalistes" que l'intelligentsia diocésaine (composés de responsables autoproclamés) devaient s'empresser de réduire au silence. On paie le prix fort de l'incompétence de clercs qualifiés d'esprits faibles par Mgr Gaidon dans l'un de ses derniers livres.

  • Bonjour,

    Premièrement, une remarque : deux amours ont fait deux Églises :

    - l'amour de la vérité et le service de la distinction entre les erreurs et la vérité a contribué au déploiement, dans l'histoire, de l'Eglise catholique,

    et

    - l'amour de "l'unité" et le service de la distinction entre les divisions, issues du passé donc jugées dépassées, et "l'unité", ouverte sur l'avenir et promise par l'avenir, a contribué à l'intrusion, dans l'histoire, de l'Eglise du Concile,

    d'où le développement du consensualisme fraternitaire dans le cadre du dialogue interconfessionnel oecuméniste, dans celui du dialogue interconvictionnel et dans celui du dialogue interreligieux inclusiviste.

    Deuxièmement, une question : les clercs qui président à la postmodernisation et/ou à la protestantisantion de l'Eglise catholique, au moins depuis 1962, ont-ils bien conscience de leur part de responsabilité dans la pérennisation de la dégringolade ? En sont-ils fiers ou en ont-ils honte ? S'ils en sont fiers, pourquoi n'affichent-ils et n'assument-ils pas davantage leurs motifs de satisfaction ? Et s'ils en ont honte, qu'est-ce qui les empêche d'arrêter de consensualiser et de se remettre à évangéliser, bien entendu dans l'acception conversive, et non inclusive, de l'évangélisation ? Merci beaucoup pour toute réponse.

    Bonne journée.

  • Le plus important est ce qui suit : compte tenu de l'incription, dans la durée,

    - du caractère hégémonique de l'idéologie, plus ou moins "conciliaire", du dialogue, de l'inclusion, du renouveau et de l'unité,

    et

    - du mode de détection, de formation, de promotion et de sélection des futurs évêques membres du Parti iréniste et utopiste,

    nous sommes aujourd'hui en présence d'évêques dont le Comité central du même Parti peut dire qu'ils ont un bilan satisfait, dans la mesure où ils ont continué à maintenir les fidèles à grande distance de la présence d'esprit de prendre en compte le contenu de textes tels que Veritatis splendor (1993) et Dominus Iesus (2000).

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