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Regard évangélique sur le relativisme de François

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De Francis-George Sarpédon sur "Christianisme aujourd'hui" (magazine chrétien évangélique suisse) :

Le pape François contesté au Vatican pour son relativisme

© Youtube
Évangéliques et catholiques se sont souvent regardés en chiens de faïence. Précurseur de l’ouverture, le pape tente des rapprochements. Au détriment de la foi elle-même?

Lors de sa visite en Allemagne en 2011, Benoît XVI avait reproché aux luthériens de n’être «pas assez fidèles à la pensée originale de Martin Luther, en mettant de côté la question du péché et en ayant oublié son inquiétude envers le salut», selon le journaliste de La Vie, Jean Mercier. François se montre bienveillant envers les protestants traditionnels et évangéliques. Il a notamment visité une congrégation pentecôtiste «à titre privé» en juillet 2014. Et pourtant…

Son refus d’évangéliser

Les évangéliques ont longtemps affiché une distance, parfois hautaine, par rapport au catholicisme, souvent sans le connaître. Toutefois, on assiste aujourd’hui à un changement sans qu’ils connaissent la théologie de François. Ses gestes envers les évangéliques et autres protestants s’accompagnent pourtant de vues parfois radicalement différentes des leurs sur des points où ils sont censés s’accorder, comme le salut en Christ.

En janvier 2016 déjà le Vatican avait présenté une vidéo avec le pape et quatre religieux – un catholique, une bouddhiste, un musulman et un juif – assurant tous croire en l’amour et être «tous enfants de Dieu», chacun montrant un symbole religieux, une poupée représentant Jésus nourrisson pour le prêtre. Ce premier message vidéo du pape quant à ses intentions de prière mensuelles appelait les croyants à collaborer, sans inciter à témoigner de la foi chrétienne.

La polémique des statuettes de la déesse-Terre

Dans cette veine, s’est tenue en 2019 une cérémonie en présence du pape autour de cinq statuettes de la déesse-terre andine Pachamama déposées dans les jardins du Vatican, avant le Synode sur l’Amazonie. Les représentations ont ensuite été placées devant l’autel principal à Saint-Pierre et «transportées en procession dans la salle du Synode». Des catholiques ont dénoncé «un acte d’adoration idolâtre de la déesse païenne», ce qu’a nié François par la voix de Paolo Ruffini, préfet du Dicastère pour la Communication. Selon ce dernier, «ces statuettes représentent la vie, la fertilité, la terre-mère». Pas de quoi les rassurer.

Cette approche diffère radicalement de celle de Benoît XVI, violemment critiqué en 2007. Il avait – maladroitement, mais avec un souci évangélique – déclaré que les Amérindiens, «sans le savoir, cherchaient [le Christ] dans leurs riches traditions religieuses. Le Christ était le sauveur auquel ils aspiraient silencieusement.» Divers prélats ont critiqué les positions exprimées par le Synode. L’évêque Athanasius Schneider accusait même l’exhortation «Amazonie bien-aimée» du pape de soutenir implicitement «une spiritualité panthéiste et païenne», ajoutant que cet angle affaiblissait le mandat d’évangélisation de l’Eglise.

Alors que Benoît XVI gardait une certaine distance non complaisante par rapport aux évangéliques, ses positions en matière de christologie et d’évangélisation étaient plus proches des leurs que ne le sont celles de François. Au-delà des apparences. Jusque sur les sujets sociétaux, le pape innove, nommant même l’activiste pro-avortement Maria Mazzucato à l’Académie pontificale pour la vie en 2022. Si François a nommé des cardinaux conservateurs, ils avaient dépassé l’âge limite pour voter (80 ans). En revanche, il multiplie les nominations de cardinaux électeurs sur sa ligne afin de pérenniser voire accentuer les mutations théologiques, «pas très catholiques».

Commentaires

  • Celui qui lit la Bible s'aperçoit qu'aussi bien dans l'ancien testament que dans le nouveau, le vrai Dieu ne supporte pas les idoles. Accroché et fidèle à Celui qui a dit "Je suis LE chemin, LA vérité et LA vie et qui précise que nul ne va au Père que par Lui", comment un saint Paul pourrait-il approuver un pape qui affirme que "Dieu a VOULU la diversité des religions" et qui, finalement, en arrive à mettre sur le même pied Jésus-Christ, bouddha, Mahomet et la déesse -terre Pachamama? . Evidemment, le salut éternel des âmes et l'avenir de tous ceux qui, chaque jour migrent vers l'au-delà étant la dernière de ses préoccupations, et que plutôt que de se préoccuper du refroidissement de la foi notre pontife actuel préfère s'inquiéter du réchauffement climatique, qu'attendre de plus qu'une rupture vis à vis de 2000 ans de christianisme?

  • La façon dont l’article oppose François à Benoît XVI est trompeuse. J’en veux pour preuve que François a lui-même cité la phrase de Benoît XVI au sujet des Amérindiens dans le Message de 2019 pour la journée mondiale des missions, en disant qu’il faisait siens ses propos : https://www.vatican.va/content/francesco/fr/messages/missions/documents/papa-francesco_20190609_giornata-missionaria2019.html

  • L'erreur d'appréciation sur ce dont il est question ici, à savoir la subordination de l'évangélisation à la consensualisation, découle fréquemment d'une polarisation sur la mise en oeuvre de cette subordination par Francois, comme s'il était le premier pape entièrement post-conciliaire qui en est responsable, alors que, dans ce domaine, il est un continuateur de Jean-Paul II et de Benoît XVI, un continuateur moins discret ou moins subtil.

    Oui, encore plus depuis Jean-Paul II que depuis Vatican II, les papes adhèrent à une espèce de latitudinarisme ad extra en matière religieuse, ce latitudinarisme étant caractérisé par la subordination de l'évangélisation vers les personnes croyantes non chrétiennes à la consensualisation avec les religions et les traditions croyantes non chrétiennes.

    C'est comme si l'annonce conversive de la vérité in Christo était subordonnée à la construction inclusive de l'unité in mundo, notamment dans le cadre de l'abrahamisme.

    Le plus amusant ou inquiétant est que cette construction est présentée par ses promoteurs et par ses serviteurs comme une démarche authentiquement évangélique, alors que, en réalité, cette démarche est bien plus accommodante que vraiment évangélique.

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