Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

En Belgique : plus aucun sexe, le nihilisme à l'état civil

IMPRIMER

De Tommaso Scandroglio sur la Nuova Bussola Quotidiana :

"Plus aucun sexe, nous sommes belges". Voici le nihilisme à l'état civil

19-06-2023

A la demande de la Cour constitutionnelle, le Parlement belge adopte une loi qui permettra à une personne de changer légalement de sexe quand elle le souhaite, sur simple demande. Et à l'horizon, une proposition visant à abolir l'indication du sexe sur les documents officiels afin de ne pas discriminer les personnes non binaires. Et nous sommes toujours en route vers le but ultime : l'effacement de l'identité personnelle, l'élimination de la nature humaine.

En Belgique, une loi sur le "changement de sexe" était en vigueur depuis 2017 et semblait en avance sur son temps. Pour une rectification sexuelle, une auto-déclaration à l'état civil suffisait sans passer par le chirurgien, l'endocrinologue pour les hormones, ou le psychologue. Toutefois, l'approbation du tribunal de la famille était requise.

Mais cette règle a semblé un peu désuète à la Cour constitutionnelle, qui a donc demandé au Parlement de la modifier. Vincent Van Quickenborne, ministre de la Justice, et Marie-Colline Leroy, secrétaire d'État à l'Égalité entre les femmes et les hommes, ont donc proposé un projet de loi qui semble avoir été écrit par un auteur de fantasy. Les amendements à la loi de 2017, qui ont été approuvés le 14 juin par la commission de la justice de la Chambre et qui attendent le placet de la plénière, stipulent que le "changement de sexe", contrairement au cadre réglementaire précédent, peut avoir lieu un nombre indéfini de fois.

En d'autres termes, Mauro peut devenir Maura et vice versa autant de fois qu'il le souhaite et uniquement en se rendant au bureau de l'état civil, sans même avoir à demander l'autorisation du tribunal de la famille. Ainsi, par hypothèse, une personne pourrait être de sexe masculin de janvier à juin et de sexe féminin de juillet à décembre, et ainsi de suite chaque année. La femme est mobile et l'homme aussi, pourrait-on conclure. Le sexe deviendrait alors comme la cravate, un accessoire qui change en fonction de l'humeur ou de la robe que l'on porte. Le sexe comme accessoire, en effet.

La Cour constitutionnelle a demandé ce changement parce que l'irrévocabilité du premier choix de "changement de sexe" avait semblé aux juges - devinez quoi ? - discriminatoire à l'égard des personnes qui se sentent "fluides", c'est-à-dire dont la perception de leur sexualité varie dans le temps. Les bloquer dans leur première option avait semblé un peu trop rigide. D'autre part, si l'on peut hypothétiquement changer de conjoint un nombre incalculable de fois, on ne voit pas pourquoi on ne pourrait pas faire de même avec le sexe. Ainsi, le changement de nom pourrait avoir lieu plusieurs fois et à chaque fois un nouveau nom pourrait être utilisé. La Babel de l'onomastique.

L'amendement suivant, déjà approuvé par la Cour constitutionnelle, prévoit la reconnaissance dans le registre des personnes non binaires, c'est-à-dire des personnes qui ne se reconnaissent pas comme appartenant au sexe masculin ou féminin. Elles se croient neutres, comme une feuille blanche qui n'est ni bleue ni rose, ou elles s'imaginent appartenir à un troisième sexe, mais difficile à représenter. Il va sans dire que ce changement répond à la nécessité, selon les juges, d'appliquer le principe d'égalité également à ces personnes vivant dans le flou sexuel.

Mais ce n'est pas tout. Cette dernière réforme permettrait aux personnes qui se perçoivent comme non binaires et donc, comme expliqué, tertiaires, d'apposer un joli X sur leurs documents d'identité, en lieu et place des castrateurs M et F. Ouvrons une brève parenthèse philosophique : chacun sait qu'en mathématiques, le X indique une inconnue et il a donc semblé aux Belges, et pas seulement à eux, que cette lettre était tout indiquée pour ceux qui ne savent pas qui ils sont d'un point de vue sexuel (un X si semblable à l'astérisque grammaticalement ambigu). Une inconnue qui ne doit pas être résolue, car nous vivons au temps des questions, des incertitudes, et certainement pas au temps des réponses et de la vérité.

Cette parenthèse refermée, revenons aux aspects juridiques de cette réforme : une retombée négative qui pourrait découler de l'apposition de ce X sur les passeports et les cartes d'identité (une identité dépourvue d'identité sexuelle, notons-le en marge) serait que quelqu'un s'étonne de cet étrange symbole et arque un sourcil. Une telle éventualité est immédiatement apparue aux juges comme - devinez encore ? - discriminatoire à l'égard des tiers du sexe anagraphique. La rumeur se répand donc de plus en plus - ouïe, ouïe - de supprimer toute référence au sexe, réel ou supposé, sur les documents officiels. Le sexe disparaîtrait et, tôt ou tard, deviendrait également sans importance d'un point de vue social, comme s'il s'agissait d'un accessoire de la personne, ni plus ni moins que la pointure des pieds. Un monde où il suffirait de se présenter comme homme, femme ou transsexuel apparaîtrait démodé, dépassé, voire politiquement incorrect, parce qu'il discriminerait ceux qui sont plus avancés dans leur conscience du monde et savent que le sexe n'a rien à voir avec le bonheur d'une personne. L'anti-culture criera au scandale de la suprématie sexuelle.

Nous arrivons enfin à ce que veut le lobby LGBT et, plus haut que lui, à ce que veut la pensée révolutionnaire : le nihilisme sexuel. Le "changement de sexe" n'est qu'une étape intermédiaire car le but est le néant sexuel, c'est-à-dire l'effacement de l'identité sexuelle, partie intégrante de l'effacement de l'identité personnelle, de l'homme en tant qu'homme. Cette dynamique sexoclaste s'inscrit parfaitement dans le processus post-humain qui prône la fusion - et ce qui est fluide est susceptible d'être fusionné - entre l'homme et les plantes, les animaux et les choses pour aboutir à un indistinct où nous nous disperserons comme des cendres au vent (la pratique de la crémation est d'ailleurs influencée par ces suggestions).

Pour ce faire, il faut éliminer la nature humaine, c'est-à-dire l'identité personnelle, en commençant, par exemple, par les catégories homme et femme. Le transsexualisme est une première phase de cette fusion indistincte, car il voudrait éliminer la frontière existante entre l'homme et la femme, mais c'est une phase imparfaite. En fait, les catégories sexuelles elles-mêmes doivent être abandonnées, car toute frontière est une limite qui opprime l'homme. Tout élément identitaire doit être combattu : mieux vaut appartenir à une religion universelle qu'à la religion catholique ; mieux vaut la citoyenneté universelle que l'amour de la patrie ; mieux vaut le multiculturalisme que la défense de la culture catholique ou italienne ; mieux vaut la mondialisation que la nation ; mieux vaut le polyamour que le bon vieux monoamour ; mieux vaut la promiscuité que la fidélité ; mieux vaut la famille que la famille ; mieux vaut les éprouvettes et les utérus homologues et hétérologues à louer que la procréation naturelle ordinaire née de ce monotype qu'est la relation sexuelle inventée par le Dieu inimaginable des Chrétiens. Fini donc toute frontière, toute barrière, tout mur, tout périmètre, toute limite, toute forme. Nous devons être illimités, infinis, indistincts, indéfinis, ambigus, confus et informels. Nous devons enfin nous libérer de tout ce qui est, pour nous dissoudre dans ce qui n'est pas. Nous devons disparaître dans le néant.

Commentaires

  • C'est une idée géniale : les quota de femmes vont pouvoir être supprimés : il suffira de se déclarer femme au moment d'une demande de promotion, pour entrer dans un conseil d'administration, pour se présenter dans une liste de parti, pour accéder à un programme, pour entrer dans une université ou école......

  • Plus de sexe ? Snif, c'est donc fini : nous ne verrons plus Magnette, président du PS, aux débats politiques télévisés. Il venait d'annoncer qu'il ne viendrait plus qu'en cas de parité entre participants masculins et féminins.
    Mais qui a donc bien pu nommer ces juges ? N'est-on jamais trahi que par ses proches ?

  • Toutes les idéologies qui se muent en totalitarisme finissent tôt ou tard par passer... L'idéologie du genre devient cela avec l'officialisation de son "discours" stupéfiant. Elle passera comme les autres, non, hélas, sans avoir fait des dégâts.
    Aussi terribles, meurtriers et abominables que puissent être et avoir été d'autres dictatures, il me semble que, jamais, l'intégrité psychique de la population n'ait été autant menacée qu'avec, notamment, ce qui est décrit dans cet article.
    Je crains une épidémie de troubles psychiatriques à très grande échelle.

Les commentaires sont fermés.