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31 juillet : 30e anniversaire de la disparition du roi Baudouin

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De Vincent Delcorps sur cathobel :

Baudouin Ier : le premier roi des Belges (vraiment) catholique

A l’époque comme avec le recul, les témoignages abondent. Ils révèlent un homme qui sort de l’ordinaire. Qui offrait à ses interlocuteurs une exceptionnelle qualité de présence. Une écoute, un regard, susceptibles d’offrir à l’autre le sentiment d’exister. Et si la foi ne peut tout expliquer, on ne peut comprendre Baudouin sans s’intéresser à sa relation à Dieu.

La quête de sens dès l’enfance

Nous sommes le 29 août 1935. Baudouin n’a pas encore 5 ans quand sa vie bascule dans un tragique virage, au bord du lac des Quatre-Cantons, en Suisse. Brièvement inattentif, son père, Léopold III, perd le contrôle de sa voiture. Il s’en remettra. Mais Astrid, son épouse, ne se relèvera pas. Un véritable tournant. « Evidemment, il est impossible de connaître le cœur des personnes », nuance Vincent Dujardin. « De plus, certaines archives demeurent inaccessibles. Mais il semble que la mort de sa mère ait joué un rôle important dans la vie de foi de Baudouin. Cet événement l’a conduit à s’interroger assez jeune sur l’au-delà. » C’est donc très tôt que le prince manifeste un intérêt marqué pour les questions de sens et de religion. Au fil des ans, plusieurs aumôniers lui permettent de creuser sa quête. Et devenu adolescent, c’est tous les jours qu’il désire participer à l’eucharistie – parfois au grand dam de son père.

Car contrairement à ce qu’on pourrait penser, la foi catholique ne relève pas alors de l’évidence au Palais de Bruxelles. C’est dans la religion protestante que Léopold Ier avait grandi. Léopold II n’avait aucun sens du religieux. Albert Ier était très marqué par le protestantisme. Et Léopold III avait, après son abdication, une vision panthéiste – il croyait en un Dieu présent en tout plus que dans la transcendance d’un Dieu monothéiste. « Le chemin de Baudouin est donc un chemin assez personnel », remarque Vincent Dujardin. « En fait, il sera le premier roi des Belges catholique! »

Le roi catholique… de tous les Belges!

Nous sommes le 17 juillet 1951. Baudouin n’a pas encore l’âge de la majorité, mais le voilà déjà appelé à prêter serment. Toujours bien vivant, son père a été emporté par la fièvre de la Question royale. Une épreuve de plus pour un jeune homme qui n’a pas été épargné par la vie (perte de sa mère, guerre, exportation, exil, abdication de son père…). Le voilà à présent appelé à régner sur un pays qu’il connaît mal. Meurtri, en outre, par la douloureuse impression de trôner à la place de son père.

Un élément va singulièrement le soutenir: sa foi. Croire en Dieu l’aide à trouver un sens à sa vie. Mais aussi à faire preuve de courage, à poser des choix. « Il voulait toujours bien faire, agir en conscience », souligne Vincent Dujardin. « Il essayait de traduire dans son rôle de roi les valeurs en lesquelles il croyait. Notamment les valeurs de la famille, le souci pour la jeunesse, la solidarité, l’accueil… Il a essayé de vivre le message de l’Evangile. » Discrètement, il arrivera au roi des Belges de se rendre dans un hôpital, au chevet de personnes mourantes, sans journaliste ni relais sur les réseaux sociaux – encore inexistants. Et lorsqu’il est de voyage en Ethiopie, le roi brave toutes les consignes de sécurité en embrassant des personnes atteintes de la lèpre…

Mais si le monarque est catholique, il est bien le roi de tous les Belges. L’homme en est conscient. Trop clairement afficher ses convictions religieuses risque de jouer contre lui. Rétrospectivement, il n’y a sans doute qu’en 1990, sur la question de l’avortement, que la foi de Baudouin a une véritable incidence politique. « Mais même sur ce dossier, il a agi en étant couvert par son gouvernement », souligne Vincent Dujardin. « Sur l’ensemble de son règne, je ne connais pas un seul cas où il aurait mené de politique parallèle. »

Le roi Baudouin, un homme de prière

Nous sommes le 15 décembre 1960. Baudouin a déjà 30 ans et il se marie enfin. A ses côtés, une Espagnole. Catholique, naturellement. « Sans doute n’aurait-il pas pu épouser une femme qui ne partageait pas sa foi », souligne Vincent Dujardin. Quelques mois plus tôt, les tourtereaux se sont fiancés sous le regard de la Vierge, à Lourdes. Un lieu que Baudouin affectionne particulièrement. L’homme est très attaché à la spiritualité mariale.

Ce mariage, c’est un autre tournant, plus heureux cette fois. Soudainement, le jeune homme triste se met à sourire. Au fil des ans, le couple se montrera uni, solide. Et priant. « On dit parfois que c’est le catholicisme très espagnol de Fabiola qui soutenait Baudouin. L’inverse est peut-être encore plus vrai: le catholicisme très ancré de Baudouin soutenait son épouse », relève encore l’historien.
Personnalité publique, Baudouin ne peut participer aux événements d’Eglise comme il le souhaiterait sans doute. Il n’empêche; avec ferveur, il prend soin de sa relation à Dieu.

 A lire: « Le Roi Baudouin, l’héritage d’une vie » par le Cardinal Suenens

Loin des regards, il participe à la messe quotidienne, partage des temps de prière avec des chefs d’Etat étrangers, reçoit des aumôniers… Plutôt progressiste ou tradi? « Ceux qui enferment le roi Baudouin dans une chapelle le connaissent mal », répond Vincent Dujardin. « Il a pu admirer le cardinal Suenens tout autant que le pape Jean-Paul II. Il a bénéficié de l’accompagnement de plusieurs prêtres. Il était proche de l’abbaye de Rochefort, encore plus du Mouvement charismatique, des chartreux de Bethléem ou de la Légion de Marie. Il lisait Thomas More, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, Louis-Marie Grignon de Montfort… Sans oublier son profond respect des autres religions, typique de l’esprit de Vatican II. »

L’héritage du roi Baudouin

Nous sommes le 7 août 1993. Baudouin n’a pas encore 63 ans mais le voilà déjà dans son cercueil. Cette mort, il l’a sentie venir; à certains proches, dans les jours qui l’ont précédée, il a donné des signes. « On peut comprendre que son cœur était usé, c’est un homme qui a beaucoup souffert », relève Vincent Dujardin. « Sans doute sa foi l’a-t-elle aidé à porter ses souffrances. Et à garder le sourire. » Dans la foulée du décès, des centaines de milliers de Belges font la file, de longues heures durant, pour saluer leur roi.

En ce 7 août, c’est toute la Belgique qui pleure. Et le monde entier qui se trouve à Bruxelles. « L’ampleur et le niveau des délégations présentes à cette messe n’ont sans doute été égalés à ce jour que par les enterrements de Jean-Paul II, Nelson Mandela et de la reine Elisabeth II », observe encore Vincent Dujardin. Baudouin n’a pas préparé la messe de ses funérailles, c’est donc Fabiola qui s’en charge. C’est elle qui décide ainsi d’offrir la parole à divers témoins, dont une prostituée, en fin de messe. Quant aux paroles du cardinal Danneels, elles résonneront longtemps. « Il y a des rois qui sont plus que des rois… »

« Ceux qui enferment le roi Baudouin dans une chapelle le connaissent mal. »

Vincent Dujardin

Reste l’héritage. Et là aussi, la foi. Il est étonnant de constater que si le Palais n’était pas franchement catholique avant Baudouin, il l’est resté depuis lors. « Je crois qu’on peut dire que le rayonnement de sa foi s’est partagé en famille », soutient Dujardin. « Baudouin s’est toujours très bien entendu avec son frère, et on peut penser que la foi de Baudouin a marqué Albert, ainsi que Paola. » Le rayonnement est puissant. En 1995, le pape Jean-Paul II effectue une visite en Belgique. C’est sur sa volonté propre, et en dehors du programme officiel, que le pape va s’agenouiller dans la crypte royale de Laeken.

Un saint? « En tant qu’historien, ce n’est pas mon job d’avoir un avis à ce sujet », sourit Vincent Dujardin. « Mais on peut constater que dès après sa mort, certains journaux ou hebdomadaires belges posaient la question. Evidemment, c’est une question qui appartient à l’Eglise et qu’elle traitera selon les critères habituels. »

Une messe avec le nouvel archevêque

Le samedi 9 septembre, à 11h, une messe d’action de grâce sera présidée par Luc Terlinden, le nouvel archevêque de Malines-Bruxelles, en l’église de Notre-Dame de Laeken, en présence du Roi et de la Reine, et d’autres membres de la Famille royale. La Chorale du Mardi, accompagnée de quelques musiciens de l’ensemble des Minimes, assurera la partie chantée de la messe.

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