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Qui sont les deux cardinaux chargés par le pape de piloter le prochain synode mondial sur la réforme de l'Eglise ?

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De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro via Il Sismografo :

Ces deux cardinaux choisis par le pape pour piloter un synode décisif

Pour Mario Grech et Jean-Claude Hollerich, si l’Église veut attirer les gens vers le Christ, elle n’a qu’un seul avenir, celui de «s’adapter» à tout prix. 

Deux cardinaux guident la diligence du prochain synode mondial sur la réforme de l’Église. L’un est un homme d’action, l’autre est plutôt en retenue. Les deux ont été choisis par le pape François. L’actif, c’est le Maltais Mario Grech. Né il y a soixante-six ans sur l’île de Gozo, où Saint Paul aurait fait naufrage, ce diplômé d’un doctorat de droit canonique à Rome est devenu prêtre puis évêque de ce petit diocèse de 67 km2 et de 30.000 fidèles.

En 2015, le poste de l’archevêché de Malte échappe de justesse à cet «intrigant ambitieux», selon ses adversaires, parce que des prêtres de son diocèse ont dénoncé à Rome et publiquement ses manières «brutales», son goût pour les «biens matériels» et la mauvaise gestion de cas de prêtres pédophiles. Cela n’empêchera pas François de le nommer secrétaire général du synode des évêques en 2019, puis cardinal en 2020. Ses interventions en conférence de presse, où il répète des slogans aussi ronflants que vides, sont confondantes à ce niveau de responsabilité mondiale. Mais cet organisateur est là pour faire fonctionner la machine synodale.

Siège à ses côtés un redoutable jésuite d’une toute autre envergure. Jean-Claude Hollerich a 64 ans. Il est archevêque du Luxembourg. François ne lui a pas confié les rênes, le fouet et le frein de la diligence mais la carte et la route à suivre. Et surtout, les obstacles et impasses à éviter. C’est lui la tête pensante. Son tact de missionnaire - il a passé une partie de sa vie au Japon comme professeur d’université après avoir étudié en Allemagne - et sa détermination tranquille de religieux de la Compagnie de Jésus seront ses atouts maîtres.

S’il ose dire - pour rassurer le bon peuple - comme il l’a fait publiquement en conférence de presse de présentation de l’instrument de travail du Synode le 20 juin, qu’il n’a pas «d’agenda», donc pas de programme précis pour ce synode à venir, il faut l’entendre à la manière jésuite, dans un sens ambigu. Car il détaille par ailleurs son agenda à longueur d’interviews comme dans La Croix L’Hebdo, en janvier dernier.

Une «révolution anthropologique»

Quelle est la vision de l’Église de celui qui a la charge décisive de «rapporteur» du prochain synode, autant dire de président? Il considère que le monde vit une «révolution anthropologique» qui apporte un «changement de civilisation». Selon lui, l’expression du message de l’Église est devenue archaïque et «incompréhensible» pour le plus grand nombre. Si l’Église veut attirer les gens vers le Christ, elle n’a qu’un seul avenir, celui de «s’adapter» à tout prix. Mais elle doit commencer par «écouter» en dialoguant «humblement» avec ceux qui ne fréquentent pas les assemblées et qui sont «aux marges», «sans exclusion» aucune, afin de créer un nouveau «langage».

L’Église, dans le même temps, doit se réformer à l’intérieur en donnant toute sa place au «sacerdoce de chaque baptisé» avant celui du «sacerdoce ministériel», celui des prêtres, qui a été survalorisé de son point de vue. Elle doit accorder aux femmes des responsabilités et un statut de «diacre». Elle doit aussi revisiter ouvertement la question de la «sexualité des prêtres» qui ne devraient pas nécessairement être assignés au «célibat».

Pour Jean-Claude Hollerich, l’Église doit récuser toute «exclusion» des «couples homosexuels» qu’elle ne peut toutefois «pas marier» mais «bénir». Il aime à dire qu’il faut inventer une pastorale qui parle «à l’homme actuel» et non à celui qui n’existe plus, en abandonnant des méthodes d’une époque définitivement «dépassée». Ce qui ne serait pas une évolution «libérale» de l’Église mais «radicale», à l’image du pape François, assure-t-il.

Commentaires

  • C'est l'occasion de rappeler qu'il n'y a pas, entre autres courants,

    - d'un côté, "le catholicisme traditionnel", qui aurait besoin d'être caractérisé, d'où la présence de l'adjectif "traditionnel", comme si cette présence était informative, à elle seule, sur une anomalie singulière, qui serait fautivement réfractaire, notamment face aux trois idéaux que sont l'avenir, l'inclusion et l'unité,

    et,

    - de l'autre côté, "le catholicisme" tout court, qui n'aurait pas besoin d'être caractérisé, d'où l'absence d'adjectif particulier, comme si cette absence était informative, à elle seule, sur sa légitimité et sur le fait que cette légitimité serait une évidence qui existerait par elle-même ou reposerait sur elle-même.

    Certes, le catholicisme traditionnel est ou se veut traditionnel dans la foi, la liturgie, la morale, les sacrements, et en ce sens sa singularité est caractérisable par le recours à l'adjectif "traditionnel".

    Mais le catholicisme non traditionnel, de son côté, n'est pas seulement non traditionnel, car il est ou se veut avant tout transformateur, transformateur des structures et des relations qui caractérisent l'Eglise catholique, non seulement ad extra, d'où les différents "dialogues", mais aussi ad intra, d'où le processus conciliaire, avant hier, et le processus synodal, aujourd'hui.

    Il pourrait donc être utile que l'on arrête de parler d'une dynamique réformatrice ou rénovatrice, qui a été ante-conciliaire, dès les années 1930 à 1960, et intra-conciliaire puis post-conciliaire, jusqu'à nos jours, car cette dynamique, qui n'aurait pu être que réformatrice ou rénovatrice en surface, a été et est toujours profondément et durablement transformatrice de l'Eglise et des fidèles, la transformation substantielle des structures mentales des catholiques n'ayant certes pas attendu l'année 2012-2013, ni même, en un sens, l'année 1962-1963, pour commencer à être à l'ordre du jour, comme on l'a vu, en Europe occidentale, entre 1945 et 1960.

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