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Quand, pour la première fois depuis Vatican II, des cardinaux et des évêques…

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De l'abbé Claude Barthe sur Res Novae :

Pour la première fois depuis Vatican II, des cardinaux et des évêques…

 

Du mal, Dieu peut providentiellement faire surgir un plus grand bien. La déclaration Fiducia supplicans du Dicastère pour la Doctrine de la Foi[1], affirmant dans son n. 31 qu’« il est possible de bénir les couples en situation irrégulière et les couples de même sexe » a créé une situation nouvelle : un nombre important d’évêques dans le monde, parfois des épiscopats entiers, ont fait savoir qu’ils ne recevaient pas cet enseignement officiel en rupture avec l’enseignement pérenne de l’Église et ont interdit à leurs prêtres de procéder à de telles bénédictions. C’est un signe d’espérance au sein de l’immense déréliction d’un troupeau des fidèles qui a souvent l’impression d’être sans pasteurs.

Deux remarques s’imposent :

1°/ On note que beaucoup de réactions épiscopales interdisent seulement à leur prêtres de bénir des couples homosexuels.

Cependant, il faut prendre garde au fait que refuser la bénédiction des couples de même sexe – qui causent assurément un très grand scandale – sans s’exprimer sur la bénédiction des couples irréguliers, tend à légitimer de facto ces « remariages ». Or, la demande de cette bénédiction, ou d’une prière, est de très loin la plus fréquente dans les paroisses. C’est à elle surtout que sont confrontés les curés. Un nombre non négligeable d’entre eux acceptent de bénir les couples irréguliers dans un cadre familial ou même à l’église sans être condamnés ni même rappelés à l’ordre. Il faut donc saluer les réactions épiscopales, comme celle de l’épiscopat de Hongrie, qui visent tant les bénédictions de couples du même sexe que celles des couples non mariés validement.

2°/ On constate ainsi, à l’occasion de ces déclarations épiscopales, que les atteintes à la doctrine morale de l’Église provoquent plus aisément de salutaires réactions que d’autres infléchissements doctrinaux, comme ceux qu’on a pu noter à l’occasion du concile Vatican II et qui ont été confirmés par l’enseignement postérieur.

Pourtant, les bouleversements de l’ecclésiologie, tels que la doctrine de la liberté religieuse ou celle de l’œcuménisme, ont été de bien plus grande conséquence du point de vue de la compréhension que l’Église a d’elle-même et de sa mission que la déclaration Fiducia supplicans ou que l’exhortation Amoris lætitia.

Ce sont d’ailleurs ces inflexions ecclésiologiques majeures qui ont permis ensuite, comme une deuxième étape, celles concernant la morale, dans la mesure où elles ont ouvert la possibilité d’un enseignement officiel qui ne s’estime pas obligé à une cohérence rigoureuse avec le magistère antérieur.

Ces deux points précisés, il faut saluer dans l’action de grâces le fait que, pour la première fois depuis Vatican II, des cardinaux et des évêques en exercice ont publiquement protesté contre un enseignement officiel qui n’est pas en adéquation avec la transmission ininterrompue de la Révélation par le magistère de l’Église.

Commentaires

  • Je pense que cet article de l'abbé Claude Barthe ajoute de la confusion à la confusion.

    En effet il a tout à fait raison de reconnaître que la plupart des épiscopats dans le monde ont refusé d'appliquer cette autorisation pastorale venant de la DDF parce qu'elle leur paraissait en décalage avec à la doctrine de l'Eglise : Une bénédiction, même en privé, "du chemin de couples non légitimes" ressemble trop à une bénédiction "de l'illégitimité".

    Par contre lorsque l'abbé Claude Barthes fait croire que la doctrine universelle de l'Eglise a été changée, il plonge davantage dans le trouble les fidèles parce qu'il invite à douter du charisme d'infaillibilité du pape dont l'objet est justement de protéger la doctrine universelle.

    Certes on se serait passé de ce document pastoral : les gens ont du mal à le mettre en correspondance avec la doctrine. Mais la pastorale est pleine de gestes ambigus qu'on pourrait mal interpréter.

    Qu'on se souvienne par exemple de la doctrine de Vatican II qui affirme clairement que "les religions non chrétiennes ne sauvent pas mais possèdent SEULEMENT des éléments de préparation au salut". Les fidèles ont encore du mal à comprendre les gestes pastoraux du pape Jean-Paul II qui faisait entrer dans l'église des symboles d'autres religions pendant les réunions d'assise.

  • L'Eglise du Concile est une Eglise dans laquelle Dignitatis humanae et Nostra aetate ont fait, font et feront presque toujours plus autorité qu'une conception un tant soit peu non consensuelle ad extra de Dei verbum et de Lumen gentium.

    Or DH et NA ne sont que deux déclarations pastorales, tandis que DV et LG sont deux constitutions dogmatiques.

    Aussi, une Eglise dans laquelle presque tous les clercs accordent de facto plus d'autorité à deux déclarations pastorales qu'à deux constitutions dogmatiques se condamne à l'inscription dans la durée d'une certaine confusion doctrinalo-pastorale.

    Relisez le numéro 17 de Lumen Gentium, et voyez par vous-même le décalage entre sa coloration dominante et la tonalité générale de l'esprit du Concile, tel qu'il se trouve dans Nostra aetate, et plus encore entre cette coloration dominante et l'esprit d'Assise, dont on trouve au moins deux signes avant-coureurs dès la première encyclique de Jean-Paul II, Redemptor hominis, qui date de 1979.

    Il est certain que le "dépassement" conciliaire ou, en tout cas, post-conciliaire, de presque toute conception exclusiviste de la religion chrétienne et de presque toute conception orthodoxiste de la foi catholique, a été moins contesté par des cardinaux et des évêques, entre 1965 et 2012, que le "dépassement" bergoglien de la conception catholique de la morale chrétienne et des sacrements de l'Eglise, au moins depuis Amoris laetitia.

    Combien de dubia provenant de cardinaux ont-ils été adressés à Jean-Paul, à la suite de son discours du 22 décembre 1986, dans lequel figurent bien des expressions et des omissions assisiennes pour le moins inquiétantes ? Qui s'est exprimé, à cette époque, "plutôt contre" ce discours ?

  • Cher Benoît, merci pour votre message. Je pense qu'il existe dans les Constitutions pastorales du Concile Vatican II des éléments dogmatiques, et qu'il existe dans les Constitutions dogmatiques des éléments pastoraux.

    UN EXEMPLE : le document pastoral sur les missions (AD GENTES) contient cette phrase : "Les chrétiens doivent être familiers avec les traditions nationales et religieuses des autres peuples. Ils doivent découvrir avec joie et respect les semences du Verbe qui s'y trouvent cachées". La notion de "SEMENCES DU VERBE PRESENTES DANS LES AUTRES RELIGIONS", c'est de l'ordre de la doctrine universelle infaillible.

    Comment sortir donc de cette confusion qui depuis le concile Vatican 2 divise l'Eglise en 2 groupes :

    les tenants de la doctrine opposés aux tenants de l'amour ?

    Je pense que la solution serait que l'Eglise émette des canons spécifiques au concile comme il y en a eu dans tous les conciles auparavant (sauf au concile de Jérusalem). En fixant par quelques propositions claires ce qui est de foi, l'intelligence des fidèles s'en trouverait tellement éclairée !

  • Bonjour, bonne année 2024, et merci beaucoup à Arnaud Dumouch.

    Peut-être n'est-il pas totalement inapproprié de considérer ce dont il est question ici dans les termes qui suivent.

    Au moins deux conceptions des relations, d'une part entre l'Eglise catholique et son environnement extérieur, d'autre part entre la foi catholique et la charité chrétienne, sont en présence, disons depuis la fin des années 1920, Mortalium animos, de Pie XI, datant de 1928, et le début ou la poursuite du "dépassement" de cet enseignement par quelques intellectuels catholiques commençant juste après.

    Pour certains, ce qui compte le plus découle d'une articulation doctrinalo-pastorale, avant tout confessante et conversive, entre la charité et la vérité.

    Pour d'autres, ce qui importe le plus débouche sur une articulation doctrinalo-pastorale, potentiellement presque exclusivement dialoguante et inclusive, entre la charité et l'unité.

    Or, de même qu'il serait tout à fait inexact et injuste de considérer que tous les catholiques non opposés au controversisme et à l'exclusivivisme n'en ont rien à faire de la charité en direction des catholiques modernistes ou progressistes, des chrétiens non catholiques, des croyants non chrétiens et des non croyants, de même il serait tout aussi inexact et injuste de considérer que tous les catholiques non opposés au consensualisme et à l'inclusivisme sont indifférents à la charité en direction des catholiques conservateurs ou traditionnels.

    Il est tout à fait possible que les uns et les autres aient le souci de la charité, même s'ils n'en ont pas la même vision, mais il est certain que les catholiques intellectuellement et moralement ante-conciliaires (pour aller vite) n'ont pas plus le souci de l'unité que les catholiques qui sont nés, qui ont vécu et qui sont morts avant la fin des années 1950, et il est également certain que les catholiques intellectuellement et moralement post-conciliaires (pour être bref) ont bien moins le souci de la vérité que les catholiques qui sont nés, qui ont vécu et qui sont morts avant l'élection de Jean XXIII.

    Manifestement, pour beaucoup, la distinction régulatrice ad intra entre les erreurs et la vérité a été amputée ou déformée par une distinction orientative ad extra entre les divisions, réputées dépassés car provenant du passé, et l'unité, ouverte sur l'avenir et promise par l'avenir.

    Quelqu'un de sévère pourrait dire ceci : Être inclusif, ça vous pose un chrétien, comme être de garenne, ça vous pose un lapin.

    Quant aux religions non chrétiennes en tant que rayons de vérité ou semences du verbe, le soin vous est laissé de relire ces audiences générales de Benoît XVI :

    http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070321.html

    http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070418.html

    Si vous voulez comprendre pleinement la perte du goût pour la distinction entre les erreurs et la vérité et la perte du sens de cette distinction, au sein de l'Eglise catholique, au moins depuis TRENTE ANS AVANT l'annonce du Concile par Jean XXIII, vous pouvez relire le discours de Ratisbonne de Benoît XVI, surtout la partie de ce discours qui n'a pas du tout attiré ni retenu l'attention, en 2006...

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