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Le pape aurait-il renoncé à interdire la messe tridentine ?

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D'Élisabeth Caillemer sur le Journal du Dimanche :

Le pape François prêt à rejeter l’interdiction de la messe traditionnelle ?

Le pape François aurait décidé de ne pas signer un document visant à interdire strictement la messe traditionnelle en latin. Cette décision vise à éviter de raviver les tensions au sein des diocèses et à ne pas accroître la visibilité des groupes traditionalistes.

Le pape François aurait décidé de ne pas signer un document interdisant de manière plus stricte la messe traditionnelle en latin. Cette information, rapportée par le blog américain Rorate Caeli le 22 juillet, fait suite à des rumeurs persistantes évoquées par ce même blog un mois plus tôt, selon lesquelles le Vatican se préparait à durcir les règles concernant la messe antérieure au Concile Vatican II (ou messe tridentine).

L’article avait mentionné des « rumeurs graves, lourdes et persistantes » provenant de sources « très fiables », proches du cardinal Arthur Roche, préfet du Dicastère pour le Culte divin. Censé paraître le 16 juillet à l’occasion du troisième anniversaire du motu proprio Traditionis Custodes, ce texte était supposé en renforcer les restrictions en interdisant strictement à tous les prêtres, exceptés ceux des instituts traditionnalistes dits « Ecclesia Dei », ainsi qu’aux évêques, la célébration de la messe tridentine.

D’après Rorate Caeli, le pape François ne l’aurait pas signé par crainte qu’il n’intensifie les tensions au sein des diocèses, qu’il n’accroisse la visibilité des groupes soutenant la messe tridentine et ne créé des « martyrs » de cette messe. Le Saint Père aurait en outre été influencé par de nombreux évêques, prêtres, fidèles et personnalités le suppliant de ne pas entreprendre une telle démarche. Parmi ces supplications, une pétition publiée le 3 juillet dans le Times de Londres et signée par une cinquantaine de personnalités britanniques dont Julian Fellowes, créateur de la série historique Dowton Abbey, plusieurs membres de la Chambre des Lords, l’historien Tom Holland et le prince Michael de Kent, membre de la famille royale britannique.

« La liturgie traditionnelle est une “cathédrale” de textes et de gestes, qui s’est développée comme ces vénérables édifices au fil des siècles, indique notamment cette lettre, la détruire semble être un acte inutile et insensible. […] La capacité de l’ancien rite à encourager le silence et la contemplation est un trésor qu’il n’est pas facile de reproduire et qui, une fois disparu, est impossible à reconstruire. » Quelques jours plus tard, le cardinal Juan Sandoval Iniguez, archevêque émérite de Guadalajara (Mexique) écrivait au pape : « Ce que l’Église a célébré pendant quatre siècles, la messe de saint Pie V en latin, avec une liturgie riche et pieuse qui nous invite à pénétrer dans le mystère de Dieu, ne peut pas être mauvais. Pape François, ne laissez pas cela arriver. » Le 15 juillet, c’est l’archevêque de San Francisco, monseigneur Salvatore Cordileone qui demandait à son tour dans une lettre ouverte qu’aucune nouvelle restriction ne soit imposée à la célébration de l’ancienne messe.

Le pape François les a-t-il réellement écoutés ? Est-ce pour cette raison que le document n’est pas sorti ? Certains assurent qu’il n’a jamais existé. Le journal La Croix, dans son édition du 1er juillet, avait qualifié ces spéculations de « bavardages » et de « fantaisies », s’appuyant sur plusieurs sources vaticanes. Fin juin, sur le site américain The Remnant, Diane Montagna avait en revanche qualifié de « sérieux, réel, et potentiellement imminent » le « risque » d’un nouveau document dont elle faisait remonter l’origine à la fin de l’année 2021.

La vaticaniste américaine assurait même qu’il avait été présenté au pape François en janvier 2023 et que celui-ci avait refusé de le signer avant de demander à Monseigneur Vittorio Viola, secrétaire du Dicastère pour le culte divin, opposé à la messe traditionnelle, d’en rédiger une nouvelle version. C’est cette nouvelle version, soutenue d’après elle, par le Cardinal Pietro Parolin, le secrétaire d’État du Saint Siège et l’Archevêque Celestino Migliore, Nonce apostolique à Paris, qui menaçait d’être signée par le pape puis publiée le 16 juillet dernier.

« Un document a été élaboré sous la pression de certains évêques français, fervents opposants à cette messe et désireux de la voir disparaître. Bien qu’il n’ait aucune valeur juridique puisque le pape ne l’a pas validé, ils s’appuient dessus pour interdire aux fidèles la célébration de mariages et de baptêmes dans la forme traditionnelle », indique au JDD un ecclésiastique qui souhaite rester anonyme. Le Vatican n’a quant à lui jamais démenti ces rumeurs. Que ce document existe ou non, il est évident que la messe tridentine continue d’être dans le viseur de certains membres de l’épiscopat et de certaines instances romaines.

À Quimper, Mgr Laurent Dognin a décidé d’en réduire le nombre. En Espagne, l’archidiocèse d’Oviedo a interdit cette messe pour le pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté. Plus récemment, l’archevêque de Tours a interdit la messe tridentine à l’Université d’été de Renaissance Catholique. Autre exemple notable : le cas des Missionnaires de la Miséricorde divine, dont les ordinations dans l’ancien rite ont été suspendues par Monseigneur Viola, secrétaire du dicastère pour le culte divin.

« Il apparaît que la situation est bloquée non seulement en raison du rit de l’ordination, mais en raison de la possibilité pour les futurs prêtres de pouvoir célébrer dans l’ancien rite, a expliqué le supérieur de cette communauté tradi, l’abbé Jean-Raphaël Dubrule dans un communiqué. Aucune certitude concernant cette possibilité n’est donnée par les autorités romaines, et il se pourrait donc que des candidats soient ordonnés sans avoir le droit de célébrer ensuite selon l’ancien rit. Ils ne pourraient plus alors exercer leur ministère dans le cadre de la communauté et en conformité aux statuts. »

Bien que depuis la publication du motu proprio Traditionis Custodes en juillet 2021, qui a considérablement restreint la célébration de la messe selon le rite tridentin, le pape semble réticent à aller au-delà, il est clair que certains membres de la curie cherchent à pousser ces restrictions encore plus loin. Le sort de la messe tridentine n’est pas encore scellé.

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