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  • Le mythe des "coups d'État américains" en Ukraine. Les États-Unis ont-ils organisé l'Euromaïdan ?

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    De Massimo Introvigne sur Bitter Winter, la suite des deux articles précédents :

    III. Des prétextes pour une invasion. Le mythe des "coups d'État américains" en Ukraine. Les États-Unis ont-ils organisé l'Euromaïdan ?

    18/04/2022

    Une fausse théorie russe prétend que la révolution de 2014 a été organisée par les États-Unis par l'intermédiaire de la secrétaire d'État adjointe Victoria Nuland.
    par Massimo Introvigne

    Article 3 sur 4.

    Dans l'article précédent de cette série, nous avons vu comment, le lendemain du départ du président pro-russe Viktor Ianoukovitch de Kiev à la suite des manifestations de l'Euromaïdan, le Parlement ukrainien a voté sa destitution le 22 février 2014.

    Le Parlement a décidé de ne pas suivre la procédure formelle, et longue, de mise en accusation. Alors que M. Poutine a qualifié cette décision d'"inconstitutionnelle" et de "coup d'État", le Parlement s'est appuyé sur des avis juridiques indiquant que la situation était différente de la destitution d'un président en exercice. L'auto destitution de M. Ianoukovitch, au moment où il a quitté Kiev et son bureau, a créé une situation d'urgence.

    La Constitution ukrainienne autorise le Parlement à convoquer de nouvelles élections présidentielles si nécessaire, et le fait que le président ait quitté ses fonctions a créé ce besoin. Les experts occidentaux et ukrainiens ont divergé sur la nature du vote du 22 février, tout en reconnaissant que la situation d'un président en exercice fuyant son pays était sans précédent.

    Si les questions constitutionnelles peuvent continuer à être débattues, il est clair que ce qui est apparu le 22 février était la position d'une grande majorité du parlement, elle-même soutenue par une grande majorité des citoyens ukrainiens. Le Parlement a rapidement organisé de nouvelles élections présidentielles, qui ont été certifiées équitables par les observateurs internationaux, et qui ont permis à l'homme d'affaires Petro Porochenko d'occuper la présidence, qui est resté au pouvoir jusqu'en 2019, date à laquelle il n'a pas réussi à se faire réélire et a été battu par l'actuel président ukrainien, Volodymyr Zelenskyy.

    Il est un peu étrange que la Russie et ses partisans à l'étranger, qui sont rarement des experts en droit constitutionnel ukrainien, continuent de débattre pour savoir si l'interprétation de certaines dispositions de la Constitution ukrainienne par les conseillers juridiques du Parlement était correcte. De nombreux spécialistes pensent que c'est le cas. Mais même s'il ne l'était pas, l'Euromaïdan était une révolution, et les révolutions sont rarement jugées sur leur conformité aux dispositions légales de l'ordre précédent. Les révolutions créent un nouvel ordre juridique : le leur. Le monde est plein d'États nés de révolutions. Les nouveaux gouvernements post-révolutionnaires sont généralement reconnus par la communauté internationale sur la base de plusieurs critères, dont le soutien populaire à la révolution, qui, en Ukraine, a été évident tant lors de la participation massive aux manifestations de l'Euromaïdan que lors des élections de 2014 qui ont suivi.

    La Russie a considéré que la destitution de M. Ianoukovitch n'était pas valable et a réagi immédiatement, le 22 février, en envahissant la Crimée, où des manifestants pro-russes étaient descendus dans la rue et avaient affronté des manifestants anti-russes. Les manifestations soutenues par la Russie dans une partie de la région du Donbass ont conduit en avril à la proclamation des républiques populaires pseudo-indépendantes de Donetsk et de Lougansk, qui ont pris le contrôle d'une partie de la région avec l'aide de troupes russes "officieuses" et régulières, amorçant ainsi la "guerre de basse intensité", qui est devenue de haute intensité en 2022.

    Y a-t-il eu une implication étrangère dans les événements de 2014 ? "Événements", ici, est au pluriel, car le "printemps russe" en Crimée et dans le Donbass était parallèle à l'Euromaïdan à Kiev et en Ukraine centrale et occidentale. Il ne fait aucun doute que le "printemps russe", auquel a résisté une partie de la population locale qui a été réduite au silence et battue, n'aurait jamais pu avoir lieu sous la forme qu'il a prise sans le soutien continu et substantiel de la Russie.

    Mais qu'en est-il de l'Euromaïdan ? Des personnalités européennes et américaines se sont rendues à Kiev pour soutenir la manifestation. Parmi eux, les sénateurs américains John McCain (1936-2018), un républicain, c'est-à-dire à l'époque un membre de l'opposition (le démocrate Barack Obama était président), et Chris Murphy, un démocrate. M. McCain a harangué la foule sur la place Maidan, exprimant sa sympathie pour les protestations et appelant à une "transition pacifique". Bien que M. Murphy l'ait accompagné, donnant ainsi au voyage une saveur bipartisane, M. McCain est un féroce critique du président Obama et de son administration, et son discours n'a certainement pas été prononcé au nom du gouvernement américain. Les dirigeants des partis d'opposition ukrainiens ont voyagé à l'étranger pendant l'Euromaïdan. Ils ont rencontré les dirigeants politiques européens ainsi que le secrétaire d'État américain John Kerry, à Munich, le 1er février 2014.

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  • Le perpétuel Vendredi Saint des chrétiens chinois

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    De Philippe Oswald sur La Sélection du Jour :

    En Chine, le perpétuel Vendredi Saint des chrétiens

    16 avril 2022

    Tout en célébrant la résurrection du Christ, les chrétiens chinois ne cessent pas de vivre sa passion. Le sort de certains d’entre eux, qui émergent en raison de leurs positions dans l’Eglise ou dans la société, rappelle ponctuellement que la persécution pèse sur tous. Au début de ce mois, le 7 avril, Mgr Shao Zhumin, évêque de Wenzhou, a été emmené par les autorités chinoises hors de son diocèse. Le prélat fait partie de l’Église en Chine reconnue par le Vatican mais pas par Pékin. Il avait déjà été arrêté en novembre 2021, et mis en prison sans jugement pour plusieurs jours. Les fidèles du diocèse ont confié à l’agence de presse Asia News que leur évêque avait probablement été enlevé pour l’empêcher de célébrer les offices de la Semaine sainte. Dans un autre diocèse, celui de Xuanhua, dix religieux ont été enlevés par la police. L’évêque « clandestin » de ce diocèse, Mgr Zhao, serait mort en 2018, alors qu’il vivait caché depuis une décennie. Selon Asia News, les autorités cherchent à découvrir le lieu de sa sépulture et auraient même torturé un prélat pour obtenir ce renseignement.

    Dans la province du Zhejiang, un libraire chrétien a été condamné définitivement à 7 ans de prison et à 200 000 yuans (27 600 euros) d’amende. Chen Yu, propriétaire d’une très dynamique librairie chrétienne en ligne, arrêté le 1er septembre 2020, avait fait appel à sa condamnation. Appel rejeté en janvier dernier par le tribunal de Linhai, à Taizhou dans la province du Zhejiang. Motif : Chen Yu, également connu sous le pseudonyme de Zhang Mai sur les réseaux sociaux, serait une « force anti-Chine ». Selon Radio Free Asia, des agents de police ont investi les maisons de ses clients pour confisquer leurs achats. Son crime : avoir vendu plus de 20 000 livres chrétiens, dont une majorité de bibles, en Chine mais aussi aux États-Unis et à Taïwan, ce qui aurait enragé les autorités chinoises. Où l’on voit que la Bible continue d’effrayer les pouvoirs totalitaires les plus solidement installés.

    L’athéisme est de nouveau mis en exergue de la doctrine de l’État chinois dans la plus pure ligne marxiste. Durant la Conférence nationale sur les affaires religieuses, en décembre dernier, Xi Jinping, le président de la République populaire de Chine, avait demandé aux cadres du parti d’accroître la surveillance en ligne et de renforcer le contrôle sur les religions, au nom de la sécurité nationale. Depuis cette conférence, le gouvernement chinois assure la promotion d’un nouveau manuel sur l’athéisme auprès des écoles, des universités et des cadres du Parti communiste chinois (PCC). Intitulé « Les principes de l’athéisme scientifique » et rédigé par Li Shen, un universitaire chinois de 76 ans, ce manuel soutient la théorie martelée par le président Xi Jinping, selon laquelle la culture chinoise a toujours été non religieuse, c’est-à-dire athée. L’un des chapitres du livre est consacré à la « preuve de la non-existence de Dieu » et aux « conséquences négatives des religions », tandis qu’un autre expose « la théorie religieuse et la politique religieuse du Parti communiste ». L’auteur soutient la promotion par le PCC du « confucianisme comme une forme d’athéisme. »

    Si la Chine reconnaît cinq religions organisées (bouddhisme, taoïsme, catholicisme, protestantisme et islam), l’État communiste, officiellement athée, exige qu’elles soient strictement contrôlées par des institutions officielles. Le PCC est chargé de « guider l’adaptation des religions à la société socialiste chinoise ». Ces religions reconnues ont dû chacune adopter un plan quinquennal d’adaptation aux « caractéristiques chinoises ». La Bible n’y a pas échappé avec une nouvelle « traduction » visant à la rendre plus conforme aux fondamentaux du régime. Les persécutions contre les religions et les groupes religieux ont sensiblement augmenté depuis l’arrivée de Xi Jinping au pouvoir en 2013. En 2018, le PCC a adopté de « Nouvelles règles sur les affaires religieuses » qui renforcent la surveillance sur les organisations religieuses et la répression contre les membres du clergé et les laïcs engagés dans des activités jugées illégales. L’athéisme d’État s’accompagne d’une politique de « sinisation des religions : l’athéisme et le nationalisme se donnent la main pour imposer les valeurs du PCC, parti unique.

    Mais la résilience et la résistance des chrétiens (23 millions de protestants, 12 millions de catholiques répartis dans les Églises « officielles » et « non enregistrées ») semblent sans limites. Plusieurs évêques chinois ont appelé les catholiques à faire de 2022 une « Année du Fils de Dieu » en méditant davantage la Parole de Dieu, pour « se rapprocher de la croix et rendre Jésus plus visible dans leur vie quotidienne », a précisé Mgr Joseph Li Shan, archevêque de Pékin. Cet appel a plus de chance d’être entendu par les fidèles que celui que leur avait lancé l’an dernier les autorités pour célébrer le centenaire du Parti communiste chinois.

    Philippe Oswald

    Plusieurs diocèses chinois appellent les catholiques à méditer davantage la Parole de Dieu

    Eglises d'Asie 23-02-2022

    Plusieurs diocèses chinois appellent les catholiques à méditer davantage la Parole de Dieu

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  • Philo à Bruxelles : 26 avril; "La paresse, le vide de l'âme" avec Stéphane Mercier

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    Retrouvons-nous à la prochaine conférence de Stéphane Mercier : 26 avril à 19h30, sur la Grand-Place de Bruxelles.

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  • Le pape François : "Quelqu’un dit que je parle trop du démon. Mais c’est une réalité. Moi j’y crois, hein!"

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    D'Anita Bourdin sur zenit.org :

    La guerre, c’est faire le choix « de Caïn », déplore le pape François

    Une interview à la télévision italienne

    Le pape François déplore la guerre en Ukraine comme le choix de « Caïn »: « le monde a choisi – c’est difficile à dire – mais il a choisi le schéma de Caïn et la guerre c’est mettre en œuvre le Caïnisme, c’est-à-dire tuer son frère. »

    Le pape François a accordé une interview à la journaliste italienne Lorena Bianchetti, animatrice de l’émission « A son image » (« A Sua Immagine ») de la première chaîne de la télévision publique RAI 1: elle a été diffusée à l’occasion du Vendredi Saint, ce 15 avril 2022, sous le titre: « L’espérance assiégée ». Le Dicastère pour la communication du Vatican publie la traduction en français de cette interview.

    Lorena Bianchetti évoque d’emblée la guerre en Ukraine, les « images de corps sans vie dans les rues », « on parle même de fours crématoires ambulants », de « viols », de « dévastation », de « barbarie »: « Qu’arrive-t-il à l’humanité? »

    La vision de Blaise Pascal

    Le pape répond en citant Blaise Pascal: « Un écrivain a dit que « Jésus- Christ est à l’agonie jusqu’à la fin du monde », il est à l’agonie chez ses enfants, chez ses frères, surtout chez les pauvres, chez les marginalisés, chez les pauvres qui ne peuvent pas se défendre. Pour nous, en ce moment, en Europe, cette guerre nous touche beaucoup. Mais regardons un peu plus loin. Le monde est en guerre, le monde est en guerre ! Syrie, Yémen, puis pensez aux Rohingyas expulsés, sans patrie. Il y a la guerre partout. Le génocide rwandais il y a 25 ans. Parce que le monde a choisi – c’est difficile à dire – mais il a choisi le schéma de Caïn et la guerre c’est mettre en œuvre le Caïnisme, c’est-à-dire tuer son frère. »

    Mais « comment trouver des formes de médiation, des formes de dialogue avec qui, ou en tout cas avec ceux qui ne désirent et ne poursuivent que l’oppression ? »

    « Quand je dis qu’avec le diable, il n’y a pas de dialogue, c’est parce que le diable est le mal, sans rien de bon, réponds le pape ! Disons que c’est comme le mal absolu. Celui qui s’est totalement rebellé contre Dieu ! Mais avec des gens qui sont malades, qui ont cette maladie de la haine, on parle, on dialogue et Jésus a parlé avec beaucoup de pécheurs, jusqu’à Judas en fin de compte, « ami », toujours avec tendresse car nous avons tous, toujours, avec l’esprit du Seigneur qu’il a semé, quelque chose de bon en nous. Et quand je suis devant [une] personne et j’ai toujours – on dit tous, je dis ça différemment – quand on est devant [une] personne on doit réfléchir à ce que l’on veut dire à propos de cette personne : sur con côté mauvais ou sur côté caché, meilleur. Nous avons tous quelque chose de bon, tout le monde ! C’est le sceau même de Dieu en nous. Il ne faut jamais croire une vie perdue, non… achevée dans le mal, dire « C’est un condamné ». Je me souviens de cette dame qui s’était confessée chez le curé d’Ars parce que son mari s’était jeté du pont. Le curé l’écoutait, elle pleurait. « Ce qui me ronge plus c’est qu’il est en enfer ». « Arrêtez » – lui dit-il. « Entre le pont et la rivière il y a la miséricorde de Dieu ». Dieu essaie toujours de nous sauver jusqu’à la fin, car il a semé en nous le bon côté. Comme il l’avait semé pour Caïn, Abel et Caïn, mais Caïn a mené une action en faveur de la violence et c’est avec cette action qu’une guerre est menée. »

    Le démon? Une « réalité »

    Le mal, déplore le pape est « plus séducteur »: « Revenant au démon, quelqu’un dit que je parle trop du démon. Mais c’est une réalité. Moi j’y crois, hein ! Certains disent : « Non, c’est un mythe“. Je n’avance pas avec le mythe, j’avance avec la réalité, je le crois. Mais c’est un séducteur. La séduction essaie toujours d’entrer, de promettre quelque chose. Si les péchés étaient laids, s’ils n’avaient pas quelque chose de beau, personne ne pécherait. Le diable vous présente quelque chose de beau dans le péché et vous conduit au péché. Par exemple, ceux qui font la guerre, ceux qui détruisent la vie des autres, ceux qui exploitent les gens au travail. L’autre jour j’ai entendu une famille dire que le papa, encore jeune marié, devait travailler comme ouvrier agricole, mais il partait tôt le matin, et revenait le soir, pour peu d’argent, exploité par une entreprise milliardaire. Ça aussi c’est aussi une guerre. Ça aussi c’est détruire, pas seulement des chars d’assaut, c’est aussi détruire. Le diable cherche toujours à nous détruire. Pourquoi ? Parce que nous sommes l’image de Dieu Revenons au début, à trois heures de l’après-midi. Jésus meurt, il meurt seul. La solitude la plus complète, abandonné même par Dieu : « Pourquoi m’as-tu abandonné ? ». La plus complète solitude, parce qu’il voulait descendre dans la plus dure des solitudes humaines pour nous en extirper. Lui retourne vers le Père, mais il descendu le premier, il est en chaque personne exploitée, qui souffre des guerres, qui souffre des destructions, qui souffre de la traite humaine. Combien de femmes sont esclaves de la traite, ici à Rome et dans les grandes villes. C’est l’œuvre du mal. C’est une guerre. »

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