Le pape a publié le 19 mars la nouvelle constitution apostolique de la curie romaine, Prædicate Evangelium, l’une des réformes importantes à laquelle il s’est attelé dès le début de son pontificat. Sur le site web du mensuel « La Nef » » (mai 2022), on peut lire une présentation de cette réforme par Mgr Dominique Le Tourneau, qui est un canoniste reconnu (*) :
« Cette constitution apostolique procède à une réorganisation du gouvernement central de l’Église catholique pour tenir compte de l’évolution des défis pastoraux qu’elle doit relever. Cela apparaît clairement au titre significatif donné par le pape François à ce document : Prædicate Evangelium. Il rappelle que l’Église est missionnaire par essence. Ce sont, en effet, les mots employés par notre Seigneur au moment de prendre congé de ses apôtres et de remonter auprès de son Père. Il leur laisse ce commandement : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création » (Mc 16, 15).
Par curie romaine on entend l’ensemble des personnes et des organismes du gouvernement central de l’Église qui aident le Souverain Pontife dans sa charge de direction de l’ensemble du corps ecclésial et de sa mission universelle dans le monde. L’article 12 précise à cet égard que « la curie romaine est composée de la Secrétairerie d’État [mentionnée en premier], des dicastères et des organismes juridiquement égaux entre eux ».
Le premier dicastère remonte au IVe siècle, avec la Chancellerie apostolique. La première organisation systématique des organismes de la curie romaine est due au pape Sixte V, qui, en 1588, crée quinze congrégations (1). Fréquemment modifiée, elle subit une profonde réorganisation opérée par le pape saint Pie X qui limite les fonctions de la curie au domaine purement spirituel et détermine avec précision les compétences de chaque congrégation (2).
Selon le préambule de la constitution apostolique, la présente réforme de la curie vise à « permettre que la communauté des croyants puisse s’approcher le plus possible de l’expérience de communion missionnaire vécue par les apôtres avec le Seigneur pendant sa vie terrestre et, après la Pentecôte, sous l’action de l’Esprit Saint, par la première communauté de Jérusalem ».
À l’époque contemporaine, saint Paul VI avait réorganisé la curie romaine en 1975 par la constitution apostolique « Regimini Ecclesiæ Universæ » ; et saint Jean-Paul II en avait modifié à son tour la structure et le fonctionnement par la constitution apostolique « Pastor Bonus », de 1988. De telles dispositions n’ont rien de surprenant.
Il est précisé que les nouvelles normes sur la curie romaine entrent en vigueur le 5 juin 2022, solennité de la Pentecôte.
Désormais la curie romaine comprend seize dicastères. Cette réforme diminue le nombre de dicastères dans un souci de rationalité, en procédant à des regroupements. Au fil des années, les petites retouches apportées à l’organisation centrale de l’Église peuvent rattacher une institution ecclésiale d’un dicastère à un autre, sans que cela affecte le moins du monde la qualification canonique de l’institution concernée.