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  • Et si le pape François savait exactement ce qu'il fait ?

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    De John L. Allen Jr. sur Crux Now :

    Et si le pape François savait exactement ce qu'il fait ?

    2 juin 2024

    ROME - À peine le tollé provoqué par l'utilisation par le pape François d'un peu d'argot anti-gay a-t-il commencé à s'apaiser qu'il est apparu - du moins selon des informations jamais confirmées, mais aussi jamais démenties, rapportées par les médias - que son commentaire du 20 mai aux évêques italiens était en fait encore plus offensif qu'on ne l'avait d'abord cru.

    Non seulement le pape avait utilisé un terme italien vulgaire signifiant approximativement « pédérastie », mais, selon ces rapports, il avait également utilisé un autre terme italien péjoratif dans la même conversation, "checche", se référant à des hommes homosexuels efféminés stéréotypés, pour suggérer que même les homosexuels « semi-orientés » devraient être éliminés des séminaires catholiques.

    Comme si cela ne suffisait pas, quelques jours plus tard, un autre discours papal choquant a fait le tour de la toile, concernant cette fois non pas les gays mais les femmes. Toujours selon les médias, le pape François a déclaré à un groupe de prêtres récemment ordonnés à Rome le 29 mai que les commérages - il a utilisé le terme italien familier "chiacchiericcio", qui signifie approximativement « petit bavardage mesquin » - sont une « affaire de femmes », ajoutant, à propos des hommes, que « c'est nous qui portons le pantalon, nous devons dire les choses ».

    Ces révélations ont suscité la controverse non seulement parce qu'elles suggèrent un pontife à la langue salée, mais aussi parce qu'elles semblent en contradiction avec l'image populaire de François comme un progressiste pro-gay et pro-femme.

    La dissonance cognitive qui en résulte a donné lieu à trois théories populaires pour expliquer les gaffes apparentes, qui ne s'excluent pas mutuellement et peuvent souvent être regroupées :

    Premièrement, François, âgé de 87 ans, commence à perdre la main, montrant son âge en revenant à des expressions de machisme latino-américain qui peuvent faire partie de sa formation initiale, mais qui ne représentent pas sa pensée développée ou ses instincts pastoraux authentiques.

    Deuxièmement, François n'est pas de langue maternelle italienne et ne comprend pas la valeur de choc ou les connotations négatives que certaines de ces formules linguistiques peuvent comporter.

    Troisièmement, ces révélations ne sont pas seulement des violations de la confiance du pape, puisqu'il croyait parler de manière informelle et confidentielle, mais elles sont également sorties de leur contexte et mises en circulation par des ennemis qui cherchent à déstabiliser et à affaiblir la papauté.

    Bien que chacune de ces explications ait probablement un certain degré de mérite, il existe une hypothèse tacite commune aux trois qui mérite d'être remise en question : À savoir, que les déclarations du pape étaient des erreurs. En d'autres termes, les trois théories supposent qu'il s'agit de lapsus et que le scandale provoqué n'était donc pas intentionnel.

    Supposons, pour le plaisir, que cette hypothèse soit erronée.

    Supposons, au contraire, que François soit encore pleinement alerte et en pleine possession de ses moyens, que sa maîtrise de l'italien familier soit complète et impressionnante, et qu'il ne soit pas naïf au point de croire que ce qu'il dit dans une salle remplie de plus de 230 évêques ou de plus de 100 prêtres ordonnés au cours des dix dernières années - dont certains, il le sait parfaitement dans les deux cas, ne sont pas ses plus grands admirateurs - ne s'ébruitera pas.

    Pour mémoire, ces suppositions sont cohérentes avec l'insistance répétée des admirateurs de François au cours des 11 dernières années sur le fait qu'il s'agit d'un personnage avisé, conscient de ce qui se passe autour de lui. Dans cette optique, il semble au moins utile d'envisager la possibilité que sa conscience de soi et ses calculs n'aient pas simplement disparu au cours des quinze derniers jours.

    Si tel est le cas, pourquoi François aurait-il délibérément utilisé des expressions dont il devait savoir qu'elles susciteraient la consternation ? Au moins deux explications sont possibles.

    La première est l'élément de surprise, c'est-à-dire qu'une partie légèrement malicieuse de François aime simplement laisser les gens dans l'expectative. Dès qu'il sent que les gens pensent l'avoir compris, il est souvent enclin à prendre une autre direction.

    C'est un pape qui ne veut pas que l'on pense qu'il connaît sa pensée, et garder les gens sur leurs gardes quant à ce qu'il pourrait dire ensuite sert cet objectif.

    Deuxièmement, le contenu des récentes déclarations controversées de François, sur les homosexuels et les femmes, était taillé sur mesure pour susciter l'irritation et la critique de ce que l'on pourrait appeler « l'élite libérale », tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Église catholique. On pourrait dire la même chose, mais sans la valeur de choc, de son récent « non » aux femmes diacres.

    Y a-t-il une raison pour que François veuille provoquer ce groupe en ce moment ?

    Il faut savoir que nous sommes à trois mois de l'acte final du long synode des évêques sur la synodalité, dont le sommet de clôture est prévu en octobre. Depuis le début, on craint ce que ce processus pourrait produire, en particulier parmi les catholiques les plus conservateurs et traditionnels, qui ne prennent pas toujours François au pied de la lettre lorsqu'il insiste sur le fait qu'il n'a pas l'intention de changer la doctrine, mais seulement la pratique pastorale.

    Peut-être qu'à la suite du récent contretemps, ces craintes s'estomperont un peu, réduisant ainsi les turbulences entourant le synode.

    À plus long terme, à 87 ans et face à une série concentrique de problèmes de santé, François doit se poser la question de ce qui pourrait lui succéder. S'il souhaite ouvrir la voie à un successeur issu de la même mouvance, une partie du calcul électoral pourrait consister à rassurer les personnalités centristes et de droite du Collège des cardinaux sur le fait que son programme n'est pas aussi radical qu'il l'a été décrit dans certains cercles.

    Le fait de voir ce pape se faire brocarder par l'élite libérale, même si ce n'est que pour un moment et seulement avec tiédeur, pourrait donc servir ses desseins en termes de tentative de façonner le paysage pour le prochain conclave.

    Ces considérations sont-elles vraiment ce que François avait à l'esprit lorsqu'il a canalisé son Howard Stern intérieur ?

    Je n'en sais rien, en partie parce que le pape lui-même n'a pas abordé la question. Cependant, cette reconstruction a au moins la courtoisie de ne pas supposer que François est sur le déclin ou qu'il s'est soudainement transformé en naïf du jour au lendemain.

    Au contraire, elle suppose un pape qui sait exactement ce qu'il fait, même si cela va à l'encontre des attentes des gens ou heurte leur sensibilité - c'est-à-dire qu'elle suppose un pape très semblable à celui que nous avons.

  • Trois prélats ont été nommés membres du Dicastère pour la doctrine de la foi

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    D'Edward Pentin sur twitter :

    Le pape François a nommé aujourd'hui les trois prélats suivants membres du Dicastère pour la doctrine de la foi. Tous ont défendu l'enseignement moral de l'Église et le mariage entre un homme et une femme.

    Cependant: Le cardinal José Tolentino de Mendonça, préfet du Dicastère pour la culture et l'éducation, a été pendant quelques années recteur de la Capela do Rato, une chapelle privée de Lisbonne connue pour s'occuper des homosexuels qu'il dit ne pas juger : ncregister.com/news/pope-fran  Le cardinal a également été un partisan de Maria Teresa Forcades i Vila, une ancienne religieuse célèbre pour prôner la « théologie queer », et a écrit une préface à l'un de ses livres : onepeterfive.com/pope-francis-o

    Le cardinal Marcello Semeraro, préfet du Dicastère pour les Causes des Saints, aurait fait de son diocèse la capitale italienne du mouvement catholique gay, accueillant chaque année le Forum des chrétiens LGBT italiens, un groupe cherchant à faire pleinement accepter l'homosexualité au sein de l'Église. . Il a également écrit l'avant-propos d'un livre d'un prêtre italien intitulé « L'amour possible – Personnes homosexuelles et moralité chrétienne » et a soutenu la reconnaissance légale des unions civiles homosexuelles : newdailycompass.com/en/semeraro-co

    L'archevêque Bruno Forte de Chieti-Vasto en Italie était responsable des sections sur l'homosexualité dans le document intérimaire controversé du premier synode sur la famille en 2014 qui tentait d'ouvrir la porte à l'acceptation des relations homosexuelles dans l'Église. bbc.co.uk/news/world-eur Il a été une voix éminente en faveur d'une plus grande inclusion et d'un plus grand respect des droits des homosexuels au sein de l'Église. lastampa.it/vatican-inside

  • Prêtres, tenez-vous-en au missel !

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    Du site "Esprit de la liturgie" (archive janvier 2022) :

    Bref réquisitoire contre le bavardage liturgique

    Scène coutumière d’une paroisse catholique classique : la cloche sonne, les fidèles se lèvent, la Messe commence. Le chant d’entrée étant achevé, le prêtre dit le signe de croix, avant de saluer l’assemblée… et de partir dans un interminable « mot d’accueil » où il adressera peut-être un « Bonjour » superflu à ses paroissiens, leur souhaitera la bienvenue, expliquera en détail le « thème » du jour, et terminera enfin en invitant ses ouailles à l’acte pénitentiel, là encore, par des péroraisons sans fin du style : « Alors, humblement, reconnaissons que nous avons besoin d’être purifié par Dieu de tout ce qui nous sépare de lui », ou « Au début de cette Eucharistie, nous reconnaissons nos faiblesses » (on évitera bien sûr le mot « péché »), ou encore : « Au début de cette Messe, nous implorons humblement l’amour de Jésus » au lieu de s’en tenir à la formule du missel.

    De telles monitions ont lieu pendant toute la Messe. Après le Kyrie, le prêtre dira volontiers : « Et maintenant, chantons la gloire de Dieu » pour introduire le Gloria. De même, avant de commencer le Credo, il dira : « Et maintenant, nous proclamons notre foi ». Il ira jusqu’à donner quelques indications avant la quête et l’offertoire, voire avant la préface. Une scène semblable aura lieu pour introduire le Notre-Père (« Unis dans l’Esprit, enfants d’un même Père, ensemble, nous disons la prière que Jésus nous a laissée »), voire, soyons fou, pour l’Ecce Agnus Dei. Sans parler des annonces, véritable festival où le prêtre, « l’animateur » et les multiples fidèles invités à parler de la famine en Ardèche et de la guerre au Morbihan rivaliseront d’ardeur pour faire les interventions les plus longues possibles (et si le prêtre n’est pas bavard, que l’on se rassure, d’autres le seront pour lui). Et après, on se plaint que la Messe dure trop longtemps !

    Certes, il y en a qui aiment ces multiples interventions, les trouvant chaleureuses et bien intentionnées. Ceux-là nous reprocheront sans doute d’exagérer la situation. Soyons justes à leur égard, le portrait que nous avons brossé est volontairement un peu excessif et ne se retrouve, Dieu merci, pas partout. Mais eux-mêmes devront de leur côté reconnaître que pour exagéré qu’il soit, ce tableau n’en touche pas moins à une réalité problématique : le clergé bavarde pendant la Messe.

    En quoi est-ce problématique nous direz-vous ? Après tout, cela peut procéder d’un effort d’adaptation, d’un souci de faciliter l’intelligibilité des rites pour ceux qui n’en seraient pas familiers. Ou bien d’un désir de rendre plus chaleureux et convivial un office vu comme excessivement formel.

    Ces désirs et ces efforts sont très nobles et nous n’en contestons pas le bien-fondé ; en revanche, nous contestons leurs résultats concrets. Si l’on compare une Messe célébrée selon la forme ordinaire d’une part et une autre célébrée selon la forme extraordinaire d’autre part, l’on constate que la première sera habituellement plus bavarde que la seconde, sans que les effectifs des fidèles en soient toujours grossis. Un observateur espiègle avancera même que ces interventions sont plus goûtées d’une partie vieillissante des catholiques, que de la majorité des fidèles ou des incroyants…

    On a donc affaire à un problème : faut-il favoriser ou limiter le bavardage liturgique ?

    Avant toutes choses, on se souviendra que la multiplication des monitions n’est nullement obligatoire. Le missel la rend au contraire entièrement facultative et en limite le nombre et la longueur, en indiquant par exemple que « le prêtre, le diacre ou un autre ministre peut, par quelques mots très brefs, introduire les fidèles à la Messe du jour » (« Sacerdos, vel diaconus vel alius minister, potest brevissimis verbis introducere fideles in Missam diei », c’est nous qui soulignons) ; que la monition avant l’acte pénitentiel ou celles qui introduisent le Notre Père (dans la traduction qui entrera en vigueur cette année) ne sont désormais plus modifiables ; que la prière eucharistique doit être tirée du missel (et non inventée ou, horrosco referrens, improvisée), etc. L’Eglise laisse une grande liberté dans le culte qu’elle rend à Dieu, mais non sans y mettre quelques limites.

    Ensuite, ajoutons que ces monitions ne sont pas toujours nécessaires. Si l’on peut admettre que telle fête de l’année liturgique ait besoin de quelque explication au tout début de la Messe, l’on comprend sans peine que ce n’est pas le cas durant toute l’année. Est-il vraiment et absolument nécessaire, pour une Messe dominicale, de déblatérer pendant de longues minutes pour introduire l’acte pénitentiel ?

    Enfin et surtout, n’oublions pas que la liturgie en tant que telle se passe fort bien de nos explications. Mieux : que celles-ci peuvent constituer autant d’accès à tous les fruits du culte divin lorsqu’elles sont inopportunes. Cela ne signifie nullement qu’une formation liturgique soit superflue, loin s’en faut ; mais celle-ci a toute sa place en-dehors de l’action sacrée et non en son sein, à l’exception de l’homélie.

    En un mot : prêtres, tenez-vous-en au missel. Comme on dit en anglais « Dites ce qui est en noir, faites ce qui est en rouge ». Surtout, cessez de bavarder au détriment de la Messe et ne tolérez pas qu’on le fasse.