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Rechercher : Chine catholiques

  • Chine. Le cardinal Zen contre Sant'Egidio

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    biblidpoe_001i01.pngEt aussi contre une revue de Communion et Libération. "Avec un bon cœur, on peut faire des choses mauvaises", écrit-il. Et il explique pourquoi les diplomaties parallèles de ces deux mouvements font plus de mal que de bien aux catholiques chinois. De Sandro Magister, sur son site « Chiesa » (Extraits)

     (…) Dans un article cinglant diffusé par "Asia News", l'agence de presse de l’Institut Pontifical des Missions Étrangères qui publie aussi ses articles en chinois(…), le cardinal Zen reproche à la Communauté de Sant'Egidio d’avoir invité avec tous les honneurs au meeting interreligieux de Munich – organisé en grande pompe par cette communauté du 11 au 13 septembre 2011 – un évêque chinois qui a gravement désobéi au pape en participant, le 14 juillet dernier, à l'ordination illicite d’un nouvel évêque non approuvé par Rome mais imposé par les autorités chinoises.

    Le cardinal Zen reproche à la revue "30 Jours" et à son spécialiste des affaires chinoises, Gianni Valente, d’avoir interviewé – sans rien objecter à ses affirmations – ce même évêque "qui porte gravement préjudice à l’unité de l’Église" et qui, d’autre part, "n’est pas libre de dire ce qu’il pense", dans la mesure où il est solidement tenu par le régime communiste.

    La revue "30 Jours" a un important rayon d’action. Elle est publiée en six langues et envoyée gratuitement à de nombreux évêques et supérieurs religieux dans le monde entier. Elle est dirigée par le sénateur à vie Giulio Andreotti, ancien premier ministre et ministre des Affaires étrangères de nombreux gouvernements italiens. Et elle est rédigée par des gens qui appartiennent à Communion et Libération.

    Communauté de Sant'Egidio, Communion et Libération : ces deux mouvements sont connus pour leur engagement à l’échelle internationale. Le premier y a même gagné le surnom d’"ONU du Trastevere", du nom du quartier de Rome où se trouve son siège.

    Mais cela ne signifie pas que la diplomatie vaticane porte toujours un jugement positif sur l'activisme de ces deux diplomaties parallèles. Bien au contraire. Les dirigeants qui, au Vatican, s’occupent de la Chine considèrent que les activités de la Communauté de Sant'Egidio et celles de "30 Jours" en ce qui concerne ce pays font plus de mal que de bien, dans la mesure où elles sont trop influencées par la politique de Pékin.
    En ce qui concerne la Communauté de Sant'Egidio, cette sujétion au régime a été constante depuis que ce mouvement s’occupe de la Chine. Dans le cas de la revue de Communion et Libération, en revanche, c’est une nouveauté qui date de ces dernières années.(…).

    Dans l'article du cardinal Zen publié par "Asia News" il y a un passage très intéressant. C’est celui où il accuse le Saint-Siège d’avoir voulu réactiver avec la Chine, ces dernières années, précisément la "désastreuse" diplomatie de l'Ostpolitik.

    Le principal responsable de ce retour au passé aurait été – selon Zen – le cardinal Ivan Dias, en sa qualité de préfet de la congrégation vaticane pour l'évangélisation des peuples entre 2006 et 2011. Dias venait de la diplomatie vaticane, où il avait travaillé avec Casaroli.

    Mais aujourd’hui il y a au dicastère "de propaganda fide" un nouveau stratège pour les relations avec la Chine, qui ignore les faiblesses et qui est très proche de Zen, l'archevêque chinois Savio Hon Taifai.En conséquence, le contraste s’est accentué entre la fermeté retrouvée du Saint-Siège en ce qui concerne la Chine et les initiatives de la Communauté de Sant'Egidio ou de "30 Jours".(…) Voir ici : Chine. Le cardinal Zen contre Sant'Egidio

    Voici le lien permettant de lire le texte intégral de l’article du cardinal Zen

     Zen : Quel est le vrai bien pour l'Église en Chine

     Et voici l'interview consacrée par "30 Jours" à l’évêque chinois Jean-Baptiste Li Suguang, contre laquelle le cardinal Zen s’est insurgé :

     "L'Église en Chine n'a pas changé un iota à la Tradition apostolique"

     À propos de l’opposition entre la diplomatie du Saint-Siège et la Communauté de Sant'Egidio : :Journal du Vatican / Sant'Egidio en liberté surveillée

    Un effet de cette opposition est la froideur avec laquelle la secrétairerie d’état du Vatican a accueilli la récente nomination du fondateur de la Communauté de Sant'Egidio, Andrea Riccardi, comme ministre de l'actuel gouvernement italien. »

    Après la désastreuse « Ostpolitik » de Paul VI, Jean-Paul II - le pape venu de l’Est - remit les pendules à l’heure du réalisme,  d’autant plus que « l’empire du mal » (comme disait  Ronald Reagan) donnait déjà les signes précurseurs de son effondrement.  Mais le serpent de mer de l’ « esprit du concile » refit surface un peu plus tard avec la Chine.

    Las ! Les corbeaux aiment dialoguer. Et les renards manipuler. La morale de la fable est connue au moins depuis La Fontaine, sinon Esope qui écrivait déjà au VIIe siècle avant J-C  :« Le Corbeau voulant persuader au Renard que son chant n'était pas désagréable, se mit à chanter, et laissa tomber le fromage qu'il avait au bec. C'est ce que le Renard attendait. Il s'en saisit incontinent, et le mangea aux yeux du Corbeau »

  • Quand la Chine communiste manipule les adeptes du « dialogue » conciliaire

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    liu_b.jpgLe 13 mai dernier, Anthony Liu Bainian (photo) président honoraire de l’Association patriotique et de la Conférence des évêques « officiels » , a déclaré que le Vatican n’avait pas à intervenir dans le processus d’élection et d’ordination des évêques en Chine Alors qu’onze candidats attendent leur ordination prochaine, le conflit entre Pékin et le Saint-Siège pourrait bien s’aggraver.

    Pour Anthony Liu Bainian, « homme fort » de l’Église officielle chinoise, le Vatican doit reconnaître et apporter son soutien aux évêques élus. Il a également ajouté que l’Église de Chine a coupé les liens politiques et économiques qui la reliaient au Vatican et que la politique d’autonomie en matière religieuse se traduisait par des élections et des ordinations épiscopales décidées en Chine seule.

    Une position partagée par Mgr Fang Xingyao, président de l’Association patriotique et évêque « officiel » de Linyi. Le 14 mai, dans le quotidien de Hongkong « Wen Wei Po », il indiquait qu’afin « de pourvoir les sièges épiscopaux actuellement vacants et pour le bien de l’évangélisation en Chine, onze candidats à l’épiscopat attendent leur ordination. Ceux-ci ont été élus et il ne reste plus à la Conférence des évêques de Chine qu’à donner son accord pour organiser les ordinations« , a précisé le prélat chinois.

    Raidissement de Pékin

    Ces déclarations interviennent dans un contexte marqué par un double raidissement. D’une part, on assiste depuis plusieurs mois à un durcissement policier du régime. D’autre part, avec l’ordination illégitime de l’évêque de Chengde, Pékin a signifié sa volonté d’imposer à Rome des évêques non approuvés.

    L’ordination prochaine des onze candidats pourrait encore aviver les tensions. Pékin prévoit probablement des ordinations groupées, mélangeant candidats ayant reçu l’assentiment de Rome et candidats s’étant vus refuser le mandat pontifical. Une situation désagréable pour les évêques reconnus par Rome, conviés à participer aux cérémonies. (CtB/Apic/PA)

  • La Chine a du mal avec les droits de l'homme

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    Les consécrations épiscopales forcées l'ont récemment démontré : il n'y a pas de liberté religieuse pour les catholiques chinois fidèles à Rome (voir ici : http://www.radinrue.com/breve5959.html). Mais les "droits de l'homme" ne sont pas plus respectés par ce pays avec lequel nous faisons de "bonnes affaires".

    "La Chine continue cependant de se plaindre des blâmes des pays occidentaux, adressés de façon injuste selon Wang (directeur du Bureau d’information du Conseil des affaires d’Etat). Le site d’information chinois xinhuanet.com relate glorieusement le bilan  du premier plan en rapportant les déclarations de Wang:

    «L’accomplissement de tous les objectifs fixés dans le premier plan montre que la cause des droits de l’Homme en Chine a passé un nouveau stade.»

    Un article du Nouvel Observateur au sujet du deuxième plan affirme que les mesures répressives en Chine ne diminuent pas et permettent de douter de la déclaration de Wang:

    «Si les dirigeants du pays(…) promettent périodiquement à leurs concitoyens d'aller dans le sens de la démocratie et des droits de l'homme, ces derniers mois ont été marqués par une vague de répression des dissidents et d'autres militants.»

    En effet, le site d’information Human Rights Watch explique:

    «Depuis le 16 février 2011, les autorités ont placé en détention, formellement arrêté ou fait disparaître 25 avocats, militants des droits humains et blogueurs. Entre 100 et 200 autres personnes ont été soumises à diverses mesures répressives allant de convocations de la police à l'assignation à domicile.»

    source : http://www.slate.fr/lien/41093/plans-droits-homme-chine

  • Chine : poursuite des ordinations épiscopales illicites sous la contrainte

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    L'agence d'Information des Missions étrangères de Paris (EDA) consacre un long article à la description de la situation de l'Eglise en Chine où le pouvoir persiste à désigner de nouveaux évêques et à ignorer l'autorité romaine (http://eglasie.mepasie.org/asie-du-nord-est/chine/) :

    18/07/2011

    ...dès le 16 juillet, Rome a fait savoir par un communiqué que le P. Joseph Huang Bingzhang était excommunié. (la sanction étant prévue « par le canon 1382 du Code de droit canonique »); le 4 juillet, une même excommunication avait été prononcée contre le P. Lei Shiyin, ordonné sans mandat pontifical évêque de Leshan le 29 juin 2011. Les effets de cette sanction sont identiques : non-reconnaissance par le Saint-Siège de leur qualité d’évêque et absence d’autorité pour « gouverner la communauté catholique diocésaine ». (lire la suite)

    De leur côté, les autorités chinoises ont fait savoir que les ordinations épiscopales se poursuivraient en Chine comme prévu. Un nouvel évêque illégitime devrait être ordonné dans les jours prochains, pour le diocèse de Harbin cette fois-ci, dans le nord-est du pays.

    Le Saint-Siège « réaffirme » le droit des catholiques chinois « de pouvoir agir librement, en suivant leur propre conscience et en demeurant fidèles au successeur de Pierre et en communion avec l’Eglise universelle ». Il se conclut par le fait que, si le pape souhaite que « les difficultés actuelles puissent être surmontées au plus vite », il « déplore une fois encore la façon dont est traitée l’Eglise en Chine ».
    Cependant, le blog « Catholiques en Chine » que Fides, l’agence d’information de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, a mis en ligne en anglais et en chinois afin d’offrir à l’internaute chinois un espace d’information et de dialogue, a été bloqué dès le premier jour de sa mise en ligne en Chine continentale.
    Consulter :
  • Un cadeau du pape François à la Chine ?

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    Selon Sandro Magister, sur son site « Chiesa » (extraits),  François a en réserve un cadeau pour la Chine: un nouveau bienheureux , mais le règlement de cette affaire demeure, semble-t-il, bien « chinois » :

    «  (…) Alors qu’il a déjà canonisé six nouveaux saints sans attendre qu’un nouveau miracle ait été dûment constaté pour chacun d’eux après leur béatification, le pape François pourrait également proclamer bientôt un nouveau bienheureux selon une procédure accélérée. Ce nouveau bienheureux serait le jésuite Matteo Ricci (1552-1610), génial évangélisateur de la Chine.

    Matteo Ricci fait partie de ces membres de la première génération de la Compagnie de Jésus pour lesquels Jorge Mario Bergoglio a une prédilection, comme le Savoyard Pierre Favre qu’il a proclamé saint en forçant les règles, grâce à la procédure de canonisation dite "équipollente" (…).

    Bergoglio a toujours eu une bonne opinion de la méthode que Ricci avait adoptée pour annoncer la bonne nouvelle de l’Évangile à cette civilisation tellement éloignée du christianisme, aux points de vue religieux et culturel, qu’était la civilisation chinoise : une méthode qui, paradoxalement, ressemble très fortement à l’inlassable prédication, par Benoît XVI, prédécesseur du pape François, de la relation positive existant entre foi et raison,

    D’autre part François cultive l’espoir que la béatification de Matteo Ricci – personnage apprécié par les Chinois quelles que soient leurs convictions religieuses, y compris les autorités communistes – puisse favoriser l’amélioration des relations entre la Chine et l’Église de Rome.

    Actuellement ces relations continuent à être marquées, du côté chinois, par la méfiance et l’hostilité ;  de véritables actes de persécution sont commis contre la communauté catholique locale (…).

    D’autre part, l’un des souhaits de Benoît XVI était que la béatification de Ricci puisse progresser parallèlement à celle du plus célèbre des convertis chinois, Xu Guangqi (appelé le “docteur Paul” dans les écrits des jésuites de l’époque), disciple de Ricci et fondateur de l’Église catholique de Shanghai.

    Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que le diocèse de Shanghai, promoteur de la cause de béatification, se trouve actuellement dans une situation délicate. L’évêque Aloysius Jin Luxian, un jésuite âgé de plus de 90 ans qui était reconnu par le gouvernement, et l’évêque “non officiel” Joseph Fan Zhongliang, lui aussi très âgé, sont morts en l’espace de quelques mois. Quant à leur auxiliaire et successeur, Thaddeus Ma Daqin, il continue à être soumis à de sévères restrictions en matière de liberté personnelle.

    "Il est vrai que les difficultés que rencontre actuellement le diocèse de Shanghai rendent le procès de béatification de Xu beaucoup plus lent et plus compliqué que celui de Ricci", reconnaît le jésuite français Benoît Vermander, dans un article qui a été mis en ligne au mois de mars dernier sur le site du Taipei Ricci Institute. "Mais ce sont précisément ces difficultés qui devraient pousser Rome à instruire le procès de manière plus diligente : il y a de nombreuses voies à travers lesquelles une cause de ce genre pourrait progresser. Plus de quatre siècles se sont écoulés depuis que Ricci est arrivé au paradis. Je suis convaincu qu’il attendrait volontiers quelques années de plus pour être reconnu bienheureux et saint en compagnie de son ami Xu Guangqi".

    "Ricci – insiste le jésuite –a commencé son pèlerinage en Chine par la publication d’un petit livret intitulé 'À propos de l’amitié'. Son procès de béatification devrait refléter l’esprit dans lequel il a mis en œuvre son engagement missionnaire. En d’autres termes : ne béatifiez pas Matteo Ricci sans béatifier Xu Guangqi en même temps".

    D’après le père Vermander, il y a au moins trois bonnes raisons pour réunir les deux amis dans un procès commun :

    "La première est que Xu Guangqi est lui aussi un homme dont la vie parle de sainteté. La seconde est que cela créera un changement par rapport à la manière habituelle de présenter l’histoire missionnaire. La troisième est que ce serait, de loin, le meilleur cadeau que Rome pourrait faire à l’Église chinoise et à la Chine en général" (…) .

    En ce qui concerne l’hypothèse – qui serait d’ailleurs impraticable à l’heure actuelle – d’un voyage du pape François en Chine, le cardinal Joseph Zen Ze-kiun, évêque émérite de Hong Kong, a exprimé son inquiétude de la manière suivante, dans une interview qu’il a accordée au "Corriere della Sera" et qui a été publiée le 2 juillet dernier :

    "Je dirais au pape : “N’y allez pas, parce que vous seriez manipulé”. Les rares courageux ne pourraient pas vous rencontrer, tandis que le parti communiste vous présenterait les évêques illégitimes, y compris les trois qui sont excommuniés".

    Réf. François a en réserve un cadeau pour la Chine: un nouveau bienheureux

    JPSC

  • La Chine veut créer sa propre «théologie chrétienne»

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    L'État chinois a décidé de construire sa propre «théologie chrétienne», sur fond de tensions entre les autorités et les communautés chrétiennes. Lu sur le site du « Figaro » :

    « La Chine entend établir une «théologie chrétienne» compatible avec la «culture chinoise» et le «socialisme». Le dirigeant de l'Administration d'État pour les affaires religieuses, Wang Zuo'an, a en effet déclaré dans le journal China Daily que sera construite une «théologie chrétienne chinoise […] adaptée aux conditions nationales», devant «intégrer la culture chinoise» et «être compatible avec le chemin du socialisme» défini par le Parti communiste.

    Cette annonce survient dans un contexte de tensions croissantes entre les communautés chrétiennes de Chine - protestantes et catholiques - et les autorités du pays. Actuellement, les autorités chinoises enquêtent notamment sur un couple de militants chrétiens canadiens engagé auprès des réfugiés nord-coréens et soupçonné d'espionnage.

    L'établissement d'un dogme chrétien officiel pourrait être l'occasion pour les dirigeants chinois d'intensifier leur encadrement - déjà très strict - des organisations religieuses, perçues comme des contre-pouvoirs potentiels.

    La religion chrétienne strictement encadrée

    En Chine, les pratiques cultuelles sont étroitement surveillées: seuls les lieux religieux reconnus officiellement par l'État chinois sont autorisés, et les forces de l'ordre dissolvent régulièrement des églises chrétiennes «souterraines». Ce contrôle rigoureux n'empêche pas le Parti communiste chinois de s'inquiéter du développement du christianisme dans le pays: en avril, une église monumentale pourtant reconnue par les autorités a été détruite dans la ville de Wenzhou, où résident un million de chrétiens, sur ordre du gouverneur local.

    Cette crispation des dirigeants chinois sur la question religieuse s'accompagne d'un essor bien réel de la population chrétienne. Actuellement, la Chine compte entre 23 et 40 millions de protestants et 12 millions de catholiques, appartenant à l'Église catholique reconnue par l'État ou à celle, souterraine, fidèle à Rome.

    Ces chiffres restent relativement faibles au regard de la population totale du pays, supérieure à 1,4 milliard d'individus. Toutefois, selon une étude de l'université de Purdue (Indiana) relayée par le Telegraph en avril, le nombre de fidèles du Christ en Chine pourrait dépasser 247 millions en 2030 - soit plus qu'au Mexique, au Brésil ou aux États-Unis.

    Des mesures anti-islam dans le Xinjiang

    La religion chrétienne n'est pas la seule à préoccuper Pékin. L'islam fait également l'objet d'un contrôle particulier de la part des représentants de l'État, allant parfois jusqu'à l'interdiction de coutumes et d'usages vestimentaires liés à cette religion.

    La ville de Karamay, dans le Xinjiang (nord-ouest de la Chine), a par exemple décidé de prohiber le temps d'une compétition sportive locale le port du voile islamique - le niqab, couvrant tout le visage hormis les yeux, mais également le hijab, couvrant les cheveux et le cou. Cette année, au début du ramadan en juillet, les autorités dans cette région ont également fortement limité la possibilité pour les musulmans d'observer certains rites: les fonctionnaires, enseignants et étudiants se sont vu interdire de pratiquer le jeûne durant la journée en se forçant à se rendre à la cantine, et l'accès aux mosquées a été restreint.

    Ces mesures anti-islam sont justifiées par les autorités chinoises par la lutte contre les revendications indépendantistes d'une partie des Ouïghours - une ethnie musulmane turcophone qui compte entre neuf et dix millions d'individus dans la région. Pékin accuse les militants ouïghours d'être responsables des attentats sanglants commis ces derniers mois dans le Xinjiang. Dernièrement, lundi 28 juillet, des affrontements ont causé la mort de 59 «terroristes» et 37 civils.

    Thomas Eustache »

     Ref. La Chine veut créer sa propre «théologie chrétienne»

    Sale temps pour les chrétiens sur la planète. Il leur manque aujourd’hui une grande voix prophétique pour les confirmer dans la foi reçue du Seigneur. Demeure la petite fille Espérance, dont a si bien parlé le poète Péguy mort au front, voici juste un siècle,  à l’aube d'une guerre qui fit des millions de morts...

     JPSC

  • En Chine : une campagne de démolition des églises et des croix

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    La campagne de démolition des églises et des croix se poursuit (Eglises d'Asie)

    Depuis janvier 2014, des centaines d’églises de la province du Zhejiang située dans l’est de la Chine ont été partiellement ou totalement détruites et plus de 360 croix retirées de force par les autorités locales dans le cadre d’une campagne intitulée « Trois rectifications pour une démolition ».

    Officiellement cette opération vise à « embellir » la province en supprimant les aspects disgracieux des structures illégalement construites. Les chrétiens et les défenseurs des droits de l’homme dénoncent quant à eux une vaste opération de répression visant les lieux de culte chrétiens et en particulier les croix dressées sur les édifices, dans le but de stopper la croissance des Eglises dans la région.

    La campagne, qui a débuté en janvier 2013 et doit se poursuivre jusqu’en 2015, a pris une nouvelle ampleur ces dernières semaines. Dans la province du Zhejiang où elle est appliquée, l’opération frappe surtout la zone urbaine de Wenzhou, où les chrétiens, essentiellement protestants, qui forment 15 % de la population, - un phénomène à l’origine du surnom de « Jérusalem de Chine » donné à la ville -, affichent une visibilité qui irrite les autorités locales.

    Parmi les derniers incidents en date, Boxun News, un media indépendant en ligne, rapporte la démolition de l’église de Gao’ao dans la ville de Leqing, située dans le Zhejiang. Selon les témoins, le 21 août dernier, des véhicules de police, des camions et des pelleteuses sont entrés à 8 h 30 du matin dans le village de Gao’ao tandis qu’une centaine de policiers se massaient devant l’église avec des matraques et des boucliers pour prévenir toute réaction de la population.

    Lorsque les fidèles ont essayé d’entrer dans l’église pour empêcher sa destruction, la police les a refoulés avec brutalité, utilisant toutes les armes anti-émeute y compris les gaz lacrymogènes qui ont blessé plusieurs personnes. Les témoins présents rapportent des scènes d’une grande violence, les protestataires étant laissés inconscients et couverts de sang sur le sol après avoir été frappés par les forces de l’ordre. L’un d’eux aurait été traîné, inanimé, dans un véhicule de police et emmené vers une destination inconnue.

    La campagne antichrétienne avait déjà pris un tour sanglant le 21 juillet dernier lorsque des centaines de policiers avaient tenté lors d’une opération de force massive d’arracher la croix de l’église de l’Armée du Salut édifiée dans le district de Pingyang de la ville de Wenzhou. Des centaines d’officiers de police assistés d’hommes de main s’étaient affrontés alors aux membres de l’église tentant de protéger leur lieu de culte. On avait dénombré parmi les fidèles plusieurs blessés graves, et les forces de l’ordre avaient dû abandonner momentanément la destruction, avant de revenir l’achever le 14 août dernier.

    A la suite des ces événements, quatorze avocats ont publié le 21 août une lettre ouverte dénonçant « la démolition injustifiée des croix et la persécution des chrétiens », perpétrées par les autorités locale, rapporte The Telegraph.Prédisant que de telles actions resteraient dans l’histoire comme un « crime commis à l’encontre des chrétiens de Chine », le groupe d’avocats a rappelé que ces événements ne pouvaient que « menacer l’unité du pays et l’ordre public ».

    Dans leur communiqué relayé par Chinese Human Rights Defenders, (CHRD), les avocats ont également accusé les autorités d’avoir non seulement enfreint les dispositions de l’article 36 sur la liberté religieuse de la Constitution, mais de s’être rendues coupables de graves infractions, dont l’abus de pouvoir et l’utilisation de forces armées et mercenaires pour attaquer les membres de l’Eglise, « causant de graves blessures intentionnelles ». Ils ont ensuite enjoint les responsables de la sécurité publique du district de Pingyang, de lancer une enquête sur les irrégularités commises, et de conduire devant la justice les « responsables de ces atrocités ».

    Zheng Leguo, un prédicateur de Wenzhou, a lancé de son côté une pétition sur Internet pour appeler le gouvernement « à protéger le droit du peuple à exercer sa liberté de religion, un droit inscrit dans la Constitution ». Un millier de pasteurs et d'avocats l’auraient déjà signée, à Wenzhou et ailleurs en Chine ainsi qu’à l’étranger. Me Wang Hongjie, l’un des avocats ayant signé la pétition, a ajouté que l’affaire des démolitions d’églises pourrait avoir un effet contraire à ce que prévoyait le Parti communiste, en poussant les chrétiens à pratiquer et exprimer encore davantage leur foi.

    Selon China Aid Association, qui a diffusé un communiqué le 26 août, les autorités de Hangzhou, capitale provinciale du Zhejiang, ont également fait mettre à sac le 11 août une église en construction, au prétexte que le bâtiment violait les règlements municipaux, avant de démanteler la croix de l’église de Gulou dans la nuit du 11 au 12 août derniers. Cette dernière coiffait la plus grande église de toute la ville de Hangzhou (1). La destruction a débuté à 22 heures et s’est achevée le lendemain à une heure de l’après-midi, malgré la présence de plus de 200 fidèles accourus en hâte dans la nuit.

    Ces faits ont été précédés de plusieurs destructions marquantes d’édifices chrétiens et de croix jugées « trop visibles ».Le 28 avril dernier, peu après la destruction de la croix du clocher d’une petite église à Hongzhou , - un acte qualifié de « rectification » dans le cadre de la campagne en cours au Zhejiang - , le temple protestant de Sanjiang près de Wenzhou a été entièrement démoli.

    Pendant deux jours entiers, du 28 au 29 avril, les autorités, appuyées par un fort contingent policier, ont détruit l’immense église protestant de Sanjiang, à l’aide d’explosifs et de pelleteuses, après avoir fait arrêter plusieurs pasteurs qui s’opposaient à la démolition. Depuis plus d’un mois, le litige qui opposait la communauté protestante aux autorités locales n’avait cessé de croître, malgré la signature d’un accord le 7 avril. Mais la municipalité avait finalement ordonné le démontage des croix surmontant l’édifice, jugées « trop grandes et trop visibles », avant de demander la démolition de l’église, arguant d’une « occupation illégale de terres agricoles ». 

    Parmi les incident les plus spectaculaires, il faut également citer le démantèlement le 26 avril, de l’imposant sanctuaire de Longgang situé dans le diocèse catholique de Wenzhou. S’appuyant sur de prétendues illégalités dans la construction du lieu de pèlerinage, les autorités ont enlevé, détruit ou emmuré, les immenses statues qui s’élevaient à l’extérieur des bâtiment.

    Si les autorités continuent d’affirmer que la destruction de ces édifices n’a que pour but d’améliorer le paysage urbain en supprimant les construction illégales, sans aucune volonté de viser les églises chrétiennes, elles s'expriment peu sur les raisons qui motivent le démantèlement des croix. « Toutes ces démolitions forcées des croix démontrent que le but visé est bien de réduire l’influence du christianisme sur la société » conclut quant à lui Guo Baosheng, de China Aid.

    Ces derniers jours, des rapports émanant de différentes ONG ont signalé que les opération de destruction des églises et des croix commençaient à toucher d’autres provinces de Chine, comme le Anhui ou encore le Fujian.

    (eda/msb)

    Notes

    (1) L’église de Gulou a été bâtie en 1885 par l’Eglise presbytérienne nord-américaine. Fermée durant la Révolution culturelle, elle a été l’une des premières églises à réouvrir en 1979. Le bâtiment original a été démoli en 1998 pour la construction du Zhonghe Overhead Highway. L’église a alors été rebâtie sur un nouveau site dès 2002, la construction d’un gigantesque lieu de culte de 1 200 places s’étant achevée en 2006.

  • Chine : l’Eglise plus que jamais verrouillée

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    Le Rapport mondial de Human Rights Watch dénonce le musellement croissant des voix critiques et le durcissement d’une répression tous azimuts sous la présidence de Xi Jinping. De Philippe Oswald sur le site « aleteia » :

    « Étrange tout de même, cette indulgence des dirigeants occidentaux pour la dictature rouge chinoise. Les Français, notamment, si prompts à faire la leçon à Poutine, multiplient égards et courbettes envers Xi Jinping. Serait-ce que l’argent n’a pas d’odeur, même pour des dirigeants socialistes ? La perspective de juteux contrats blanchirait-elle le président chinois aux yeux des représentants du « pays des droits de l’homme », si empressé à faire la morale au monde entier ?  

    « La campagne la plus dure de ces dix dernières années »

    On leur conseille la lecture du Rapport mondial 2015 de Human Rights Watch  rendu public à New York le 29 janvier. « Sous le président Xi Jinping, le gouvernement et le Parti communiste chinois ont lancé la campagne d’enquêtes, de détentions et de condamnations à caractère politique la plus dure de ces dix dernières années, marquant un virage radical vers une intolérance à l’égard des voix critiques », lit-on dans ce volumineux rapport sur la situation des droits de l’homme dans plus de 90 pays (la version anglaise comprend 656 pages et la version abrégée en français 186 pages).

    De bonnes vieilles méthodes communistes

    On peut douter qu’il s’agisse d’un « virage radical » tant ces bonnes vieilles méthodes sont inscrites dans les gènes communistes : pour prendre le pouvoir puis le conserver, tous les moyens sont bons, y compris un zeste de douceur et de persuasion le peu de temps que celles-ci restent payantes. Puis retour à la norme : la pure et dure dictature du prolétariat (celle d’un cercle plus ou moins large de prédateurs qui ne reculent devant rien pour garder le pouvoir). C’est ce qui se passe sous l’ère Xi Jinping : « La répression des voix critiques est la pire depuis dix ans et il semble qu’elle ne soit pas prête de s’arrêter », a commenté Sophie Richardson, directrice pour la Chine à Human Rights Watch. 

    Arrestations massives et parodies de procès

    L’année 2014 aura été marquée par un contrôle encore plus étroit des médias, des internautes, des journalistes, des universitaires ; par des arrestations massives de militants des droits de l’homme et d’avocats (telle l’avocate et militante chinoise des droits humains Cao Shunli, décédée le 14 mars 2014 à l’âge de 52 ans, après plusieurs mois de détention et de privation des soins médicaux) ; par des parodies de procès avec des aveux mis en scène et diffusés à la télévision ; par des arrestations de dizaines de milliers de fonctionnaires ou membres du Parti souvent incarcérés dans le cadre du système de détention extrajudiciaire du Parti, le shuanggui.

    Des militants connus ont été réduits au silence, tel Pu Zhiqiang, l’un des plus célèbres avocats du pays, arrêté en juin dernier pour « troubles à l’ordre public » ou l’économiste ouïghour Ilham Tohti condamné à la prison à vie sur la base d’accusations fallacieuses. Quant à Liu Xia, l’épouse du lauréat du prix Nobel de la paix emprisonné Liu Xiaobo, elle est illégalement assignée à résidence.

    La contestation assimilée au terrorisme

    Sur le plan juridique, le pouvoir s'emploie à renforcer davantage encore l’appareil de sécurité de l’État pourtant déjà tout puissant. Un projet de loi antiterroriste assimile la contestation pacifique au terrorisme (notamment à l’encontre les Tibétains et les Ouighours, au Xinjiang Aleteia) et durcit le contrôle exercé sur les associations de la société civile. Ce même verrouillage affecte les communautés chrétiennes, et tout particulièrement l’Église catholique dont Pékin entend nommer les évêques pour qu’ils dépendent du Parti et non de Rome (Aleteia). On a également assisté à la répression et à l’étouffement du mouvement démocratique « Occupy Central » (appelé aussi « la révolution des parapluies ») à Hong-Kong, en violation de la constitution de ce territoire (Aleteia). Non seulement Pékin a interdit à nombre d’étudiants de Hong-Kong de se rendre en Chine continentale, mais il a fait arrêter des Chinois qui avaient manifesté leur solidarité avec leurs compatriotes de Hong-Kong via Internet. 

    L’étonnante mansuétude internationale

    Dans un tel contexte, Human Rights Watch manifeste son étonnement devant la grande mansuétude dont bénéficie le pouvoir de Pékin sur la scène internationale. Y compris celle du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, qui a loué le gouvernement chinois pour « sa contribution à la promotion des… droits humains ». Sans rire… même jaune.

    Réf. La Chine de Xi Jinping : de pire en pire

    JPSC

  • En Chine, sous Mao, il fallait résister pour survivre et garder la foi

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    Lu sur La Croix :

    « Sous Mao, il a fallu résister pour survivre et garder la foi »

    À 83 ans, Ma Xiao Jun, une catholique de Changsha, n’a rien oublié de la féroce répression maoïste

    Emmitouflée dans un gros manteau gris, un bonnet de laine sur la tête, Ma Xiao Jun se réchauffe en buvant du thé aux graines de sésame. Assise sur un tabouret bas dans la cour de sa maison, cette vieille dame de 83 ans a encore du mal à parler sereinement d’une époque catastrophique pour sa communauté.

    « J’avais 20 ans lorsque les communistes sont arrivés au pouvoir en 1949. La population du village a plutôt bien accueilli ce changement politique, pensant qu’il allait apporter un peu de stabilité après des années de chaos. » Xiao Jun devient soudain pensive : « Nous, les catholiques, nous ne nous attendions pas à voir un ouragan communiste déferler sur le village… »

    PRIER LE SEIGNEUR

    Les 10 000 paysans de Liu Zhan étaient devenus à 60 % catholiques après l’arrivée de missionnaires européens au début du XXe  siècle. La répression s’est abattue sur eux à peine trois ans après l’arrivée de Mao au pouvoir. « Notre prêtre ne savait pas trop ce qui allait arriver. Il nous avait mis en garde contre les communistes athées car il avait reçu des informations d’autres villes où les catholiques étaient mis en prison et torturés », raconte Xiao Jun. 

    Lire la suite sur La Croix

  • Quand le cardinal Parolin minimise les persécutions subies par les chrétiens en Chine

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    Du National Catholic Register (Bree A. Dail) :

    D'un journaliste catholique chinois en exil : Les croyants chinois ont besoin d'aide !

    En réponse aux récents commentaires du Cardinal Parolin qui semblaient minimiser l'existence de la persécution chrétienne, Dalù déclare que la persécution est en fait un terme trop doux pour la situation actuelle désastreuse en Chine.

    Catholics gather to pray the Rosary including Bishop Ma Daquin of Shanghai.

    Les catholiques se réunissent pour prier le chapelet, y compris l'évêque Ma Daquin de Shanghai.

    Interview

    17 novembre 2020

    Un journaliste, lanceur d'alerte et réfugié politique chinois a critiqué le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Vatican, pour ce que l'exilé chinois considère comme une attitude dédaigneuse à l'égard des persécutions actuelles en Chine. Le journaliste chinois Dalù répliquait à une interview du cardinal Parolin accordée au journal italien La Stampa, réalisée quelques jours avant que le Vatican ne renouvelle son accord avec la Chine le mois dernier.

    Dalù s'est adressé au Register le 27 octobre, Journée internationale de la liberté religieuse. Dans cette interview, il a mis en avant la question posée par le journaliste de La Stampa Vatican au cardinal Parolin sur la persécution continue des chrétiens en Chine, malgré l'accord sino-Vatican signé en 2018, auquel le secrétaire d'État du Vatican a répondu : "mais les persécutions, les persécutions ... Il faut utiliser les mots correctement".

    Les paroles du cardinal ont choqué Dalù, qui a reçu le statut de réfugié politique en Italie en 2019 après avoir défié le Parti Communiste Chinois, et l'ont amené à conclure : "Les commentaires du Cardinal Parolin peuvent avoir un sens. Le terme "persécution" n'est pas assez précis ou fort pour décrire la situation actuelle. En fait, les autorités du PCC ont réalisé que la persécution des religions nécessite des méthodes nouvelles et innovantes pour éviter une forte réaction du monde extérieur".

    Originaire de Shanghai, Dalù a été l'un des journalistes les plus populaires des médias chinois avant de réaliser en 1995 un reportage visant à exposer la vérité sur le massacre de la place Tiananmen à ses auditeurs de radio, malgré la tentative du gouvernement chinois de contrôler le récit de l'événement. Dalù s'est converti au catholicisme en 2010, ce qui, selon lui, a renforcé l'hostilité du Parti communiste chinois à son égard. Puis, en 2012, après l'arrestation de l'évêque Ma Daquin du diocèse de Shanghai, Dalù a utilisé les médias sociaux pour demander avec insistance la libération de l'évêque, ce qui a finalement conduit à l'interrogatoire et à la persécution du journaliste.

    Dalù a reçu le statut légal de réfugié politique en Italie en 2019. L'interview suivante a été publiée dans un souci de clarification et d'approfondissement.

    Quelle est la situation de l'Église catholique en Chine ?

    Vous savez, l'Église chinoise est divisée en deux catégories : les officiels et les clandestins. L'Église officielle est entièrement contrôlée par le Parti communiste chinois et doit accepter la direction de l'Association patriotique, tandis que l'Église clandestine est considérée comme une Église illégale par le PCC parce que son évêque est directement nommé par le Vatican. N'est-ce pas ridicule ? L'Église a été établie par Jésus, et non par le PCC. Jésus a donné à Pierre la Clé du Royaume, pas à l'Association patriotique chinoise.

    Chinese journalist Dalù

    Le journaliste chinois Dalù

    Le Vatican vient de renouveler son accord avec la Chine, dont les détails doivent encore être rendus publics. Quelle a été votre expérience personnelle ?

    Le prêtre qui m'a baptisé m'a invité à être le chef du département médiatique de l'Eglise pour la diffusion des nouvelles et de l'Evangile de l'Eglise par les médias sociaux. Depuis que la Chine bloque l'Internet, les croyants du pays ne peuvent plus accéder au site web des Nouvelles du Vatican. Je transmettais chaque jour les nouvelles du Saint-Siège et les discours du Pape. J'étais comme un soldat de première ligne.

    J'ai eu l'occasion de connaître de nombreux prêtres, dont le père Ma Daqin, qui est devenu plus tard évêque à Shanghai. Le jour de sa consécration comme évêque, Mgr Ma a renoncé à son association avec l'"Église patriotique" du PCC et a été immédiatement isolé de nous par l'Association patriotique.

    Plus tard, nous avons appris qu'il avait été contraint de suivre un programme intensif d'endoctrinement communiste. Avec une impulsion enfantine, j'ai demandé la libération de notre évêque Ma Daqin sur les médias sociaux, tous les jours. Mon comportement a reçu une forte réponse de la part des croyants, mais il a également attiré l'attention de l'Association patriotique. Ils ont demandé à la police de la sécurité intérieure de nous menacer, moi et ma famille. J'ai subi de durs interrogatoires parce que j'ai violé la discipline de propagande du PCC. Ils m'ont forcé à cesser d'appeler à la libération de l'évêque Ma sur les médias sociaux et à signer une confession admettant que mes actes étaient répréhensibles et que je les regrettais.

    Ce n'était qu'un petit épisode. J'ai vécu avec la conscience d'être constamment surveillé pour ma proximité avec l'Église et les menaces envers moi et ma famille étaient très fréquentes. Les interrogatoires ont été très durs et mon esprit a beaucoup travaillé pour effacer ces souvenirs.

    Le matin du 29 juin 2019, environ neuf heures après que je venais de publier les détails des "Orientations pastorales du Saint-Siège sur l'enregistrement civil du clergé chinois" du cardinal Parolin sur l'application chinoise, plateforme "WeChat", j'ai soudain reçu un appel du Bureau des affaires religieuses de Shanghai. Ils m'ont ordonné de supprimer immédiatement le document "Orientations pastorales du Saint-Siège" de la plate-forme WeChat, faute de quoi des mesures seraient prises à mon encontre.

    Le ton de l'homme au téléphone était très fort et menaçant. Ce document d'"orientation pastorale" est le premier document publié par le Saint-Siège à l'intention de l'église officielle chinoise après la signature d'un accord secret avec la Chine. C'est à cause de ces actions que j'ai dû fuir mon pays.

    Dalù, votre carrière d'animateur de radio populaire à Shanghai a été interrompue par le régime il y a longtemps. Pourquoi ?

    Oui, jusqu'à présent, ma carrière de journaliste violait déjà la discipline de propagande du PCC. Le 4 juin 1995 était le sixième anniversaire du "Massacre de la place Tiananmen". J'étais un animateur de radio connu et j'ai rendu public cet événement. Ces jeunes gens innocents qui réclamaient la démocratie sur la grande place de Pékin ont été massacrés par les chenilles des chars et je ne pouvais pas l'oublier. J'ai dû dire la vérité à mon peuple qui ne savait rien de cette tragédie. Mon émission en direct a été suivie par l'agence de propagande du PCC. Mon émission a été arrêtée immédiatement. Ma carte de presse a été confisquée. J'ai été forcé d'écrire une confession, admettant que mes remarques et actions erronées violaient la discipline du Parti. J'ai été renvoyé sur-le-champ, et à partir de ce moment, j'ai commencé à vivre une vie marginalisée pendant 25 ans.

    Chinese journalist Dalù

    Le journaliste chinois exilé Dalù

    Ma vie a été épargnée parce que la Chine ne pouvait pas se permettre de faire disparaître à Shanghai un radiodiffuseur dominical aussi populaire. Ils envisageaient d'adhérer à l'Organisation mondiale du commerce et ils devaient avoir l'air d'un pays normal. Ma notoriété m'a sauvé la vie mais le PCC m'a marginalisé à jamais. Les stigmates politiques sont consignés dans mon dossier personnel. Personne n'ose m'engager parce que je suis devenu une menace pour le PCC.

    Le cardinal Pietro Parolin a été interviewé par Salvatore Cernuzio de La Stampa, où il a parlé de son travail d'intermédiaire pour le renouvellement de l'accord avec le PCC. Il a été interrogé, entre autres, sur l'augmentation de la persécution religieuse dans le pays, après l'accord initial de 2018. Avez-vous lu ses réponses, et vous ont-elles surpris ?

    Oui, j'ai été surpris. Cependant, je me suis calmé et j'ai réfléchi. Je pense que les commentaires du cardinal Parolin [qui semblent rejeter la persécution en Chine] peuvent avoir un sens. Le terme "persécution" n'est pas assez précis ou fort pour décrire la situation actuelle. En fait, les autorités du PCC ont réalisé que la persécution des religions au moyen de méthodes nouvelles et innovantes pour éviter une forte réaction du monde extérieur.

    Par exemple, elles ont suspendu les démolitions de croix, et maintenant le nouvel ordre est de placer le drapeau national sur les églises. L'église organise chaque jour la cérémonie de lever du drapeau et même les portraits de Mao Zedong et de Xi Jinping sont disposés de part et d'autre de la croix de l'autel. Étonnamment, de nombreux croyants ne s'y opposent pas car ils estiment que cela symbolise la scène de la crucifixion de Jésus : deux criminels ont également été cloués à gauche et à droite.

    Il convient de mentionner que maintenant, l'Association patriotique n'interdit plus aux croyants de lire la "Bible". Au lieu de cela, ils ont trafiqué la "Bible", en insérant que Jésus a admis qu'il était aussi un pécheur. Ils ne sont pas opposés à ce que les prêtres prêchent l'Évangile, mais ils les organisent souvent pour qu'ils voyagent ou leur proposent des activités de divertissement - manger et boire, et leur offrir des cadeaux. Avec le temps, ces prêtres seront heureux d'interagir avec le PCC.

    L'évêque Ma Daqin de Shanghai ne semble pas être détenu pour l'instant. Le PCC utilise un nouveau mot pour désigner cette situation : la rééducation. Laissez l'évêque se rendre dans des lieux désignés pour un "entraînement" régulier et laissez-lui accepter la proposition de Xi Jinping : Le catholicisme chinois devrait être géré par les Chinois eux-mêmes, sans les entraves des étrangers. Lorsque l'évêque Ma Daqin recevait une "rééducation", certains des prêtres qui ont lutté contre sa détention étaient souvent appelés à "boire du thé" avec la police chinoise. "Boire du thé" est un mot très culturel que le PCC utilise maintenant comme un euphémisme pour ce qui sera généralement des interrogatoires durs et violents. Cette peur, cette utilisation de notre ancienne culture et ces tactiques sont des formes de torture. De toute évidence, la véritable "persécution" a été dissimulée par un emballage élégant. Tout comme la Constitution chinoise affirme également que la Chine jouit de la liberté d'expression, de la liberté de croyance religieuse et de la liberté de manifestation et de réunion. Mais vous découvrez qu'après avoir arraché l'emballage, toutes ces "libertés" doivent être strictement contrôlées et examinées. Si nous disons que la "démocratie à la chinoise" est juste une autre forme de démocratie, alors je suppose que vous pouvez renommer la "persécution à la chinoise" comme un nouvel acte civilisé. Compte tenu de ces nouvelles révélations, pouvez-vous encore utiliser le mot "persécution" ? Il est évident que cela devient inapproprié, car nous sommes témoins d'une institution structurée d'humiliation quotidienne. Quel mot pourrait être utilisé à la place ?

    En tant que catholique chinois, avez-vous un message à adresser au pape François et au cardinal Parolin ?

    Le pape François vient d'écrire : "Nous sommes une communauté mondiale, tous dans le même bateau, où les problèmes d'une personne sont les problèmes de tous" (Fratelli Tutti, 32). Les problèmes de la Chine sont les problèmes du monde. Sauver la Chine, c'est sauver le monde. Je suis un croyant ordinaire, je ne suis pas qualifié pour parler à Sa Sainteté et au Cardinal Parolin. Ce que je pourrais exprimer se résume en un mot : AIDE !

    Qu'est-ce qui vous a attiré dans l'Église catholique en 2010, et qu'est-ce qui vous maintient dans l'Église alors que vous êtes témoin de ce que le Cardinal Zen et d'autres ont protesté comme étant une profonde trahison, voire un "meurtre" de l'Église en Chine ?

    Depuis 25 ans que je vis en marge de la société, je pense que si la Chine ne change pas, ma vie ne peut pas être changée. De nombreux Chinois qui, comme moi, aspirent à la liberté et à la lumière ne doivent pas affronter la fin de leur vie dans d'immenses camps de concentration. Les descendants de tous les Chinois vivront dans un monde plus sombre et plus cruel qu'ils ne le sont actuellement. Je n'ai jamais trouvé de moyen de sortir des ténèbres avant de rencontrer Jésus. Ses paroles m'ont fait sentir "sans soif" et sans peur. Je comprends une vérité : la seule façon de sortir des ténèbres est de se brûler. En fait, l'Église est un creuset, qui fait que les croyants qui croient vraiment et mettent en pratique les paroles de Jésus deviennent des bougies qui illuminent le monde.

    Il y a longtemps, j'ai suivi le cardinal Zen, un vieil homme qui a osé se brûler. En fait, l'Eglise clandestine chinoise a été soutenue, assistée et contactée par l'évêque Zen depuis le début jusqu'à aujourd'hui. Il connaît très bien le passé et la situation actuelle de l'Église clandestine chinoise. Pendant longtemps, il s'est fortement opposé à l'intervention du PCC dans les activités missionnaires de l'Église, et a critiqué à plusieurs reprises la Chine pour son manque de liberté religieuse. Il a également lancé un appel aux partisans de l'incident de la place Tiananmen et au mouvement démocratique de Hong Kong. Je pense donc qu'il devrait avoir le droit de parler, d'être entendu, d'offrir son expérience au Pape à un moment sensible. C'est une contribution précieuse, même pour ceux qui ne pensent pas comme lui.

    Vous êtes un réfugié politique -- comment est-ce arrivé ?

    Si Dieu n'avait pas fait en sorte que Luca Antonietti se présente, j'aurais peut-être été expulsé dans les trois mois. Sans cela, je serais probablement dans une prison chinoise, aujourd'hui. Luca Antonietti est non seulement un avocat bien connu en Italie, mais il est aussi un catholique fervent. Le lendemain de mon arrivée ici, je suis allé à l'église pour participer à la messe. Aucun Chinois n'était jamais apparu dans ce petit village. L'ami de Luca lui a rapporté cette information et je l'ai rencontré peu après, un après-midi de septembre 2019. Par coïncidence, Luca a obtenu un MBA à Shanghai et il connaissait l'Église chinoise, mais nous ne pouvions communiquer que par le biais d'un logiciel de traduction pour téléphone portable.

    Après avoir pris connaissance de mon expérience, il a décidé de me fournir une aide juridique. Il a mis de côté toutes ses affaires et a préparé tous les documents juridiques nécessaires pour demander l'asile politique, travaillant pour moi tous les jours. En même temps, il a pris le temps de visiter le Sanctuaire de l'amour miséricordieux à Collevalenza. Ce qui m'a particulièrement touché, c'est qu'il m'a aussi fourni un endroit où vivre. Aujourd'hui, je suis un membre de la famille italienne. Mon avocat a accepté de risquer sa vie et celle de sa famille pour m'aider. Vous devez comprendre qu'être proche de moi, même dans un pays comme l'Italie, est encore une lourde croix à porter - je suis sous surveillance.

    J'étais comme un homme blessé qui est tombé sur le bord de la route et a rencontré un gentil Samaritain. A partir de ce moment, j'ai commencé une nouvelle vie. Je profite de la vie que les Chinois devraient avoir le droit de vivre : l'air frais, une nourriture saine et sûre, et les étoiles dans le ciel la nuit. Plus important encore, j'ai un trésor que le régime chinois a oublié : la dignité.

    Vous considérez-vous comme un lanceur d'alerte ? Pourquoi sortir maintenant, et quel est votre message ?

    J'ai toujours été un lanceur d'alerte. En 1968, quand j'avais 5 ans, la révolution culturelle a éclaté en Chine. J'ai vu mon père se faire battre sur scène. Il y avait plusieurs rassemblements de lutte de ce genre chaque semaine. J'ai découvert que de nouvelles affiches de rassemblement étaient toujours affichées à l'entrée du lieu de la manifestation. Un jour, j'ai arraché l'affiche, et personne n'a participé au rassemblement ce jour-là.

    En 1970, alors que j'étais en première année d'école primaire, j'ai été dénoncé par mes camarades de classe et interrogé par l'école parce que j'avais accidentellement fait tomber par terre un portrait tiré du livre "Citations de Mao Zedong". Lorsque j'étais au collège, j'ai commencé à écouter secrètement la radio à ondes courtes de Taiwan, en violation de l'interdiction nationale. En 1983, alors que j'étais à l'université, j'ai demandé une réforme de l'enseignement par le biais de la diffusion sur le campus et j'ai été puni par l'école. J'ai été disqualifié pour la production de toute émission supplémentaire et j'ai été inscrit pour une inspection ultérieure. Le 8 mai 1995, j'ai pleuré la mort de la chanteuse la plus célèbre de Taiwan, Teresa Teng, à la radio et j'ai été puni par la station de radio. Un mois plus tard, le 4 juin, j'ai de nouveau violé l'interdiction et j'ai rappelé au public de ne pas oublier le "massacre de Tiananmen" à la radio.

    Le 7 juillet 2012, après la détention de l'évêque Ma du diocèse de Shanghai, j'ai été torturé et interrogé par la police tous les jours lorsque j'ai demandé la libération de l'évêque Ma sur les médias sociaux. En août 2018, avant l'ouverture des Jeux olympiques de Pékin, j'ai organisé des activités de protection des droits de l'homme dans la communauté où je vivais. La station de radio taïwanaise "Voice of Hope" m'a interviewé. J'ai été surveillé par la police et emmené de nouveau au poste de police. N'est-ce pas suffisant ?

    Maintenant, j'écris un livre. Je veux dire au monde la vérité sur la Chine : La Chine, sous le PCC, est devenue un énorme camp de concentration invisible. Les Chinois ont été réduits en esclavage pendant 70 ans.

    Quel espoir avez-vous de travailler en Europe pour la Chine ? Comment les gens peuvent-ils aider ?

    Je voudrais aider les gens libres à comprendre comment la dictature communiste pense et comment elle trompe silencieusement le monde entier. Le Parti communiste chinois connaît parfaitement l'Occident. Mais vous ne savez pas grand chose de la dynamique du régime chinois. Aussi, je voudrais retourner à la radio, en tant qu'animateur, pour parler aux Chinois de Jésus. C'est un grand rêve et j'espère que quelqu'un pourra m'aider à publier mes mémoires pour envisager l'avenir avec réalisme et espoir.

    C'est le temps de la vérité. Chaque jour, je diffuse mon point de vue sur la Chine par le biais des réseaux de médias sociaux. J'espère que le monde se réveillera bientôt. De nombreuses "personnes de bonne volonté" répondront à cet appel. Je n'abandonnerai jamais.

  • Chine : tous les religieux doivent manifester leur amour pour le Parti communiste

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    De Michel Janva sur le Salon beige :

    Le gouvernement chinois exige que tous les religieux en Chine manifestent leur «amour pour le Parti communiste»

    Le gouvernement chinois exige que tous les religieux en Chine manifestent leur «amour pour le Parti communiste»

    Une situation semblable à celle de la Révolution française, durant laquelle le clergé a été contrait de faire un serment à la république… Ce nouveau décret est «une nouvelle mesure totalitaire visant à limiter la liberté religieuse», selon la Société internationale pour les droits de l’homme (ISHR). Le décret s’applique à toutes les religions, à savoir les lamas bouddhistes, les religieux chrétiens, les imams musulmans et autres chefs religieux.

    Le décret entre en vigueur le 1er mai 2021. Les clercs seront alors obligés de «maintenir l’unité nationale, l’unité ethnique, l’harmonie religieuse et la stabilité sociale». Ils ne doivent en aucun cas «mettre en danger la sécurité nationale», «saper l’unité nationale» ou «diviser le pays». Selon l’ISHR, la direction communiste de Pékin a l’intention de mettre en œuvre sa soi-disant politique de sinisation «jusqu’à la conformité totale de tous les croyants». Non seulement les professeurs de religion et les dirigeants communautaires, mais tous les écrits et cérémonies devraient se conformer aux «normes de direction communiste». Les clercs devront demander la permission de mener des activités religieuses à l’avance.

    Par ailleurs, vendredi 16 avril, à Hong Kong, neuf des plus grands défenseurs de la liberté ont été condamnés et mis en prisonCinq d’entre eux sont catholiques. Le Père Gianni Criveller de l’Institut pontifical des missions étrangères, qui a passé 27 ans en Chine en a dressé un vibrant portrait. Extrait :

    […] Ces condamnations blessent le cœur de l’Église, qui est frappée dans ses liens les plus chers. À ceux qui prétendent que les catholiques de Hong Kong sont divisés, je répondrai qu’ils ne le sont nullement face à Martin Lee, un frère aimé et condamné pour ses idéaux. Pour moi, c’est un homme bon, doux, sage, innocent et amical. Je suis soulagé que sa peine ait été suspendue mais non moins indigné qu’un homme de loi et de foi doux et valeureux tel que lui soit traité de la sorte, à l’âge de 82 ans. Quand on pense que Carrie Lam, la cheffe exécutive avait assuré que la loi de sécurité nationale n’aurait frappé que les agitateurs.

    À 64 ans, le parlementaire et syndicaliste Lee Cheuk-Yan appartient lui aussi à l’Église catholique : c’est un ami très cher, lié aux missionnaires de l’Institut pontifical des missions étrangères par des liens familiaux. Son épouse Elizabeth Tang a été « adoptée » quand elle était encore une petite orpheline, ainsi que ses deux sœurs, par le Père Adelio Lambertoni, originale de Velate, en province de Varese, où les époux Lee se rendaient chaque année pour prier près de la tombe du missionnaire. Baptisé dans l’Église anglicane, Cheuk-Yan fréquente avec son épouse et sa fille la paroisse catholique de leur quartier et la maison des MEP. Elizabeth est une syndicaliste importante puisqu’elle est secrétaire générale de la Fédération internationale des travailleuses à domestiques.

    La vie des époux Elizabeth et Lee Cheuk-Yan a été entièrement consacrée à la justice sociale, motivée par leur foi chrétienne. Lee Cheuk-Yan en personne l’a répété au procès du 8 avril dernier, qui l’a condamné, en comparant son arrestation et sa condamnation à celle de Jésus lui-même. Un discours d’une grande noblesse, religieux et inspiré par un idéal. Au lendemain du 4 juin 1989, jour du massacre de la Place Tian’anmen, tout Hong Kong s’était mobilisé pour que Lee, qui s’était rendu à Pékin pour offrir la solidarité d’un million de citoyens de Hong Kong, soit libéré et qu’on le laisse rentrer à Hong Kong. Je ne pense pas qu’il ait jamais envisagé la possibilité qu’un jour il connaîtrait les prisons de sa propre ville. […]

    Mon ami Cheuk-Yan, avec lequel j’ai partagé la scène, entre en prison ce soir. Il est condamné à un an, et il est toujours en attente de l’issue de deux autres procès. Et avec lui, aujourd’hui, des frères et des sœurs qui ont pris au sérieux l’annonce de l’Évangile seront eux aussi jetés en prison. Ils croient à la liberté, dont l’auteur est Jésus lui-même. Ils ont pleinement conscience de la dignité des hommes libres, parce qu’ils sont Fils de Dieu, créés à son image, et acteurs pour construire le bien commun de la communauté des hommes.

    Il y a des années, la parlementaire Cyd Ho, âge de 66 ans, incarcérée à partir de ce soir pour huit mois, m’avait dit, pendant une manifestation pour le « droit de résidence » à Charter Garden, que quand elle était enfant, elle avait été baptisée par un missionnaire des MEP.

    L’intellectuelle Margareth Ng (photo), une dame très douce, est catholique elle aussi. En cette nuit fatidique du 1er juillet 1997, aux côtés de Martin Lee, elle s’était adressée au peuple de Hong Kong depuis le balcon du Parlement. Ils avaient demandé la liberté et la démocratie, comme la constitution de la ville le promettait. Aujourd’hui, 16 avril 2021, avant la lecture du jugement qui l’a condamnée à 12 mois (avec sursis), elle a fait une déclaration qui s’est conclue par une invocation à saint Thomas More : « J’ai vieilli au service de l’État de droit. Je sais que saint Thomas More est le saint patron des hommes de loi. Il a été jugé pour trahison parce qu’il n’avait pas plié la loi à la volonté de son roi. Ses dernières paroles célèbres sont bien connues, je me permettrai juste de les adapter quelque peu pour les faire miennes : ‘Je suis une bonne servante de la loi, mais avant tout du peuple. Parce que la loi doit être au service du peuple et non le peuple au service de la loi’ ».

    Jimmy Lai, 72 ans, catholique lui aussi, est en prison depuis longtemps. Il est le fondateur d’« Apple Daily », le journal le plus populaire de Hong Kong. Il s’est converti adulte grâce à l’évêque de Hong Kong de l’époque, ensuite devenu cardinal, Joseph Zen Zekiun. Il a reçu aujourd’hui 19 mois de prison supplémentaires. […]

  • Ce 24 mai, prions pour les chrétiens de Chine

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    De KTO :

    Le 24 mai, prions pour les chrétiens de Chine

    À l’occasion de la Journée mondiale de prière pour l’Église de Chine, le 24 mai 2021, KTO vous propose une programmation spéciale pour prier et méditer pour les chrétiens chinois.

    Instaurée par Benoît XVI en 2007, la Journée mondiale de prière pour la Chine invite l'Église universelle à prier pour les fidèles catholiques chinois le 24 mai. Cette date marque également la fête de Notre-Dame de Sheshan, patronne de la Chine, dont le sanctuaire se trouve près de Shanghai. 

    Le pontife avait alors écrit une prière à Notre Dame de Sheshan pour soutenir « l'engagement de ceux qui, en Chine, parmi leurs travaux quotidiens, continuent à croire, à espérer, à aimer, afin qu'ils ne craignent jamais de parler de Jésus au monde et du monde à Jésus ». À la Vierge, il avait demandé d'aider « les catholiques à être toujours des témoins crédibles de l'amour, en restant unis au rocher de Pierre sur lequel l'Eglise est bâtie ».

    À 20h50, KTO diffuse un documentaire exceptionnel sur les sœurs de l'ombre, ces ordres religieux féminins présents en Chine, qui ont apporté une aide très concrète aux malades, aux pauvres, aux enfants abandonnés, et aux réfugiés souvent au péril de leur vie. 

    Sœurs de l'ombre, une coproduction KTO/Saison Cinq, réalisé par Sébastien Cassen.

    Le pape François porte une attention particulière à l'Église de Chine depuis le début de son pontificat. Après 70 ans de rupture et de tensions, la Chine et le Vatican ont signé en septembre 2018 un accord provisoire autorisant le Pape à nommer des évêques en concertation avec le Parti communiste chinois. « Il ne s'agit pas de nommer des fonctionnaires pour la gestion des questions religieuses, mais d'avoir des Pasteurs authentiques selon le cœur de Jésus, engagés à travailler généreusement au service du Peuple de Dieu », a écrit le Saint-Père dans son message aux catholiques chinois et à l'Église universelle, après la signature de l'accord.

    Pour célébrer cette journée, KTO donne la parole à des témoins du Christ dans l’Empire du Milieu.

    Des témoins du Christ en Chine

    L'artiste chinois Yin Xin, témoigne de son parcours et de son espérance pour la Chine, à travers la place qu'il donne au Christ dans ses oeuvres.

    Père Charbonnier : « Que l'amour fraternel entre les catholiques de Chine redevienne un témoignage

    Le père Jean Charbonnier, prêtre des Missions Étrangères de Paris, nous confie son expérience de l'Eglise en Chine en tant que missionnaire et son espérance pour les catholiques chinois.

    Père Lepeu : « Je suis émerveillé par la créativité des jeunes qui travaillent l'Église »

    Le Père Bruno Le Peu, prêtre des Missions Étrangères de Paris, coordinateur du service Chine des Missions Étrangères de Paris, nous confie son regard plein d'espérance pour l'Eglise de Chine face aux défis qu'elle doit relever.