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Haro sur la "dictature dogmatique"

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Une tribune libre paraît aujourd'hui dans un quotidien toujours prompt à relayer la contestation anti-romaine.

Les « autorités romaines » (en fait, c'est le pape qui est visé) affectionnent, paraît-il, les « formules choc » comme la « dictature du relativisme ». En réalité, voici ce que disait le pape, en novembre dernier :  « Le relativisme (...) apparaît comme l'unique attitude à la hauteur de l'époque actuelle. L'on est en train de mettre sur pied une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui donne comme mesure ultime uniquement son propre ego et ses désirs. » Est-ce la « formule choc » ou le « slogan » incriminés par nos théologiens?

Armés du « slogan » comme concept pour désigner l’attitude romaine, ils en concluent à son « caractère autoritaire » ("tout slogan étant autoritaire par nature") et, plus grave, ne permettant pas d’appréhender la réalité. 

Vient ensuite une digression consensuelle sur le relativisme et sur « le pragmatisme qui évacue les questions de sens », mais c’est pour mieux s’en prendre au discours romain qui pècherait par excès inverse, condamnant « sans nuance la société occidentale d’aujourd’hui, jugée hédoniste, partisane d’une culture de mort, sans cœur ni conscience. »

A leurs yeux, le discours du « Vatican » traduirait ainsi « l’effroi (sic !) devant l’évolution d’un monde jugé décadent. » Décadence que de nombreux esprits s’accordent pourtant à reconnaître mais mot que Benoît XVI ne prononce pour ainsi dire dire jamais.

La notion absolue de « Vérité » ferait problème, « vérité enseignée par le magistère catholique et désormais mise en doute, voire tournée en ridicule par de nombreux catholiques eux-mêmes. » Ici, nos auteurs ne font pas dans la nuance car ils laissent entendre que le Vatican prétend à la Vérité en tout et pour tout. Or, dans l’enseignement de l’Eglise, il y a des degrés divers, depuis la Vérité révélée dans les Ecritures et incarnée en Jésus, jusqu’aux instructions concernant le culte ou la discipline ecclésiastique. Tout cela ne bénéficie évidemment pas du même niveau d’infaillibilité ; certaines dispositions pouvant être revues et modifiées.

Les auteurs stigmatisent l’attitude de l’Eglise qui se voudrait détentrice de la vérité en tout et pour tout : c’est de l’orgueil, de la dictature, du fanatisme ! Et d’appeler l’histoire en renfort où « tant d’affirmations catégoriques  de l’Eglise (lesquelles?) ont été démenties par les découvertes scientifiques (lesquelles?) ou par l’expérience vécue (laquelle?) » ! L’historien hausse les épaules devant cette argumentation éculée ; on sait que l’histoire de l’Eglise n’est pas exempte de dérapages et « d’hommeries », mais cela remet-il en cause la vérité dont-elle est porteuse ? Quand il s’agit de rendre témoignage de l’Evangile, il est question, en effet, de points sur lesquels l’Eglise ne peut transiger; cela n’empêche pas la réflexion contrairement à ce qu’affirment les auteurs. Augustin, Thomas d’Aquin, Pascal, Urs Von Balthasar et bien d’autres ne s’en sont pas privés.

Dans le même sermon de novembre dernier, Benoît XVI affirmait : « Nous possédons, en revanche, une autre mesure: le Fils de Dieu, l'homme véritable. C'est lui la mesure du véritable humanisme. Une foi "adulte" ne suit pas les courants de la mode et des dernières nouveautés; une foi adulte et mûre est une foi profondément enracinée dans l'amitié avec le Christ. C'est cette amitié qui nous ouvre à tout ce qui est bon et qui nous donne le critère permettant de discerner entre le vrai et le faux, entre imposture et vérité. Cette foi adulte doit mûrir en nous, c'est vers cette foi que nous devons guider le troupeau du Christ. Et c'est cette foi, - cette foi seule - qui crée l'unité et qui se réalise dans la charité. Saint Paul nous offre à ce propos - en contraste avec les tribulations incessantes de ceux qui sont comme des enfants ballottés par les flots - une belle parole: faire la vérité dans la charité, comme formule fondamentale de l'existence chrétienne. Dans le Christ, vérité et charité se retrouvent. Dans la mesure où nous nous rapprochons du Christ, la vérité et la charité se confondent aussi dans notre vie. La charité sans vérité serait aveugle; la vérité sans charité serait comme "cymbale qui retentit" (1 Co 13, 1). »

Cette tribune ne tombe-t-elle pas dans l’excès lorsqu’elle renvoie dos à dos "dictature du relativisme" et "dictature de la pensée dogmatique" ? Cette pensée dogmatique accusée de renoncer à penser en exigeant une obéissance aveugle, comme si, lors des conciles et des synodes et dans de nombreux congrès catholiques, tout le monde était bâillonné; comme si la foi vécue dans la fidélité à l’enseignement de l’église excluait le travail de la raison et le dialogue avec l’autre, dans le respect de l’autre.

Et nos auteurs de se décerner bravement un brevet d’humanité car ils pratiquent une "saine relativité" qui serait une vertu chrétienne (?) et tout cela en se revendiquant de la Bible, tant il est vrai, pour parodier Boileau, que tout théologien dissident se fait « pape la bible à la main » !

Une question pour conclure : quand le pape confie la présidence de l’Académie pontificale des Sciences à un médecin protestant, fait-il preuve d’autoritarisme dogmatique ?

Commentaires

  • En lisant en profondeur cette tribune on peut se rendre compte que ces personnes ne tiennent mème pas la Résurrection pour avérée!Donc je demande de quel droit ils osent se poser en donneurs de leçons,voir à quel titre il se proclament Chrétiens(voire Catholiques)?Enfin comme le disait Audiard,ils y en a qui osent tout,c'est mème à cela qu'on les reconnait...

  • Je n'ai pas lu cet article et je ne veux pas le lire (on connaît leur chanson). Pendant que ces derniers soixante-huitards attardés mènent un combat d'arrière-garde, l'Eglise vit, avance et se régénère avec notamment comme le dit notre Pape dans Lumière du Monde "la nouvelle génération écclésiastique, plus positive que la génération des années 70(ce n'est pas difficile). Avec aussi les jeunes et moins jeunes qui découvrent ou redécouvrent la beauté de la foi catholique. Il faut regarder au-delà de la Belgique où malheureusement, l'Eglise reste noyautée par des gens qui ne représentent qu'eux-même et qui sentant le vent tourner, s'inquiètent et s'énervent et font encore des dégâts car la presse belge en majorité gauchiste leur donne exclusivement la parole. C'est pourquoi votre blog (et espérons beaucoup d'autres) comble un réel manque.

  • Oui,cela comble un manque réel!Cela étant,avant de multiplier les pains,faisons grossir la foule des lecteurs de ce site orthodoxe!

  • Selon le groupuscule ACI (lire : « Agir en Chrétiens Informés », qui fut jadis le solide mouvement d’ « Action Catholique de Indépendants »), « la foi chrétienne n’est pas un savoir, mais un engagement dans la confiance. Elle est mémoire de l’expérience bouleversante d’hommes et de femmes qui ont été disciples d’un certain Jésus de Nazareth, [on renvoie ici à un kaléidoscope d’opinions] qui ont été témoins de sa parole et de ses actes, qui l’ont vu mourir assassiné légalement et qui ont éprouvé la puissance de sa présence par-delà la mort »

    Voilà une phrase typique de tout ce qui nous agace dans le discours qui a envahi nos églises depuis une génération !

    Certes la foi est un engagement de confiance mais pourquoi exclurait-il l’usage de la raison et donc le savoir ? Et jusqu’où va cette foi qui n’ose plus parler de Résurrection (ouh, le vilain mot dogmatique) et la réduit à une circonlocution relative au témoignage subjectif de ceux qui ont « éprouvé » la puissance de la présence du Christ par delà la mort ? Thomas s’est-il contenté d’éprouver ?

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