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Le sacro-saint "Monde Diplomatique" passé au crible

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Le dernier numéro de l’excellente revue Histoire & Liberté éditée pas l’Institut d’histoire sociale analyse de manière très pointue et critique un journal de référence, si ce n’est LE journal de référence : Le Monde diplomatique.

 

Une dizaine de textes nous sont proposés par des spécialistes de chaque thème abordé. Obama, Cuba, l’Amérique latine, la Corée du Nord, l’islamisme ou le catholicisme… Tous ces sujets sont passés au crible, comme l’indique le sous-titre de la revue. Ainsi, nous nous rendons compte au final de la vision assez simpliste du monde qu’ont les journalistes du journal. Pour résumer, tous les problèmes de la planète viennent des États-Unis, de l’Occident, du capitalisme, du libéralisme, du néo-libéralisme ou de l’ultra-libéralisme. En fait, on découvre rapidement que, pour le journal, tous ces termes sont synonymes. Quelques exemples rapides :

- la dictature en Corée du Nord ? C’est évidemment la faute des Américains et de leur allié sud-coréen qui maintiennent une pression militaire.
- la dictature cubaine ? Ce sont bien sûr les États-Unis qui en sont responsables, et puis le régime américain est-il vraiment mieux que le régime cubain ?
- l’islamisme ? C’est encore la faute aux Américains. N’oublions pas que l’islam représente le tiers monde, il n’est donc pas de bon ton de critiquer cette religion. Alors que le catholicisme, religion de l’Occident, est à honnir.

Oui, ce rejet systématique de l’Occident entraîne des égarements vis-à-vis de certains régimes peu fréquentables ou de certaines religions. Attention, nos journalistes du Diplo, à l’exception du régime cubain, ne chantent pas les louanges des dictatures présentes ou passées. Ils sont quand même plus malins.

Par exemple, concernant l’Union soviétique et l’ancien bloc communiste, on ne trouvera dans leurs articles aucune apologie de ces régimes. Non, c’est plus subtil. Leur tactique consiste à en minimiser les méfaits et à accentuer les problèmes rencontrés depuis leur passage au libéralisme. Sous-entendu : “c’était mieux avant“.

Dans le même ordre d’idée, à propos de l’islam, « nos analystes du Diplo nient les facteurs religieux ou culturels dans la montée de l’islamisme radical et attribuent celle-ci à un développement de l’opposition aux sociétés capitalistes, impérialistes et autoritaires ». A propos des islamistes français, le journaliste Alain Gresh, ancien (?) communiste et co-auteur de L’islam en question avec Tariq Ramadan paru en 2001 chez Actes sud, va jusqu’à nommer “rafles” les descentes de polices dans les milieux intégristes musulmans dont les associations ont juste « pour vocation à défendre une certaine conception » de leur religion… Là, pas besoin de faire un commentaire supplémentaire.

Pourtant, lors de sa création en 1954, ce journal se voulait être un journal de référence pour les diplomates, comme son nom l’indique. Le tournant a lieu en 1973 avec l’arrivée à la direction de la rédaction de Claude Julien, proche du mouvement communiste et surtout de Cuba et de Fidel Castro. « Avec Julien, Le Monde diplomatique prend un tour tiers-mondiste qui ne le quittera plus », que ce soit ensuite sous la direction d’Ignacio Ramonet ou d’Alain Gresh dont nous avons droit aux portraits détaillés et peu reluisants. Leurs engagements idéologiques, plus ou moins masqués, en faveur des régimes communistes, notamment Cuba mais pas seulement, de la cause palestinienne, de l’islamisme ou de Chavez fait écrire à Vincent Laloy que : « Le Monde diplomatique, à suivre le parcours de trois de ses principaux dirigeants n’a pas l’objectivité ni la mesure qui justifient les abonnements des centres de documentation dans les grandes écoles et même les lycées ».

Un mythe est ainsi largement écorné et nous ne pouvons qu’encourager la lecture de cette revue qui se révèle passionnante d’un bout à l’autre et dont la principale originalité réside dans le fait que c’est la seule étude critique réalisée jusqu’à présent sur ce journal.

source : http://www.enquete-debat.fr/

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