Imaginons un instant que, mutatis mutandis (le contexte est différent, mais les enjeux moraux pas moins graves), le Primat de Belgique ose adresser au peuple belge, à l’occasion de la fête nationale du 21 juillet, un message du type de celui par lequel le cardinal Monsengwo vient d’interpeller la nation congolaise le 30 juin dernier, lors de la célébration de l’anniversaire de l’indépendance de notre ancienne colonie…
Voici l’admonestation de l’archevêque de Kinshasa, rapportée par l’agence Zenit :
Homélie du card. Monsengwo pour les 51 ans de l'indépendance du Congo
« Sans le labeur ‘un pays plus beau qu’avant’ restera un mirage éternel », a déclaré l’archevêque de Kinshasa (RDC), le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, dans l'homélie de la messe pour la journée de l’indépendance nationale, le 30 juin dernier.
En ce 51ème anniversaire de l’accession du pays à la souveraineté nationale et internationale, le cardinal Monsengwo a invité les congolaises et les congolais à méditer les paroles de leur hymne national : « Unis par le sort, par le labeur, nous bâtirons un pays plus beau qu’avant, dans la paix ». Il a toutefois déploré que depuis 1960, le peuple « ait péché par un grave déficit de labeur ».
Parmi les défauts qui empêchent de « bâtir un Congo nouveau » et « le décollage de l’économie », il a cité la paresse, le divertissement, mais aussi la mauvaise gouvernance, l’égoïsme des gouvernants, l’enrichissement des gestionnaires de la chose publique.
« Paix des cœurs, paix des esprits, paix des sentiments », a souhaité le cardinal Monsengwo durant la messe qui a vu la participation de plusieurs acteurs politiques.
« Nous ne bâtirons jamais ce pays si la tolérance cède la place à l’intolérance ; si la vérité cède le pas au mensonge ; si la haine remplace l’amour dans nos relations », a-t-il ajouté. « Nous ne bâtirons jamais ce pays, si nous ne sommes pas unis, mobilisés autour des mêmes valeurs transcendantes et des mêmes idéaux ».
L'archevêque de Kinshasa a relevé que « l’insouciance d’un peuple peut entraîner l’évasion des richesses nationales aux quatre coins de la planète, sans que lui-même n’en tire profit ». Il a exhorté les gouvernants à pratiquer « la justice distributive, laquelle devrait permettre à tous les Congolais de vivre mieux aujourd’hui et demain qu’hier ».
Enfin, l’ancien président de la Conférence nationale souveraine (CNS) a appelé les congolaises et les congolais à ne pas oublier « le rêve et l’espoir » que les pères de l’indépendance fondaient sur la situation économique florissante du Congo de l’époque, et à en faire une réalité.
«Nous le pouvons », a-t-il conclu, à condition que « nous observions la loi et les préceptes de Dieu, en choisissant la vie et non la mort, l’amour et non la haine, le salut et non l’anti-salut ou tout ce qui s’oppose à Dieu ; la transparence et la vérité, et non la tricherie».
La Belgique déchristianisée pourrait-elle encore être interpellée de la sorte ? L’accueil qu’elle réserve au moindre propos de son archevêque donne la réponse. Vous avez dit décadence ?
JPS
Commentaires
Je sais qu'une telle interpellation de la part du Primat de Belgique en ferait sauter plus d'un au plafond.
Mais peut-on dire pour autant qu'il ne devrait pas le faire quand-même?...
Saluons Mgr Monsengwo pour cette déclaration courageuse et clairvoyante. Nous pouvons en conclure que la RDC est encore un pays où l'Eglise peut s'exprimer sans crainte. Le salut nous viendra-t-il de notre ancienne colonie ?
Monseigneur Monsengwo se trompe...Ce n'est pas en rapport avec l'hymne nationale et tout ce qui la dément que l'homélie aurait dû être faite..;mais en référence au Christ et je ne pense pas que salut national et salut chrétien coincident...Certes il faut tenir compte des réalités vécues mais l'admonestation épiscopale ne peut être vertueuse qu'en référence exclusive avec le Christ...car Lui Seul peut transformer les gens et les coeurs...réalité nationale et réalité écclésiale sont à distinguer véritablement...De plus il faut savoir que satan y est à l'oeuvre avec l'ensemble de ses armées...mais evidemment vous ne pouvez pas en tenir cpte puisque, depuis fort longtemps, on ne croit plus en ces balivernes...
Il me semble que Mgr Monsengwo,s'il commente les paroles de l'hymne congolais (la circonstance est la fête nationale) c'est pour les référer à Dieu, car il conclut que pour réaliser ce que chante cet hymne il faut que les congolais observent "la loi et les préceptes de Dieu, en choisissant la vie et non la mort, l'amour et non la haine, le salut et non l'anti-salut ou tout ce qui s'oppose à Dieu, la transparence et la verité, et non la tricherie". Inviter la nation à mettre Dieu, sa loi et ses préceptes, à la source de la vie en société c'est beaucoup mieux que de l'inviter à y mettre, par exemple, les "droits de l'homme", concept beaucoup moins clair dont se serait, sans doute contenté plus d'un évêque occidental...