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Benoît a conquis l'Espagne

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Sur le blog « Benoît et moi », cette traduction d’un article du quotidien « Il Giornale »
Ratzinger a réussi le test. Madrid était le voyage le plus difficile. Beaucoup plus à risque que Cologne, c'était alors trop nouveau, et pour beaucoup, sa participation avait été une surprise. Plus difficile que Sydney. Ratzinger savait qu'ici à Madrid, il risquait beaucoup (ndt: Et à Londres, l'an dernier? Et en Terre Sainte? Etc, etc.). A l'attendre, il y avait une Espagne en colère et blessée. Il a réussi à surprendre et à conquérir. "Benoît XVI va très bien et il est très heureux du déroulement du voyage", a déclaré son porte-parole, le père Lombardi. Un voyage qui marque un passage net. Qui laisse certainement beaucoup plus que des milliers de jeunes fidèles heureux.

C'est quelque chose de plus, un arrière-goût à saveur politique, un triomphe diplomatique, au-delà des intentions mêmes du papeIl y a eu une rencontre avec le couple royal, pour renforcer une alliance ancienne, pour rappeler au pape que les Espagnols ont cessé de se confesser, mais n'ont pas cessé d'avoir un cœur catholique. Et hier, la confirmation officielle d'une victoire sans précédent. Le gouvernement espagnol a demandé l'aide du Vatican pour clore le chapitre de l'ETA, les terroristes basques qui font toujours peur. Cette blessure de l'Espagne saigne encore. Le Vatican pourrait encourager un processus de réconciliation dans le cadre de la trêve déclarée par les séparatistes de l'ETA. Il y a cinq ans, une telle requête aurait été impensable. La demande d'un message pastoral de réconciliation de la part de l'Eglise basque pour guérir "les blessures graves" que le terrorisme a infligées à la société basque est une demande courageuse de la part du gouvernement, mais aussi une importante reconnaissance de la part d'un gouvernement qui s'est toujours proclamé laïque.

Pendant des années, l'Eglise a dû parer les coups qui venaient du gouvernement laïque de Zapatero. Mais le triomphe de ce qui serait devenu clair au fil du temps, on a pu le pressentir au moment où le pape avait été accueilli à l'aéroport - à la surprise générale - par Zapatero. Une poignée de main et une promesse de se rencontrer le lendemain, à la nonciature de Madrid. En privé, pour parler du pays qui boite, de la crise des jeunes qui protestent dans les rues. Zapatero s'est fait conseiller. Sa volte-face n'a pas plu aux plus radicaux de son camp. L'Espagne a tourné la page, elle le fait en se réconciliant avec les vieux principes. Hier, le pape a rencontré le chef du Parti populaire, Mariano Rajoy, le favori des élections à venir. Et de nombreux analystes ont interprété cet événement privé de dix minutes comme un pari sur le parti populaire. Sur les places, des milliers d'indignés se sont rassemblés pour le contester et pour déverser sur lui toutes leurs frustrations, pour le travail qui manque, pour l'absence de perspectives. Ils ont défilé avec des pancartes et des banderoles de haine envers le Vatican, ils pensaient à l'argent dépensé pour l'organisation d'un événement si massif, ils n'ont pas voulu écouter quand le Saint-Siège est venu clarifier, expliquant que l'argent venait de l'Eglise. Il y avait les gays, défendus et protégés par Zapatero, qui ont organisé un "Besada" géant, un grand baiser collectif pour attirer l'attention. Celui de Madrid pouvait être un voyage compliqué pour mille raisons. Et Ratzinger le savait.

Et le succès de Ratzinger tient entièrement dans sa simplicité de maître. Les jeunes de la rue ont appris à l'aimer sans faire des comparaisons avec Wojtyla. Il est le pape théologien et intellectuel, mais pas éloigné ou distant. "Oui, nous sommes la jeunesse du pape, nous sommes la génération Ratzinger" criaient des jeunes du monde entier.
C'est vrai, il n'y a ni regrets, ni comparaisons ni nostalgie par rapport à Jean Paul II.
Ici et maintenant, c'est une autre époque. Il y a des "choeurs de stade", presque comme une rock star, même si lui-même avait tenu, avant de partir, à mettre les choses au clair: "Ce n'est pas un grand concert et je ne suis pas une star". Mais le triomphe se mesure aussi avec des places remplies.

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