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Michaël Lonsdale : l’artiste et le croyant

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GMED_9F9D2BCD-CA57-45CD-B903-C49E12CB9694.JPGLe Progrès.fr publie une interview de Michaël Lonsdale :

Depuis quand avez-vous la foi ?

C’est le plus grand cadeau que j’ai reçu dans cette vie. Cela n’a pas de limite, c’est quelque chose d’immense. C’est arrivé très lentement. Ma mère m’a offert un livre sur Jésus quand j’avais 6-7 ans. Ca me plaisait. Cet homme avait l’air gentil. Entre 15 et 17 ans, j’étais très en recherche. J’ai rencontré un comédien musulman qui m’a parlé de Dieu, d’Allah, comme personne ne m’en a jamais parlé. J’avais aussi une amie qui m’amenait à la cathédrale à Rabat. Puis, rentré en France, j’ai entendu un père dominicain raconter ce que j’avais envie d’entendre : que l’on pouvait être artiste et croyant.

Vous en doutiez ?

Certains disaient que c’était un métier de perdition. Mais j’ai rencontré des gens fantastiques, qui parlaient des choses de l’intérieur. L’artiste recherche de belles choses et un des attributs de Dieu est la beauté.

Alain Cuny a été une inspiration totale quand il jouait Claudel. J’ai rencontré aussi une grande professeure de théâtre, Tania Balachova. C’est elle qui m’a propulsé. Avec Beckett, Ionesco, Duras, on touchait à quelque chose d’extraordinaire. Beckett, je ne comprenais pas pourquoi je l’aimais tellement mais c’est parce qu’il s’occupait des pauvres, des marginaux. Il n’aimait pas ce qui était religieux. Avec le rôle du vice-consul dans India Song de Duras nous sommes dans une des paroles les plus spirituelles. Elle ne pouvait pas le reconnaître mais elle parlait tout le temps de Dieu.

 Avez-vous eu peur de dire que vous étiez croyant ou au contraire, êtes-vous allé chercher des rôles dans ce sens ?

Certains avaient une grande peur d’être classés parce qu’il y avait beaucoup de gens de gauche. Moi, pas du tout. J’aimais beaucoup jouer des rôles de religieux mais cela a été un hasard. J’ai tout joué, du curé de campagne au pape, en passant par le cardinal, l’ange Gabriel et même la voix de Dieu ! À chaque fois, je me dis que c’est le dernier… et puis Xavier Beauvois vient me proposer le rôle de frère Luc dans « Des hommes et des dieux ». Cet homme est un modèle de vie, une forme d’abandon total à la volonté de Dieu. C’était un frère convers. Il disait : « Je ne peux pas être prêtre car il y a cinq offices par jour et moi je dois être avec mes malades, certains marchent toute la nuit pour venir me voir ». Moi, j’ai pensé être prêtre vers 25 ans mais il fallait renoncer à trop de choses.

 Dans votre dernier film, Il villagio di cartone, vous jouez encore un prêtre…

C’est le dernier ! (rires). Plus personne ne vient dans son église des Pouilles jusqu’au jour où elle est occupée par des sans-abri et il comprend alors ce qu’il faut qu’il fasse. J’ai aimé tous les films d’Ermanno Olmi. C’est quelqu’un qui a une grande noblesse spirituelle. Il est très croyant avec une telle fougue… Il dit que l’Église est trop raplapla !

 Avez-vous refusé certains rôles de religieux ?

J’ai refusé Amen de Costa-Gavras car le film voulait montrer que le pape Pie XII avait été indifférent au sort des juifs déportés alors qu’il a sauvé des vies de façon discrète. D’ailleurs Golda Meir avait tenu à le rencontrer après la guerre.

 Pourquoi avoir voulu témoigner de votre foi dans des livres ?

C’est né de la rencontre avec un éditeur. Cela m’a déchargé d’un tas de trucs que je pensais, de choses pas claires. Je ne savais pas ce qu’était la prière. Cela m’a permis de prendre conscience de ce qu’on aurait pu faire mais que l’on n’a pas fait car on s’est montré paresseux.

Quelle place a la prière dans votre quotidien ?

Des fois c’est plein de choses, d’autres fois peu. Cela vous tombe dessus sans prévenir. C’est un tête-à-tête avec Dieu. Je lui raconte des choses mais pas trop. Il est celui qui accepte tout. Même si on dit des bêtises, ce n’est pas grave. Il n’y a pas de mot possible pour raconter cela. C’est toujours en deçà de ce que c’est.

Né en 1931 à Paris, Michael Lonsdale a vécu son enfance à Londres puis au Maroc, avant de rentrer en France en 1947. Baptisé à l’âge de 22 ans, il est très engagé dans le mouvement charismatique. Interprète des grands auteurs contemporains au théâtre, il a également marqué le cinéma où le public garde notamment en mémoire son rôle d’abbé dans « Le Nom de la Rose » et bien sûr de Frère Luc dans « Des hommes et des dieux ». Il a témoigné sur son parcours de chrétien dans plusieurs livres dont Confiance et Prière (aux Éditions Onésime 2000). C’est autour de ce dernier livre qu’il est venu à Vaulx-en-Velin samedi, à l’Espace protestant.

Recueillis par Sylvie Montaron; c’est ici : Rencontre avec Michael lonsdale bio express

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