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Le désert de la foi ?

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tourisme-chapelle-de-la-madelene-5968.jpgNous l’avons déjà évoqué ici  La Wallonie s’interroge : que faire du patrimoine immobilier d’une Eglise désertée ? : face à la désertification des lieux de la foi dans nos contrées, trois solutions sont possibles : la plus radicale consiste à les démolir ou à les réaffecter à des fonctions purement séculières : c’est la tentation d’une Eglise malade qui désespère de guérir. Ceux qui,  parmi les "générations perdues", n’ont pas  "laissé toute espérance", comme Dante au seuil du troisième Chant de l’Enfer,  choisissent de doubler le sanctuaire d’un parvis des gentils pour accueillir des activités culturelles en harmonie avec le culte proprement dit. Ce ne peut être qu’une pierre d’attente, celle du jour où nos diocèses en crise s’ouvriront enfin, sans réticence, à l’œuvre missionnaire des pays ou des congrégations nouvelles qui ont reçu la grâce qui leur a été retirée.

Hormis Dieu rien n’est jamais irréversible comme le montre cette histoire : d’un acte de foi jailli d’une petite chapelle (photo) à l’abandon au pied du Mont Ventoux en 1970 ont surgi deux vastes abbayes bénédictines  Sainte-Madeleine du Barroux: et Notre-Dame de l'Annonciation. Et voici que l’aventure se répète trente ans plus tard : du Barroux, en 2002 huit moines vont partir pour essaimer la bonne nouvelle : ils auraient voulu occuper l’une de ces abbayes désertées depuis le grand collapsus des années 1970 mais les évêques demeurent revêches, tout à leurs rêves de modernité conciliaire. Finalement, comme autrefois Dom Gérard à la chapelle de Bédoin, les émigrants déposent leurs sacs, avec l’accord de l’ordinaire du lieu, à Saint-Pierre de Clairac dans le Lot et Garonne. C’est  là qu’est en train de naître une nouvelle fille de Sainte Madeleine du Barroux : Sainte-Marie de La Garde

Petite chronique d’un cas exemplaire :   

24 août 1970 : Un moine bénédictin arrive en mobylette, son barda sur le porte-bagages, à la petite chapelle de Bédoin, vouée à sainte Madeleine, dans le Vaucluse. Au pied du mont Ventoux. Que vient-il faire ici ? A l'heure des renouveaux et des changements, il entend continuer sa vie monastique, tout simplement, et, avec la bénédiction de son Père abbé, faire “l‘expérience de la tradition” : prière, silence, travail manuel, office en latin, liturgie traditionnelle. De quoi demain sera-t-il fait ? “C'est l'affaire du Bon Dieu” répond le Père Gérard, futur abbé de l’abbaye Sainte Madeleine du Barroux,

27 août 1970 : Un premier postulant se présente à la porte de La Madeleine : “Mon Père, je veux être moine. — Ici, c'est impossible ! Je n'ai rien pour vous accueillir.” Mais le jeune homme insiste...

1971 : La vie monastique s'organise. Résolument. Le petit prieuré en ruine est restauré. Dieu envoie des vocations. Il sont bientôt onze moines.

Janvier 1977 : La communauté grandit toujours. On couche dans des caravanes et des cabanes de chantier : La Madeleine devient trop petite. Il va falloir bâtir.

20 septembre 1978 : Un terrain de trente hectares est acquis entre le Ventoux et les Dentelles de Montmirail, sur la commune du Barroux. Le site est beau et sauvage. Mais construire coûte cher ! Dom Gérard sillonne donc la France pour quêter. Un grand courant de générosité est suscité. Des milliers de dons, parfois bien modestes, permettent aux moines de mener à bien leur projet audacieux.

1979 : Quatre jeunes filles se sont regroupées autour de Mère Élisabeth, moniale bénédictine. A la suite des moines de Bédoin, elles veulent faire, elles aussi, “l‘expérience de la tradition”. Après avoir déménagé en différents lieux, elles pourront trouver à leur tour un terrain dans la commune du Barroux et donner naissance à la future Abbaye Notre-Dame de l'Annonciation.

21 mars 1980 : Pose de la première pierre, sur laquelle est gravée la devise du monastère : Pax in lumine “Paix dans la lumière”.

2 juillet 1989 : Le cardinal Mayer confère la bénédiction abbatiale au fondateur, Dom Gérard

25 janvier 1999: L’abbaye compte maintenant plus de soixante moines, et elle commence à devenir trop petite. Va-t-il falloir songer à essaimer ?

21 novembre 2002 : Mgr Descubes, alors évêque d'Agen, ayant donné son accord, et tandis que les moines sont presque soixante-dix, huit d'entre eux partent fonder en Lot-et-Garonne le Monastère Sainte-Marie de la Garde à Saint-Pierre-de-Clairac. Une nouvelle aventure commence...

Dans le récent numéro (230, octobre 2011) du mensuel « La Nef », le nouveau Père Abbé du Barroux, Dom Louis-Marie, interrogé sur ce nouvel essaimage à Saint-Pierre de Clairac, répond à Christophe Geffroy :

N’est-ce pas paradoxal de construire un nouveau monastère, quand tant d’anciennes abbayes semblent vides, voire abandonnées ?

TRP Dom Louis-Marie – L’idéal aurait été pour nous de trouver une abbaye déjà construite. C’est pourquoi, avant de lancer les travaux, j’ai écrit à un évêque pour lui demander si nous pouvions reprendre une abbaye qui venait d’être entièrement restaurée. Mais ça n’a été ni possible ni souhaitable pour le diocèse. Il ne faut pas oublier que pour fonder dans un diocèse, il faut absolument l’autorisation de l’évêque. Cet accueil, après une longue recherche et de multiples déconvenues, nous l’avions trouvé dans le diocèse d’Agen (…)

Votre abbaye recrute, au point que vous avez été obligé de fonder ailleurs en 2002 ; là aussi, vous êtes à contre-courant car on parle partout de la « crise » des vocations : avez-vous une « recette » ?

- Non. Pas de recette. La recette, c’est Dieu, donc ce n’est pas une recette qu’on pourrait sortir du tiroir. La seule chose qui compte pour nous est d’être fidèle à notre vocation, d’y croire, de l’aimer, de vivre dans la piété filiale. Cela dit, les jeunes, c’est évident, cherchent la radicalité que le Saint-Père a rappelée lors des JMJ dans son discours aux religieuses. Ils ont besoin de structures claires et nettes, et non pas d’une recherche indéfinie d’identité en perpétuelle mutation. Ils veulent de véritables maîtres d’oraison et de vie. Et puis nous avons eu le charisme de Dom Gérard, qui a attiré beaucoup de jeunes, et puis, vous le savez bien : les jeunes attirent les jeunes (…).

À propos de « crise » des vocations, n’est-elle pas due, tout simplement, à la diminution du nombre de catholiques pratiquants ? La « solution » n’est-elle donc pas dans la nouvelle évangélisation, notamment de la famille ?

- Je crois que pour la nouvelle évangélisation, il vaut mieux suivre l’exemple du Saint-Père aux JMJ. Il s’est adressé d’abord à de jeunes religieuses, à des séminaristes et enfin à des universitaires puis, pour finir, aux jeunes du monde entier. Tout renouveau de l’Église commence par la réforme du clergé et des religieux. Le Saint-Père a exhorté les jeunes religieuses à la radicalité dans la foi, radicalité dans l’attachement au Christ, à l’Église et à leur mission. C’est valable pour les évêques, les prêtres, les diacres. Si l’on veut toucher les familles, il faut renouveler le clergé et les religieux, leur redonner le sens de la radicalité. Il est vrai toutefois que la reconstruction de la famille, si possible nombreuse, est elle aussi une priorité et pour la société, et pour l’éclosion normale des vocations (…) 

La suite de cette interview ici : La Garde : un monastère pour le XXIe siècle,

« Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit car sans moi, a dit Jésus, vous ne pouvez rien faire. . » (St Jean, 15, 5)

Commentaires

  • la réévangélisation de la famille . oui mais quelle définition de la famille ?

    je me dis que nous sommes d'un autre monde quand j'apprends (il ya 4 qq tps) d'une assistante sociale que dans certains quartier défavorisé, des enfants de 10 ans ne connaissent pas précisément le lien de parenté qui les lie avec les adultes chez qui ils vivent !

  • Les églises françaises étant souvent romanes, elles sont plus robustes que nos églises majoritairement néogothiques ! une église romane peut tenir longtemps sans entretien (si ce n'est le toit), c'est rarement le cas pour nos néo-gothiques. En ce moment de restrictions tous azimut, il est normal que l'église participe à l'effort global (pas comme en grèce). quand il y aura de nouveau de nombreux chrétiens -plaise à Dieu- ils auront aussi l'audace de construire de nouveaux édifices ou de restaurer les anciens... il faut aussi croire que Dieu veille au grain : la foi est plus importante à garder et à transmettre que les briques !

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