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Le "Visage du Christ" : quand Jacques de Guillebon nous interpelle

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Le blog "Le soupirail et les vitraux" publie un texte provocateur de Jacques de Guillebon au sujet du "Visage du Christ"; ce texte, avec ses outrances, remet violemment en cause nos conceptions bourgeoises de l'art :

"Jacques de Guillebon, journaliste indépendant qui vient de publier un beau petit livre sur Frédéric Ozanam, La Cause des pauvres, nous envoie ce texte passionné, à paraître également sur Culture Mag. Après Claudel, avec la verve que ses lecteurs lui connaissent, il appelle les chrétiens à renoncer au désir d'un art bourgeois rassurant et poli, pour écouter, dans les tourments du temps, les "voix libératrices" qui nous bousculent :

« En bas dans la fosse / je vis des gens plongés dans des excréments / qui semblaient venir de latrines humaines / et pendant que des yeux j’examinais le fond / j’en vis un dont la tête était si chargée de merde / qu’on ne pouvait voir s’il était laïque ou bien clerc. »

Ce n’est pas Sade qui écrit cela dans l’un de ses délires rationnellement élaborés, mais c’est le Dante, qui donne ici bien entendu l’une de ses innombrables visions de l’enfer. C’est dire si le mal, de longtemps, a eu des rapports avec la merde et la défécation. C’est dire si cette représentation est lointaine et classiquement admise. A Dante, on permet, le bon chrétien permet, avec le temps, de dire ça. Que l’art contemporain ait des complaisances pour la merde que n’avait pas le poète du dolce stil novo, on l’admettra car c’est une évidence. Mais si l’art en est arrivé à cette extrémité-là, le chrétien conscient a le devoir de s’interroger profondément pour connaître la cause de cette aporie. Le bon chrétien de 2011 doit d’abord se souvenir de tout ce que sa tradition a repoussé, a condamné, a nié, au nom des bonnes mœurs, du bon goût, des bonnes manières que son être bourgeois avait définis. Gauguin a le droit maintenant d’exposer ses Christs jaunes : il y a cent vingt ans, vous l’en eussiez empêché. Oh, comme vous avez moqué les Nazaréens, les Préraphaélites, les symbolistes, les Nabis même, et l’abstraction. Oh, vous vous seriez bien contentés de chromos sulpiciens et de nymphéas impressionnistes. Car vous avez toujours voulu, surtout, que l’art ne raconte rien, n’exprime nulle attraction spirituelle ou religieuse. Parce que ça fait vous peur. Parce qu’il y a des églises pour ça : des églises dans lesquelles il y a des diables, des gargouilles, des cochons et des monstres effrayants..."

Et cet autre extrait :

"Et ne prétendez pas qu’aujourd’hui vous allez manifester contre la merde : car en vérité, vous allez manifester contre la représentation du visage du Fils de Dieu. Du Fils de l’Homme. Qui est précisément le sujet de cette pièce que vous n’avez pas vue, mais contre laquelle vous vous êtes « mobilisés » seulement parce que vous aviez lu dans le titre qu’elle traitait de votre sujet réservé, et qu’on ne vous avait pas demandé la permission. Qu’on n’avait pas payé le copyright. Le faceright. Mais vous avez oublié que ni le Christ, ni son Visage, Sa si Sainte Face, n’appartiennent à qui que ce soit. Et que si l’Eglise est dépositaire de la foi, l’Esprit va où Il veut, et que les publicains, les prostituées et même les gens de théâtre vous précèdent dans le Royaume."

Lire l'article en entier ici : http://lesoupirailetlesvitraux.hautetfort.com/

Voir également : Vous êtes la lumiere du monde (Mat 5-14) :

"Le Christ nous presse depuis 2000 ans à être ses témoins, à être lumière au cœur du monde. Après des siècles fastueux, la Chrétienté pourrait sembler dans une période de crise. Crise des vocations, crise de la Foi, et aujourd’hui règne de la « Christianophobie », nous annoncent certains…

Ah le doux malheur ! Ah le retour des persécutions !

Si je cherche à faire œuvre d’un tant soit peu de transrhinoscopie et à analyser un minimum les actes désignés à la vindicte populaire par les censeurs du « catholicisme militant », je peux discerner plusieurs problèmes…

  • Tout d’abord, « l’honneur du Christ », qu’est-ce que c’est ?
  • Ensuite, les média sont-ils anticatholiques ?" 
(lire la suite ici : http://www.letempsdypenser.fr)

Commentaires

  • Que Dante ait représenté, à son époque, une certaine vision de l'Enfer et de ses tourments, ne peut être mis tel quel en parallèle avec ce que vit l'homme sur Terre, aussi dramatique et douloureux que ce soit parfois. M. de Guillebon a sûrement de bonnes intentions en défendant cette pièce, M. Castelluci a peut-être de bonnes intentions en créant et présentant cette pièce, mais ils oublient que l'Enfer est aussi pavé de bonnes intentions. Quel visage du Christ retirent donc les spectateurs, à partir de tant de bonnes intentions ?

    Par exemple, la condition humaine des lépreux est aussi dramatique et douloureuse, mais la mettre simplement en spectacle serait vide de sens, si l'on ne montrait aussi la compassion du Christ pour ces rejetés, ou, à la suite du Christ, la sollicitude de tous les chrétiens pour ces lépreux, à l'image de saint François et saint Damien, qui ne se contentaient pas de bonnes intentions.

    Le Christ a souffert, pleuré et agi devant les souffrances de ses contemporains, montrant par là l'amour de Dieu pour tous les hommes. Avant de dire que cette représentation nous parle du Christ, ne faudrait-il pas nous dire ce qu'en retiennent les spectateurs. Ce « visage du Christ » exposé est-il oui ou non indifférent aux souffrances et questions des personnages évoqués ?

    Dans un entretien au Monde (*), Castelluci répond : « Oui, il est indéchiffrable, c'est ce qui fait la force de ce tableau. Selon les moments, on peut y voir de l'indifférence, de l'ironie, voire de la cruauté. » Indifférence, ironie, cruauté, tous sentiments mauvais mais associés par l'auteur même au visage du Christ ? Ne devait-il pas afficher alors une représentation du visage de Satan ?

    Du vrai journalisme serait donc d'interroger des spectateurs, mais aussi des détracteurs de ce spectacle. Tout le reste n'est que spéculations gratuites. M. de Guillebon est aussi peu 'chrétien' vis-à-vis des détracteurs, dont il ne connait pas le cœur, que M. Escada vis-à-vis de l'auteur de la pièce ou des spectateurs.

    Ni l'un ni l'autre ne représentent donc un vrai « visage du Christ », souffrant avec nous et pleurant sur la faiblesse de notre condition humaine, mais aussi aimant l'homme plus que tout et ayant foi dans sa capacité à s'élever vers l'amour de Dieu et de sa Création.

    M. Castelluci nous montre un « Visage du Christ » peint au XVè siècle, comme on aurait peint aussi une énigmatique « Joconde ». Je ne suis pas sûr qu'il montre aux spectateurs le vrai visage du Christ. Et j'ai même peur qu'il montre en subliminal le visage de son Adversaire. Mais cela, ce sont les spectateurs qui peuvent nous le dire. Ont-ils été convertis au Christ ou à son Adversaire ?

    (*) http://www.lemonde.fr/culture/article/2011/10/26/romeo-castellucci-la-foi-est-a-mille-lieues-de-l-ideologie_1594003_3246.html

  • Peut-être serait-il bon aussi de profiter de cette polémique pour définir ce qu'on entend par 'art' ?

    Pour moi, c'est l'art de parler du monde et notamment de l'être humain, avec tout ce qu'il est, ses petitesses et ses lâchetés, mais aussi ses grandeurs et ses héroïsmes. L'art de parler de tout l'héritage animal dont il est issu, mais aussi de toute la part de spiritualité qui fait qu'il n'est pas un animal, comme le disait Chesterton dans un article de ce blog.

    Mais c'est aussi l'art de parler de ce qui a fait que ce monde existe et que l'être humain existe, tels qu'ils sont. Donc, l'art de parler de Dieu, du Créateur de ce monde et, pour un chrétien, l'art de parler du Christ.

    Et, pour un chrétien aussi, tout l'art doit consister à faire aimer Dieu et l'être humain, selon le commandement d'amour charité. C'est ce que disait Benoît XVI quand il parlait de l’œuvre de Bruckner sur ce blog. C'est aussi ce que racontait la vie et l’œuvre de Liszt, également relatée sur ce blog. Bref, l'art de parler du Créateur et de sa Création doit être en quelque sorte une forme d'évangélisation, une œuvre inspirée par l'amour de Dieu pour l'homme, même quand il le nie ou le rejette.

    Que M. Castelluci me pardonne, mais j'ai du mal à associer son œuvre à celles de ces deux artistes. Le fait de montrer un visage du Christ peint au XVè siècle, me semble une ficelle trop grosse ou un alibi publicitaire. Du point de vue des souffrances humaines, pourra-t-on y trouver la même dimension spirituelle que dans une Passion du Christ, ou dans la représentation d'un martyre de chrétien ? Selon moi, le martyre des moines de Tiberine mis en scène dans « Des hommes et des dieux », mérite plus le terme d’œuvre d'art, que ce spectacle-ci. Il serait intéressant de confronter les témoignages de spectateurs, à la sortie de ces deux spectacles.

    La pièce mensongère « Le vicaire », dont ce blog nous parlait de sa représentation récente à Bruxelles, méritait certainement aussi d'être dénoncée pour propagation volontaire d'un négationnisme historique dirigé contre les catholiques.

    Bref, l'art, c'est comme toute œuvre humaine, on peut en faire beaucoup de bien, comme on peut en faire beaucoup de mal. Selon l'intention qui est cachée derrière.

  • Vraiment, pauvre job,j'apprécie beaucoup vos commentaires!

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