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Retour sur la fête du Christ-Roi

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imagesCAS5PB4J.jpgUn « post » récent l’a bien montré sur ce blog ( La fête du Christ-Roi, un changement de perspective et de signification? ), la tentation post-conciliaire est de renvoyer le sens de cette fête du Christ «  Roi de l’Univers » aux cieux et à la terre nouvelle du monde eschatologique. Or, si cette dimension n’est pas fausse elle n’est sûrement pas exclusive de l’autre comme une re-visitation moderniste de la fête tend à le faire croire. Et, comme le montre le Père Michel Gitton, c’est Jean-Paul II qui a sans doute le mieux rééquilibré le fléau de la balance en rappelant ceci :

« Comment soutenir, à l’heure de la laïcité et de la démocratie, que le Christ est « roi» des sociétés humaines, et que celles-ci devraient le reconnaître sous peine de perdre toute dignité  ? Pourtant, l’institution de la fête par le Pape Pie XI ne laissait pas de doute sur ce sujet et la prière d’ouverture qui est toujours celle de la messe de ce jour est restée fidèle à cette orientation  : Dieu éternel, tu as voulu fonder toutes choses en ton Fils bien-aimé, le Roi de l’univers  ; fais que toute la création, libérée de la servitude, reconnaisse ta puissance et te glorifie sans fin…

Le bienheureux Jean-Paul II est sans doute un de ceux qui ont le plus sérieusement renouvelé la question. Quand il est arrivé sur le trône de saint Pierre, il a trouvé une église divisée (en gros) entre les tenants d’un repli sur le spirituel et les champions de l’engagement temporel à outrance. Autant il était proche des premiers par son intense vie de prière, autant il a su manifester l’intérêt de l’église pour la vie des sociétés, sans tomber dans les errements d’un christianisme politisé  : trois encycliques « sociales », des voyages dans près d’une centaine de pays pour rencontrer des peuples et leurs dirigeants, d’innombrables interventions au-dedans et en-dehors de l’église, ont laissé une trace profonde.

C’est lui qui a réussi à faire revenir dans le vocabulaire chrétien les mots de « nation» et de « patrie», révélant qu’il y avait un dessein de Dieu sur ces groupes humains qui ont en commun une histoire, des valeurs, une culture et sans doute une mission. Loin de tout chauvinisme ou nationalisme, il s’agissait de montrer que notre expérience de l’universel passait par la reconnaissance de nos racines dans un peuple concret.

C’est lui qui a montré la beauté et la noblesse d’un engagement chré­tien au service de la cité, qui n’est pas un pur activisme temporel, mais qui découle tout entier d’une vision religieuse de l’homme, appelé à s’é­panouir lorsque les plus hautes exi­gences de son âme (l’aspiration à la beauté, à l’amour, à la foi) sont res­pectées.

Appuyé sur l’expérience de mouvements comme Solidarnosc ou Communione e Liberazione, ou encore de la communauté Sant’Egidio, il a montré que ce service pouvait être un moyen efficace de peser sur les événements et d’entraîner des changements significatifs, sans que ceux qui s’y engagent y perdent leur âme.

Surtout, c’est lui qui a réussi à revisiter suffisamment en profondeur la doctrine des Droits de l’homme pour lui enlever la menace dont elle était chargée jusque-là à l’égard du christianisme. Rappeler les droits imprescriptibles de la personne humaine n’était plus dans sa bouche une revendication d’autonomie de la part de l’individu coupé de Dieu et des autres, mais l’invitation à reconnaître une nature humaine voulue par le Créateur et, au cœur de cette nature, l’appel à la transcendance qu’aucune loi humaine ne peut restreindre. La démocratie, à son école, retrouvait ce qui était sans doute son vrai visage  : non le diktat du nombre, mais le service du plus faible.

La leçon est encore présente. Mais il est à craindre qu’elle soit vite oubliée et que ne s’affrontent à nouveau ceux qui ont fait de la politique une mystique et ceux qui considèrent une fois pour toutes la chose publique comme nécessairement corrompue.

Que le Christ Roi nous éclaire  ! » Ici : Christ-Roi

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