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Opération Calice: c’est reparti pour un tour

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A peine l’Eglise de Belgique avait-t-elle cru bon d’organiser une conférence de presse présentant une brochure de cinquante pages ( L’Église plus que jamais aux côtés des victimes d’abus sexuels ) pour montrer qu’elle tirait les leçons de la crise qui l’a secouée après les révélations en cascade dabus sexuels déclenchées par l’affaire Vangheluwe, voici que –réponse du berger à la bergère ?- le juge d’instruction Wim De Troy remet son petit carrousel  en route avec de nouvelles perquisitions. Dans la Libre d’aujourd’hui, Christian Laporte a le ton juste à cet égard :

 « Le jeu de mots est un peu "borderline", on en convient, mais il est vraiment permis de se demander si l’Eglise catholique belge va devoir boire le calice jusqu’à la lie Après les perquisitions, lundi, dans les évêchés d’Anvers et de Hasselt ainsi qu’à l’archevêché de Malines, les enquêteurs du parquet fédéral, conduits par le juge d’instruction Wim De Troy, ont mis le cap mardi matin sur Bruges avant de se rendre ensuite à Gand où ils ont non seulement perquisitionné à l’évêché mais aussi à la congrégation des Frères de la Charité (30 dossiers saisis en tout). L’objectif de ces nouvelles descentes dans les sièges des diocèses et sans doute encore dans les heures et jours à venir auprès d’autres ordres ou congrégations religieuses flamandes - avant de faire la même démarche du côté francophone ? - n’a pas changé. Comme l’a rappelé Lieve Pellens, la porte-parole du parquet fédéral, les enquêteurs sont "toujours à la recherche d’éléments fondamentaux dans une phase importante de l’opération Calice".

Tant lundi à Anvers, Hasselt et Malines que mardi à Bruges et à Gand, le parquet fédéral a voulu remettre la main sur les dossiers personnels d’hommes d’Eglise dont les noms figurent dans les déclarations de victimes présumées d’abus sexuels. Il s’agit en fait de nouvelles investigations autour de 200 déclarations faites par des victimes et 87 parties civiles. Les enquêteurs recherchent les dossiers personnels de certains ecclésiastiques dont les noms figurent dans lesdites déclarations des victimes.

Le parquet reste aussi muet sur des dossiers qui mentionnent le nom de religieux décédés. Ainsi dix dossiers de prêtres décédés ont été emportés à Malines, ce qui laisse à penser que l’objectif de l’enquête est de fermer toutes les portes sur les éventuelles poursuites encore possibles pour non-assistance à personnes en danger.

Comme la veille, les responsables diocésains tout comme ceux des Frères de la Charité ont pleinement collaboré avec les enquêteurs, s’efforçant de sauvegarder aussi une copie de chaque dossier qui pourrait être très utile dans les semaines à venir avec la mise en place du centre d’arbitrage pour les victimes dont les dossiers ont été prescrits.

Me Fernand Keuleneer, l’avocat de l’Eglise, s’étonne quand même de la façon dont les nouvelles perquisitions ont été menées. "Il ne fait plus l’ombre d’un doute que l’Eglise est toujours prête à collaborer. Pour les dossiers tels ceux qui ont été saisis, il aurait été parfaitement possible pour le juge de les obtenir auprès des responsables diocésains ou de congrégations sans devoir (re)passer par une perquisition qui frappe évidemment les esprits par sa médiatisation ! En ce sens, la démarche me paraît plus politique que purement juridique ; elle n’est pas très élégante même si cela s’est mieux passé que le 24 juin 2010."

Le défenseur de l’institution ecclésiale fronce aussi les sourcils face au fait que les enquêteurs ont apparemment mis également la main sur des courriers qui n’étaient pas liés aux dossiers en question. Et se demande si les enquêteurs ne court-circuitent pas le tribunal arbitral en ayant pris des dossiers dont les victimes avaient clairement opté pour le recours à cette instance plutôt qu’à la justice. Sans parler d’une utilisation éventuelle des dossiers de feu la commission Adriaenssens dont la chambre des mises a pourtant clairement dit qu’ils ne pouvaient plus être utilisés.

Mais l’avocat a une autre objection fondamentale : "Wim De Troy semble s’acharner à vouloir faire le procès de l’Histoire". "Les autorités ecclésiales ont admis clairement que les structures d’antan n’étaient ni appropriées ni efficaces pour lutter contre la pédophilie mais c’est encore autre chose de vouloir démontrer qu’il y a eu non-assistance à personnes en danger. En fait, on veut juridiser l’Histoire."

Et de conclure que "ces nouvelles démarches judiciaires sont pour le moins surprenantes à l’heure où l’Eglise s’apprête à faire un nouveau pas en direction des victimes, après s’être concertée avec le Parlement".  C’est ici  Opération Calice : tout sauf fini

Aux dernières nouvelles une quinzaine de policiers fédéraux ont  mené, depuis peu avant 9h, une perquisition à l'évêché de Tournai. Vers 11h15, le juge d'instruction Wim De Troy et plusieurs enquêteurs ont rejoint l'évêché de Namur d'où ils sont repartis pour Liège peu après 14h sans faire aucun commentaire. Arrivés au siège de l'Evêché de Liège vers 16H10, ils ont quitté les lieux vers 17H50.

Un lecteur de la Libre y va de son commentaire : « Quel mic-mac. Ce juge d'instruction a déjà fait procéder a des saisies. Ces saisies ont été contestées et annulées. Puis le juge a démissionné mais il est toujours là. Et maintenant il recommence. Histoire sans doute d'avoir des pièces dont il possède déjà des copies.Les perquisitions c'est bien, on voudrait savoir ce qu'ils ont trouvé. Les anciennes recherches n'ont provoqué qu'un déménagement de dossiers et des trous dans des caveaux. Et maintenant ? J'ai l'impression que le juge De Troy se fout de leur gueule. Il perquisitionne, ça c'est le principal et ça fait son effet dans l'opinion publique, même si on ne trouve rien. » Wait and see…


 

 

Commentaires

  • Cet acharnement est d'autant plus aberrant que la Belgique est un pays où les abus sexuels sur mineurs et mineures sont légion. On n'y compte plus les mineures victimes de grossesses ou les mineurs victimes de maladies sexuellement transmissibles.

    Mais l'on ne cherche jamais les abuseurs. Ils peuvent donc continuer leurs méfaits en toute tranquillité. La société belge donne même des contraceptifs ou vaccins aux mineurs et mineures pour éviter le plus possible que se voient les conséquences de tous ces abus. L'intégrité sexuelle des mineurs en Belgique est réellement le dernier des soucis de nos gouvernants.

    Et pourtant, quand des mineurs accouchent ou avortent (même à douze ans) ou quand des mineurs se font soigner pour des mst, c'est visible M. De Troy, pas besoin d'investir beaucoup de moyens et d'argent de la Justice pour les détecter.

    Et tous les abus sexuels, déclarés chez les pédo psychiatres ou dans les centres pms, pourquoi ne saisissez-vous pas leurs dossiers, M. De Troy ? Que cela se passe dans les familles, dans les écoles, dans les clubs sportifs, dans les discothèques, dans les centres de placement d'enfants, dans les caves d'immeubles, etc... cela change-t-il quelque chose pour vous ?

    Et tous les réseaux de prostitution de mineurs en Belgique, vous les poursuivrez quand, M. De Troy ? Serait-ce parce qu'il s'agit souvent d'enfants étrangers, importés, que vous ne vous en souciez pas ? Ou parce que c'est lié à des mafias, autrement dangereuses que le tombeau d'un archevêque ?

    Et les réseaux de pédo pornographie, alimentant les mafias internationales du sexe, sur les souffrances de bébés et très jeunes enfants, quand comptez-vous vous en occuper, M. De Troy ?

    Et les associations qui réclament ouvertement la légitimation et la légalisation de la pédophilie, sur le modèle 'mai 68', elles ne vous empêchent pas de dormir, M. De Troy ? Quand allez-vous y perquisitionner ?

    Bref, la Belgique est un pays où les abus sexuels les plus graves se passent sans que la Justice ne déploie de moyens importants pour les empêcher.

    Vous devriez relire la fable des animaux malades de la peste, de La Fontaine. Pour vous, l'Église catholique est cet âne (ou ce bouc émissaire) qu'il faut lyncher pour donner bonne conscience à tout le reste de la société belge.

    Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de Wim De Troy vous rendront blanc ou noir.

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