Qu’en est-il de l’héritage romain de Giovanni-Pierluigi da Palestrina (1525-1594) ou même, beaucoup plus près de nous, de Lorenzo Perosi (1872-1956) et de son successeur, le cardinal Domenico Bartolucci ?
Un article publié sur le site « Chiesa » sonne l’alarme (extraits) :
Le cas de la Chapelle Sixtine est emblématique. La nomination de l’actuel maître de chœur, Mgr Massimo Palombella, a été préparée dans le secret des bureaux de la secrétairerie d’état du Vatican, qui sont certainement parmi les moins compétents en la matière. Et elle n’a pas du tout fait sortir ce chœur, qui accompagne les liturgies pontificales, de l’état de dégradation dans lequel il est tombé.
Selon le vaticaniste Sandro Magister le dernier bastion de la grande musique liturgique de l’Église latine, construit sur les colonnes du chant grégorien et de la polyphonie de Giovanni Pierluigi da Palestrina, risque de capituler d’un moment à l’autre. Ce bastion, c’est l’Institut Pontifical de Musique Sacrée, le conservatoire de musique du Saint-Siège institué par Pie X il y a un siècle pour donner une bonne orientation à la musique sacrée dans les églises du monde entier.
Il est présidé par Mgr Valentino Miserachs Grau, 69 ans, Catalan, qui dirige également la Cappella Liberiana, le chœur de la basilique pontificale Sainte-Marie-Majeure. À ce poste, il a eu comme prédécesseur et maître Domenico Bartolucci, le plus illustre compositeur et interprète de la musique liturgique qu’ait eu l’Église romaine au cours du siècle dernier, ancien maître du chœur pontifical de la Chapelle Sixtine dont il fut brutalement évincé en 1996, et fait cardinal par Benoît XVI en 2010.
Il y a une profonde identité de vues, en matière de musique liturgique, entre le pape Joseph Ratzinger et l'actuelle direction de l’IPMS. Mais, comme cela a déjà été le cas en 2010 pour le changement de maître du chœur de la Chapelle Sixtine, tout va également être décidé, pour la nomination du nouveau président de l’Institut Pontifical de Musique Sacrée – non pas par l’IPMS mais contre lui – sans implication personnelle du pape.
D’après les informations de Sandro Magister, le nouveau président de l’IPMS sera le père Vincenzo De Gregorio. Qui est-ce ? Napolitain, organiste de la cathédrale de sa ville, ancien directeur du conservatoire d’état San Pietro a Majella, De Gregorio est depuis 2010 l'expert numéro un de la Conférence des évêques d’Italie pour la musique sacrée .Il a ainsi repris le poste de celui qui a été son mentor, le père Antonio Parisi, de Bari, qui a été pendant trente ans le factotum des évêques italiens dans un domaine, celui de la musique liturgique, où la médiocrité et la confusion continuent à régner souverainement, comme le prouve le répertoire national de chants religieux constitué par Parisi lui-même, le dernier de la série datant de 2008.
Avec Mgr Marco Frisina, le père Parisi est l’un des plus suivis parmi les compositeurs de chants religieux utilisés dans les églises italiennes. Il a un style léger, du genre "chansonnette", qui a toujours horrifié non seulement un Bartolucci mais également, parmi les laïcs, un très grand maître comme Riccardo Muti. Aussi bien Parisi que Frisina ont des liens très étroits avec Palombella, le maître de chœur de la Chapelle Sixtine. La preuve en est que, lors du dernier consistoire, au mois de février dernier, Palombella a fait venir à Rome, pour servir de chœur-guide aux fidèles réunis à Saint-Pierre, un chœur créé à Bari par un disciple de Parisi, le père Maurizio Lieggi. Le 1er avril 2012, pour la messe du dimanche des Rameaux, comme déjà en de nombreuses autres occasions, Palombella aura eu à ses côtés le chœur dirigé par Mgr Frisina. » Voir ici : Non pas de la musique sacrée, mais des bruits d'assaut
Les efforts louables de Mgr Guido Marini, cérémoniaire de Benoît XVI, pour rendre du lustre aux offices pontificaux seraient-ils contrariés par des courants liturgiques contraires au sein de la curie romaine ? A moins qu’il s’agisse de simples jeux d’influence carriéristes. Ou les deux.