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Quand le Bienheureux Newman nous invite à veiller avec le Christ

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John-Henry Newman (1801-1890) (fêté le 9 octobre) (source : http://www.pasaj.ch)

Conseil de lecture : ce texte est inspiré du cheminement spirituel des moines Chartreux (pour en savoir plus : http://www.chartreux.org).
John-Henry Newman est né à Londres et fit de brillantes études à Oxford. Pasteur anglican, il devint curé de la paroisse universitaire. Ce fut alors qu’il prononça, entre 1829 et 1843, ses admirables sermons paroissiaux « Parochial and Plain Sermons ». Leur austérité s’explique par la gravité religieuse de Newman qui gardait toujours actuel le sentiment de la présence de Dieu et du monde invisible, le plus réel pour lui. Newman fut l’âme du Mouvement d’Oxford. Mais ses études patristiques lui firent prendre conscience du développement de la doctrine chrétienne et ses recherches l’amenèrent à en reconnaître la continuité organique dans la seule Église romaine. En 1845, il passa au catholicisme. Il fut dès lors en butte aux suspicions des catholiques et des anglicans et connut des années douloureuses. Le pape Léon XIII, reconnaissant ce que l’Église devait à ce penseur audacieux et fidèle, le nomma cardinal en 1879.

Veiller avec le Christ

Parochial and Plain Sermons, vol. IV, sermon 22. Traduction d’Henri Brémond, La vie chrétienne, Bloud, Paris 1911, p. 353-356.
Il y a lieu d’étudier de près le mot de veiller ; il faut l’étudier parce que sa signification n’est pas aussi apparente qu’on pourrait le croire à première vue, et parce que l’Écriture l’emploie avec insistance. Nous devons non seulement croire, mais veiller ; non seulement aimer, mais veiller ; non seulement obéir, mais veiller ; veiller pourquoi ? Pour ce grand événement la venue du Christ…
Qu’est-ce donc que veiller ?
Je crois qu’on peut l’expliquer ainsi. Savez-vous ce que c’est que d’attendre un ami, d’attendre qu’il vienne, et de le voir tarder ? Savez-vous ce que c’est que d’être dans une compagnie qui vous déplaît, et de désirer que le temps passe et que l’heure sonne où vous pourrez reprendre votre liberté ? Savez-vous ce que c’est que d’être dans l’anxiété au sujet d’une chose qui peut arriver ou ne pas arriver ; ou d’être dans l’attente de quelque événement important qui fait battre vos coeurs quand on vous le rappelle, et auquel vous pensez dès que vous ouvrez les yeux ? Savez-vous ce que c’est que d’avoir un ami au loin, d’attendre de ses nouvelles et de vous demander jour après jour ce qu’il fait en ce moment, et s’il est bien portant ? Savez-vous ce que c’est de vivre pour quelqu’un qui est près de vous à tel point que vos yeux suivent les siens, que vous lisez dans son âme, que vous voyez tous les changements de sa physionomie, que vous prévoyez ses désirs, que vous souriez de son sourire et vous attristez de sa tristesse, que vous êtes abattu lorsqu’il est ennuyé, et que vous vous réjouissez de ses succès ? Veiller dans l’attente du Christ est un sentiment qui ressemble à ceux-là, autant que des sentiments de ce monde sont capables de figurer ceux d’un autre monde.
Il veille avec le Christ, celui qui, tout en regardant l’avenir, ne perd pas de vue le passé, et tout en contemplant ce que son Sauveur a acheté pour lui, n’oublie pas ce qu’il a souffert pour lui. Il veille avec le Christ, celui qui commémore et renouvelle toujours en sa propre personne la Croix et l’agonie du Christ, et revêt joyeusement ce manteau d’affliction que le Christ a porté ici-bas et a laissé derrière lui lorsqu’il est monté au ciel. Et c’est pourquoi dans les Épîtres, aussi souvent les auteurs inspirés montrent leur désir de son second avènement, aussi souvent montrent-ils le souvenir qu’ils ont gardé du premier ; et sa résurrection ne leur fait jamais perdre de vue son crucifiement. Ainsi saint Paul, lorsqu’il rappelait aux Romains qu’ils doivent attendre la rédemption du corps au dernier jour, ajoute : Afin qu’ayant souffert avec lui, nous soyons aussi glorifiés avec lui. S’il dit aux Corinthiens d’attendre la venue de notre Seigneur Jésus Christ, il dit aussi de porter toujours et partout en notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de jésus se manifeste aussi dans notre corps. S’il parle aux Philippiens du pouvoir de la résurrection, il ajoute aussitôt : et la participation à ses souffrances, lui ressemblant jusqu’à sa mort. S’il console les Colossiens en leur donnant l’espérance que lorsque le Christ apparaîtra, ils apparaîtront aussi dans la gloire, il leur a déjà déclaré qu’il accomplit dans sa chair ce qui manque aux souffrances de Jésus Christ pour son corps qui est l’Église (Rom. 8, 23.17 ; 1 Cor. 1, 7 ; 2 Cor. 4, 10 ; Phil. 3, 10 ; Col. 3, 4 et 1, 24).

(Texte choisi par Pascal Murri, gracieusement mis à disposition par la Communauté Saint Bruno (Centre laïc de la vie cartusienne) www.selignac.org)

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