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Nobel : la recherche sur l'embryon humain ne se justifie plus

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"La découverte du professeur Yamanaka rend caduque la recherche sur l’embryon humain" (gènéthique.org)

Dans une tribune du quotidien Le Figaro, Alain Privat, professeur de neurobiologie à l’Ecole pratique des hautes études (EPHE), ancien directeur d'unité à l’Inserm et membre correspondant de l'Académie de médecine, "réagit à la récente décision du Parlement de réexaminer la législation relative à la recherche sur l’embryon humain". Ainsi, le neurobiologiste s’oppose au soutien du gouvernement concernant la proposition de loi visant à autoriser la recherche sur l’embryon humain, soutien marqué par le discours de la ministre de la recherche lors de la discussion générale au Sénat le 15 octobre dernier. (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 15/10/12).

Pour le professeur de neurobiologie "une mise au point s’impose". En effet, "la remise du prix Nobel au professeur Yamanaka pour sa découverte des cellules souches reprogrammées (iPS) a déclenché une manœuvre de récupération par les promoteurs de la recherche sur l’embryon humain", ajoutant qu’ "il est vrai que ceux-ci peuvent se sentir fragilisés puisque leurs recherches avancent si peu au regard de la révolution des iPS et des résultats thérapeutiques prometteurs apportés par les cellules souches non embryonnaires". 

Alors que "certains prétendent que les travaux couronnés par le prix Nobel cautionnent la recherche sur l’embryon humain", Alain Privat précise que "c’est tout le contraire. L’amalgame qui est fait entre cellules souches et cellules souches embryonnaire est fallacieux. La découverte du Pr Yamanaka a ouvert une nouvelle voie : une cellule adulte spécialisée peut être ramenée au stade indifférencié et ensuite dirigée de façon à donner naissance à tous les tissus d’un organisme !". De fait, pour Alain Privat, "la découverte du Pr Yamanaka rend caduque la recherche sur l’embryon humain et pointe les errances stratégiques de la recherche française : faire de l’embryon humain à tout prix".

En second lieu, il précise qu’ "utiliser la découverte de Yamanaka pour soutenir l’autorisation de la recherche sur l’embryon humain alors que lui-même s’est imposé de ne pas y recourir pour des raisons éthiques, c’est non seulement trahir son travail et son génie, mais c’est se tromper de méthode". Il ajoute : "si le Pr Yamanaka avait suivi la voie prôné par les scientifiques français promoteurs de la recherche sur l’embryon, il n’aurait pas fait cette découverte dont l’objet est précisément de soigner SANS recourir à l’embryon".

Poursuivant en précisant que "d’autres [encore] brandissent l’accusation du retard de la recherche française en raison de l’obstination à interdire la recherche sur l’embryon et du conservatisme de notre pays", le Pr Alain Privat explique au contraire que "ce sont précisément les partisans obstinés de la recherche sur les cellules souches embryonnaires qui sont responsables du retard de la France. Les agences de recherche française ont pris un retard de plusieurs années dans le financement des recherches impliquant des cellules iPS comme celles qui ont été récompensées par le prix Nobel".

Enfin, le professeur Alain Privat relève qu’un dernier argument est avancé par les "tenants du ‘tout-embryonnaire’ ", et selon lequel : "les cellules iPS sont, certes, intéressantes, mais les cellules souches embryonnaires humaines resteraient la mesure étalon, le standard de référence". Ceux-ci ajoutent que "le Pr Yamanaka lui-même aurait utilisé des cellules souches embryonnaires pour parvenir à sa découverte". Pour le neurobiologiste, "cette information est volontairement donnée de façon incomplète ". En effet, "en 2006, dans sa première publication sur les cellules souches animales, [le Pr Yamanaka] a utilisé des cellules souches embryonnaires animales, non humaines" et "en 2007, dans sa deuxième publication sur les cellules souches humaines, il n’a pas non plus utilisé d’embryons humains". 
Par conséquent, pour le Pr Alain Privat, "il est assez incompréhensible que l’on se serve encore de cellules souches embryonnaires comme ‘gold standard’ pour évaluer les iPS. Les cellules souches embryonnaires humaines sont historiquement la comparaison de référence (initialement, faute d’alternative). Aujourd’hui, la situation a changé". En effet, "les recherches les plus récentes montrent […] que les iPS sont largement supérieures aux cellules souches embryonnaires, notamment pour modéliser des maladies et tester des molécules au profit de l’industrie pharmaceutique". En outre, pour ce qui est des greffes "elles n’imposent pas de recours à un traitement immunosuppresseur", et "les risques de tumorisation allégués par les opposants se sont révélés égaux, voire inférieurs, à ceux des cellules embryonnaires".

Ainsi, le Pr Alain Privat avertit : "la France, si elle venait à faciliter encore davantage la recherche sur l’embryon humain par une disposition législative idéologique, enverrait au monde un message de négation de l’éthique et d’anachronisme scientifique".

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