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Jésuite, un gros mot pour un pape ?

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Papauté et spiritualité ignatienne

Source: http://www.rappler.com/nation/23835-jesuit-pope-catholics

“Nous avons toujours eu cette conscience qu’un jésuite ne pourrait jamais devenir pape. C’est la première fois. C’est une grande surprise que les cardinaux ont élu un jésuite”, a declare José Quilongquilong, sj, Recteur de l’Ecole de théologie Loyola.

La Compagnie de Jésus est le plus grand ordre religieux masculin à l’intérieur de l’Eglise catholique, avec environ 20.000 membres à travers le monde. Considéré comme “un ordre puissant et controversé”, les jésuites sont connus pour leur conduit d’écoles et de missions telles que les universités Ateneo aux Philippines, et pour leurs voeux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance.

Jusqu’à present, Quilongquilong considère qu’il était impensable pour un jésuite de devenir pape. “Cela fait partie de notre formation et de notre spiritualité que de ne pas aspirer à un poste élevé dans l’Eglise, comme le fait de devenir évêque ou, a fortiori, pape”, a déclaré Quilongquilong, le 14 mars dernier. “Nous nous considérons advantage comme des serviteurs. Nous servons l’Eglise et le Pape. Donc, ce n’est pas dans notre perception qu’un jésuite puisse être pape.

Pourtant, le Père Albert Alejo, sj, (Philippines) a expliqué qu’un autre voeu avait rendu possible l’élection de Bergoglio. “Parmi nos voeux, on trouve l’obéissance au pape. Donc, si le pape écrit à un prêtre jésuite ou dit à son supérieur qu’il veut un jésuite comme évêque, que pouvez-vous faire, si ce n’est obéir ? C’est une forme de service. Mais la meilleure façon d’éviter l’épiscopat est de bannir l’ambition et le pouvoir”, selon Alejo.

Le Supérieur général de la Compagnie de Jésus, le Père Adolfo Nicolas, sj, a affirmé ce qui suit dans un communiqué: “La marque distinctive de notre Compagnie est qu’elle est… un compagnonnage… lié au Pontife romain, par un lien special d’amour et de service. Ainsi, nous partageons la joie de toute l’Eglise, et en même temps, nous tenons à exprimer notre disponibilité renouvelée à être envoyés dans la vigne du Seigneur, selon l’esprit de notre voeu spécial d’obéissance, qui nous unit d’une manière speciale au Saint-père”.

L’élection du Pape François ajoute également quelque chose à l’histoire colorée des jésuites avec la papauté. Les jésuites sont devenus l’avant-garde de la puissance papale. Ils ont joué un role clé dans l’apport du catholicisme dans les nouvelles colonies espagnoles dans les Amériques et en Asie. Le pape Clément XIV a dissous leur Ordre en 1773, sous la pression de l’Espagne, de la France, du Portugal et de l’Autriche, qui se sentaient menacés par leur force comme opérateurs politiques et éducateurs des élites intellectuelles. Le pape Pie VII les a rétablis en 1814 pour contrer les influences anti-cléricales qui se sont déchaînées en Europe à l’instigation de Napoléon.

“Le monde n’est pas mauvais”

Bergoglio a servi comme jésuite provincial en Argentine. Il fut chargé des activités de l’Ordre dans le pays. Il fut ordonné comme jésuite en 1969. Le Provincial des jésuites pour les Philippines, le Père José Magadia, sj, a salué son election en tant que pape, mais a souligné que son Ordre n’était pas la priorité. “Le fait que le pape François vient de la Compagnie de Jésus et partage avec nous la spiritualité de Saint Ignace est un don, mais d’importance secondaire par rapport à son propre engagement profond envers le Seigneur”, a déclaré Magadia dans un communiqué.

Les jésuites insistent sur ce message, tout en disant que Bergoglio apporte à la papauté une spiritualité qui affecte sa vision du monde. C’est un heritage du fondateur de l’ordre, Saint Ignace de Loyola, un soldat espagnol qui est passé par une conversion spirituelle, alors qu’il récupérait d’une blessure de guerre.

“L’implication de ceci est que seul Dieu est absolu. Les choses, les personnes sont utiles dans la mesure où elles vous aident à servir Dieu. Pour la plus grande gloire de Dieu. Ainsi, la literature, l’astronomie, les relations internationales, toutes ces choses sont bonnes si ells vous aident à vous rapprocher du service du Royaume”, a expliqué le Père Alejo. Alejo a ajouté que la spiritualité jésuite promeut le dialogue, une “Eglise plus humble et à l’écoute”. “Le monde n’est pas mauvais. Nous vivons notre mission spirituelle sur la terre. Ainsi, les Jésuites développent les humanités, les arts, le theatre, la musique. C’est une spiritualité de civilisation, qui ne déprécie pas le monde”.

Il a également ajouté: “Si le monde n’est pas mauvais, les gens ne sont pas mauvais non plus”. Les cultures, les époques et les différentes generations ne sont pas mauvais. Nous dialoguons avec la technologie, nous dialoguons avec des mentalités nouvelles”. En guise de blague pour illustrer l’ “avant-garde” des Jésuites, Alejo affirme: “Si vous envoyez un missionnaire sur une autre planète, plus que probablement, c’est un jésuite que vous chercherez”.

Penser, sentir avec l’Eglise

Quilongquilong estime que la spiritualité jésuite est tirée des Exercices spirituels d’Ignace – un ensemble de prières et de meditations -. “Il y a une section sur les règles de pensée et de perception de l’Eglise. C’est un point central de notre identité en tant que jésuites. Nous devons penser, sentir et servir l’Eglise avec le nouveau pape. Nous n’avons pas à être en concurrence avec les autres spiritualités de l’Eglise. Nous nous considérons comme des serviteurs… Nous sommes encouragés à poursuivre l’oeuvre d’évangélisation, en particulier dans l’éducation, l’apostolat social. Nous continuons ces travaux avec l’Eglise”.

Le pape, le pape noir et la puissance jésuite

Pourtant, l’élection du pape François a déclenché une spéculation liée à l’influence croisante des jésuites au Vatican, certains observateurs imaginant qu’il allait maintenant y avoir “deux papes jésuites”, lui et le Général des jésuites, surnommé le pape noir.

Le Père Quilongquilong precise: “pourquoi le Général des Jésuites est-il appelé le pape noir ? C’est par référence à sa soutane noire. Et le titre de “pape” n’est pas un titre officiel. C’est une sorte de terme appliqué à un général jésuite parce que, comme le pape, il est élu à vie”.

“Nous n’avons qu’un seul pape et nous n’obéissons qu’à un pape. Nous, jésuites, nous avons cette obéissance speciale envers le pape et nous servons le pape. Il n’y a donc pas de concurrence ici entre le pape et le pape noir, le Général des Jésuites”.

Commentaires

  • Question : de quoi parle-t-on réellement quand on parle du "monde" ?

    Si c'est le monde, en tant que Création de Dieu, il est absolument bon, il n'est mauvais en rien. Il fonctionne imperturbablement depuis des milliards d'années, sans jamais avoir eu besoin d'une révision. Et il nous est fourni gratuitement, avec une garantie éternelle, et avec tout ce dont nous avons besoin, toutes les options sont comprises. Qui dit mieux ?

    Maintenant, si c'est le monde des humains, autrement dit les sociétés humaines, c'est une autre question. Car c'est l'homme qui décrète alors que certaines choses sont bonnes ou mauvaises, selon sa propre façon de voir les choses, d'après son intérêt personnel. Il décrète qu'il est bon pour lui de manger un poulet, mais qu'il est très mal qu'un lion décide de le manger lui-même. Il décrète qu'il est bon pour lui de casser la roche avec de la dynamite, mais qu'il est très mal qu'un volcan entre en éruption. Ce relativisme de la perception du bien et du mal nous affecte tous, à des degrés divers.

    Ne pourrait-on dire qu'il arrive au monde des humains de tomber dans le mal (ou d'être mauvais) lorsqu'il veut édicter ses propres lois humaines, avec un relativisme tel qu'elles se trouvent en opposition frontale avec les lois naturelles, les lois qui fondent le monde réel, la Création ? Ces lois naturelles n'ont pas été édictées par l'homme mais par Dieu. C'est comme si l'homme voulait se créer un monde à lui, un monde artificiel ou virtuel, un monde selon ses propres intentions, volontés et choix. Et donc qu'il en arrive à vouloir nier le monde réel créé par Dieu, et finalement à vouloir nier Dieu Lui-même.

  • Le mythe et la puissance des jésuites (près de 40.000 juste avant le Concile Vatican II, moins de la moitié aujourd’hui) se sont largement effondrés. Mais comme l’imagination humaine ne peut s’empêcher de rêver, un nouveau fantasme de la main noire a surgi : celui de l’Opus Dei (prélature personnelle comptant à ce jour de près de 100.000 membres encadrés par 2000 prêtres). Un pape issu de l’ « Œuvre » apparaîtrait de nos jours aussi « politiquement » incorrect que celle d’un jésuite du temps du pape Clément XIV...

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